DOI Heft:
No 3 (1909)
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18
BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX
groupe de trois figures mesurant 0.95 de hauteur 4.
Or, cette pièce est une des deux que Richardot a
datées, une des trois qu'il a signées. Notre Andro-
mède porte, en effet,
sur le socle de ro-
chers : J. Richardot,
1762 fecit. Notre
jeune sculpteur comp-
tait alors dix neuf
printemps 5.
Et pourtant c’est
une œuvre d’un réel
mérite, une œuvre de
maturité de talent,
une œuvre, en un
mot, d’un véritable
sculpteur. Notons
que la fabrique de
Charmette avait dis-
paru depuis quatre
ans seulement II nous
sera sans doute per-
mis de supposer que
Richardot continua
de travailler à l’atelier
de son maître, ou tout
au moins qu’il con-
serva avec celui-ci de
bonnes relations.
Nous serions, dès lors,
autorisé à dire que
notre groupe fut con-
çu sous l’inspiration
et la direction de Cyfflé. En tout cas, il fut achevé
en Belgique, puisque, d’après M. Nififle, l’arrivée
de la famille Richardot en Belgique, donc à Bru-
xelles, se place entre les dates extrêmes 1752-1761.
L’autre pièce datée est le « Napoléon » du Musée
du Cinquantenaire 6. Le premier groupe est en
terre cuite, celui-ci en faiënce polychromée. De
mérites absolument différents, ces deux œuvres
marquent deux époques bien distinctes dans la
carrière de notre sculpteur.
Andromède est d'un véritable artiste, d’une
denne, auquel la Direction du Musée adresse ses plus
vifs remercîments pour le zèle éclairé dont il donne des
preuves constantes, au point de vue du développement
de nos séries de céramique nationale (N. D. L. R.)
4. Dans les monuments antiques, Andromède liée aux
rochers est presque toujours vêtue d’une longue robe
qui descend jusqu’à ses pieds et elle fixe habituellement
les yeux sur son libérateur. Persée porte des ailes à la
tête et aux pieds ; il cache la tête de Méduse dans la dra-
perie de son manteau, pour ne pas pétrifier Andromède.
Les modernes, Rubens, Véronèse, Pujet, montrent tou-
jours Andromède dans un état complet de nudité.
grande allure décorative ; elle témoigne d’une
remarquable facilité de modelé, secondée par
de profondes connaissances anatomiques. Les
deux personnages
principaux sont bien
campés, les mas-
ses bien établies, les
mouvements exacte-
ment équilibrés, les
expressions, les atti-
tudes parfaitement
rendues ; les détails
sont traités avec le
soin nécessaire, mais
sans minutie, laissant
bien paraître la sû-
reté, la précision de
l’ébauchoir A Quant
à Napoléon, remar-
quable comme pièce
céramique, il est loin
d’atteindre la valeur
artistique de l’œuvre
précédente. Outre
que le visage eût pu
être plus ressemblant,
le corps moins élancé
pour rester dans la
vérité historique, la
figure dans son en-
semble, paraît mal
campée, mal affermie
sur le sol; le torse se
présente gauchement ; l’ensemble ne nous donne
ni le Petit Caporal, ni le premier consul enivré de
ses succès, ni l’Empereur s’apprêtant à dicter ses
arrêts aux rois et aux chefs d'empires.
Entre ces deux étapes, on peut suivre assez
facilement la carrière de notre sculpteur. Nous ne
connaissons rien de son travail à Bruxelles, sinon
le groupe d’Andromède, que la tradition affirme
n’avoir jamais quitté le château de Flandre où on
lui avait fait élire domicile 8.
Les pièces de Saint-Servais, si elles ne sont ni
D’après Ménard, Mythologie dans l’art. Paris, Dela-
grave, 1878, pages 387-388.
5. Cela nous rappelle P.-L. Cyfflé, qui termina ses
études à l’Académie de Bruges à dix-sept ans !
6. L’an premier de l’Empire français, fait à la fabrique
de J. Wouters fait par Richardot pèr (sic),
7. Le Musée de Namur lui attribue d’ailleurs, et avec
juste raison nous semble-t-il, une aiguière et son bassin
agrémentés d’ornements en relief style rocaille, décor
bleu cobalt foncé, très heureux et très bien exécuté.
8. Me serait-il permis de donner le vol à une idée qui
me hante depuis longtemps ? Il existe, au Musée du Cin-
FIGr. I. — ENLÈVEMENT D’ANDROMÈDE PAR PERSÉE.
BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX
groupe de trois figures mesurant 0.95 de hauteur 4.
Or, cette pièce est une des deux que Richardot a
datées, une des trois qu'il a signées. Notre Andro-
mède porte, en effet,
sur le socle de ro-
chers : J. Richardot,
1762 fecit. Notre
jeune sculpteur comp-
tait alors dix neuf
printemps 5.
Et pourtant c’est
une œuvre d’un réel
mérite, une œuvre de
maturité de talent,
une œuvre, en un
mot, d’un véritable
sculpteur. Notons
que la fabrique de
Charmette avait dis-
paru depuis quatre
ans seulement II nous
sera sans doute per-
mis de supposer que
Richardot continua
de travailler à l’atelier
de son maître, ou tout
au moins qu’il con-
serva avec celui-ci de
bonnes relations.
Nous serions, dès lors,
autorisé à dire que
notre groupe fut con-
çu sous l’inspiration
et la direction de Cyfflé. En tout cas, il fut achevé
en Belgique, puisque, d’après M. Nififle, l’arrivée
de la famille Richardot en Belgique, donc à Bru-
xelles, se place entre les dates extrêmes 1752-1761.
L’autre pièce datée est le « Napoléon » du Musée
du Cinquantenaire 6. Le premier groupe est en
terre cuite, celui-ci en faiënce polychromée. De
mérites absolument différents, ces deux œuvres
marquent deux époques bien distinctes dans la
carrière de notre sculpteur.
Andromède est d'un véritable artiste, d’une
denne, auquel la Direction du Musée adresse ses plus
vifs remercîments pour le zèle éclairé dont il donne des
preuves constantes, au point de vue du développement
de nos séries de céramique nationale (N. D. L. R.)
4. Dans les monuments antiques, Andromède liée aux
rochers est presque toujours vêtue d’une longue robe
qui descend jusqu’à ses pieds et elle fixe habituellement
les yeux sur son libérateur. Persée porte des ailes à la
tête et aux pieds ; il cache la tête de Méduse dans la dra-
perie de son manteau, pour ne pas pétrifier Andromède.
Les modernes, Rubens, Véronèse, Pujet, montrent tou-
jours Andromède dans un état complet de nudité.
grande allure décorative ; elle témoigne d’une
remarquable facilité de modelé, secondée par
de profondes connaissances anatomiques. Les
deux personnages
principaux sont bien
campés, les mas-
ses bien établies, les
mouvements exacte-
ment équilibrés, les
expressions, les atti-
tudes parfaitement
rendues ; les détails
sont traités avec le
soin nécessaire, mais
sans minutie, laissant
bien paraître la sû-
reté, la précision de
l’ébauchoir A Quant
à Napoléon, remar-
quable comme pièce
céramique, il est loin
d’atteindre la valeur
artistique de l’œuvre
précédente. Outre
que le visage eût pu
être plus ressemblant,
le corps moins élancé
pour rester dans la
vérité historique, la
figure dans son en-
semble, paraît mal
campée, mal affermie
sur le sol; le torse se
présente gauchement ; l’ensemble ne nous donne
ni le Petit Caporal, ni le premier consul enivré de
ses succès, ni l’Empereur s’apprêtant à dicter ses
arrêts aux rois et aux chefs d'empires.
Entre ces deux étapes, on peut suivre assez
facilement la carrière de notre sculpteur. Nous ne
connaissons rien de son travail à Bruxelles, sinon
le groupe d’Andromède, que la tradition affirme
n’avoir jamais quitté le château de Flandre où on
lui avait fait élire domicile 8.
Les pièces de Saint-Servais, si elles ne sont ni
D’après Ménard, Mythologie dans l’art. Paris, Dela-
grave, 1878, pages 387-388.
5. Cela nous rappelle P.-L. Cyfflé, qui termina ses
études à l’Académie de Bruges à dix-sept ans !
6. L’an premier de l’Empire français, fait à la fabrique
de J. Wouters fait par Richardot pèr (sic),
7. Le Musée de Namur lui attribue d’ailleurs, et avec
juste raison nous semble-t-il, une aiguière et son bassin
agrémentés d’ornements en relief style rocaille, décor
bleu cobalt foncé, très heureux et très bien exécuté.
8. Me serait-il permis de donner le vol à une idée qui
me hante depuis longtemps ? Il existe, au Musée du Cin-
FIGr. I. — ENLÈVEMENT D’ANDROMÈDE PAR PERSÉE.