DOI Heft:
No 6 (1909)
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DES ARTS DÉCORATIFS ET INDUSTRIELS.
47
En terminant, nous n’hésitons pas à faire nôtre
l’avis de feu Molinier :
« Car dans cette sculpture flamande, dit-il, et
dans la peinture aussi, il faut toujours, ce me sem-
ble, faire deux parts : il faut classer d’un côté les
morceaux qui représentent le travail courant des
artistes embrigadés par l’organisation des gildes,
morceaux souvent charmants, mais qui, comme
dans toute œuvre ayant un carctère un peu indus-
triel et banal, se répètent sans accuser la personna-
lité de l’artiste; de l’autre, les œuvres des maîtres,
des artistes créateurs, des chefs d’écoles ou d'ate-
liers qui, en faisant une figure de saint, ont su y
mettre quelque chose de leur âme et imprimer à
leur travail le sceau de leur talent ou de leur
génie. »
réalisme candide qui force l’admiration par l’ab-
sence même de tout effort pour l’attirer. Le mo-
delé, comme la composition, s’harmonise au pos-
sible avec un sujet qui est le symbole même de la
pureté. On ne peut rêver plus délicieuse illustra-
tion pour le prélude de la vie de l’Enfant Jésus.
Ce gracieux poème de faïence est enfermé dans
un cadre oblong figurant une ordonnance d’archi-
tecture : sur un soubassement à base et corniche
moulurées, deux pilastres supportent un entable-
ment ionique.
Cette œuvre est conservée au couvent de la
Verna (Alvernia), monastère fondé en 1213 au
milieu des rochers à pic de l’Alverino, contrefort
des Apennins célèbre par la grotte dans laquelle se
retira saint François d’Assise.
Jos. Destrée.
Wÿa»-
SECTION D’ART MONUMENTAL
L'ANNONCIATION, DE L. DELLA
ROBBIA, ET LE CHRIST DE N. VON
LEYEN.
DEUX grands moulages, acquis tout récem-
ment, méritent une mention spéciale. Sujets
religieux tous deux, et à peu près contemporains,
ils dénotent des techniques personnelles très diffé-
rentes et dont l’étude ne manque pas d’intérêt.
L’ANNONCIATION est, parmi les œuvres de
Luca délia Robbia, l’une de celles qui donnent
le mieux la caractéristique du talent de cet artiste.
Marie est assise à gauche (par rapport au specta-
teur) ; interrompue dans la lecture d’un livre qui
reste ouvert sur ses genoux, elle porte la main
gauche à sa poitrine, d’un geste de surprise admi-
rablement rendu, en inclinant la tête en signe de
soumission à la volonté divine. Dans l’œuvre origi-
nale, cette attitude est expliquée par l’inscription
peinte sur la face du soubassement : ECCE AN-
CILLA DOMINI FIAT MIHI SECUNDUM
VERBUM TUUM.
Aux pieds de la Vierge est posé un bouquet de
lis dans un vase. A droite l'archange, un genou en
terre, joint les mains, en adoration devant elle.
Dans le haut, le Père éternel apparaît environné
de chérubins, et la colombe symbolique, posée sur
un nuage, mais les ailes ouvertes, se laisse porter
vers Marie.
Le sujet, simple et charmant par lui-même, est
rendu avec la plus charmante simplicité. Rien de
théâtral, rien d’apprêté dans cette composition ;
elle est empreinte du sentiment religieux autant
qu’une fresque de Giotto ; les poses sont d’un
Le CHRIST EN CROIX de Nicolas von Leyen
est réaliste aussi, mais dans un tout autre carac-
tère. Si le sculpteur florentin a rendu à merveille
la candeur de la Vierge et de l’archange, jeunes et
beaux tous deux, comme il convient à leur rôle
d’élue du Seigneur et de messager céleste, l’artiste
du Nord montre un Dieu qui a souffert en humain
et qui porte l'empreinte des douleurs de la Pas-
sion.
Le corps est celui d’un homme dans la force de
l’âge, souple et vigoureux naguère, amaigri par
l’austérité de la vie et des pensées ; le visage,
FIG. I. - LUCA DELLA ROBBIA. L’ANNONCIATION.
