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Bourgery, Jean Baptiste Marc; Jacob, Nicolas Henri [Editor]
Traité complet de l'anatomie de l'homme: comprenant la médicine opératoire (Band 7, Text): Médecine opératoire — Paris, 1840

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https://doi.org/10.11588/diglit.17186#0135
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HERNIES ABDOMINALES.

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est obligé de donner à la pelote. Fréquemment l'exomphale est
irréductible, au moins en partie, et alors il faut creuser la pelote
en gouttière pour contenir, sans les contondre, les viscères de la
tumeur. Dans ces cas aussi il est avantageux de fixer tout l'appa-
reil à l'aide de scapulaires et de sous-cuisses.

Dans la hernie qui s'échappe par la partie supérieure de la
ligne blanche , et que l'on appelle hernie de l'estomac, le brayer
à ressort est difficilement supporté par le malade, parce qu'il
gêne le mouvement respiratoire. Scarpa propose d'employer alors
un simple corset de forte toile, embrassant la base du thorax et
le haut de l'abdomen, et fixé par deux bretelles qui montent sur
les épaules, et reviennent obliquement en avant par-dessous les
aisselles. Sous ce corset, on place une petite pelote qui appuie
sur l'ouverture herniaire , on assujettit cette pelote avec une
compresse maintenue au moyen de bandelettes agglutinatives, et,
le tout étant bien en place, on serre le corset à l'aide de deux
pattes qui s'entrecroisent à la manière des chefs d'un bandage
unissant.

Enfin , il est des cas où, sans suivre aucune règle fixe, le chi-
rurgien est obligé d'imaginer un bandage adapté à la forme, au
volume et au siège de quelques hernies ventrales irréductibles.
C'est pour un cas de ce genre que Fabrice de Hilden fit construire
une sorte de suspensoir qui, prenant son point d'appui sur
la base du thorax , recevait dans un sac le fond de la tumeur
herniaire.

TRAITEMENT AYANT POUR BUT DE REMÉDIER AUX ACCIDENS
DE LA HERNIE.

En résumant à trois les accidens de la hernie, savoir : irréduc-
tibilité, engouement, étranglement, on trouve que le traitement à
leur opposer consiste à soutenir et à protéger par un brayer con-
venable la hernie irréductible, à réduire la hernie engouée, à ré-
duire encore la hernie étranglée, ou, si cela est impossible, à lever
l'étranglement. Nous ne revenons point sur l'emploi des bandages
contre la hernie irréductible; ajoutons seulement qu'on peut
parvenir à la longue et avec une compression méthodique à faire
rentrer, en tout ou en partie, un assez grand nombre de ces her-
nies. Nous dirons relativement à la hernie engouée, qu'elle cède
presque toujours à l'usage adroitement combiné du taxis, des
purgatifs et des relâchans administrés d'une manière générale et
locale sur la tumeur. Tl n'y a donc de réellement important que
la hernie étranglée ; mais ici l'accident est d'une telle gravité qu'il
compromet au plus haut degré la vie du malade, et le rôle du
chirurgien est si difficile, que c'est en quelque sorte une preuve
de haut savoir chirurgical que de se comporter sans reproche
vis-à-vis de la maladie.

Si la hernie étranglée ne peut pas être réduite sans opération,
il faut pratiquer l'opération de l'étranglement : tout le monde
avoue ce précepte ; mais on se divise aussitôt que l'on veut éta-
blir le momentprécis auquel il est convenable d'opérer. Opère-t-
on de bonne heure, sans doute on affranchit le malade des dan-
gers mêmes de l'étranglement, mais on l'expose aux suites d'une
opération dont la gravité ne saurait être méconnue. Opère-t-on
tardivement et après l'essai préliminaire de toutes les méthodes
de réduction, la marche rapide des accidens inflammatoires me-
nace le chirurgien de voir survenir la gangrène dans la hernie ;
de part et d'autre il y a des dangers à craindre, des avantages à
espérer, et la conduite de l'opérateur est toujours délicate , soit
qu'il agisse, soit qu'il attende. Si, pour sortir de l'embarras où il
se trouve, un jeune chirurgien consulte la pratique des maîtres de

l'art sur ce sujet, il hésite entre l'opinion de Pott, de Richter, de
Desault, qui veulent que l'on opère quelques heures tout au plus
après l'étranglement, et celle de plusieurs chirurgiens modernes
qui recommandent, au contraire, d'épuiser toutes les ressources
du taxis. En un mot, la science n'enseigne point d'une manière
nette et claire le moment qu'il faut choisir pour opérer l'étran-
glement.

