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Bourgery, Jean Baptiste Marc; Jacob, Nicolas Henri [Editor]
Traité complet de l'anatomie de l'homme: comprenant la médicine opératoire (Band 7, Text): Médecine opératoire — Paris, 1840

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https://doi.org/10.11588/diglit.17186#0136
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OPÉRATIONS SPÉCIALES.

du taxis prolongé, et des cas devenus malheureux par abus du
taxis, on n'avancerait pas beaucoup la question, car on ne sau-
rait en faire sortir aucune règle certaine et absolue. La sagacité du
chirurgien doit ici suppléer aux préceptes : mais néanmoins, à
une époque où on paraît être enclin à beaucoup compter sur les
avantages d'un taxis long-temps prolongé, et sur plusieurs moyens
de réduction que le hasard sans doute a fait réussir quelquefois,
tels que l'introduction , dans l'urèthre, d'une bougie enduite de
belladone, l'introduction de belladone ou de jusquiame dans le
rectum, il est utile de rappeler que les plus habiles des chirur-
giens qui nous ont précédés opéraient de bonne heure l'étran-
glement.

Historique de. Vopération. Avant Franco, toutes les tenta-
tives de la chirurgie herniaire avaient eu en vue la cure radicale
de la hernie, et c'est vers le milieu du xvi* siècle seulement, qu'il
est fait mention d'une opération spéciale contre l'étranglement.
Soit que Franco fût lui-même l'inventeur de cette précieuse dé-
couverte, soit que déjà l'opération de la hernie étranglée eût été
pratiquée par d'autres chirurgiens de son temps, il conserve
l'honneur de l'avoir décrite le premier et de l'avoir conseillée
dans son livre imprimé à Lyon en 1556 , et plus tard en i56i.
Il recommande, pour opérer le débridement, de se servir d'un
petit baston de la grosseur d'une plume d'oie, ou un peu plus
gros, rond, et qui soit plat d'un côté et demj rond. Sur ce bâton,
introduit par une petite ouverture, on guidait le bistouri. D'a-
bord on essayait de réduire sans inciser le sac, mais, s'il en était
besoin, on ouvrait le sac, on le soulevait par des crochets, et on
débridait, au moyen du bistouri conduit sur le bâton, puis on
faisait rentrer les intestins en repoussant d'abord les parties qui
étaient les plus voisines du ventre ; une suture était faite ensuite.
Ambroise Paré adopta l'opération de Franco, et remplaça le bâ-
ton de bois par une sonde cannelée, moyen plus commode et
plus sûr pour conduire le bistouri. Pigray, élève de Paré, décri-
vit une méthode qui consiste à faire une ouverture à la paroi
abdominale et au péritoine, au-dessus de la tumeur, et à tirer en
dedans, par cette ouverture, l'intestin déplacé, méthode qui, d'a-
près le travail historique de l'auteur de, l'article Hernie, du Ré-
pertoire général des Sciences médicales, est probablement la
même que celle indiquée par Rousset (i58 i ) et que celle attri-
buée beaucoup plus tarda Cheselden. Covillard (i64o) pratiqua
l'opération de Franco dans un cas de hèrnie étranglée frappée de
gangrène. En Italie, Fabrizio d'Acquapendente ( 1565) ne propo-
sait, contre l'étranglement, que les moyens ordinaires de réduc-
tion , et il donne le précepte de placer le malade la tète en
bas , et de le secouer par les pieds pour faire rentrer les
viscères. Genga (1672) s'éleva contre l'opération de l'étran-
glement.

Auxviii" siècle, l'opération de Franco fut admisesans contesta-
tion, bien que pourtant l'on n'eût pas abandonné diverses mé-
thodes bizarres ou nuisibles pour obtenir la cure radicale. Dio-
nis décrivit avec précision tous les détails de l'opération du dé-
bridement, et, à partir de cette époque, cette partie importante
de la chirurgie herniaire s'est perfectionnée successivement jus-
qu'à nos jours. La description qui va suivre nous dispense d'in-
diquer ici les travaux ultérieurs.

