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Musées Royaux du Cinquantenaire [Editor]
Bulletin des Musées Royaux du Cinquantenaire — 13.1914

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Nos 1 et 2 (Janv.- Févr. 1914)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24679#0020
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12

BULLETIN DES MUSEES ROYAUX

c’est la création de compositions nouvelles. Parmi
tous les « Formschneider » ou potiers graveurs
de moules de son pays, il sera le premier. Les
gravures publiées en grand nombre dans la
seconde moitié du xvie siècle lui serviront de
modèles ou du moins, exciteront son originalité.
En 1576, il donne ses deux pièces les plus célè-
bres : le vase de la collection Oppenheim de

FIG. 9. - VASE EN GRÉS DE RAEREN, PAR JEAN EMENS.

iSyÔ.

Cologne, avec Le Combat des Centaures et des
Lapithes et celui de notre musée (Inv. 3368) avec
Le Triomphe de Flore que surmonte une frise
plus étroite représentant L 'Histoire de David et
Abigail (fig. g). Le métier de l’artisan s'élève ici
à l’art le plus robuste. Et, sans doute, un modèle
le soutenait, — on a remarqué que le style du
sujet comme celui des ornements rappelle Bal-
thazar Silvius — mais n’était-ce rien de faire
vivre au flanc des vases les formes harmonieuses

et les richesses ornementales qui embellissaient
les livres ?

Le maître L. W. de Siegbourg avait introduit
dans la céramique La Danse des Paysans. Jean
Emens en dota les ateliers de Raeren (1576) en
s’inspirant de Beham. Il en fut de même des
« Zechende Bauer » frise amusante dont notre
musée contient un magnifique exemplaire signé
du maître (Inv. 25gS). Que de fois, à Raeren, on
répéta la représentation de ces sauteries et
godailles, selon L. W. ou selon Jean Emens ! Nos
collections du Cinquantenaire en fournissent de
multiples témoignages.

Aussi bien, l’artiste entendait aborder tous les
genres. A partir de 1676, les médaillons à orne-
ments le tentent ; au milieu de décorations qu’il
emprunte aux graveurs du temps, il enferme le
Jugement de Pâris (1576) puis encore (1578) les
acteurs principaux du même épisode ; deux buires
de nos collections (Inv. 466 et 470) rappellent ce
dernier essai. Une cruche mutilée de 1583 (Inv.
5o8g) montre Lucrèce en des médaillons analo-
gues ; enfin un « Pulle » de la collection Ver-
meersch signé, mais non daté est décoré de trois
médaillons ovales où ne se rencontrent que des
ornements (Inv. V. 1793). Collaert et, plus tard,
Etienne Delaune, avaient été ses inspirateurs en
ce genre de décoration.

Conrad Goltzius, en i583, lui fournit le modèle
de sa frise représentant Y Histoire de Suzanne
Elle se trouve au Musée sur une cruche parfaite-
ment réussie avec la signature et la date 1583
(Inv. i5g8). Cinq autres de nos grès sont décorés
de la même série de scènes ; mais il s’en faut
que le relief ait la même clarté de composition,
la même pureté de dessin : ce sont là des œuvres
de l’imitateur Engel Kran.

Jean Emens donna en 1587 son Histoire de
Joseph : elle nous manque malheureusement. La
même année, il s’essayait à l’exécution des grès
gris et bleu et cette date est importante à retenir,
car on sait combien certains potiers de Raeren
acquirent de réputation en adoptant et perfection-
nant les émaux bleus.

C’est en gri= et bleu que Jean Emens exécuta
( 158g) sa frise des sept princes et rois, suite de
médaillons de toute beauté : or, cette frise nous la
possédons sur un vase excellent (Inv. 3164); mais
il est probable, dit M. von Falke, qu’elle est due
à un réemploi du modèle, quand celui-ci avait
déjà été transporté à Grenzhausen, dans le
Westerwald. Nous parlerons plus loin des ate-
liers de Grenzhausen.

(A suivre)

M. Laurent.
 
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