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Société de l'Histoire de l'Art Français [Hrsg.]
Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art Français — 3.1877

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Octobre
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Explication du tableau présenté à l'église Sainte-Geneviève par messieurs les prévost des marchands et échevins de la ville de Paris
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https://doi.org/10.11588/diglit.26385#0065

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153 —

EXPLICATION DU TABLEAU
présenté a l’église sainte-Geneviève par messieurs les prévost

DES MARCHANDS ET ÉCHEVINS DE LA VILLE DE PARIS.

Tout le monde se souvient encore de l’état où étoit réduit le peuple
de Paris, et même de toute la France, au commencement de l’année
1694. La famine et les maladies causoient une désolation universelle,
et pour surcroît de maux, la sécheresse devint si grande pendant les
mois de mars, d’avril et de may, et endommagea tellement les biens
de la terre, que l’on perdit toute espérance de la récolte. Dans cette
extrémité on eut recours à Sainte-Geneviève, refuge ordinaire des
Parisiens; sa châsse fut découverte, les processions de toutes les
églises de Paris et celles de la campagne y vinrent faire leur station.
Messieurs les prévôt des marchands et échevins s’y rendirent en
cérémonie, et assistèrent à une messe solennelle qui y fut célébrée
pontificalement par Monseigneur l’archevêque de Paris, le 19 may5
veille de l’Ascension.

Mais la sécheresse qui continuoit, augmentant la misère publique,
le peuple demanda qu’on eût recours au dernier remède, et que l’on
fit la descente et la procession de la châsse. Le Parlement, sur l’ordre
exprès qu’il en reçeut du Roy, en rendit l’arrêt. Elle se fit le jeudi
27 may avec la dévotion et le concours ordinaire en cette célèbre
cérémonie. Le ciel ne put tenir contre tant de vœux redoublez, il se
laissa fléchir et accorda le jour même une pluye prompte et abon-
dante, qui commença au moment que les précieuses reliques de la
sainte rentrèrent dans son église.

Cette pluie redonna la vie à tous les biens de la terre, la récolte des
bleds, des vins et de toutes sortes de fruits, fut si belle, et pour la
quantité et pour la qualité, qu’il n’en s’est point vu de semblable
depuis plusieurs années.

Le Roy, toujours plein de piété, en fut si touché qu’il ordonna à
Monseigneur l’Archevêque d’en faire rendre des actions de grâces
publiques dans toutes les églises de Paris ; celle de sainte Geneviève
se distingua particulièrement par une messe solennelle et un TeDeurn
qui y fut chanté, où Messieurs les prévôt des marchands et échevins,
et tout le corps de ville assistèrent en cérémonie.

Mais ils ne crurent pas devoir se contenter d’une action de grâces
passagère ; un bienfait si extraordinaire leur sembloit demander une
preuve permanente de leur reconnoissance, ils s’engagèrent donc
solemnellement de faire faire un Tableau qu’ils luy offriroient, et qui
seroit un monument éternel des grâces qu’ils avoient receües du ciel
par son entremise. Le sieur Largilière, peintre célèbre par ses
ouvrages, en a conçu et exécuté le dessein d’une manière très excel-
lente et très ingénieuse.
 
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