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Société de l'Histoire de l'Art Français [Hrsg.]
Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art Français — 3.1877

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Janvier
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Montaiglon, Anatole de: Une manufacture de tapisserie des gobelins à Fulham et à Exeter
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https://doi.org/10.11588/diglit.26385#0010

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— g8 —

mais il aimait la dépense et il possédait des qualités si éminentes,
surtout les deux vertus cardinales connues sous les noms d’inconti-
nence et de vanité, qu’il ne tarda pas à s’abîmer de dettes, fit banque-
route et prit la fuite.

« Les métiers et les différents outils qu’il ne put pas emporter
furent vendus publiquement, et un certain monsieur Passavant les
acheta pour fort peu d’argent. Par ce moyen il établit une faible
manufacture à Exeter, après avoir pris à son service un petit nombre
d’ouvriers, déserteurs des Gobelins de Paris, qui avoient été séduits
par les magnifiques promesses de l’ex-capucin. En conséquence de
ces promesses ces malheureux vinrent en Angleterre et bravèrent la
potence qu’ils n’auraient pu éviter s’ils avaient été découverts. Le
moine, de son côté, dès qu’il en eut un certain nombre en son pou-
voir, ne craignit point de leur manquer de parole ; les salaires qu’il
leur assigna, et dont ils furent obligés de se contenter, furent très-
modiques. Cet entrepreneur s’étant sauvé d’Angleterre, ces pauvres
malheureux se trouvèrent dans la plus triste situation. Ils ne savoient
d’autre métier que le leur, ignoraient entièrement la langue et ne
pouvaient retourner en France où ils auraient été pendus pour leur
désertion. M. Passavant ramassa dans les rues de Londres le petit
nombre de ceux que la faim et la misère avaient encore épargnés et
les fit conduire à Exeter où il se fait un petit revenu de leurs tra-
vaux.

« Je savais depuis quelques années la première partie de l’histoire
de cet établissement ; l’autre m’a été racontée à Exeter par les
ouvriers français, et je m’imagine que vous ne serez pas fâchés d’être
instruit de cette anecdote relative à un homme dont vous avez si
souvent entendu parler en Italie, à l’occasion de ses écrits satiriques
et mordants contre les jésuites, dont les livres ont été pendant un
temps dans les mains de tout le monde, et dont à la fin les moeurs et
le caractère ont paru ne valoir pas mieux que ceux des membres les
plus dépravés de l’Ordre qu’il a si fort décrié. » I, 19-21.

Voici maintenant la seconde lettre, datée de Zevolla, 2 octobre
1760(11, 1646). Il vient de parler d’une manufacture de soieries établie
à Talavera par des ouvriers venus de Lyon :

« Il faut avouer à l’honneur des Français qu’ils sont pour ces
sortes d’établissements les gens les plus industrieux, les plus actifs et
les plus entreprenants qu’il y ait sous le soleil. L’Angleterre, la
Hollande, les autres nations n’en sont que trop convaincues; quelques-
uns l’ont éprouvé à leur avantage et d’autres y ont perdu de grosses
sommes. J’en ai connu plusieurs dans différentes parties du monde
qui avaient ce tour d’esprit singulier; mais le R. P. Norbert est
mon héros dans ce genre à tous égards.

« N’ayant pas un denier lorsqu’il débarqua en Angleterre, sans
 
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