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Société Française de Reproductions de Manuscrits à Peintures [Hrsg.]
Bulletin de la Société Française de Reproductions de Manuscrits à Peintures — 1.1911

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Hevesy, André de: Le bréviaire de Sigismond de Luxembourg
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https://doi.org/10.11588/diglit.31472#0114
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ANDRÉ DE HEVESY

frère, Wenceslas, réunit une bibliothèque admirable. Son beau-père, Louis d’Anjou,
élait. un grand amaleur d’art. Ce fut lui qui éleva le palais de Bude que Sigismond
devait achever. Ce dernier passa sa vie dans cetle ville de Bude et dans ses châteaux
de la vallée du Danube, 011 il venail se reposer des longs voyagesqu’il entreprit autant
pour des raisons politiques que pour sa satisfaction personnelle.

On rencontre en effet sa belle tête de Dieu le Père sur toutes les i“outes de l’Europe.
Le premier jour de mars 1415, il entrait à Paris, accompagné de huit cenls « chevau-
cheurs », qui portaient sur leurs armures les insignes et la devise de son ordre du
Dragon : une droite croix de couleur de cendre, sur laquelle était écrit en latin :« Oh
que tout-puissant esl miséricorde ! »

« Et furent au devant de lui, — rapporte Monstrelet, — le duc de Berry, prelals,
nol)les et ceux de la ville en grand nombre. Et vint descendre au Palais ou le lloi esloit,
lequel vint au devant de lui jusques au haut des degrez du beau roy Philippes. Et la
s’entracolerent, et fîrent grande chere l’un à l’autre *. »

Les chroniqueurs racontent sa visite à Saint-Denis, à Beauvais, sa réception par
l’Université, le festin qu’il donna aux dames de Paris. Voici le récit qu’en fait Juvé-
nal des Ursins :

« L’Empereur eut en volonté de voir des dames et damoiselles de Paris, et des bour-
geoises, et de les festoyer. EL de faicl, les fxt semondre de venir disner au Louvre, où
il estoit logé, Et s’en vint jusques à environ six vingt. Et avoit fait faire bien grand
appareil selon la manière et couslume de son pays, qui estoiL de brouets et polages forl
d’espices. Et les fil seoir à Lable, et à chacune on bailla un de ces cousteaux d’Alle-
magne qui valoient un pelit blanc, el le plus fort vinqu’on peut trouver. Et y en eut
peu qui mangeassent pour la force des espices de viandes furent elles servies grande-
ment, et largement menestriers y avoit. Et après disner dansoient, et celles qui sça-
voient chanter chantoient aucunes chansons, et après prii’entcongé. Et âu partir, donna
à chacune un anneau ou verge d’or... 2 »

Ce prinee, qui se plaisail tant parrni les boui'geoises de Paris, n arrivait pas en
étranger dans cette ville. 11 était pelit-fils de ce Jean, « le bon roi de Boësme », qui
tout aveugle qu’il était, combattit pour la Erance el se fit tuer à Crécy, son cheval
lié à ceux de ses écuyers. Son pèx’e, Charles IV, avait épousé en secondes noces
Blanche de Valois. A la journée de Nicopolis, Sigismond fut compagnon de Jean de
Nevers et de ses « vaillans homnxes de France ». 11 faut lire dans Froissart ou dans
les Faits du maréclxal Boucicaut, la chevauchée franco-boui’guignonne ; son faste, la
réception qxxe fit à ses alliés Sigismond eix la cité de Bude, entin la lamentable fin de
cette épopée : la bataille de Nicopolis 3. Après la défaite, Jean de Nevers, parti avec
dexix cents persoixxxes de livrée en « vert gai », avec des tentes en salin du îxxêrne vert,

1. Monsthelet, Chronique, édition de la Société de l’histoire de France (1859), t. III, p. 137.

2. Jean Juvénal des Ursins, Ilistoire de Charles VI, édit. Michaud, p. 530.

3. Fiioissart, Punthéon littéraire, t. III, p. 226.—Boucicaut, Panthéon littêraire, t. IX, p. 589. Voir encore
Bibl. nat. Colleclion de Bourçjogne, t. XX, p. 339.
 
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