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E. IîLOCIIET

fleurirent dans la Transoxiane sousle règne des Uzbeks, est celle qui a vu l’éclosion des
grands cliefs-d’œuvre de l’art iranien et qui a préparé les voies aux écoles des Séfévis.
Les œuvres qui hii appartiennent se divisent en deux groupes bien dislincts, dont l’un
suit pas à pas, et dans ses moindres détails, l’art de l’époque mongole, et dont l’autre,
d’une interprétation plus libre et moins volontairement archaïsante, devait aboutir aux
procédés qui furent courants à l'époque des Séfévis.

Les peintures de la première série, qui forment, àproprement parler, l’art desTimou-
rides, les secondes appartenant plus spécialement à l’art des Uzbeks, sont représentées
à Paris par un exemplaire de la traduction en ouïghour de l’Apocalypse de Mahomet,
daté de 1436, par un manuscrit de l’histoire des Mongols de Djouveïni, daté de 1437, et
par les merveilleuses illustrations d’un traité d’astronomie, qui fut copié, à une date
un peu antérieure à 1437, pour Ouloug Beg, souverain de la Transoxiane. La manière
de cetle école, qui fut celle de Shah Rokh et de ses successeurs immédiats jusque vers
1470 *, est la raideur géométrique des personnages qui ignorent complètement les
poses alanguies, ou simplemenl naturelles, de ceux qui figurent dans les peintures du
second groupe, et qui préparent aux contorsions des personnages des miniatures des
manuscrits séfévis.

Les plus beaux spécimens des peinlures de la seconde époque timouride se trouvent
certainementdans le recueil des poésies de Mir Ali Shir Névaï, qui fut exécuté en 1527, et
dans lequelon remarque d’ailleurs deux peintures visiblement copiées sur des originaux
de l’époque mongole, soit que le manuscrit ait été illustrépar deux artistes, ce qui est pos-
sible, soit, ce qui me paraît plus vraisemblable, qu’un seul artiste, probablement le
célèbre Bebzad, ait tenu à montrer la diversité de ses manières. D’aulres splendides
peintures issues des ateliers de la Transoxiane ornenl les plus beaux manuscrits de la
Bibliothèque nationale, et il serait impossible d’en trouver aujourd’hui de semblables
dans tout l’Orient, tels un exemplaire du Trésor cles secrets mystiques de Nizami, copié
en 1537 par Mir Ali, pour un sultan uzbek de Khodjend, Abd al-Aziz Bahadour Khan,
et un Boustan de Sadi, copié à Boukhara pour le sullan sheïbanide Naurouz Ahmad
Babadour Ivhan en 1555.

L’influence chinoise est beaucoup plus marquée dans ces peintures de l’école timou-
ride que dans celles des Mongols, parce que les relalions du Céleste Empire avec les
Timourides et avec les Uzbeks qui leur succédèrenl étaient très fréquentes, et qu’il y
avait en somme plus de Cliinois à Boukhara ou à Khodjend, au commencement du
xvi e siècle, qu’il ne s’entrouvail à Tauris à la fin du xnT. C’est ainsi que les peintures
qui ornent le trailé d’astronomie qui a été copié pour Ouloug Beg sont de facture

1. Des manuscrits qui apparliennent certainement à l’époque tles Timourides présentenl des différences
apparentes de date très considérables entre les peintures qui y sont contenues. A côté de peintures copiées
directement sur desoriginaux qui datent du commencement du xiv e siècle, on en trouve d’autres qui sont le
prototype des miniatures courantes à l’époque des Séfévis, au xvn e siècle. Comme l’histoire de l’art et du
costume en Perse est fort peu connue, il en faut, conclure que les modes et les factures que nous qualiflons de
séfévies étaient déjà courantes chez les Timourides et chez les Uzbeks.
 
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