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La chronique des arts et de la curiosité — 1866

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Nr. 161 (2 décembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26565#0281
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866,- N° 1 61.

BUREAUX, 55, RUE VIVIENNE.

2 décembre.

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

PARAISSANT LE DIMANCHE MATIN

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PARIS ET DEPARTEMENTS :

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MOUVEMENT DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ.

GAVARNL

Gavarni vient de mourir. Une maladie qui le
minait depuis longtemps a fait tout d’un coup
d’effrayants progrès, et ses plus chers amis n’ont
point eu le temps de venir lui serrer la main
à son lit de mort.

Etcomme il fallait que tout fût à l’unisson dans
cette fin funeste, ses plus sincères admirateurs,
ce public qui savait si bien son nom, quoique
l’artiste se fût depuis longtemps retiré de la
lutte, ce monde dont il avait charmé la jeunesse
n’ont été prévenus que par une note que tous les
journaux môme n’ont pas reproduite. Aussi
ceux qui se pressaient autour de cette tombe qui
allait se refermer sur une des plus vives et des
plus aristocratiques intelligences de notre géné-
ration étaient-ils trop peu nombreux.

Quels titres faut-il donc pour que la mort
d’un artiste retentisse jusque dans les régions
officielles? Voici un artiste qui a été une des for-
ces de son époque, un écrivain qui ,a écrit des
nouvelles aimables et des vers charmants, un
satirique sans fiel dont les légendes valent des
volumes, un homme qui, parti des r^ngs du peu-
ple, s’est fait, de toutes pièces, homme du monde
et savant distingué, un maître dont l’administra-
tion a reconnu la valeur par la décoration de la
Légion d’honneur, et cet homme est porté jusqu’à
sa dernière demeure sans que la présence de per-

sonnes appartenant aux hautes régions ne vienne
avertir le passant que ce mort a joué dans la so-
ciété moderne un rôle important? M. de Girar-
din, à propos de l’enterrement de Proudhon, a
parlé des maréchaux de la pensée; Gavarni en
était tout au moins un des colonels, et ce n’était
point assez, pensons-nous, que les camarades
d’atelier pour lui rendre les honneurs funèbres.

Chacun sait aujourd’hui que Gavarni s’appelait
en réalité Sulpice-Paul Chevallier, et qu’il était né
en 1804, à Paris. Nous ne pouvons que renvoyer
nos lecteurs à la vive et judicieuse étude publiée
par M. Sainte-Beuve dans le tome VI des Nou-
veaux Lundis. Rien de ce qui importe des grandes
lignes qui constituent l’homme et l’œuvre n’a été
omis. Bientôt dans la Gazette, paraîtra une étude
faite à des points de vue autres que ceux de
M. Sainte-Beuve.

Le moment n’est donc pas opportun de dire
tout ce que nous avons d’estime pour cet œuvre
énorme où l’historien du second tiers du xixe
siècle puisera à pleines mains. Combien des ta-
bleaux du musée de Versailles en diront autant
qu’une de ses lithographies, qu’un de scs bois?
et combien d’ouvrages de morale, couronnés par
les Académies, autant qu’une de ses légendes?

Voici un trait qui nous semble charmant.
Gavarni n’aimait point depuis longues années
qu’on lui parlât de son art : il s’était à peu près
complètement absorbé dans l’étude des mathéma-
tiques supérieures. Il vivait fort isolé. U y a
quelques semaines, il témoigna le désir de voir
M. Gihaut qui jadis avait été son éditeur pour
quelques-unes de ses jolies séries, entre autres
les Études d’enfants. M. Gihaut accourut et,
dans la conversation, lui fit part de Tardent désir

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il.
 
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