DES ARTS DÉCORATIFS ET INDUSTRIELS.
3
•différents de dimensions et de formes, appartien-
nent tous, en réalité, à une seule et même famille
instrumentale, celle de la flûte à bec, — le Jlajeol
du moyen-âge, le flageolet d’aujourd’hui. On sait
que la flûte (le plus élémentaire des instruments à
vent, celui dont le timbre est le plus pur), se
ramène à deux types fondamentaux, dont le prin-
cipe, en somme, est le même : la flûte à bouche
transversale (embouchée perpendiculairement,
comme lorsqu’on veut siffler dans une clef forée),
et la flûte à bouche latérale, variété à laquelle appar-
tient notre moderne flûte d’orchestre *. Dans cette
dernière, malgré les perfectionnements dont elle a
été l’objet, la disposition primitive de l’embou-
chure ne s’est pas modifiée. Il en est tout autre-
ment de la flûte à bouche transversale qui, par
une série de perfectionnements dont on peut suivre
les étapes successives dans des instruments japo-
nais, chinois, boliviens, etc., arriva petit à petit au
type de la flûte à bec, c’est-à dire une flûte à
bouche transversale munie d’un canal d’insuffla-
tion destiné simplement à faciliter l’ébranlement
de la colonne d’air. Imaginée bien postérieurement
à l’autre, la flûte traversière resta longtemps dans
l’ombre, où à son tour elle relégua peu à peu sa
rivale, laquelle ne nous est plus guère connue
aujourd’hui que sous les espèces du tuyau d’orgue
et de ... la flûte à deux sous. — Mais vers le
xvi® siècle, la flûte à bec (blockjiôie, schiviegel ou
schwàgel, pijpe, pfeife, piva 1 2), représente, pour
ainsi dire, à elle seule la famille des instruments à
bouche. On la construisait dans tous les formats,
minuscule comme un crayon, ou longue comme
une échelle et grosse comme le bras. Le flûtet qui
figure sur la planche ci-contre (n° 4) représente
évidemment la plus petite espèce ; mais la grande
flûte à « bocal » recourbé (n° S, flûte basse) est
encore loin des 3m50 de la flûte contre-basse figu-
rant au Musée sous le n° 1035, laquelle ne mesure
pas moins de 2m6o !
La plupart des flûtes représentées ci-contre sont
dépourvues de clefs ; les grands modèles sont mu-
nis d’une clef unique protégée par un barillet. —
1. Une distinction absolument analogue s’observe
entre les huchets et cornets de chasse du moyen âge, les
cornes animales transformées en trompe et les olifants,
d'une part, et, de l’autre, les trompes de guerre ou de
chasse, en ivoire, des indigènes congolais : les uns et les
autres appartenant à la même famille instrumentale,
mais embouchés, celles-ci latéralement, ceux-là perpen-
diculairement.
2. Les trois derniers noms semblent plutôt d’origine
imitative (quelle source d’information ne fournirait pas
aux philologues l’onomalogie onomatopique des instru-
ments de musique !), pour désigner un instrument aux
Les différences de coloration des instruments s'ex-
pliquent par la diversité des bois employés, ébène,
buis, poirier; les ornements consistent en viroles
d’ivoire. — Quelques-uns des instruments (nos 6 à
9) semblent plutôt, par l’aspect de l'embouchure,
appartenir au groupe des hautbois qu’à celui des
flûtes : c’est que la fantaisie du constructeur a pré-
cisément donné à la bouche d’ivoire la forme de
l’embouchure de roseau propre au hautbois.
Enfin, on remarque les quatre flûtes, larges et
courtes, numérotées de 10 à 13 : ce sont des flûtes
harmoniques ou doubles, dont le n° 14 constitue le
perfectionnement. Semblables aux a'jj.oi didvp.01
dont les peintres et sculpteurs d’allégories antiques
font une si effrayante consommation, elles mettent
à la disposition de l’instrumentiste deux tuyaux
différents, avec deux systèmes indépendants de
trous, — mais ici, ces deux tuyaux sont forés paral-
lèlement dans la même pièce de bois.
