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Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels <Brüssel> [Hrsg.]
Bulletin des Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels — 1909

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No 6 (1909)
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https://doi.org/10.11588/diglit.27142#0054
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BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX

la chaussure à bout arrondi autorise à le croire ;
mais elle est encore bien dans cette tradition d’art
dont Roger van der Weyden est, dans nos pro-
provinces, le puissant et fécond point de départ.

FIG. I.— STATUE D’UN SAINT ÉVÊQUE DU XV°-XVIe SIÈCLE.
(Musée du Ci?iqua?itenaire.)

A part les figures des princes de la maison de
Bourgogne conservées au Rijksmuseum d’Ams-
terdam, on ne peut guère apprécier le talent des
imagiers par des spécimens d’un caractère profane.
Cependant, parmi les images de saints, celle de

l’évêque dignitaire jadis revêtu du caractère sacré
et investi très souvent d’un rôle politique, con-
stituait parfois un type mixte intéressant qui n’a
pas échappé au sens observateur de nos ancêtres.
Images réalistes ou visages idéalisés, ces figures
de prélats offrent souvent un très grand intérêt.

Et il ne sera pas hors de propos, je crois de jeter
un coup d’œil rapide sur quelques figures de grands
dignitaires ecclésiastiques sorties d’ateliers braban-
çons de la seconde moitié du xve et du début du
xvxe siècle. On peut citer en premier lieu la
statue en bois sculpté du saint pape Corneille, de
l’église deLéau. Elle ne peut passer, à vrai dire,
comme un morceau de choix ; c’est plutôt une pro-
duction courante de l’école. Le personnage est
court, entassé ; le masque est dépourvu d’un intérêt
réel. C’est une physionomie aux traits heurtés et
grimaçants, les draperies ont le pli perpendicu-
laire, mais sont privées de tout accident pittores-
que. En revanche, une autre figure du même
saint, des Musées royaux, possède un réel mérite.
Quoiqu’elle pêche aussi par l’insuffisance de la sta.
ture, elle ne laisse pas, cependant, d’avoir du mérite.
La face a un sentiment de vie indéniable et témoi-
gne du sens d’observation de l’imagier au point
qu’on a bien quelque droit de la considérer comme
un portrait. En outre, la draperie mouvementée
dans le bas de l’aube n’affirme pas les plis de la
chape, qui tombe d’un jet très naturel de son
bras gauche. Ici pourrait venir se placer une statue
de saint évêque, de la collection de M. le ministre
van den Peereboom, dont la silhouette très nette
a je ne sais quoi de nerveux et d’énergique. N’ou-
blions pas non plus cette statue d’évêque, sortie
de la collection de M. van Herck,dont il a eu soin
de conserver une photographie. Ce personnage,
caractérisé par une taille trop exiguë et un main-
tien affaissé, est figuré debout, revêtu de la chape,
coiffé de la mitre, tenant de la main gauche un
livre ouvert et de l’autre sa crosse. C’est une figure
très vraie d’un grave ecclésiastique sans distinc-
tion, n’ayant du prélat que les insignes.

A tous égards l’église de Léau nous montre une
conception mieux comprise dans l’image de saint
Léonard- Le saint abbé assis dans une chaière,
tenant un livre ouvert, dont il vient de lever les
yeux et portant sur le bras gauche, qui retient sa
crosse, une chaîne de prisonnier, qui est son attri-
but caractéristique. L’attitude est naturelle ; la
physionomie est empreinte d’un sentiment si vrai
qu’on inclinerait à y voir un portrait. Le saint
est moins occupé à prier ou à méditer qu’à poser
dignement,comme il convient à son caractère sacré,
et le livre n’est plus alors entre ses mains qu’une
contenance. Ce n’est pas là une image qui prie et
qui fasse prier, car elle n’a plus rien de mystique.
 
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