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Musées Royaux du Cinquantenaire [Editor]
Bulletin des Musées Royaux du Cinquantenaire — 13.1914

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Nos 1 et 2 (Janv.- Févr. 1914)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24679#0010
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2

BULLETIN DES MUSEES ROYAUX

aujourd’hui disparu, et un certain nombre de
de potteries et de verreries (i). Il passa des inven-
teurs (la famille Hoyoux) au Dr Hernot de
Marche ; de là, la légende de son origine et le
nom inexact qui le désigna pendant longtemps^).

Le vase, de forme trapue, est entouré d’un
décor en relief dont font intégralement partie
des quatre anses latérales dont il est muni.

Au-dessus du pied, une saillie constitue le sol
sur lequel se meuvent les personnages et d’où
jaillissent, robustes, des ceps de vigne s’épanouis-
sant et étalant leurs pampres et leurs lourdes
grappes sur les flancs du vase, soit en relief,
soit simplement tracés au burin formant ainsi une
treille. Par quatre fois des tiges robustes, se
détachent entièrement du fond et constituent
ainsi les anses (3).

Dans chacun des quatre panneaux délimités
par les anses, un personnage. Il y en a deux
différents en tout, les motifs se répétant (4). Ce
sont de gros enfants joufflus, nus, avec un petit
manteau flottant sur l’épaule, des amours sans
doute, bien que deux d’entre eux soient sans
ailes. En effet c’était un des motifs familiers de
l’art Alexandrin, (et le reflet s’en retrouve très
fréquemment à Pompéi), que de représenter des
putti se livrant, avec une application touchante,
aux métiers les plus divers. Les amoretti orfèvres
de la maison des Vettii sont bien connus. Ces
représentations n’ayant d’autre but que d’amuser
et de charmer les yeux, peu importait que ce fus-
sent des enfants mortels ou les petits suivants
d’Aphrodite.

Ici, deux des enfants (ils sont ailés ceux-ci)
cueillent des raisins qu’ils déposent dans une
corbeille, les deux autres s'éloignent vivement,
pliant sous le poids d’une furca, à chaque extré-
mité de laquelle pend un linge plié rempli de

(1) L. Renard, Chronique Archéologique du Pays de
Liège, Juin 1906 p. 55, etc.

(2) Catalogue de l'Exposition de l'art ancien au pays de
Liège 1881) Haute antiquité, p. 12, 5i.

Catalogue de l’Exposition de Bruxelles, 18S8. Epoque
ante-romaine et belgo-romaine, p. 20, n° 11.

Bulletin de l'Institut archéologique liégois, t. XXIX,
1900, p. 182. ibid. 1, XXXIV, 1904, p. 55 et pl. I, n° 2.

(3) Celles-ci sont de deux types différents : deux tiges
enroulées formant une torsade et cep bifide.

(4) Le vase est fondu « à cire perdue. » Les personnages,
ainsi que les pampres, sont estampés dans des moules et
appliqués sur le modèle de cire. — Le tout est en effet
coulé d’un jet, sans soudures. Le vase a été parachevé au
tour. Les races du tour sont très visibles en haut et au
bas du vase et surtout sous le pied. Cf. Perntce Untersu-
chungen zur antiken Torreutik Jahreshefte des Oesters.
Arch. Instituts VIII, 1905, p. 53 etc.

grappes. Ainsi, aujourd’hui encore, en Italie, les
acquaoli portent leur seaux. Chaque enfant a
en main un bâton noueux et recourbé dont il se
servait pour amener à lui les rameaux chargés de
raisins.

De cet aimable sujet, les enfants ou les amours
vendangeurs, il .est de multiples exemples dans
l’art antique, mais le plus célèbre est le merveil-
leux vase « di vetro blu » de Pompéi, chef-
d’œuvre de la verrerie alexandrine. Ce fut un des
motifs favoris de décoration des étoffes byzan-
tines, mais ce motif y est parfois réduit à des
amours tenant en main des grappes de raisins; or
la symbolique chrétienne s’en empara et, si nous
voyons aux mosaïques de la voûte et au pavement
de Ste Constance ainsi que sur le grand sarcophage
de porphyre, qui provient de cette église, de sem-
blables scènes de vendanges, c’est a que plus d’un
chrétien y voyait une allusion à la mort et aux
récompenses éternelles décernées par le Christ ( 1 ). »

Si nous voulons remonter à l’origine de ces
motifs c’est vers Alexandrie que nous devons
nous tourner, Alexandrie qui introduisit dans
l’art antique une fantaisie légère que le xvme siè-
cle français retrouva si complètement. Clodion,
pour ne citer qu’un nom, est un artiste tout
imprégné d’alexandrinisme.

Les plus belles pièces d’orfèvrerie sont d’ail-
leurs considérées comme étant d’origine ale-
xandrine et la découverte, faite en 1907 à Mit-
Rahiné (Memphis) d’une soixantaine de modèles
en plâtre, de pièces d’orfèvreries, est bien démon-
strative à ce sujet (1).

Ce qui distingue le vase de Bois et Borsu de la
majorité des autres pièces, c’est le relief extrême-
ment accentué des figures et surtout celui des
rameaux et des pampres qui, entièrement déta-
chés du fond, se prolongent dans les anses.

Ceci, sauf erreur, est unique, et l’on ne trouve
rien de comparable dans les trésors d’Hildeheim,
de Boscoreale ou de Berthouville.

Certes, il est dans les deux premiers des phi-
ales avec médaillons (emblemata) à relief très
accentué, dans lesquelles on s’entend à retrouver
des œuvres d’exécution alexandrine. Mais il s agit
ici d’ornements appliqués et non pas d’un décor
faisant partie intégrante du vase. Les deux scy-
phus du trésor de Boscoreale, ornés de reliefs en

(n Marcel Laurent, L’Art chrétien primitif, II, p. 14.
Voir aussi, Flacon du trésor chrétien de l’Esquilin, à
Londres. Catal. of Christian Antiquities, p. 67. Reinach,
Répert. de Relief, II, p. 469-2-5.

(2) Rubensohn, Hellenistisches Silbergérât in Antiken
Gibsabgiissen, Berlin 1911.
 
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