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En terminant, nous n’hésitons pas à faire nôtre
l’avis de feu Molinier :
« Car dans cette sculpture flamande, dit-il, et
dans la peinture aussi, il faut toujours, ce me sem-
ble, faire deux parts : il faut classer d’un côté les
morceaux qui représentent le travail courant des
artistes embrigadés par l’organisation des gildes,
morceaux souvent charmants, mais qui, comme
dans toute œuvre ayant un carctère un peu indus-
triel et banal, se répètent sans accuser la personna-
lité de l’artiste; de l’autre, les œuvres des maîtres,
des artistes créateurs, des chefs d’écoles ou d'ate-
liers qui, en faisant une figure de saint, ont su y
mettre quelque chose de leur âme et imprimer à
leur travail le sceau de leur talent ou de leur
génie. »
réalisme candide qui force l’admiration par l’ab-
sence même de tout effort pour l’attirer. Le mo-
delé, comme la composition, s’harmonise au pos-
sible avec un sujet qui est le symbole même de la
pureté. On ne peut rêver plus délicieuse illustra-
tion pour le prélude de la vie de l’Enfant Jésus.
Ce gracieux poème de faïence est enfermé dans
un cadre oblong figurant une ordonnance d’archi-
tecture : sur un soubassement à base et corniche
moulurées, deux pilastres supportent un entable-
ment ionique.
Cette œuvre est conservée au couvent de la
Verna (Alvernia), monastère fondé en 1213 au
milieu des rochers à pic de l’Alverino, contrefort
des Apennins célèbre par la grotte dans laquelle se
retira saint François d’Assise.
Jos. Destrée.
Wÿa»-
SECTION D’ART MONUMENTAL
L'ANNONCIATION, DE L. DELLA
ROBBIA, ET LE CHRIST DE N. VON
LEYEN.
DEUX grands moulages, acquis tout récem-
ment, méritent une mention spéciale. Sujets
religieux tous deux, et à peu près contemporains,
ils dénotent des techniques personnelles très diffé-
rentes et dont l’étude ne manque pas d’intérêt.
L’ANNONCIATION est, parmi les œuvres de
Luca délia Robbia, l’une de celles qui donnent
le mieux la caractéristique du talent de cet artiste.
Marie est assise à gauche (par rapport au specta-
teur) ; interrompue dans la lecture d’un livre qui
reste ouvert sur ses genoux, elle porte la main
gauche à sa poitrine, d’un geste de surprise admi-
rablement rendu, en inclinant la tête en signe de
soumission à la volonté divine. Dans l’œuvre origi-
nale, cette attitude est expliquée par l’inscription
peinte sur la face du soubassement : ECCE AN-
CILLA DOMINI FIAT MIHI SECUNDUM
VERBUM TUUM.
Aux pieds de la Vierge est posé un bouquet de
lis dans un vase. A droite l'archange, un genou en
terre, joint les mains, en adoration devant elle.
Dans le haut, le Père éternel apparaît environné
de chérubins, et la colombe symbolique, posée sur
un nuage, mais les ailes ouvertes, se laisse porter
vers Marie.
Le sujet, simple et charmant par lui-même, est
rendu avec la plus charmante simplicité. Rien de
théâtral, rien d’apprêté dans cette composition ;
elle est empreinte du sentiment religieux autant
qu’une fresque de Giotto ; les poses sont d’un
Le CHRIST EN CROIX de Nicolas von Leyen
est réaliste aussi, mais dans un tout autre carac-
tère. Si le sculpteur florentin a rendu à merveille
la candeur de la Vierge et de l’archange, jeunes et
beaux tous deux, comme il convient à leur rôle
d’élue du Seigneur et de messager céleste, l’artiste
du Nord montre un Dieu qui a souffert en humain
et qui porte l'empreinte des douleurs de la Pas-
sion.
Le corps est celui d’un homme dans la force de
l’âge, souple et vigoureux naguère, amaigri par
l’austérité de la vie et des pensées ; le visage,
FIG. I. - LUCA DELLA ROBBIA. L’ANNONCIATION.