OESOPHAGOTOMTE.
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avaient extrait des portions d'os; Houllier et Glandorp des
arêtes de poisson. Verdier proposa de prévenir tout d'abord les
accidens par l'œsophagotomie ; Guattani en donna les préceptes ,
et Goursault l'exécuta le premier en 1738.
Lieu de l'incision. Guattani incise du côté gauche , sur un pli
transversal à la peau, depuis le sternum jusqu'à la hauteur du
cartilage cricoïde ; écarte en arrière avec des crochets les muscles
sous-hyoïdiens ; refoule en avant la trachée-artère, et pénètre
ainsi sur l'œsophage; mais cette plaie est un peu trop antérieure.
Echoldt conseillait d'inciser entre les deux attaches du sterno-
cléido-mastoïdien. Ce mode de division, suivi par M. Sédillot
pour la ligature de la carotide primitive , fait tomber assez pré-
cisément sur la gaîne des gros vaisseaux : on les écarte en arrière,
et l'œsophage se trouve facilement au-devant. Mais cette plaie,
suffisante pour la ligature de la carotide, est insuffisante pour
l'œsophagotomie , outre que les manœuvres peuvent être gênées
par la tension du faisceau sternal du muscle. Boyer veut que l'in-
cision pénètre entre le sterno-mastoïdien et les sterno-hyoïdien et
thyroïdien ; c'est le mode de section qui a prévalu. En tous cas,
l'incision des chairs ne doit pas s'étendre plus bas que deux à
trois centimètres au-dessus du sternum pour éviter de blesser l'ar-
tère thyroïdienne inférieure, ni remonter plus haut que l'hyoïde,
où le nerf laryngé supérieur et les artères linguale et faciale pour-
raient être lésés. Quant à l'incision de l'œsophage, B. Bell et après
lui , Bicherandet Boyer prescrivent de la pratiquer sur la saillie
du corps étranger , précepte très rationnel, mais auquel Biche-
rand donne trop d'extension , lorsqu'il fait de cette saillie le
guide obligé de l'incision extérieure, n'admettant la nécessité de
l'opération , qu'autant que le corps étranger est d'un volume as-
sez considérable pour faire proéminer au-dehors les parties <jui
le recouvrent.
Appareil instrumental. Outre les objets communs à toutes les
opérations , l'instrument essentiel est une sonde pour faire sail-
lir le côté de l'œsophage et en faciliter la section. Une sonde
œsophagienne ordinaire ou une forte algalie peut suffire; mais
on y emploie préférablement la sonde à dard ou l'instrument de
Vacca (Fig. 5, 6, 7) dont le mandrin cannelé, se détachant en
une saillie convexe, de la fenêtre latérale de la sonde, écarte
en dehors, vers l'opérateur, le côté de l'œsophage, et permet
d'inciser avec sécurité dans sa cannelure.
Procédé opératoire. Le malade étant couché sur un lit étroit,
disposé en plan incliné, la poitrine et le cou légèrement soulevés,
la tête un peu renversée en arrière et à droite, l'opérateur placé
à gauche du malade et l'aide principal lui faisant face de l'autre
côté : armé d'un bistouri convexe, pratiquer parallèlement à la
trachée, en regard du sillon intermédiaire du sterno-mastoïdien
an sterno-thyroïdien, une incision de sept à neuf centimètres
(deux pouces et demi à trois pouces), à partir de deux travers de
doigt au-dessous du sternum en remontant vers l'os hyoïde. Pour
éviter toute erreur, diviser successivement, par couches régu-
lières , dans toute l'étendue de la plaie, la peau, le muscle peau-
cier, l'aponévrose cervicale. Arrivé sur le sillon intermédiaire aux
muscles, l'inciser légèrement avec le bistouri, puis le diviser et
l'écarter avec la sonde cannelée, le doigt indicateur ou le manche
d'un scalpel, et, en même temps que l'on déprime vers soi le bord
antérieur du sterno-mastoïdien qui recouvre obliquement la plaie,
faire refouler en sens inverse, par les doigts de l'aide de face, toute
T. VII.
la masse laryngo-trachéale, mais en pressant avec une douceur
graduée sur toute la surface pour ne pas gêner la respiration.
