Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels <Brüssel> [Editor]
Bulletin des Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels — 1909

DOI issue:
No 5 (1909)
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.27142#0048
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
38

BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX

Y a-t-il lieu de s’en étonner lorsqu’on sait qu’il
fut procédé,au xvme siècle,à une vente publique de
nos anciennes armures ? C’est ce que nous apprend
Georges Gérard, le secrétaire de Marie-Thérèse,
dans des mémoires manuscrits que nous avons eus
sous les yeux : « Avant qu’on transportât au col-
lège des ci-devants Jésuites les pièces qui compo-
soient l'arsenal, l’on vendit publiquement quantité
d’anciennes armures qui ne furent vendues qu’au
poids du fer, parce qu’on avoit négligé de rassem-
bler les pièces qui composoient une armure com-
plète. J'en vis faire la vente. »

On sait aussi, d’après un rapport de la Chancel-
lerie de Vienne, du 25 mars 1796,que « les armures
antiques du vieil arsenal de Bruxelles sont à la cita-
delle de Wurtzbourg, sous la garde du roi d’armes
Beydals de Zittaert, qui les garde avec un zèle qui
va jusqu’à l’enthousiasme 1 ».

Les revers des armées impériales font donner
l'ordre d’évacuer la citadelle de Wurtzbourg, vers
Ratisbonne et Egra, en Bohême, de tout ce qu’elle
contenait encore des collections de notre arsenal
royal. En conséquence, en juillet 1796, on emmène
le dépôt dans treize voitures, laissant en arrière,
déposée dans une cave, la charge de quatre voi-
tures, dont cinq caisses d’armures et un énorme
panier d’osier d’un très grand poids et renfermant
des armures dorées. Ces armures, dont faisait partie
l’armure de parade de l’archiduc Albert, sont
actuellement à Vienne.

Le souvenir des objets ayant appartenu à l’archi-
duc Albert et à l’infante Isabelle, et qui faisaient
partie des collections de l’ancien arsenal de Bru-
xelles, nous est conservé dans divers inventaires du
xviue siècle.

Nous parlons seulement des objets qui, pour l’une
ou l’autre des causes dont il a été question plus
haut, ne font pas partie des collections actuelles.

L’inventaire dressé par le secrétaire de Marie-
Thérèse mentionne : « La pique de l’archiduc
Albert; cette pique est de bois d’ébène, d’une lon-
gueur extraordinaire » ; « La cuirasse forte de l’ar-
chiduc Albert ». Quant à cette dernière, nous nous
demandons s’il s’agit de l’armure qui est actuelle-
ment au musée de Vienne ou d’une autre armure
qui aurait disparu.

D’un autre inventaire 2 nous tirons les mentions
suivantes : « Les armes de parade de feu l’archiduc
Albert et les armes, esmaquinés en or, de feu son

1. Archives du royaume, à Bruxelles, liasse 943,
chancellerie des Pays-Bas, à Vienne.

2. Curiositéz qui sont dans la salle des armes à Bru-
xelles. Bibliothèque royale, n° 878, manuscrit 11, p. 6

à 9 (verso).

frère l’archiduc Ernest, sont très beau à voir ».
« Une musquet de bois débeine, travaillé en
argent, qui tire de la longueur de 600 pas, pour
la chasse du sanglier et du héron, de l’Infante Isa-
belle » ; « Le cheval de feu l’Infante Isabelle sur
lequel elle étoit assise quand elle fit son entrée dans
Bruxelles. Le dit cheval a porté une selle de
huit cent mille florins. » Une selle de huit cent
mille florins ! rehaussée de pierreries, sans doute ?

Un point intéressant : la selle à corne, encore
usitée de nos jours, qui avait été inventée, au dire
de Brantôme 3, pour Catherine de Médicis, ne
s’était donc pas rapidement généralisée, puisque
nous voyons que l’Infante Isabelle, en 1599, em-
ployait encore la selle à planchette sur laquelle elle
était assise.

Ce même inventaire mentionne encore : « L’es-
pée de feu Henry Quatre roy de France qu’il
envoia à larchiduc Albert avec quoy il lui déclara
la guerre. »

Un autre document, imprimé celui-ci, nous
donne quelques détails complémentaires. C’est le
Guide de Flandre et de Hollande, publié à Paris,
chez la veuve Duchesne, libraire, rue Saint-Jac-
ques, au Temple du Goût, 1779, avec approbation
et permission du sceau. A la page 153 figure un
inventaire qui nous apprend, entre autres, que
c'est de son armure de parade que l’archiduc
Albert se servit au siège d'Ostende, en 1601.

Mention est faite aussi, comme dans l’un des
deux inventaires précédents, de « la pique dont
l’archiduc Albert se servit pour inspirer du courage
à ses soldats, elle est de bois d’ébène et a seize
pieds et demi de long, estimée 1,000 florins ». On
ne lésinait pas dans l’armement des princes de
cette époque !

Enfin, s’il faut en croire l’auteur de ce guide,
l’arsenal possédait « la reproduction en bronze du
cheval sur lequel l’Infante Isabelle alla de Louvain
à Bruxelles; on l’a décoré de l’armure de Charles
le Hardi, duc de Bourgogne ». Mais sur ce dernier
point, nous nous demandons si l’auteur, fort sévère
pour ceux qui, avant lui, avaient confectionné des
catalogues qu’il déclare inintelligibles, ne fait pas
erreur. Que serait donc devenue cette représenta-
tion en bronze, de grandeur naturelle, puisqu’elle
pouvait supporter l’armure de Charles le Témé-
raire? Quoi qu’il en soit, nous ne pouvions passer
cette mention sous silence.

Edgar de Prelle de i.a Nieppe.

3. Brantôme, Vie des Dames galantes, Paris, Garnier
frères, 1 vol., p. 395.
 
Annotationen