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Bulletin de l' art pour tous — 1895

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No 114 (Juin 1895)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19283#0021
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LÀRTPOUR - TOUS

atin,

34e Année

BULLETIN DE JUIN 1895

Concours

Grands Magasins du Louvre

CONCOURS DE 189")

Distribution des Récompenses

Vendredi, 31 mai, a eu lieu, aux Grands Maga- !
sins du Louvre, la remise des récompenses aux j
lauréats des concours de voile de piano el d'ar-
moire et lit, dont nous avons publié le pro-
gramme dans notre Bulletin de novembre 1894.
Cette réunion était présidée par M. le colonel
Laussedal, directeur du Conservatoire national
des arts et métiers, représentant le Ministre du
Commerce.

Au bureau avaient pris place : M. Crost, repré-
sentant le directeur des beaux-arts ; M. Comte,
directeur général des bâtimentscivils ; MM. Ber-
ger et Cibiel, députés; Vaudremer, Corroyer,
Guadel, Cenuys, architectes; Flameng, Martin,
Colin, Olivier Merson, peintres ; Chatel, Jean-
selme, Quignon, Germain Bapst, Henry, indus-
triels; Béraldi, rapporteur, membres du Jury.

A l'ouverture de la séance, M. le directeurdes
Magasins du Louvre remercie les personnalités !
éminentes du monde des arts et de l'industrie j
qui ont bien voulu, par leur présence, témoigner
de la sympathie qu'elles portent aux concours
ouverts par les Grands Magasins du Louvre. Il
annonce que, malgré le résultat peu satisfaisant
de quelques-uns de ces concours, la direction a j
la Terme intention de persévérer dans la voie
qu'elle a ouverte ; il invite les artistes el les in-
dustriels, les élèves el les maîtres à répondre,
avec plus d'empressement encore, à l'appel qui
leur est fait dans le but de maintenir à la France
sa suprématie artistique.

M. le colonel Laussedal prend alors la parole j
et dil qu'il apprécie justement le but élevé qui j
a présidé à ces concours. 11 engage les artistes \
à observer, à dessiner d'après nature. 11 rappelle \
les exemples des maîtres de noire temps, et j
cite spécialement « les eaux-fortes de Méryon, \
qui représentent des vues de Paris vers le
milieu du xixe siècle, avant les embellissements
de M. Ilaussmann, et les dessins innombrables j
de Viollet-le-Duc, publiés dans son Dictionnaire \
d'architecture et son Dictionnaire du mobilier (1),

(1) Viollet-i.e-Duc, Dictionnaire raisonne de VArchitecture
française du XI0 au XVI0 siècle, 10 volumes illustrés de 3,800 des-
sins; Dictionnaire raisonné du Mobilier français de l'époque
carlovingienne à la Renaissance, 0 volumes contenant plus de
2,000 dessins dans le texte, 20 gravures sur acier et 43 chromoli-
thographies. Ancienne Maison Morel, May et Motteroz, directeurs
rue Mignon, 2, Paris.

dessins dans lesquels les objets sont toujours \
présentés avec soin, sous leur meilleur aspect, j
comme on doit ou comme on devrait les voir, [
c'est-à-dire en mettant à profit toutes les res- j
sources de la perspective. » M. Laussedat termine j
son discours en annonçant la prochaine création, j
au Conservatoire national des arts el métiers, i
d'une chaire d'art appliqué aux métiers.

M. Laussedat donne ensuite la parole à
MM. Béraldi et Guadet, rapporteurs des Jurys
pour les concours de voile de piano et d'armoire J
et lit. Nous reproduisons, ci-après, ces deux
rapports, in extenso.

-O-

RAPPORTS

Premier concours

ARMOIRE ET LIT

Le concours d'ameublement ouvert en 1895 par les
Grands Magasins du Louvre, et dont le sujet était un
lit et une armoire à glace, a donné lieu à 75 envois,
dont 60 de Paris et 15 des départements. Le Jury
s'est réuni deux fois, les 20 et 24 mai, et a consigné
le résultat de ses opérations dans un procès-verbal
détaillé.

Il suffira de dire ici que tout d'abord il a dû pro-
noncer la mise hors de concours de quatre projets,
n05 4<i, 58, 71 et 75, comme ne remplissant pas les con-
ditions obligatoires du concours : les auteurs, en
effet, n'avaient traité que l'un des deux sujets, alors
que le programme imposait l'étude simultanée de
l'ensemble.

Il a dû également, au nom de l'équité, mettre hors
de concours, malgré leur mérite, les envois nM 33 et
08, dont le prix de revient, et, à plus forte raison, le
prix de vente, était très supérieur à la prévision de
1,500 francs pour l'ensemble des deux meubles. Mais
il a estimé qu'une mention hors concours devait être
accordée à ces deux envois, exposés l'un et l'autre
par M. Leglas-Maurice, de Nantes.