Dans la série de ces manœuvres, le muscle scapulo-hyoïdien se
présente , traversant la plaie en diagonale. Le mieux est de l'écar-
ter en dehors avec le sterno-mastoïdien , comme le conseille
Boyer. S'il gêne trop, néanmoins, on peut, à l'exemple de M. Bé-
gin , le diviser sur une sonde cannelée. Bien alors ne s'opposant
plus à l'écartement de la plaie, on arrive au fond du sillon cel-
luleux. C'est à ce point qu'il faut redoubler d'attention : en ar-
rière se trouve la gaîne des gros vaisseaux, l'artère carotide et la
veine jugulaire interne, que l'on abaisse médiatement avec les
muscles sur la lèvre gauche de la plaie ; en avant, ou du côté de la
lèvre droite, se distinguent le bord de la trachée et de la glande
thyroïde, et, au-dessous de ces parties, le bord de l'œsophage
reconnaissable à la légère saillie plate et arrondie qu'il forme, à
sa direction verticale, à son aspect charnu, à ses mouvemens, à
la tension et à la dureté qu'il acquiert en faisant exécuter au ma-
lade des mouvemens de déglutition. Au reste, ces signes particu-
liers de la présence de l'œsophage, peuvent être modifiés par
l'existence du corps étranger dans le lieu de l'incision. Le canal
œsophagien viendra faire saillie de lui-même dans la plaie, si le
corps étranger est mou et d'un grand volume ; il peut au contraire
se rétracter sur lui-même et nécessiter un isolement plus soigné, si
ce corps, étroit et anguleux, irrite violemment les parois du canal ;
c'est dans ce cas, surtout, que la présence d'une sonde à l'inté-
rieur facilite singulièrement les recherches.
L'œsophage étant mis à découvert dans une longueur de
quelques centimètres, si le corps étranger est placé au-dessous de
la plaie ou qu'étant au-dessus ou en regard il laisse néanmoins
passer une sonde, le plus facile est de s'en servir pour l'incision de
l'œsophage. Avec une sonde simple, on fait la ponction sur la
saillie de son bec, sauf à augmenter ultérieurement l'incision.
Avec la sonde à dard de frère Côme, on en saisit le bec au travers
de l'œsophage entre le pouce et l'index, puis faisant presser par
un aide sur le bouton de la tige, la pointe vient sortir au dehors
et on agrandit l'incision en glissant le bistouri dans la cannelure;
enfin, avec la sonde de Vacca, on incise sur la saillie de son man-
drin dont la cannelure permet de prolonger la section. Si l'on ne
peut se servir d'un conducteur ou que l'œsophage se présente
assez favorablement pour cpie l'on n'en ait pas besoin, on plonge
la pointe d'un bistouri droit sur le bord de ce canal parallèlement à
son axe; une plaie de quelques millimètres étant opérée, la sortie
des mucosités indique que l'on est dans la cavité; on retire le bis-
touri droit pour en substituer un boutonné ou des ciseaux, avec
lesquels on prolonge l'incision longitudinale en haut et en bas, dans
une longueur suffisante pour permettre l'introduction du doigt et
des instrumens, pinces ou tenettes, et la sortie du corps étranger.
L'exploration puis l'extraction du corps étranger, ne peuvent
donner lieu qu'à des préceptes généraux, le siège, le volume, la
dureté, la forme de ce corps variant dans presque tous les cas.
S'il est éloigné de la plaie, on essaie de le reconnaître avec une
sonde pour aller ensuite le retirer avec des pinces à polypes
droites ou courbes. Les corps mous et volumineux sont faciles à
extraire, mais s'il s'agit d'un corps dur et anguleux, un fragment
d'os ou de bois fiché par l'une de ses extrémités dans la paroi de
l'œsophage, il faut essayer de repousser le bout le moins engagé,
afin de replacer le grand axe du corps étranger dans le sens de
celui de l'œsophage. Le bout qui blesse tendant, par cette ma-
nœuvre, à se détacher de lui-même, on le charge ensuite avec les
pinces et on l'amène au dehors.