Ernest Ctosson.*
LA COLLECTION D’ARMES DU PRINCE
DE SALM-REIFFERSCHEIDT AU
CHATEAU DE DYCK 3.
C’EST avec un plaisir toujours bien grand et un
intérêt qui ne peut se lasser que les amis
des armes voient paraître un nouveau catalogue
d’une de ces collections particulières si riches par-
fois en pièces curieuses et rares dont l’intérêt
archéologique le dispute à la valeur artistique.
Les publications de ce genre, quoique devenues
plus nombreuses dans ces derniers temps, sont
encore, hélas ! trop rares, et bon nombre de trésors
attendent toujours d’être sortis de leur obscurité
par la main pieuse de leur propriétaire ou de quel-
que connaisseur érudit qui ne craint pas d’assumer
la tâche, lourde parfois et souvent onéreuse, de
leur donner, dans quelque ouvrage, plus ou moins
luxueusement édité, la publicité à laquelle ces
pièces ont droit et que l’intérêt des amateurs
réclame vivement. C’est ainsi que bien des pièces
sons aigus et perçants. Le pijpe flamand, par exemple,
s’étend fréquemment aux hautbois aigus, plus propre-
ment scalmeye, comme les instrumentistes communaux
appartenant à ce groupe se désignent sommairement,
dans les anciens comptes, sous le nom de pijpers.
3. Ehrenthal (M. von). Die Waffen-Sammlung des
Fürsten Salm-Reifferschcidt zu Schloss Dyck. Edité par
Karl W. Hiersemann, à Leipzig, imprimé par B. Küh-
len, à Gladbach, 1906. 1 vol. in-8° de 222 pages, illustré
de six planches phototypiques hors texte et de 112 mar-
ques ou poinçons. Prix: 15 Mk.
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•différents de dimensions et de formes, appartien-
nent tous, en réalité, à une seule et même famille
instrumentale, celle de la flûte à bec, — le Jlajeol
du moyen-âge, le flageolet d’aujourd’hui. On sait
que la flûte (le plus élémentaire des instruments à
vent, celui dont le timbre est le plus pur), se
ramène à deux types fondamentaux, dont le prin-
cipe, en somme, est le même : la flûte à bouche
transversale (embouchée perpendiculairement,
comme lorsqu’on veut siffler dans une clef forée),
et la flûte à bouche latérale, variété à laquelle appar-
tient notre moderne flûte d’orchestre *. Dans cette
dernière, malgré les perfectionnements dont elle a
été l’objet, la disposition primitive de l’embou-
chure ne s’est pas modifiée. Il en est tout autre-
ment de la flûte à bouche transversale qui, par
une série de perfectionnements dont on peut suivre
les étapes successives dans des instruments japo-
nais, chinois, boliviens, etc., arriva petit à petit au
type de la flûte à bec, c’est-à dire une flûte à
bouche transversale munie d’un canal d’insuffla-
tion destiné simplement à faciliter l’ébranlement
de la colonne d’air. Imaginée bien postérieurement
à l’autre, la flûte traversière resta longtemps dans
l’ombre, où à son tour elle relégua peu à peu sa
rivale, laquelle ne nous est plus guère connue
aujourd’hui que sous les espèces du tuyau d’orgue
et de ... la flûte à deux sous. — Mais vers le
xvi® siècle, la flûte à bec (blockjiôie, schiviegel ou
schwàgel, pijpe, pfeife, piva 1 2), représente, pour
ainsi dire, à elle seule la famille des instruments à
bouche. On la construisait dans tous les formats,
minuscule comme un crayon, ou longue comme
une échelle et grosse comme le bras. Le flûtet qui
figure sur la planche ci-contre (n° 4) représente
évidemment la plus petite espèce ; mais la grande
flûte à « bocal » recourbé (n° S, flûte basse) est
encore loin des 3m50 de la flûte contre-basse figu-
rant au Musée sous le n° 1035, laquelle ne mesure
pas moins de 2m6o !
