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La chronique des arts et de la curiosité — 1866

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Nr. 161 (2 décembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26565#0282
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LA CHRONIQUE DES ARTS

que témoignait un amateur de posséder un de
ses dessins. — « A quoi bon, lui répondit en
souriant Gavarni — à quoi bon un morceau de
papier Si votre amateur est un homme d’esprit,
dites-lui de venir me voir; nous causerons pen-
dant une demi-heure. 11 se souviendra d’avoir
causé avec Gavarni, cela vaudra mieux pour lui
qu’un chiffon de papier. »

Je ne sais si je me trompe, mais cette douce
et fine parole me semblerait digne d’avoir été
prononcée par un stoïcien. Ph. Bürty.

LE MUSÉE DE NANCY.

Nancy, 21 novembre 1866.

Je sais que vous recherchez les catalogues et
que vous en avez déjà une belle collection. Celui
du Musée de Nancy vous sera sans doute agréa-
ble, aussi vous l’ai-je envoyé hier. Vous y trou-
verez la mention d’une centaine de tableaux,
dessins, etc., qui n’étaient pas encore au Musée
lorsque le catalogue de 1863 a paru. Cent ta-
bleaux, dessins ou objets d’art constituent une
assez jolie récolte pour un Musée de province, et
vous voyez que nos trois années dernières n’ont
pas été trop mal employées. Je n’ai rien à vous
signaler de particulier à propos de la rédaction
de ce nouveau catalogue, vous ayant toujours
informé des acquisitions, à mesure qu’elles nous
arrivaient.

Malgré les judicieuses observations que vous
avez faites dans la Gazette au sujet de la brièveté
des notices, je ne les ai pas allongées davantage.
J’ai mentionné tous les documents inédits, mais
je n’ai pas cru devoir m’étendre sur la biographie
des peintres, au moyen d’emprunts faits à des
ouvrages analogues. C’eût été grossir le volume
aux dépens de mes confrères, et je ne l’ai pas
voulu. Quelques notices sur la galerie Falconet
eussent cependant pu être plus étendues, je le
reconnais, mais j’ai voulu m’éclairer de quelques
recherches aux estampes de la Bibliothèque im-
périale, et je reviendrai sur ce sujet à la suite de
mon voyage d’avril J 867. A propos de Falconet,
je publie les lettres que lui adressa Diderot en
Russie, il y a tout juste un siècle 1.

Les épreuves des premières lettres qui ont paru
ne m’ont pas été communiquées, de sorte que le
texte fourmille de fautes grossières. J’ai exigé
dorénavant l’envoi des épreuves à Malzéville, de
sorte que cette publication marchera mieux, je
l’espère, à l’avenir. Il y a des révélations bien
curieuses dans ces lettres de mon compatriote.

De tous les écrits de Diderot, c’est peut-être celui
où il s’est montré le plus à nu. Quelles jolies anec-
dotes sur l’art et les artistes de la fin du xvmc siè-
cle. Je m’occuperai bientôt d’un travail sur Fal-
conet, appuyé de pièces authentiques; ce sera
pour la Gazette des Beaux-Arts, que je lis tou-
jours avec un bien vif intérêt, puis je penserai au
travail sur Aved, accompagné, au gré de M. Ga-
lichon, de gravures d’après des photographies.

Tous rappelez-vous avoir admiré, dans l’églies
des Cordeliers de Nancy, la belle figure tumu-
laire de Philippe de Gueldre, femme de René II,
par Ligier Richier? Eh bien, je viens d’acheter,
pour le musée lorrain, deux figures analogues
dues au ciseau du même artistes. Elles représen-
tent un marquis et une marquise de Beauvau et
se trouvaient dans l’église de Noviant-aux-Prés,
village situé sur la route de Nancy à Saint-
Miliiel. Les Beauvau étaient seigneurs de ce vil-
lage et avaient leurs sépultures dans l’église. J’ai
relevé plusieurs inscriptions funéraires des mem-
bres de celte famille; mais malheureusement l’in-
scription relative à nos figures de Richier avait
été effacée par le marteau. Nous n’avons donc
pas les noms des personnages, mais nos archéolo-
gues ne manqueront pas de les retrouver. Les
figures de Richier sont en pierre de Sorey. Elles
ont été imbibées au moyen d’une préparation de
cire posée à chaud qui donne l’aspect de l’ivoire
à la sculpture. C’était un procédé qui paraît avoir
été particulier à Richier. Les statues mesurent
environ 2 mètres de longueur. Leur conservation
est parfaite. 11 ne manque que les deux animaux
symboliques qui étaient à leurspieds, un lion pour
l’homme, une levrette pour la femme. Quelques
personnes de Noviant se souviennent de les avoir
vues en place. Si ce sujet vous intéresse, il se-
rait peut être possible d’en obtenir une bonne
photographie qu’on ferait graver pour la Gazette,
ou bien on se contenterait de décrire les figures
dans la Chronique, quand on aura le nom de ces
Beauvau.

Nous avons eu hier et avant hier la vente des
tableaux et dessins d’Eugène Guérard, mort à
Nancy le 26 juillet dernier. Vous connaissez le
talent facile de ce peintre un peu superficiel. Ses
ébauches et ses croquis ont atteint des prix
assez élevés pour une vente faite en province.

Je ne vous ai point encore parlé de notre
Exposition des Amis des Arts, parce qu’elle est
tombée en plein dans les fêtes qui ont amené
l’Impératrice à Nancy. J’ai eu beaucoup d’oc-
cupation avant et après ce grand événement
provincial. Aujourd’hui encore je n’ai pas tous
les renseignements concernant les opérations de
la Société de Strasbourg qui exposait avec nous.
Que nous sommes loin de Lille, qui arrive avec

1. Revue moderne, lcr novembre.
 
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