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avaient extrait des portions d'os; Houllier et Glandorp des
arêtes de poisson. Verdier proposa de prévenir tout d'abord les
accidens par l'œsophagotomie ; Guattani en donna les préceptes ,
et Goursault l'exécuta le premier en 1738.
Lieu de l'incision. Guattani incise du côté gauche , sur un pli
transversal à la peau, depuis le sternum jusqu'à la hauteur du
cartilage cricoïde ; écarte en arrière avec des crochets les muscles
sous-hyoïdiens ; refoule en avant la trachée-artère, et pénètre
ainsi sur l'œsophage; mais cette plaie est un peu trop antérieure.
Echoldt conseillait d'inciser entre les deux attaches du sterno-
cléido-mastoïdien. Ce mode de division, suivi par M. Sédillot
pour la ligature de la carotide primitive , fait tomber assez pré-
cisément sur la gaîne des gros vaisseaux : on les écarte en arrière,
et l'œsophage se trouve facilement au-devant. Mais cette plaie,
suffisante pour la ligature de la carotide, est insuffisante pour
l'œsophagotomie , outre que les manœuvres peuvent être gênées
par la tension du faisceau sternal du muscle. Boyer veut que l'in-
cision pénètre entre le sterno-mastoïdien et les sterno-hyoïdien et
thyroïdien ; c'est le mode de section qui a prévalu. En tous cas,
l'incision des chairs ne doit pas s'étendre plus bas que deux à
trois centimètres au-dessus du sternum pour éviter de blesser l'ar-
tère thyroïdienne inférieure, ni remonter plus haut que l'hyoïde,
où le nerf laryngé supérieur et les artères linguale et faciale pour-
raient être lésés. Quant à l'incision de l'œsophage, B. Bell et après
lui , Bicherandet Boyer prescrivent de la pratiquer sur la saillie
du corps étranger , précepte très rationnel, mais auquel Biche-
rand donne trop d'extension , lorsqu'il fait de cette saillie le
guide obligé de l'incision extérieure, n'admettant la nécessité de
l'opération , qu'autant que le corps étranger est d'un volume as-
sez considérable pour faire proéminer au-dehors les parties <jui
le recouvrent.
Appareil instrumental. Outre les objets communs à toutes les
opérations , l'instrument essentiel est une sonde pour faire sail-
lir le côté de l'œsophage et en faciliter la section. Une sonde
œsophagienne ordinaire ou une forte algalie peut suffire; mais
on y emploie préférablement la sonde à dard ou l'instrument de
Vacca (Fig. 5, 6, 7) dont le mandrin cannelé, se détachant en
une saillie convexe, de la fenêtre latérale de la sonde, écarte
en dehors, vers l'opérateur, le côté de l'œsophage, et permet
d'inciser avec sécurité dans sa cannelure.
Procédé opératoire. Le malade étant couché sur un lit étroit,
disposé en plan incliné, la poitrine et le cou légèrement soulevés,
la tête un peu renversée en arrière et à droite, l'opérateur placé
à gauche du malade et l'aide principal lui faisant face de l'autre
côté : armé d'un bistouri convexe, pratiquer parallèlement à la
trachée, en regard du sillon intermédiaire du sterno-mastoïdien
an sterno-thyroïdien, une incision de sept à neuf centimètres
(deux pouces et demi à trois pouces), à partir de deux travers de
doigt au-dessous du sternum en remontant vers l'os hyoïde. Pour
éviter toute erreur, diviser successivement, par couches régu-
lières , dans toute l'étendue de la plaie, la peau, le muscle peau-
cier, l'aponévrose cervicale. Arrivé sur le sillon intermédiaire aux
muscles, l'inciser légèrement avec le bistouri, puis le diviser et
l'écarter avec la sonde cannelée, le doigt indicateur ou le manche
d'un scalpel, et, en même temps que l'on déprime vers soi le bord
antérieur du sterno-mastoïdien qui recouvre obliquement la plaie,
faire refouler en sens inverse, par les doigts de l'aide de face, toute
T. VII.
la masse laryngo-trachéale, mais en pressant avec une douceur
graduée sur toute la surface pour ne pas gêner la respiration.