Au reste, en examinant avec soin cette question importante,
on acquiert la certitude que l'on ne peut y donner une réponse
absolue. Les cas de hernie étranglée, tels qu'ils s'offrent au prati-
cien, sont variables, et la conduite à leur égard ne saurait être
toujours la même. Essayons d'établir quelques règles utiles par
des exemples.—Lorsqu'une hernie est étranglée tout récemment,
le chirurgien doit d'abord pratiquer le taxis simple; puis, s'il
échoue, recourir à un bain prolongé, à une saignée générale pour
peu que le sujet soit un peu fort, revenir au taxis et y insister en
variant la position du malade. Tout cela étant employé sans suc-
cès , il peut songer à l'usage de la fumée de tabac, à l'application
d'une vessie de glace sur la tumeur; mais déjà il doit tenir compte
avec soin du temps écoulé depuis le moment de l'étranglement,
de l'intensité des symptômes et de leur marche, de la tension qui
existe dans la tumeur, et de la douleur qu'y fait naître le toucher.
Si, l'individu étant robuste, l'étranglement est survenu tout-à-
coup sans signes d'engouement antérieur, si l'on a lieu de croire
cpie l'intestin est dans la hernie, et si enfin les symptômes persis-
tent avec une acuité croissante, malgré l'administration des relâ-
chans généraux, il faut craindre et de perdre du temps, et d'oc-
casionner quelques désordres dans la hernie par une manœuvre
de taxis trop prolongée. A plus forte raison doit-on avoir cette
réserve lorsque le malade a passé entre les mains de plusieurs mé-
decins peu habitués aux opérations chirurgicales, parce qu'il est
trop fréquent de les voir, pour se faire honneur d'un succès,
précipiter inconsidérément des tentatives de réduction. « Que de
« fois, dit J.-L. Petit, on a vu des malades périr le jour même où
« la réduction a été faite ! aux uns, on a trouvé le boyau gangréné;
« aux autres, il était crevé, et les matières fécales répandues dans
« le ventre.» Sans même causer un résultat aussi funeste, ces ma-
nipulations opiniâtres ou mal dirigées peuvent amener une inflam-
mation vive dans l'intestin, l'épiploon et le sac, et plus tard, après
l'opération, la mort devient inévitable par péritonite. Dupuytren
et Sanson n'essayaient qu'avec beaucoup de prudence le taxis
chez les pauvres malades qui arrivaient à l'hôpital, après avoir été
soumis à des manœuvres en ville ; et déjà Saviard avait remarqué
que de son temps, à l'Hôtel-Dieu, l'opération delà hernie était
fréquemment malheureuse par suite de taxis mal conduit hors de
l'hôpital.—Au contraire, si les signes de l'étranglement ont marché
avec lenteur, si la tumeur est indolente au toucher, si le malade
est quelquefois sujet à del'engouement dans sa hernie,comme cela
est fréquent pour la hernie inguinale, si l'on a lieu de croire que
l'épiploon est seul contenu dans le sac, il est permis d'attendre,
de revenir plusieurs fois sur les manœuvres de réduction, et même
jusqu'à un certain point de pratiquer ce que l'on appelle au-
jourd'hui le taxis forcé. Rien ne pressant, on peut reculer une
opération qui n'est pas innocente en elle-même. Mais encore faut-
il être sur ses gardes et ne point se laisser abuser parles récits du
malade et des assistans. Surtout, il ne faut point prendre une
hernie, dans laquelle la résolution des symptômes annonce un
commencement de gangrène, pour un cas d'étranglement indolent,

En résumé, ce point de pratique est fort difficile. En accumulant
de part et d'autre des cas de succès obtenus par un usage heureux
 
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