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Bourgery, Jean Baptiste Marc; Jacob, Nicolas Henri [Editor]
Traité complet de l'anatomie de l'homme: comprenant la médicine opératoire (Band 7, Text): Médecine opératoire — Paris, 1840

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https://doi.org/10.11588/diglit.17186#0186
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178 OPÉRATIONS

M. Chervin rapporte un cas dans lequel la tumeur pesait 82 ki-
logrammes et demi. Celle dont parle M. Caffort avait 83 centimè-
tres et celle de M. Clot seulement 71.

D'après Allard ces tumeurs sont formées par l'accumula-
tion lente et successive de sucs lymphatique, et albumineux
dans le tissu cellulaire des bourses , tandis que suivant Gui de
Fabre , elles résultent de l'altération des veines. Au reste,
malgré l'état du scrotum, les cordons spermatiques sont sains ,
mais seulement un peu plus gros qu'à l'état normal, et très al-
longés ; ce qui tient à l'infiltration de leur tissu cellulaire par les
humeurs lymphatiques et au poids de la tumeur qui tire dessus.
Les testicules sont également sains, et ne deviennent quelquefois
atrophiés que par suite du volume de la tumeur qui les com-
prime ; on n'a point à redouter leur dégénérescence cancé-
reuse; l'économie animale n'en reçoit aucune atteinte nuisible,
et, en général, après l'extirpation il n'y a pas à craindre de voir
survenir une récidive.

Traitement. M. Chervin rapporteque le docteur Margrave a
obtenu de bons résultats de l'administration du calomel, et que
M. Soutys , chirurgien de marine , est parvenu à guérir une de
ces tumeurs, déjà d'un certain volume, parle moyen du mas-
sage long-temps continué. Mais lorsque la tumeur a acquis un
volume considérable, il parait bien prouvé que le seul moyen thé-
rapeutique qu'on puisse lui opposer avec succès est l'opération.
Or ici, par opération, on ne doit pas entendre l'extirpation du
testicule, car l'anatomie pathologique a prouvé que les cordons
spermatiques et les testicules étaient sains : ainsi l'extirpation ne
devra porter, autant que faire se pourra, que sur la masse char-
nue, et nullement sur ces organes. Toutefois, si après la dissection
on les trouvait malades, il faudrait les enlever. Il n'y a point de
procédé qu'on puisse employer d'une manière générale ; cha-
cun peut le modifier de la manière qu'il croit la plus avanta-
geuse. En cela nous ne pouvons citer que le procédé mis en
usage par Delpech , procédé qui pourra, sinon servir de mo-
dèle, du moins aider à se diriger dans la ligne de conduite qu'on
aura à tenir.

Procédé de Delpech. Un nommé Autier portant au scrotum
une tumeur du genre de celle dont nous nous occupons, du
poids de 3o kilogrammes, Delpech prit sur sa racine autant de
tégumens sains qu'il put en conserver, puis les divisa en plu-
sieurs lambeaux qu'il tailla de façon à pouvoir en revêtir les
testicules et la verge; l'un de ces lambeaux fut renversé sur l'hy-
pogastre, et les deux autres sur la face interne des cuisses. Il s'oc-
cupa ensuite d'isoler les cordons et les testicules, en enlevant
toute la masse qui les environnait et en ne conservant que leur
enveloppe immédiate. Puis, il rabattit le lambeau hypogastri-
que sur la verge pour lui en former un étui, et enveloppa les tes-
ticules et les cordons dans les lambeaux latéraux ; le tout fut ar-
rêté et maintenu par un nombre suffisant de points de suture.

C'est, à peu de chose près, le procédé que suivit Larrey en
i8ifi, dans un cas analogue, mais où la tumeur était beaucoup
moins volumineuse.

Au reste, quelle que soit la manière dont on agisse , l'essentiel
est qu'il reste à la racine de la tumeur, ou dans ses environs, as-
sez de tégumens sains pour former des enveloppes aux organes
dénudés, puis d'enlever la totalité des tissus malades.

Une circonstance, quia paru embarrassante, a été la longueur
des cordons ; mais Delpech assure qu'on doit peu s'en inquiéter,

SPÉCIALES.

car bientôt ils se rétractent, et reprennent à-peu-près leur lon-
gueur habituelle. Le malade de Delpech a succombé, mais ceux
d'Imbert de Lormes , de Larrey et de plusieurs autres chirur-
giens ont survécu. En somme, les résultats obtenusjusqu'àprésent
sont plus satisfaisans qu'il ne semble qu'on devrait l'attendre
d'une opération, en apparence aussi formidable, ce qui tientsans
aucun doute à ce que la maladie, malgré son volume, n'est
qu'une simple affection de la peau sans réaction sur l'orga-
nisme.

OPÉRATIONS SUR LE TESTICULE.

SARCOCÈLE. — CASTRATION (Pl. 48, fig. 3, 4, 5).

On donne généralement le nom de castration à l'ablation d'un
seul ou des deux testicules.

Historique. Il n'existe peut-être pas d'opération chirurgicale,
dont, sous divers prétextes , trop souvent immoraux ou infâmes,
on ait fait un plus grand abus aux diverses époques de l'his-
toire , chez les modernes comme chez les anciens, sous des con-
stitutions civiles et des religions très différentes : la politique,
un grossier sensualisme, l'amour de la musique, la chirurgie
elle-même dans son ignorance plus à déplorer qu'à blâmer, se
sont crus autorisés, par des raisons spécieuses, à priver l'homme
de ses organes de reproduction.

Au rapport d'Hérodote , Sémiramis faisait châtrer tous les
hommes faibles de son empire, afin que les enfans à naître ne
fussent produits cpie par des hommes robustes et bien constitués.
En Orient, depuis un temps immémorial et plus particulière-
ment depuis les califes, dans tous les pays qui reconnaissent la
loi de l'islamisme , on sait dans quel nombre immense , pendant
une longue suite de générations, on a continué de faire des eu-
nuques pour les commettre à la garde des sérails. En Italie et
même à Rome , jusqu'à ces derniers temps, on a toléré cette muti-
lation sur des enfans , pour que la voix douce et harmonieuse du
castrat pût se conserver avec toute sa pureté dans l'âge viril.
Des chirurgiens eux-mêmes , il y a moins d'un siècle, opéraient
la castration comme moyen d'obtenir la cure radicale des her-
nies. Déjà, à la vérité, cette affreuse pratique était blâmée par les
bons chirurgiens de l'époque, et pourtant on en retrouve en-
core maintenant des traces dans nos campagnes. Aujour-
d'hui, enfin , cette opération n'est plus réservée légalement que
pour les cas où l'homme de l'art juge qu'un testicule, par lui-
même ou par ses enveloppes, dégénéré et perdu sans ressources ,
ne peut plus être conservé sans mettre en danger la vie du ma-
lade.

Indications. Toutes les fois qu'un testicule est atteint de dégé-
nérescence squirrheuse, encéphaloïde, colloïde oumélanique , il
est absolument inévitable de l'enlever. L'opération est sou-
vent nécessaire pour les testicules tuberculeux ; mais elle n'est pas
toujours indispensable. Dans la pratique on voit assez fréquem-
ment des cas où la fonte du testicule se faisant sous l'influence
des seuls efforts de la nature , l'atrophie de l'organe et la guéri-
son en sont la conséquence. Le broiement ou l'attrition des testi-
cules, portée au point d'en produire la désorganisation complète
nécessite aussi leur ablation. Il en est de même de l'épaississe-
ment avec induration et dégénérescence de la portion de tunique
 
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