DOI Heft:
Nr. 156 (10 octobre)
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.26565#0241
1866,— N° 156.
BUREAUX, 55, RUE VIVIENNE.
10 octobre.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE 10 ET LE 20 DE CHAQUE MOIS.
Les abonnés à une année entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement
la Chronique des Arts et de la Curiosité.
Un an,
PARIS ET DÉPARTEMENTS :
. 10 fr. | Six mois.
6 fr
MOUVEMENT DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ.
LETTRE D’UN BIBLIOPHILE
A PROPOS DE L’EXPOSITION DE 1867.
Croiriez-vous, monsieur, que la fièvre de l’Ex-
position prochaine devient épidémique, et que
la contagion gagne jusqu’à ces honnêtes mono-
manes qu’on appelle les Bibliophiles ? que dis-je?
le plus sauvage de ces placides mortels en res-
sent un petit accès, et le voilà qui vous demande
une consultation à ce sujet aujourd’hui.
Sans aucun doute, messieurs les très-habiles
organisateurs de la splendide Exposition rétro-
spective de 1865 voudront donner au Cristal-
Palace des Champs-Elysées, en 1867, une seconde
édition de cette exhibition d’objets d’art et de
haute curiosité, édition qui probablement sera
très-augmentée.
Je lui souhaite de tout mon cœur le succès et
la fortune de son aînée ; mais, le cas échéant,
moi, Bibliophile de quatrième catégorie, je ré-
clame un coin quelconque, la plus modeste des
salles, un cabinet de société, si l’on veut, pour y
établir une exhibition de ma façon, dont je vous
demanderai la permission de vous dire quelques
mots :
Je voudrais faire connaître aux peuples étran-
gers les immenses richesses bibliographiques
accumulées dans les collections particulières de
| notre pays et j’intitulerais cet ensemble, en volant
| cet excellent Père Le Long, la Bibliothèque his-
\ torique de la France, c’est-à-dire que les livres
j ou manuscrits provenant de personnages illustres
i seraient seuls admis à figurer dans mon cata-
| logue.
Voulez-vous vous faire une idée de ce qu’on
| peut obtenir en procédant de la sorte ?
Je prends notre grand ami Montaigne, si vous
voulez bien, et je vous demande la permission de
réunir et d’exposer :
La première édition de 1580; l’exemplaire de
Jacques-Auguste de Thou, relié en vélin blanc,
appartenant à M. Dutuit, le célèbre collectionneur
rouennais ;
La seconde édition de 1582; l’exemplaire de
Philippe de Mornav, le pape des huguenots, le
sévère ami de Henri IV, avec sa belle devise :
« Vitœ socia vertus, mortis cornes gloria. »
Appartenant à un bibliophile très-français, mais
momentanément fixé en Angleterre ;
L’édition de1588, la dernière publiée du vivant
de l'auteur et dans laquelle paraît pour la pre-
mière fois le troisième livre des Essais ; exem-
plaire couvert d’une splendide reliure aux armes
du comte d’Hoyne, appartenant aujourd’hui à
M. Sosthènes de la Roche-La-Carelle ;
Le Montaigne de 1595 : première édition don-
née par MUe de Gournay, exemplaire de la reine
Élisabeth d’Angleterre. Ce précieux et magni-
fique volume est entre les mains (et c’est justice)
du plus célèbre des Montagnopliiles, le docteur
Payen ;
Une autre édition, bel exemplaire de Sully,
appartenant à M. de Lignerolles;
L’édition donnée par les Elzévirs, exemplaire
30
nu
BUREAUX, 55, RUE VIVIENNE.
10 octobre.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE 10 ET LE 20 DE CHAQUE MOIS.
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Un an,
PARIS ET DÉPARTEMENTS :
. 10 fr. | Six mois.
6 fr
MOUVEMENT DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ.
LETTRE D’UN BIBLIOPHILE
A PROPOS DE L’EXPOSITION DE 1867.
Croiriez-vous, monsieur, que la fièvre de l’Ex-
position prochaine devient épidémique, et que
la contagion gagne jusqu’à ces honnêtes mono-
manes qu’on appelle les Bibliophiles ? que dis-je?
le plus sauvage de ces placides mortels en res-
sent un petit accès, et le voilà qui vous demande
une consultation à ce sujet aujourd’hui.
Sans aucun doute, messieurs les très-habiles
organisateurs de la splendide Exposition rétro-
spective de 1865 voudront donner au Cristal-
Palace des Champs-Elysées, en 1867, une seconde
édition de cette exhibition d’objets d’art et de
haute curiosité, édition qui probablement sera
très-augmentée.
Je lui souhaite de tout mon cœur le succès et
la fortune de son aînée ; mais, le cas échéant,
moi, Bibliophile de quatrième catégorie, je ré-
clame un coin quelconque, la plus modeste des
salles, un cabinet de société, si l’on veut, pour y
établir une exhibition de ma façon, dont je vous
demanderai la permission de vous dire quelques
mots :
Je voudrais faire connaître aux peuples étran-
gers les immenses richesses bibliographiques
accumulées dans les collections particulières de
| notre pays et j’intitulerais cet ensemble, en volant
| cet excellent Père Le Long, la Bibliothèque his-
\ torique de la France, c’est-à-dire que les livres
j ou manuscrits provenant de personnages illustres
i seraient seuls admis à figurer dans mon cata-
| logue.
Voulez-vous vous faire une idée de ce qu’on
| peut obtenir en procédant de la sorte ?
Je prends notre grand ami Montaigne, si vous
voulez bien, et je vous demande la permission de
réunir et d’exposer :
La première édition de 1580; l’exemplaire de
Jacques-Auguste de Thou, relié en vélin blanc,
appartenant à M. Dutuit, le célèbre collectionneur
rouennais ;
La seconde édition de 1582; l’exemplaire de
Philippe de Mornav, le pape des huguenots, le
sévère ami de Henri IV, avec sa belle devise :
« Vitœ socia vertus, mortis cornes gloria. »
Appartenant à un bibliophile très-français, mais
momentanément fixé en Angleterre ;
L’édition de1588, la dernière publiée du vivant
de l'auteur et dans laquelle paraît pour la pre-
mière fois le troisième livre des Essais ; exem-
plaire couvert d’une splendide reliure aux armes
du comte d’Hoyne, appartenant aujourd’hui à
M. Sosthènes de la Roche-La-Carelle ;
Le Montaigne de 1595 : première édition don-
née par MUe de Gournay, exemplaire de la reine
Élisabeth d’Angleterre. Ce précieux et magni-
fique volume est entre les mains (et c’est justice)
du plus célèbre des Montagnopliiles, le docteur
Payen ;
Une autre édition, bel exemplaire de Sully,
appartenant à M. de Lignerolles;
L’édition donnée par les Elzévirs, exemplaire
30
nu