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Bourgery, Jean Baptiste Marc; Jacob, Nicolas Henri [Editor]
Traité complet de l'anatomie de l'homme: comprenant la médicine opératoire (Band 7, Text): Médecine opératoire — Paris, 1840

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https://doi.org/10.11588/diglit.17186#0094
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8 (\ OPÉRATIONS

L'opération terminée, on se contente de rapprocher les lèvres
de la plaie, et l'on fait par-dessus un léger pansement à plat. Le
précepte général est de ne pas réunir immédiatement par pre-
mière intention, à cause de l'inflammation avec suppuration à la-
quelle on doit s'attendre, de la gangrène possible de la portion
d'œsophage qui a été lésée par le corps étranger, ou de la con-
striction spasmodique ou inflammatoire qui peut survenir dans les

SPÉCIALES.

premiers instans. La réunion définitive est pratiquée le lendemain
ou le jour d'après quand il ne survient pas d'accidens. Pour facili-
ter la déglutition et prévenir le passage des liquides alimentaires et
des boissons par la plaie, on introduit, jusque dans l'estomac, une
sonde qu'on laisse à demeure pendant les quatre à six premiers
jours , c'est-à-dire jusqu'à l'époque ou l'agglutination de la plaie
est assez avancée pour qu'il n'y ait pas à craindre de fistule.

OPÉRATIONS QUI SE PRATIQUENT SUR LE THORAX.

Outre les opérations générales sur les divers tissus, ouvertures
d'abcès, résections des cotes, etc., qui ont trouvé place en leur
lieu, les opérations spéciales sur le thorax comprennent : l'ablation
du sein, l'arrêt de l'hémorrhagie produite par une artère intercos-
tale , les ponctions des épanchemens dans les cavités des plèvres et
du péricarde, et l'extraction des corps étrangers qui ont pénétré
dans le thorax.

EXTIRPATION DU SEIN (Pl. 27).

C'est presque toujours pour cause de cancer que l'on a recours
à l'extirpation du sein. De tout temps les avis se sont partagés
entre les chirurgiens pour adopter ou proscrire cette opération.
Déjà chez les Romains Celse la rejette parce que le cancer revient
toujours. Albucasis dit n'avoir jamais vu un cas de guérison sou-
tenu, ce qui prouve néanmoins que les chirurgiens arabes, si ti-
mides dans des cas moins graves, pratiquaient volontiers cette
opération. A la renaissance, et depuis, même incertitude.

Enfin , de nos jours, Monro n'a vu que- quatre guérisons sur
soixante cas d'extirpations; Royer qu'un petit nombre sur cent;
M. M'Farlane sur pareil nombre, pas un succès réel, etc. D'un
autre côté, M. North , sur cent aussi, n'accuse qu'un petit nombre
de revers, et avant lui, Hill n'en compte que douze sur quatre-
vingt-huit cas. Que prouvent ces allégations contradictoires expri-
mées pour la plupart, en nombre ronds, c'est-à-dire comme le
résumé à vue de mémoire d'une longue pratique, plutôt que
comme la somme de faits réels? Un seul résultat qui, pour tout
praticiens, n'a pas besoin de discussion : que l'extirpation du sein
cancéreux guérit quelquefois ; mais que, dans le plus grand
nombre des cas, il y a récidive. C'est ce que tout le monde sait,
ce que l'observation d'un petit nombre de faits suffit pour ap-
prendre. Certes il n'y a rien là de suffisant pour proscrire l'opé-
ration. Facile à pratiquer, très prompte et par conséquent peu
douloureuse, ce n'est pas d'elle que vient le danger, mais de la
maladie elle-même. L'essentiel est d'enlever le cancer assez à
temps, lorsqu'il est encore local et forme une tumeur mobile et
bien circonscrite. Les chances seront bien moins favorables si
déjà le cancer envahit profondément, s'il envoie des prolonge-
mens dans les tissus ou adhère aux côtes, et quand il existe des
engorgemens axillaires coïncidans avec le teint jaune paille et les
autres signes généraux de la diathèse cancéreuse. C'est par ces
motifs que l'on s'explique les guérisons nombreuses obtenues par
Schmucker qui opérait dès le début, et par opposition, les insuc-
cès continuels d'autres chirurgiens, qui, par choix ou hasard de
rencontre, n'ont guère opéré que des malades dans les plus mau-
vaises conditions. Le problème essentiel, mais souvent difficile à
résoudre, est de déterminer dans quels cas l'opération est justi-

fiable et dans quels autres elle doit être rejetée , double question
qui se résume par la dernière. Car on ne peut considérer avec Del-
pech, le cancer comme étant toujours symptomatique; d'où il
implique que l'opération est formellement indiquée, quand il
paraît être le produit local1 d'une cause accidentelle. L'engorge-
ment des glandes de l'aisselle et du cou du côté correspondant,
n'est point une contre-indication suffisante, si du reste l'état gé-
néral est satisfaisant , puisque nombre d'auteurs , Rartholin ,
Assalini, Desault, A. Dubois , M. Roux, etc., ont vu ces engorge-
mens disparaître spontanément après l'opération. Le développe-
ment considérable de la tumeur, sa fixité , la largeur de sa base,
l'ulcération même ne paraissent pas suffire encore pour s'abstenir
d1 opérer, si du reste la santé générale n'est pas trop gravement al-
térée, puisque dans ces cas, des guérisons confirmées pendant une
suite d'années, ont été obtenues par Sabatier, A. Dubois, Riche-
raud, Dupuytren, MM. Roux, Gouraud, J. Cloquet, L. Sanson,
Velpeau, et il faudrait dire par presque tous les chirurgiens exis-
tans. Le cas de récidive même, après plusieurs années, peut en
quelque sorte être considéré comme une sorte de guérison à
temps, pour une affection si redoutable et qui aurait emporté les
malades bien avant le terme où elle s'est reproduite. Les seuls cas
où l'opération doit sagement être proscrite, sont ceux où le cancer,
adhérant profondément aux côtes dans une grande étendue, la
malade manifeste déjà les signes de la diathèse cancéreuse, et
ceux où cette diathèse préexiste, surtout si le cancer, succédant à
une tumeur de même nature préalablement opérée sur un autre
point, il est évident que la maladie actuelle, n'est que le produit
d'une affection générale, qu'une nouvelle opération ne guérira
point.

Ainsi donc, en proposition générale, dès cpi'il existe au sein une
tumeur squirrheuse qui a résisté à tous les traitemens rationnels et
menace d'envahir, le parti le plus sage est de l'enlever. Dans ces
derniers temps, pour éviter aux personnes timorées une opération
sanglante, on a essayé de guérir le cancer par la compression. Alise
en usage depuis 1800, pendant plusieurs années par Yonge; con-
damnée en 1817 par M. C. Bell, au nom d'une commission de mé-
decins, la compression a été tentée, depuis cette époque, un grand
nombre de fois, par M. Récamier qui en a obtenu de bons effets.
Mais comme ce moyen, pour être efficace, demande à être con-
tinué pendant un ou plusieurs mois, et représente, en réalité, une
somme de douleurs plus grande que l'opération; comme il n'em-
pêche pas directement les progrès de l'infection cancéreuse, et
qu'en outre, il n'y a pas de preuve qu'il ait guéri un véritable
cancer, les chirurgiens s'accordent généralement à lui préférer
l'ablation dont l'action primitive est immédiatement décisive, du
moins quant au siège du mal.
 
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