OPÉRATIONS SUR LE NEZ.
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arrière et en haut au moyen d'un crochet mousse ou tout sim-
plement avec le doigt. Il suffit alors d'inciser la membrane fibro-
muqueuse qui recouvre la mâchoire au fond de la rainure
maxillo-labiale; avec une tréphine ou un fort scalpel à pointe
solide on perfore l'os, dont on agrandit ensuite l'ouverture autant
qu'on le juge convenable.
Desault préfère attaquer le sinus par la fosse canine, où la paroi
est plus mince. Au lieu du trocart, du perforatif ou de la tre-
phine, il est plus simple, comme dans le cas précédent, de se
servir d'un fort scalpel fixé sur son manche. L'opérateur, ayan t
dénudé l'os par une incision préalable au-dessus de la gencive,
fait pénétrer son scalpel en le tournant quatre ou cinq fois sur
son axe, pour donner à l'ouverture une étendue suffisante. On
termine alors en y plaçant une tente de charpie.
Lorsque les dents sont saines, ce procédé" peut remplacer avec
avantage la perforation des alvéoles ; mais il lui devient incon-
testablement préférable si l'on a affaire à des polypes ou à des
fongus qui ont fortement distendu le sinus maxillaire. En effet,
on a la possibilité de faire une large ouverture, dirigée d'avant
en arrière, avec perte de substance. Si cette échancrure ne suf-
fisait pas pour extraire la tumeur, Dupuytren conseille d'y join-
dre une autre incision verticale étendue jusque vers la base de
l'orbite en longeant l'apophyse montante de l'os maxillaire. Du
reste, dans ces cas on s'inspirerait principalement des conditions
anatomico-pathologiques qui se rencontreraient.
3° Perforation de la voiîle palatine (méthode de Callisen). Cette
méthode ne convient que lorsqu'on reconnaît la fluctuation à la
voûte palatine; elle serait en effet sans résultat si le sinus avait
conservé ses rapports normaux. Il suffit, à l'aide d'un bistouri,
de pratiquer une ouverture dans le point le plus saillant de la
tumeur.
Mais le plus souvent il existe une fistule buccale qu'il suffira
d'agrandir. C'est dans un cas semblable que Ruffel eut l'idée
d'introduire par l'orifice fistuleux un trocart qu'il fit sortir au-
dessus de la gencive, afin de pouvoir passer un séton par cette
double ouverture.
Weinhold emploie également la méthode du séton; mais son
procédé diffère en ce qu'il ouvre d'abord le sinus par la fosse
canine, puis, dirigeant son instrument obliquement en bas et en
dehors, il le pousse dans cette direction à travers la voûte pala-
tine qu'il traverse ainsi de haut en bas. Il ne reste plus alors qu'à
passer une mèche dans ces deux ouvertures, à l'aide d'une aiguille
courbe.
Par la narine.
Goocli imagina de perforer le sinus maxillaire par sa face na-
sale chez une malade qui n'avait plus de dents molaires. Un
heureux succès couronna sa tentative. Cette méthode peut être
employée comme exceptionnelle dans certains cas d'oblitération
simple, sans distension du sinus; mais, hors ces cas, la difficulté
qu'on éprouve d'agir dans une fosse nasale rétrécie doit la faire
abandonner.
Par la joue.
Molinetti pénétra dans l'antre d'Hyghmore, qui était le siège
d'un abcès, en pratiquant une incision cruciale à la joue. Le
succès qu'il obtint a engagé depuis quelques chirurgiens à suivre
son exemple. Néanmoins on comprend qu'une pareille méthode
doive être complètement rejetée, puisqu'on peut toujours la
remplacer par une autre plus simple et qui ne laissera pas des
cicatrices indélébiles sur le visage. Tout au plus pourrait-on
recourir au procédé de Molinetti s'il existait à la joue une ou-
verture fistuleuse qui communiquât avec le sinus maxillaire.
OPERATIONS QUI SE PRATIQUENT SUR LES ORGANES
DE LA GUSTATION.