Nous allons maintenant décrire l'opération de la hernie telle
qu'on la pratique pour les cas d'étranglement simple ; nous di-
rons ensuite ce qu'il faut faire lorsqu'il se présente des compli-
cations.

opération de la hernie étranglée ou kététomie.

Appareil instrumental et de pansement. Position du malade
et des aides. Le chirurgien doit avoir à sa disposition un
bistouri droit ordinaire, un bistouri convexe, un bistouri droit
boutonné, et, s'il le juge convenable, le bistouri herniaire de
Pott, ou celui d'A. Cooper; deux paires de pinces fortes, une
paire de ciseaux mousses et une sonde cannelée : ces instrumens
suffisent pour l'opération. Certains chirurgiens en ont employé
de particuliers, tels que la sonde ailée, le bistouri de Morand,
celui deLedran, le dilatateur de Leblanc. On aura des éponges,
de l'eau tiède et de l'eau froide, un linge troué enduit de cérat,
des boulettes et des gâteaux de charpie, des fils à ligature, au be-
soin des aiguilles à suture munies de leur fil, des bandelettes ag-
glutinatives, des compresses longues et carrées, une bande très
longue ou un bandage triangulaire. —Le malade sera placé ho-
rizontalement sur un lit, les muscles de l'abdomen relâchés, la
région oû est la hernie nettoyée et rasée si elle est couverte de
poils. Des aides surveilleront les mouvemens du malade, qui
doit être immobile ; un autre se tiendra en face du chirurgien
pour tendre la peau, éponger la plaie et aider l'opérateur; un
dernier se chargera de donner les instrumens. L'opérateur, placé
à la droite du malade, debout, assis, ou à genoux, suivant sa
convenance, commence l'opération.

Premier temps. Incision des tégumens. L'incision doit être
dirigée suivant le grand diamètre de la tumeur, remonter à un
centimètre et demi au-dessus de l'anneau, et descendre jusqu'au
bas de la tumeur. Tantôt on peut la faire à la manière ordinaire
avec un bistouri droit tenu en troisième position ; tantôt il vaut
mieux inciser sur le milieu d'un pli fait à la peau, pli dont l'aide
tient une extrémité et l'opérateurl'autre ; l'épaisseur plus ou moins
grande des tégumens décide en faveur de l'un ou l'autre mode. Ce
qui doit guider surtout le chirurgien, c'est le soin d'aller peu pro-
fondément, dans la crainte de rencontrer l'intestin, qui n'est
quelquefois séparé de la peau que par des couches très minces.
Ce précepte est si important qu'il ne faut pas chercher à faire
une incision nette et régulière ; la coquetterie qui consiste à évi-
ter ce que l'on appelle des queues, est ici déplacée, mieux vaut
compléter ensuite son incision sur la sonde cannelée. Une seule
incision ne suffisant pas pour mettre la tumeur à découvert, on
en pratiquera une seconde, de manière à avoir un T, ou même
une croix ; ceci au reste n'est nécessaire que pour la hernie cru-
rale ou ombilicale.

Deuxième temps. Incision des enveloppes sous-cutanées du sac.
Après l'incision des tégumens, et avant d'aller plus loin, on
est quelquefois incommodé par une petite hémorrhagie prove-
nant de la section d'artérioles superficielles ; la pression exercée
par le doigt d'un aide, la torsion avec les mors d'une pince suffi-
sent pour suspendre l'écoulement de sang. Le chirurgien divise
donc toutes les lames qui recouvrent le sac herniaire.—Ce temps
demande beaucoup de précautions ; on soulèvera avec une pince
fine chacune des lamelles situées au-devant du sac, et après une
section faite au ras de la pince avec un bistouri tenu horizontale-
ment en dédolant, on glisse sous chaque feuillet une sonde can-
nelée, on divise ce feuillet sur la sonde , d'abord en haut, puis en
bas, le plus loin possible, de manière à dégager la tumeur, et on
recommence ainsi jusqu'à ce que l'on reconnaisse le sac au fond
de la plaie. Le nombre de couches à diviser, varie suivant le siège
 
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