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BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX
prix que des brocanteurs auraient découverte dans
le Limbourg belge. Ce buste est arrivé, dans le
monde de la curiosité, avec le nom de saint Tru-
FIG. 3. — SAINT ÉVÊQUE, SECONDE MOITIÉ DU XV« SIÈCLE.
(Statuettepolychromie ayant fait partie
des collections de M. E. Van Hcrck, à Anvers.)
don, ce que rend très vraisemblable le fait qu’il
a été découvert dans le Limbourg belge. C’est
dans cette région et c’est sous ce vocable que se
trouve l’abbaye qui a donné naissance à la ville de
Saint-Trond (ou Trond). Feu Emile Molinier
appréciait, naguère, l’œuvre en ces termes :
« La lourde chape aux orfrois chargés de bro-
derie qui semblent peser sur les épaules du saint.
» Le buste de Saint-Trond, bien que du premier
quart du xvi' siècle, est encore conçu et exécuté
suivant les errements du moyen âge : toute l’orne-
mentation est gothique, aussi bien les broderies de
la mitre, solidement assise sur la tête, que les figures
d’apôtres, brodées sur la chape. Le visage, au nez
effilé et un peu long, comme dans beaucoup de
sculptures sur bois que le temps semble avoir un
peu gauchies, non sans leur donner parfois un cer-
tain charme de plus, a une expression de bienveil-
lance indéfinissable qui réside dans la grâce un
peu charnue de la bouche, dans le modelé très sa-
vant et très réaliste des joues, modelé exempt de
cette brutalité qui dépare trop de sculptures de la
même école et surtout les sculptures exécutées sur
les confins des pays germaniques. Ce buste est une
maîtresse pièce h »
Le buste de M. de Camondo a moins d’accent,
de caractère que les pièces dont nous venons de
parler, mais il décèle peut-être, chez le sculpteur,
une observation plus fine, plus personnelle. Le
sculpteur vise davantage au portrait, sans devenir
toutefois une œuvre distrayante par un sentiment
trop extérieur.
Le prélat qui a posé est sans prétentions et si
rempli de bonhomie, qu’il a permis à l’imagier
de le laisser prendre sur le vif.
A côté de ces œuvres de choix, nous pourrions
citer des productions d’atelier qui semblent toutes
se rattacher à un type déterminé et qui se répéte-
ront un nombre indéterminé de fois, même de
second ou troisième ordre.
Ces statues auront encore le charme réel, car
FIG. 4.— SAINT ÉVÊQUE, SECONDE MOITIÉ DU XVe SIÈCLE.
(Après la restauration
effectuée par les soins de M. E. Van Herck.)
elles se rattachent à un type nettement défini.
Telles sont les statues appartenant à M. Frans Ver-
mylen et à M. le chanoine A. Thiery.
I. Gazette des Beaux-Arts, p. 95, 1897 ; Les dons au
Musée du Louvre. La collection du comte Isaac de Camondo.
BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX
prix que des brocanteurs auraient découverte dans
le Limbourg belge. Ce buste est arrivé, dans le
monde de la curiosité, avec le nom de saint Tru-
FIG. 3. — SAINT ÉVÊQUE, SECONDE MOITIÉ DU XV« SIÈCLE.
(Statuettepolychromie ayant fait partie
des collections de M. E. Van Hcrck, à Anvers.)
don, ce que rend très vraisemblable le fait qu’il
a été découvert dans le Limbourg belge. C’est
dans cette région et c’est sous ce vocable que se
trouve l’abbaye qui a donné naissance à la ville de
Saint-Trond (ou Trond). Feu Emile Molinier
appréciait, naguère, l’œuvre en ces termes :
« La lourde chape aux orfrois chargés de bro-
derie qui semblent peser sur les épaules du saint.
» Le buste de Saint-Trond, bien que du premier
quart du xvi' siècle, est encore conçu et exécuté
suivant les errements du moyen âge : toute l’orne-
mentation est gothique, aussi bien les broderies de
la mitre, solidement assise sur la tête, que les figures
d’apôtres, brodées sur la chape. Le visage, au nez
effilé et un peu long, comme dans beaucoup de
sculptures sur bois que le temps semble avoir un
peu gauchies, non sans leur donner parfois un cer-
tain charme de plus, a une expression de bienveil-
lance indéfinissable qui réside dans la grâce un
peu charnue de la bouche, dans le modelé très sa-
vant et très réaliste des joues, modelé exempt de
cette brutalité qui dépare trop de sculptures de la
même école et surtout les sculptures exécutées sur
les confins des pays germaniques. Ce buste est une
maîtresse pièce h »
Le buste de M. de Camondo a moins d’accent,
de caractère que les pièces dont nous venons de
parler, mais il décèle peut-être, chez le sculpteur,
une observation plus fine, plus personnelle. Le
sculpteur vise davantage au portrait, sans devenir
toutefois une œuvre distrayante par un sentiment
trop extérieur.
Le prélat qui a posé est sans prétentions et si
rempli de bonhomie, qu’il a permis à l’imagier
de le laisser prendre sur le vif.
A côté de ces œuvres de choix, nous pourrions
citer des productions d’atelier qui semblent toutes
se rattacher à un type déterminé et qui se répéte-
ront un nombre indéterminé de fois, même de
second ou troisième ordre.
Ces statues auront encore le charme réel, car
FIG. 4.— SAINT ÉVÊQUE, SECONDE MOITIÉ DU XVe SIÈCLE.
(Après la restauration
effectuée par les soins de M. E. Van Herck.)
elles se rattachent à un type nettement défini.
Telles sont les statues appartenant à M. Frans Ver-
mylen et à M. le chanoine A. Thiery.
I. Gazette des Beaux-Arts, p. 95, 1897 ; Les dons au
Musée du Louvre. La collection du comte Isaac de Camondo.