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https://doi.org/10.11588/diglit.42500#0116
86 ACADEMIE DES SCIENCES,
Ministre d’Estat; homme do&e, 6c vaillant tout ensemble 5 & s’est acquis
par ces qualitez héroïques le beau nom de Defenseur de la Patrie, 6c de
Prote&eur des Lettres.
Son Pere Stanisias, Castelsan de Chelm , avoit ausïî quelque reputa-
tion dans lïin , &c dans l’autre de ces louables exercices. Comme il re-
connut que ce fils excellent vouloit suivre son exemple, il le mit dans les
Ecoles de Crusnostan , pour y apprendre les Lettres humaines sous Al-
bert Ostrowoski : il l’envoya après à Paris j où le jeune Zamoski eut pour
Précepteurs en l’Art de bien dire deux des plus sçavans hommes de la
France, Adrien Turnebe, & Denis Lambin. Il apprit la Philosophiede
Jacques Carpentier ; Pierre de Penna luy enseigna les Mathématiques.
Riche de ce pretieux thresor de sciences il pasTa en Italie, & s’arresta à
Padoiiepour y exercer son esprit dans les conférences lèrieuses des Do-
utes ; parmy lesquels il parut avec tant davantages , que le voyans le
plussçavant de leur Asiamblée , ils le choisirent pour Re&eur de l’Uni-
versité. Ce fut dans cette fonélion honnorable que Zamoski donna le
premier employ à son elegante plume, parla composition de ces Livres
rares du Sénat Romain , 6c du Sénateur parfait , qu’il écrivit en langue
Latine, d’un stile si pompeux, 6C si abondant, que l’Antiquité n’a rien
qui les surpasie. Il voulut au sil laisicr à cette belle Academie unememoi-
re digne de l’honneur qu’il y avoit receu , en rédigeant par ordre ses
Loix, 6c ses Constitutions; quiavoient esté jusqu’alors confuses, 6c né-
gligées : après quoy il retourna en Pologne j 6c comme sa réputation
l’y avoit devancé , il sut bien-tost élevé aux plus considerables employ s
de l’Estat.
Le sageRoy Sigismond efiant mort à Knistinie, sur les confins de la
Lituanie, le dixhuitiéme de Juillet de l’an 1572. &ne reliant personne de
la maison Royale des Jagellons poursucceder à la Couronne j laNoblesie
se trouva divisée au sujet de l’éleélion. La Maison d’Austriche , le Roy
deSuede, Henry de Valois Ducd’Anjou, &le Moscovite y pretendoient
avec un égal empresiement, 6c avoient chacun leurs partisans dans le
Royaume. 11 y avoit encore un party formé en faveur d’un Seigneur du
Pays : mais le Duc d’Anjou avant efié puisiamment recommandé aux
Estats par Selim Empereur des Turcs, à la sollicitation de Catherine de
Medicis ; ils le déclarèrent unanimement Rov de Pologne au mois de
May de l’an 1573.6c luy envoyèrent une Ambasiade soîemnelle ; qui entra
en France au commencement du mois d’Aoull suivant. Zamoski, qui
estoit du nombre des Ambasiadeurs, eut l’honneur comme le plus élo-
quent , de porter la parole à ce Prince , 6c de luy annoncer qu’ils ve-
noient le rcconnoistre pour leur Souverain : il faloitun diseours relevé
pour un sujet si illustre , 6c si important : ausiî sa Harangue qu’il fit en
Latin, fut trouvée si elegante, qu’on la mit sous lapresie, pourla com-
muniquer à toute la France.
Le Duc d’Anjou arriva en Pologne vers la fin de la mesme année, &le
dix-huitiéme de Février de l’an 1574. il fut couronné à Cracovie, &:oingt
parl’ArchevesquedeGnesne : mais la mort de Charles IX. son frere, 6c\c$
guerres qui la suivirent l’ayant rappellé en France, son régné de Pologne ne
dura que trois mois, 6c seize jours. Les Estats frustrez del’csperancc de son
retour le déclarèrent deseheu de cette Royauté le quinziéme de Juillet de la
mesme année 1574. & s’assemblerentà Warsovie au mois de Décembre,pour
procéder à une nouvelle eleétion. Les opinions se trouvèrent partagées
comme auparavant : les uns inclinoient pour l’Empereur Maximilien, pere
de Rodolphe ; les autres vouloient pourReyne Anne, sœurdu Roy défunt,
âgée de cinquante ans ; luy destinant pour mary Estienne Battori, Prin-
- ce
Ministre d’Estat; homme do&e, 6c vaillant tout ensemble 5 & s’est acquis
par ces qualitez héroïques le beau nom de Defenseur de la Patrie, 6c de
Prote&eur des Lettres.
