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Bulletin de l' art pour tous — 1902

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No 198 (Juin 1902)
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Libratri&s-Imprimeries réunies

41 Annee ■ Juin 1902

EXPOSITION
des Arts et Métiers féminins

Métiers féminins. — Qui aurait pu penser à
cela il y a un siècle, un métier pour la femme;
cela ne semble-L-il pas disproportionné pour
cet être tout fait de grâce et de charme, et cette
seule pensée du struggle for life ne lui enlève-
t-elle pas un peu/le sa poésie et de son mystère?
Il y a dans cette Exposition une vitrine qui m'a
retenu, car elle est un enseignement; l'innocent
libéré conserve pieusement ses chaînes; les
dames qui présidèrent à la naissance de celte
Exposition ont aussi voulu exposer leurs chaînes
de jadis, chaînes bien légères, puisqu'elles
s'attaquaient à leur chasteté; il y a, en effet, une
vitrine spéciale qui renferme une collection de
ces ceintures, objet de nombreux pèlerinages de
jeunes mariés au musée de Cluny. Ce vestige du
passé, attardé sous une vitrine, nous montre le
grand progrès de l'émancipation féminine et la
place prépondérante qu'a su prendre la femme
au point de vue intellectuel.

*

Si nous regardons cette Exposition d'un peu
près, nous voyons que l'élément féminin a su
étendre partout ses conquêtes; mais il est des
genres où il a triomphé particulièrement ; ainsi,
qui pourrait disputer à la femme le genre
très spécial delà peinture de fleurs et de l'aqua-
relle? Mais il est un hommage qu'il faut leur
rendre, c'est la rénovation du travail du cuir,
cuir repoussé, gravé, métallisé ; il y a des créa-
lions vraiment remarquables et, parmi les nom-
breuses vitrines que j'ai regardées, il est un nom
qui m'est resté parce qu'il signe des œuvres qui
renferment un réel ferment d'art, je veux parler
de MUe Thesmy (Mie Thèse Boudier) ; ses en-
vois, un buvard et une couverture de livre :
dans l'un, une tète, traitée dans le style moderne
est encadrée par un bouquet de plumes de
paon; l'autre représente des chardons; c'est sur
celui-là que j'insisterai, parce qu'il a été une ré-
vélation pour moi. Ainsi, on peut donc exprimer
un sentiment, donner une élévation esthétique,
avoir des tons qui rivalisent avec les poteries
du golfe Juan, avec du simple cuir ; je ne m'en
doutais guère, mais ces effets sont dûs au talent
très original de MUe Boudier, qui a su pour la
première fois employer d'une façon artistique
les effets métalliques.

Il est encore des noms qu'il me faut citer, tel
celui de Rosa Bonheur, de qui je trouve un en-
semble remarquable de toiles; Louise Abbéma,
Madeleine Lemaire et d'autres dont le nom n'é-
voque aucune notoriété et qui, sans doute, pour
cela, ont cherché à bien faire.

Henry Guédy.

A PROPOS
de la seconde vente Hayash§ (l)

Du 2 au 6 juin, M.Tadamassa Hayashi a offert
aux japonisants un deuxième et dernier régal à
l'hôtel Drouot.

La première vente avait commencé le 27 jan-
vier et duré jusqu'au 1er février. Pendant ces six
jours mémorables, les amoureux d'art extrême-
oriental s'étaient furieusement disputé les sculp-
tures, peintures, laques, poteries, métaux ou-
vrés, etc., réunis par le célèbre négociant pour
son commerce ou son plaisir intime.

Cette fois, M. Hayashi mettait en vente ses
dessins, ses aquarelles, ses estampes et ses livres
illustrés.

De l'Europe entière, de l'Amérique même
étaient accourus amateurs et marchands.

Tous ceux qui ont accoutumé, dès longtemps,
de réchauffer leur âme aux rayons du « Soleil
levant » se trouvaient à leur poste ; et, parmi
eux, des japonisants de la veille ou du jour
même, se livraient à leur passion, suivant leur
caractère, les uns avec la timidité, les autres
avec l'emportement des nouvelles amours. Aussi
le feu des enchères, bien allumé dès le début de
la vente, a-L-il flambé clair jusqu'à la dernière
estampe consumée.