Dans la série de ces manœuvres, le muscle scapulo-hyoïdien se
présente , traversant la plaie en diagonale. Le mieux est de l'écar-
ter en dehors avec le sterno-mastoïdien , comme le conseille
Boyer. S'il gêne trop, néanmoins, on peut, à l'exemple de M. Bé-
gin , le diviser sur une sonde cannelée. Bien alors ne s'opposant
plus à l'écartement de la plaie, on arrive au fond du sillon cel-
luleux. C'est à ce point qu'il faut redoubler d'attention : en ar-
rière se trouve la gaîne des gros vaisseaux, l'artère carotide et la
veine jugulaire interne, que l'on abaisse médiatement avec les
muscles sur la lèvre gauche de la plaie ; en avant, ou du côté de la
lèvre droite, se distinguent le bord de la trachée et de la glande
thyroïde, et, au-dessous de ces parties, le bord de l'œsophage
reconnaissable à la légère saillie plate et arrondie qu'il forme, à
sa direction verticale, à son aspect charnu, à ses mouvemens, à
la tension et à la dureté qu'il acquiert en faisant exécuter au ma-
lade des mouvemens de déglutition. Au reste, ces signes particu-
liers de la présence de l'œsophage, peuvent être modifiés par
l'existence du corps étranger dans le lieu de l'incision. Le canal
œsophagien viendra faire saillie de lui-même dans la plaie, si le
corps étranger est mou et d'un grand volume ; il peut au contraire
se rétracter sur lui-même et nécessiter un isolement plus soigné, si
ce corps, étroit et anguleux, irrite violemment les parois du canal ;
c'est dans ce cas, surtout, que la présence d'une sonde à l'inté-
rieur facilite singulièrement les recherches.
L'œsophage étant mis à découvert dans une longueur de
quelques centimètres, si le corps étranger est placé au-dessous de
la plaie ou qu'étant au-dessus ou en regard il laisse néanmoins
passer une sonde, le plus facile est de s'en servir pour l'incision de
l'œsophage. Avec une sonde simple, on fait la ponction sur la
saillie de son bec, sauf à augmenter ultérieurement l'incision.
Avec la sonde à dard de frère Côme, on en saisit le bec au travers
de l'œsophage entre le pouce et l'index, puis faisant presser par
un aide sur le bouton de la tige, la pointe vient sortir au dehors
et on agrandit l'incision en glissant le bistouri dans la cannelure;
enfin, avec la sonde de Vacca, on incise sur la saillie de son man-
drin dont la cannelure permet de prolonger la section. Si l'on ne
peut se servir d'un conducteur ou que l'œsophage se présente
assez favorablement pour cpie l'on n'en ait pas besoin, on plonge
la pointe d'un bistouri droit sur le bord de ce canal parallèlement à
son axe; une plaie de quelques millimètres étant opérée, la sortie
des mucosités indique que l'on est dans la cavité; on retire le bis-
touri droit pour en substituer un boutonné ou des ciseaux, avec
lesquels on prolonge l'incision longitudinale en haut et en bas, dans
une longueur suffisante pour permettre l'introduction du doigt et
des instrumens, pinces ou tenettes, et la sortie du corps étranger.
L'exploration puis l'extraction du corps étranger, ne peuvent
donner lieu qu'à des préceptes généraux, le siège, le volume, la
dureté, la forme de ce corps variant dans presque tous les cas.
S'il est éloigné de la plaie, on essaie de le reconnaître avec une
sonde pour aller ensuite le retirer avec des pinces à polypes
droites ou courbes. Les corps mous et volumineux sont faciles à
extraire, mais s'il s'agit d'un corps dur et anguleux, un fragment
d'os ou de bois fiché par l'une de ses extrémités dans la paroi de
l'œsophage, il faut essayer de repousser le bout le moins engagé,
afin de replacer le grand axe du corps étranger dans le sens de
celui de l'œsophage. Le bout qui blesse tendant, par cette ma-
nœuvre, à se détacher de lui-même, on le charge ensuite avec les
pinces et on l'amène au dehors.
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