Son Pere Stanisias, Castelsan de Chelm , avoit ausïî quelque reputa-
tion dans lïin , &c dans l’autre de ces louables exercices. Comme il re-
connut que ce fils excellent vouloit suivre son exemple, il le mit dans les
Ecoles de Crusnostan , pour y apprendre les Lettres humaines sous Al-
bert Ostrowoski : il l’envoya après à Paris j où le jeune Zamoski eut pour
Précepteurs en l’Art de bien dire deux des plus sçavans hommes de la
France, Adrien Turnebe, & Denis Lambin. Il apprit la Philosophiede
Jacques Carpentier ; Pierre de Penna luy enseigna les Mathématiques.
Riche de ce pretieux thresor de sciences il pasTa en Italie, & s’arresta à
Padoiiepour y exercer son esprit dans les conférences lèrieuses des Do-
utes ; parmy lesquels il parut avec tant davantages , que le voyans le
plussçavant de leur Asiamblée , ils le choisirent pour Re&eur de l’Uni-
versité. Ce fut dans cette fonélion honnorable que Zamoski donna le
premier employ à son elegante plume, parla composition de ces Livres
rares du Sénat Romain , 6c du Sénateur parfait , qu’il écrivit en langue
Latine, d’un stile si pompeux, 6C si abondant, que l’Antiquité n’a rien
qui les surpasie. Il voulut au sil laisicr à cette belle Academie unememoi-
re digne de l’honneur qu’il y avoit receu , en rédigeant par ordre ses
Loix, 6c ses Constitutions; quiavoient esté jusqu’alors confuses, 6c né-
gligées : après quoy il retourna en Pologne j 6c comme sa réputation
l’y avoit devancé , il sut bien-tost élevé aux plus considerables employ s
de l’Estat.
Le sageRoy Sigismond efiant mort à Knistinie, sur les confins de la
Lituanie, le dixhuitiéme de Juillet de l’an 1572. &ne reliant personne de
la maison Royale des Jagellons poursucceder à la Couronne j laNoblesie
se trouva divisée au sujet de l’éleélion. La Maison d’Austriche , le Roy
deSuede, Henry de Valois Ducd’Anjou, &le Moscovite y pretendoient
avec un égal empresiement, 6c avoient chacun leurs partisans dans le
Royaume. 11 y avoit encore un party formé en faveur d’un Seigneur du
Pays : mais le Duc d’Anjou avant efié puisiamment recommandé aux
Estats par Selim Empereur des Turcs, à la sollicitation de Catherine de
Medicis ; ils le déclarèrent unanimement Rov de Pologne au mois de
May de l’an 1573.6c luy envoyèrent une Ambasiade soîemnelle ; qui entra
en France au commencement du mois d’Aoull suivant. Zamoski, qui
estoit du nombre des Ambasiadeurs, eut l’honneur comme le plus élo-
quent , de porter la parole à ce Prince , 6c de luy annoncer qu’ils ve-
noient le rcconnoistre pour leur Souverain : il faloitun diseours relevé
pour un sujet si illustre , 6c si important : ausiî sa Harangue qu’il fit en
Latin, fut trouvée si elegante, qu’on la mit sous lapresie, pourla com-
muniquer à toute la France.
Le Duc d’Anjou arriva en Pologne vers la fin de la mesme année, &le
dix-huitiéme de Février de l’an 1574. il fut couronné à Cracovie, &:oingt
parl’ArchevesquedeGnesne : mais la mort de Charles IX. son frere, 6c\c$
guerres qui la suivirent l’ayant rappellé en France, son régné de Pologne ne
dura que trois mois, 6c seize jours. Les Estats frustrez del’csperancc de son
retour le déclarèrent deseheu de cette Royauté le quinziéme de Juillet de la
mesme année 1574. & s’assemblerentà Warsovie au mois de Décembre,pour
procéder à une nouvelle eleétion. Les opinions se trouvèrent partagées
comme auparavant : les uns inclinoient pour l’Empereur Maximilien, pere
de Rodolphe ; les autres vouloient pourReyne Anne, sœurdu Roy défunt,
âgée de cinquante ans ; luy destinant pour mary Estienne Battori, Prin-
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