L'appareil complexe de la gustation, constitué par la bouche et
ses annexes, est formé par des organes si nombreux, de structure
si différente, et dont, par cela même, les maladies et les opé-
rations qu'elles nécessitent sont si variées, qu'en médecine opé-
ratoire, comme en physiologie, il se décompose naturellement
en quatre sous-divisions : les appareils labio-génien et salivaire,
la langue et le voile du palais.
APPAREIL LABIO-GÉNIEN.
hypertrophie des lèvres.
Cette affection, considérée comme une simple augmentation
de volume, sans altération de texture, n'est point une maladie
mais seulement un vice de conformation parfois gênant et tou-
jours difforme, ou au moins d'un effet désagréable. Elle se
présente à plusieurs degrés qui entraînent des modifications
dans le procédé opératoire commun, l'excision.
i° Bourrelet muqueux. Sorte de bosselure ou de tubercule
rougeâtre, simple, bifide ou trifide; d'autres fois, par la réunion
des lobes, sous forme d'une saillie transversale qui se retourne
en avant et dans le rire se tend, par lecartement des commis-
sures, sur la saillie des dents incisives. Presque toujours congé-
nial, situé sur le plan moyen vertical où il semble accuser un
excès de nutrition dans la suture des deux moitiés latérales;
susceptible néanmoins de se développer accidentellement sous
l'action d'une cause mécanique habituelle , comme chez les per-
sonnes qui donnent du cor. Son siège le plus ordinaire est la lèvre
supérieure ; parfois il affecte aussi les deux lèvres à-la-fois, et
plus rarement l'inférieure seule. L'excision de ce bourrelet pra-
tiquée d'abord par Boyer, M. Roux et Dupuytren, l'a été depuis
par un grand nombre de chirurgiens.
Procédé opératoire. La tête est maintenue soulevée par un aide
placé en arrière du malade et qui, saisissant la commissure,
retourne la lèvre, la muqueuse en avant, en l'élevant pour la
supérieure et l'abaissant pour l'inférieure. Le chirurgien, debout
en face, saisit, dans la plus grande surface que possible, le bour-
relet avec des pinces larges ou entre les doigts et, agissant dans
le sens de son plus grand diamètre, soit vertical, soit horizontal,
en pratique l'excision d'un seul coup avec le bistouri droit ou
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arrière et en haut au moyen d'un crochet mousse ou tout sim-
plement avec le doigt. Il suffit alors d'inciser la membrane fibro-
muqueuse qui recouvre la mâchoire au fond de la rainure
maxillo-labiale; avec une tréphine ou un fort scalpel à pointe
solide on perfore l'os, dont on agrandit ensuite l'ouverture autant
qu'on le juge convenable.
Desault préfère attaquer le sinus par la fosse canine, où la paroi
est plus mince. Au lieu du trocart, du perforatif ou de la tre-
phine, il est plus simple, comme dans le cas précédent, de se
servir d'un fort scalpel fixé sur son manche. L'opérateur, ayan t
dénudé l'os par une incision préalable au-dessus de la gencive,
fait pénétrer son scalpel en le tournant quatre ou cinq fois sur
son axe, pour donner à l'ouverture une étendue suffisante. On
termine alors en y plaçant une tente de charpie.
Lorsque les dents sont saines, ce procédé" peut remplacer avec
avantage la perforation des alvéoles ; mais il lui devient incon-
testablement préférable si l'on a affaire à des polypes ou à des
fongus qui ont fortement distendu le sinus maxillaire. En effet,
on a la possibilité de faire une large ouverture, dirigée d'avant
en arrière, avec perte de substance. Si cette échancrure ne suf-
fisait pas pour extraire la tumeur, Dupuytren conseille d'y join-
dre une autre incision verticale étendue jusque vers la base de
l'orbite en longeant l'apophyse montante de l'os maxillaire. Du
reste, dans ces cas on s'inspirerait principalement des conditions
anatomico-pathologiques qui se rencontreraient.
3° Perforation de la voiîle palatine (méthode de Callisen). Cette
méthode ne convient que lorsqu'on reconnaît la fluctuation à la
voûte palatine; elle serait en effet sans résultat si le sinus avait
conservé ses rapports normaux. Il suffit, à l'aide d'un bistouri,
de pratiquer une ouverture dans le point le plus saillant de la
tumeur.