Procédant enfin par éliminations successives, il a
retenu dix-sept projets, entre lesquels le vole, au
scrutin secret, a désigné finalement comme lauréats
du concours :

N° 37, MM. Dudouit frères;

N° 63, M. Fucus;

N° 23, M. Ciiambry.

Conformément au règlement du concours, l'attribu-
tion de la première prime à MM. Dudouit frères
mettait hors de concours, ipso facto, l'envoi n° 36, qui
élait des mêmes exposants. Sans avoir à examiner
quel rang aurait pu occuper dans le classement cet
envoi certainement intéressant, le Jury a pensé qu'il
devait en reconnaître le mérite par l'attribution d'une

mention honorable.

Enfin, le Jury a proposé à la Direction, qui s'est
empressée d'accueillir ce vœu, de décerner cinq
mentions honorables, entre lesquelles serait réparti
le reliquat de crédit que laissait disponible l'attribu-
tion des primes, d'après les conditions particulières
du règlement du concours. Des mentions spéciales
ont ainsi été accordées à MM.

Bonvallet,



35

Eannée et Blondel,



39

Rudnicki,



57

Boignard,



51

Platard,



62

Chacun de ces concurrents recevra donc 150 francs
avec une médaille de bronze.

Tel est le résumé des opérations du Jury ; il lui
reste à indiquer autant que possible les motifs de son
jugement.

Le programme, dégagé de ses conditions tech-
niques, visait un double objectif qu'il ne fallait pas
perdre de vue pour comprendre et maintenir le carac-
tère élevé qu'il appartenait aux concurrents de donner
à ce concours.

D'une part, le chiffre de 1,500 francs, indiqué
comme maximum du prix de vente des deux meubles
réunis, indiquait nettement la pensée d'un effort intel-
ligent à faire pour introduire la recherche artistique
dans le mobilier accessible aux bourses moyennes.
S'il est relativement facile, en effet, de faire de beaux
meubles, lorsque la dépense ne vient pas poser des
limites inflexibles aux fantaisies de l'imagination, il
est plus difficile et — disons-le — plus artistique de
produire la sensation d'art avec des moyens modestes
et des ressources limitées. Et c'est cependant le phé-
nomène que réalisaient journellement les belles
époques d'art, alors que naïvement et presque incon-
ciemment des artisans qui, sans le savoir, étaient de
vrais artistes, produisaient ces objets usuels dont
on est heureux aujourd'hui d'enrichir nos musées.

D'autre part, le programme du concours invitait très
sagement les concurrents à s'affranchir du pastiche
des époques antérieures, ainsi que de l'exotisme,
tout au moins dans ses formes : il n'était pas interdit
de s'inspirer des combinaisons dont l'ingéniosité a
fait ses preuves, quelle que fût leur origine, mais à
condition de ne subir l'empreinte d'aucun moule tout
fait : l'objet du concours était un meuble moderne et
français.

Là est la vraie raison d'être de ces concours, inu-
tiles, certes, s'ils ne devaient être que des concours
de pastiches ! Là, peut être leur action bienfaisante,
car là seulement est le salut pour nos industries d'art.
Déjà, l'an dernier, le rapport de M. Germain Bapst
établissait cette vérité avec l'autorité légitime de ses
études et de son talent. Il faut le répéter encore, il le
faudra longtemps peut-être, car il faut du temps
pour remonter un courant dangereux. Mais cet effort
est nécessaire : il faut qu'on sache enfin comprendre
cette évidente vérité que regarder sans cesse le passé,
c'est tourner le dos à l'avenir, et que cet avenir se
fera quand même, semant sur la route les traînards
el les attardés.

Cela est vrai de tous les arts ; cela est vrai du
meuble aussi. Certes, il est bien de connaître et d'étu-
dier les chefs-d'œuvre du passé, mais de les étudier
en les comprenant. On voit alors que leurs auteurs
étaient libres, sincères, on voit que les grandes
époques d'art sont celles qui avaient foi en elles-
mêmes ; que la peur est mauvaise conseillère, et que
! l'imitation pour toute théorie d'art ne saurait produire
S que le servile bétail du poète.

L'art du meuble trouvera à toute époque des
\ guides infaillibles : le sens vrai de la destination; la
) construction ; la nature. Et la sincérité même dans
j l'observation de ces principes préservera du pastiche.
S La destination, c'est-à-dire le programme même,
) varie incessamment : qu'y a-t-il de commun entre
j l'armoire où nos Parisiennes enferment leurs toi-
lettes et l'ancienne armoire des châteaux où s'enfer-
; maient des piles de linge transmis de génération en
génération? entre le lit dans la chambre chauffée el
bien close, et le lit à colonnes des anciennes demeures
( où il fallait fermer les rideaux contre le froid, comme
on ferme les bâches d'une voiture? La construction

BULLETIN DE L'ART POUR TOUS. — N" 114
 
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