T % E F A C E.
vray qu'il n’a point toute la politesse, ny tous les
ornemens qu'une plume plus diserte eust pû yap»
porter : mais aussi je puis dire qu’on ny trouvera
point de fard, ny de déguisement. Comme je loüe
lesSçavans de toute l’Europe, je n’ay point d’atta-
chement à une Nation plus qu’à l'autre : je donne
le prix au mérité où je le rencontre ; & quoy que
cét Ouvrage ne soit destiné que pour la gloire des
Siences & des Arts; lors que la Vertu s’y trouve^
jointe, je solemnise cette heureusealliance, non_>
avec toute la magnificence quelle mérité ; mais avec
toute celle qui m’est poisible.
On me dira pcut-cstre encore que je ne suis pas
le premier qui ay écrit les Vies des Hommes Illu-
stres, & que j’en ay plusieurs qui ont déjà esté don-
nées au public. Je l’avoüe : mais s’il y a peu de nou-
veauté dans la matière , il y en a certes beaucoup
dans la forme. Tout ainsi que le viiàge d’un seul.
homme peut estre representé diversement par leu
pinceau ; demesmeses actions le peuvent estre par
la plume. Appelles a fait le portrait du Grand Ale-
xandre plusieurs fois; tantost tenant la foudre à la
main ; tantost triomphant du Dieu de la Guerres.
Trois cens Ecrivains ont célébré la Viétoire quej
Miltiade remporta contre les Perses dans la plaine
de Marathon. La vertu des Héros ne peut estrçu
loüée trop souvent : Il importe d’en renouveller de
temps en temps la mémoire pour rendre justice à
leur mérité, & pour nous donner envie de les imi-
ter. Cette Academie estoit trop vaste pour n’y ren-
fermer
vray qu'il n’a point toute la politesse, ny tous les
ornemens qu'une plume plus diserte eust pû yap»
porter : mais aussi je puis dire qu’on ny trouvera
point de fard, ny de déguisement. Comme je loüe
lesSçavans de toute l’Europe, je n’ay point d’atta-
chement à une Nation plus qu’à l'autre : je donne
le prix au mérité où je le rencontre ; & quoy que
cét Ouvrage ne soit destiné que pour la gloire des
Siences & des Arts; lors que la Vertu s’y trouve^
jointe, je solemnise cette heureusealliance, non_>
avec toute la magnificence quelle mérité ; mais avec
toute celle qui m’est poisible.
On me dira pcut-cstre encore que je ne suis pas
le premier qui ay écrit les Vies des Hommes Illu-
stres, & que j’en ay plusieurs qui ont déjà esté don-
nées au public. Je l’avoüe : mais s’il y a peu de nou-
veauté dans la matière , il y en a certes beaucoup
dans la forme. Tout ainsi que le viiàge d’un seul.
homme peut estre representé diversement par leu
pinceau ; demesmeses actions le peuvent estre par
la plume. Appelles a fait le portrait du Grand Ale-
xandre plusieurs fois; tantost tenant la foudre à la
main ; tantost triomphant du Dieu de la Guerres.
Trois cens Ecrivains ont célébré la Viétoire quej
Miltiade remporta contre les Perses dans la plaine
de Marathon. La vertu des Héros ne peut estrçu
loüée trop souvent : Il importe d’en renouveller de
temps en temps la mémoire pour rendre justice à
leur mérité, & pour nous donner envie de les imi-
ter. Cette Academie estoit trop vaste pour n’y ren-
fermer