Mais le plus souvent il existe une fistule buccale qu'il suffira
d'agrandir. C'est dans un cas semblable que Ruffel eut l'idée
d'introduire par l'orifice fistuleux un trocart qu'il fit sortir au-
dessus de la gencive, afin de pouvoir passer un séton par cette
double ouverture.
Weinhold emploie également la méthode du séton; mais son
procédé diffère en ce qu'il ouvre d'abord le sinus par la fosse
canine, puis, dirigeant son instrument obliquement en bas et en
dehors, il le pousse dans cette direction à travers la voûte pala-
tine qu'il traverse ainsi de haut en bas. Il ne reste plus alors qu'à
passer une mèche dans ces deux ouvertures, à l'aide d'une aiguille
courbe.
Par la narine.
Goocli imagina de perforer le sinus maxillaire par sa face na-
sale chez une malade qui n'avait plus de dents molaires. Un
heureux succès couronna sa tentative. Cette méthode peut être
employée comme exceptionnelle dans certains cas d'oblitération
simple, sans distension du sinus; mais, hors ces cas, la difficulté
qu'on éprouve d'agir dans une fosse nasale rétrécie doit la faire
abandonner.
Par la joue.
Molinetti pénétra dans l'antre d'Hyghmore, qui était le siège
d'un abcès, en pratiquant une incision cruciale à la joue. Le
succès qu'il obtint a engagé depuis quelques chirurgiens à suivre
son exemple. Néanmoins on comprend qu'une pareille méthode
doive être complètement rejetée, puisqu'on peut toujours la
remplacer par une autre plus simple et qui ne laissera pas des
cicatrices indélébiles sur le visage. Tout au plus pourrait-on
recourir au procédé de Molinetti s'il existait à la joue une ou-
verture fistuleuse qui communiquât avec le sinus maxillaire.
OPERATIONS QUI SE PRATIQUENT SUR LES ORGANES
DE LA GUSTATION.
L'appareil complexe de la gustation, constitué par la bouche et
ses annexes, est formé par des organes si nombreux, de structure
si différente, et dont, par cela même, les maladies et les opé-
rations qu'elles nécessitent sont si variées, qu'en médecine opé-
ratoire, comme en physiologie, il se décompose naturellement
en quatre sous-divisions : les appareils labio-génien et salivaire,
la langue et le voile du palais.
APPAREIL LABIO-GÉNIEN.
hypertrophie des lèvres.
Cette affection, considérée comme une simple augmentation
de volume, sans altération de texture, n'est point une maladie
mais seulement un vice de conformation parfois gênant et tou-
jours difforme, ou au moins d'un effet désagréable. Elle se
présente à plusieurs degrés qui entraînent des modifications
dans le procédé opératoire commun, l'excision.
i° Bourrelet muqueux. Sorte de bosselure ou de tubercule
rougeâtre, simple, bifide ou trifide; d'autres fois, par la réunion
des lobes, sous forme d'une saillie transversale qui se retourne
en avant et dans le rire se tend, par lecartement des commis-
sures, sur la saillie des dents incisives. Presque toujours congé-
nial, situé sur le plan moyen vertical où il semble accuser un
excès de nutrition dans la suture des deux moitiés latérales;
susceptible néanmoins de se développer accidentellement sous
l'action d'une cause mécanique habituelle , comme chez les per-
sonnes qui donnent du cor. Son siège le plus ordinaire est la lèvre
supérieure ; parfois il affecte aussi les deux lèvres à-la-fois, et
plus rarement l'inférieure seule. L'excision de ce bourrelet pra-
tiquée d'abord par Boyer, M. Roux et Dupuytren, l'a été depuis
par un grand nombre de chirurgiens.
Procédé opératoire. La tête est maintenue soulevée par un aide
placé en arrière du malade et qui, saisissant la commissure,
retourne la lèvre, la muqueuse en avant, en l'élevant pour la
supérieure et l'abaissant pour l'inférieure. Le chirurgien, debout
en face, saisit, dans la plus grande surface que possible, le bour-
relet avec des pinces larges ou entre les doigts et, agissant dans
le sens de son plus grand diamètre, soit vertical, soit horizontal,
en pratique l'excision d'un seul coup avec le bistouri droit ou