Et cela n'a semblé que juste, en vérité. Car la
collection d'estampes dispersée durant ces cinq
journées, après une admirable série de dessins
et d'aquarelles de llokou-Saï, était une des plus
complètes connues et une des plus merveil-
leuses par la qualité des pièces exposées. Elle
présentait des planches rarissimes de toutes les
époques et un ensemble unique, peut-être,
d'oeuvres des primitifs. Rassemblée avec un soin
extrême par un homme érudit et patient entre
tous, d'un sens artiste et d'une délicatesse de
goût extraordinaires, elle avait été l'une des deux
sources principales d'où découlait le savoir des
collectionneurs parisiens.

(4) La vente élait conduite par M. Chevallier, le sympathique
commissaire-priseur, accompagné, pour l'expertise, de M. s. Bing,
le savant et si intelligent japonisant, l'ami de tous ceux qu'a pas-
sionné l'aride l'Extrême-Orient et qui fut, après M. Hayashi, leur
meilleur éducateur à Paris.

Très Parisien lui-même, d'ailleurs, d'une ex-
trême modestie et d'une courtoisie charmante,
M. Hayashi, ami de la première heure de tous
les vieux japonisants, n'a jamais cessé de faire
preuve d'une obligeance exquise, non seulement
en faveur de ceux qui désiraient étudier plus
avant l'art de son pays, mais encore envers les
personnes qui, l'ignorant du tout, le voulaient
seulement percevoir.

Son intelligence, d'une lucidité, d'une éten-
due et d'une finesse rares, servie par un don
d'assimilation rapide et une mémoire impec-
cable, a été un livre toujours ouvert aussi bien
aux curieux, qui se contentaient de le feuilleter,
qu'aux hommes d'étude passionnés, avides de
tout lire.

Qu'il soit permis à l'un de ceux qu'il a si gra-
cieusement reçus et instruits de lui marquer ici
sa cordiale reconnaissance.

*

* *

Dans ces quelques lignes, je ne puis malheu-
reusement rappeler qu'en deux mots le rôle bril-
lant joué par M. Hayashi à l'Exposition univer-
selle de 1900, lorsqu'il fut nommé par Sa Majesté
l'empereur du Japon commissaire général pour
son pays. Je me réduirai à mentionner la mer-
veilleuse revue d'art rétrospectif qu'il nous a fait
passer, pour la plus chère joie de nos esprits.
Mais qui ne se souvient du premier étage du
« temple d'or » et des séries de peintures que
M. Hayashi offrit successivement à nos yeux ra-
vis, nous révélant, dans leur splendeur, des
maîtres et des styles ignorés ! Qui ne se sou-
vient des expositions, maintes fois renouvelées
elles aussi, de la grande salle du bas de ce
même temple d'or ; de la profusion de richesses
qu'il y mit en lumière, choisissant et disposant
toutes choses avec un goût parfait; de ces sta-
tues, de ces masques, de ces laques, de ces armes
incomparables, prêtés si gracieusement à notre
admiration par S. M. Mutsu Hito et aussi par
quelques temples et de nobles seigneurs !

Cet ensemble de chefs-d'œuvre d'arts divers,
dont la vue et l'étude raisonnée confirmaient ou
modifiaient idéalement ce que savaient ou
croyaient savoir les japonisants, a été pour
ceux-ci une source de profondes joies. Et nul
d'entre eux, certes, ne peut repasser en sa mé-
moire ces fêtes de l'esprit si belles, sans donner
en même temps un souvenir de sincère grati-
tude à l'homme charmant, à l'artiste élevé, au-
quel ils doivent des contemplations parfois im-
prévues, et toujours si hautes, de leur art très
aimé.

O. GuENEAU de mussy.

BULLETIN DE L'ART POUR TOUS —

N° 198.
 
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