La plupart des flûtes représentées ci-contre sont
dépourvues de clefs ; les grands modèles sont mu-
nis d’une clef unique protégée par un barillet. —
1. Une distinction absolument analogue s’observe
entre les huchets et cornets de chasse du moyen âge, les
cornes animales transformées en trompe et les olifants,
d'une part, et, de l’autre, les trompes de guerre ou de
chasse, en ivoire, des indigènes congolais : les uns et les
autres appartenant à la même famille instrumentale,
mais embouchés, celles-ci latéralement, ceux-là perpen-
diculairement.
2. Les trois derniers noms semblent plutôt d’origine
imitative (quelle source d’information ne fournirait pas
aux philologues l’onomalogie onomatopique des instru-
ments de musique !), pour désigner un instrument aux
Les différences de coloration des instruments s'ex-
pliquent par la diversité des bois employés, ébène,
buis, poirier; les ornements consistent en viroles
d’ivoire. — Quelques-uns des instruments (nos 6 à
9) semblent plutôt, par l’aspect de l'embouchure,
appartenir au groupe des hautbois qu’à celui des
flûtes : c’est que la fantaisie du constructeur a pré-
cisément donné à la bouche d’ivoire la forme de
l’embouchure de roseau propre au hautbois.
Enfin, on remarque les quatre flûtes, larges et
courtes, numérotées de 10 à 13 : ce sont des flûtes
harmoniques ou doubles, dont le n° 14 constitue le
perfectionnement. Semblables aux a'jj.oi didvp.01
dont les peintres et sculpteurs d’allégories antiques
font une si effrayante consommation, elles mettent
à la disposition de l’instrumentiste deux tuyaux
différents, avec deux systèmes indépendants de
trous, — mais ici, ces deux tuyaux sont forés paral-
lèlement dans la même pièce de bois.
Ernest Ctosson.*
LA COLLECTION D’ARMES DU PRINCE
DE SALM-REIFFERSCHEIDT AU
CHATEAU DE DYCK 3.
C’EST avec un plaisir toujours bien grand et un
intérêt qui ne peut se lasser que les amis
des armes voient paraître un nouveau catalogue
d’une de ces collections particulières si riches par-
fois en pièces curieuses et rares dont l’intérêt
archéologique le dispute à la valeur artistique.
Les publications de ce genre, quoique devenues
plus nombreuses dans ces derniers temps, sont
encore, hélas ! trop rares, et bon nombre de trésors
attendent toujours d’être sortis de leur obscurité
par la main pieuse de leur propriétaire ou de quel-
que connaisseur érudit qui ne craint pas d’assumer
la tâche, lourde parfois et souvent onéreuse, de
leur donner, dans quelque ouvrage, plus ou moins
luxueusement édité, la publicité à laquelle ces
pièces ont droit et que l’intérêt des amateurs
réclame vivement. C’est ainsi que bien des pièces
sons aigus et perçants. Le pijpe flamand, par exemple,
s’étend fréquemment aux hautbois aigus, plus propre-
ment scalmeye, comme les instrumentistes communaux
appartenant à ce groupe se désignent sommairement,
dans les anciens comptes, sous le nom de pijpers.
3. Ehrenthal (M. von). Die Waffen-Sammlung des
Fürsten Salm-Reifferschcidt zu Schloss Dyck. Edité par
Karl W. Hiersemann, à Leipzig, imprimé par B. Küh-
len, à Gladbach, 1906. 1 vol. in-8° de 222 pages, illustré
de six planches phototypiques hors texte et de 112 mar-
ques ou poinçons. Prix: 15 Mk.