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La chronique des arts et de la curiosité — 1870

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Nr. 11 (13 Mars)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26662#0047
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9* Année.

13 Mars 1870.

N° 11

LA CHRONIQUE

TOLITIQJJE

DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ

Paraissant tous les Dimanches

ABONNEMENTS :

Paris, un an. 15 fr.

— six mois. 8 fr.

UN NUMÉRO : 2 0 CENT.

RED AC T10 N : Rue Vivienrie3 553 Paris

Comptes rendus & annonces de ventes publiques de tableaux
dessins, estampesbronzes, ivoires, médailles, livres rares, autographes
émaux, porcelaines, armes, objets de curiosité, &c\, &c.

Nouvelles des galeries publiques, des ateliers, —- Correspondances étrangères
Bibliographie des livres, articles de revues & estampes
publiées en France & à l’Étranger, —- Revue des arts industriels
Expositions de Province & de l’Étranger-

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Paraissant tous les dimanches T

ABONNEME
Départements, un an.

—■ six mois. 10 fr.

Etranger, le port en sus.

ADMINISTRATION ; Rue Vivienne3 Sa, Paris

L’ENSEIGNEMENT DU DESSIN

RENDU OBLIGATOIRE DANS LES ÉCOLES PRIMAIRES
DE L’AUTRICHE.

L’Autriche, que nous sommes convenus
d’appeler un pays routinier et rétrograde,
vient de faire un grand pas dans la voie de
la civilisation et de donner à ses voisins
une nouvelle preuve de l’amour du progrès
qui l’anime depuis quelques années : elle a
rendu le dessin obligatoire dans les écoles
primaires de son vaste territoire. Non con-
tente d’avoir tout fait pour relever les in-
dustries de luxe indigènes, pour restaurer le
goîit dans le cercle restreint des produc-
teurs, elle a voulu, après avoir créé le Mu-
sée autrichien et les nombreuses écoles spé-
ciales de Vienne et d’autres villes, associer
la nation entière à cette œuvre civilisatrice
dont elle poursuit la réalisation. Dans le
double intérêt de sa prospérité matérielle
et de son développement intellectuel, elle
a introduit le dessin dans les écoles pri-
maires [Volkssçhulen), et converti en un
bien populaire et national ce qui était au-
trefois le patrimoine exclusif de quelques
privilégiés.

Jusqu’à ces derniers temps, l’enseigne-
ment du dessin n’existait point dans les
écoles primaires de l’Autriche1. Alors que
tant d’autres matières importantes, alors
que le noyau même de l’instruction pu-
blique élémentaire ou supérieure, étaient en
proie à une incurie profonde, il était im-
possible de songer à ce dernier venu parmi
les moyens d’éducation, et il fallait en Au-
triche une révolution tout au moins morale
pour lui donner droit de cité et pour impri-
mer à l’ensemble auquel il allait se ratta-
cher un élan nouveau.

La loi du 14 mai’1869 et les instructions
qui lui servirent de complément (18 mai et
12 juillét 1869) accomplirent cette révolu-
tion dans l’enseignement primaire ; elles
imposèrent la fréquentation des écoles à
tous les enfants, proclamèrent la séparation
de l’enseignement d’avec l’Église, et intro-
duisirent dans les écoles la connaissance du
dessin. Au milieu de tant d’intérêts si gra-
ves, elles n’oublièrent pas ce puissant mo-
teur, que notre temps a la gloire d’avoir
découvert, et le mirent au même rang que
l’écriture, la géographie, l’histoire, le
chant2, etc., et sans préciser, pour le mo-

1. Il est impossible, en effet, de prendre un consi-
dération les quelques écoles qui ont admis le dessin
dans le programme de leur 4° classe; le nombre en
est trop restreint, et les résultats trop insignifiants.

2. Pour être exact, il faut ajouter que la loi même
ne parle que de l’enseignement de la géométrie, et
que les instructions ministérielles seules déclarent
expressément que la géométrie et le dessin sont obli-
gatoires dans les écoles primaires. Parmi ces instruc-
tions se trouve complété le texte de la loi dont la
pensée ne saurait être douteuse, puisqu’elle exige en

ment, son étendue et sa nature, elles lui im-
posèrent immédiatement le minimum sui-
vant : connaissance des lignes, angles, plans
et corps réguliers.

Ce principe, dont tous les hommes de
progrès reconnaissent la grandeur, avait
donc triomphé, c’était le point essentiel, et
le dessin se trouvait officiellement rangé
parmi les éléments de l’instruction élémen-
taire du peuple. Mais dans la pratique cette
belle théorie devait rencontrer et rencontre
encore des obstacles assez sérieux, et elle
traversera sans doute une période de luttes
qui est le complément, mais aussi la consé-
cration de toute idée généreuse.

Parmi ces obstacles, nous remarquons
au premier rang la difficulté d’organiser et
d’appliquer un système créé de toutes
pièces, à peu près nouveau en Europe,
et la nécessité d’avancer lentement, avec
circonspection, dans une voie qui peut con-
duire au salut ou à la perte d’une nation
tout entière. Ces difficultés justifient le ton
si réservé de la loi dont nous nous occu-
pons, et la détermination d’attendre les le-
çons de l’expérience, avant de formuler
un programme plus précis et plus spécial.

• Puis viennent des causes inhérentes à la
situation actuelle de l’empire autrichien, qui
ont presque autant de poids que les précé-
dentes et pourront, selon l’occasion et selon
les contrées, précipiter ou ralentir le mou-
vement imprimé par la loi du 14 mai.

Le système de décentralisation, tel qu’il
existe en Autriche, réduit le rôle du gou-
vernement à la fixation des principes géné-
raux, réserve les détails de l’exécution aux
assemblées des différentes provinces , laisse
à certains pays (Dalmatie, Pologne, Istrie ,
Galicie , etc.) la faculté de modifier quel-
ques-unes des dispositions de la loi, et à
tous le soin de fixer eux-mêmes les crédits
nécessaires à l’acquisition de modèles, aux
frais divers du nouvel enseignement.-Le
pouvoir que la décentralisation confère
aux conseils généraux de ces provinces
pourra presque balancer l’autorité législa-
tive des chambres, développer ou res-
treindre les principes posés dans la loi du
14 mai, et même en compromettre l’in-
fluence si salutaire. Que résultera-t-il de
ce respect trop profond pour les aspirations
locales et de ce conflit imminent? Il serait
difficile de le prédire. Lés conseils généraux,
qui tiennent les cordons de la bourse, com-
menceront sans doute par alléguer l’insuffi-
sance de leurs ressources, le danger de gre-
ver le budget de nouvelles charges, etc.
Puis, quand on leur aura démontré que les
sacrifices exigés pour le succès de l’ensei-
gnement du dessin ne sont pas de nature à
réduire le pays à la mendicité, que l’on

propres termes : que les élèves des écoles normales
qui se préparent à être instituteurs étudient le dessin
à main levée.

tient compte de leur gêne trop réelle, hé-
las ! et qu’on la respecte —- pauvreté 11’est
pas vice,— ils finiront peut-être par s’adou-
cir. Quelques-uns d’entre eux ont déjà voté
des subventions assez considérables à des
écoles d’art industriel; ils comprendront
que refuser des secours analogues aux
écoles primaires, c’est laisser la besogne à
moitié achevée et compromettre leur pre-
mière mise de fonds; ils avanceront sans
doute dans la voie si louable qu’ils ont inau-
gurée et entraîneront par leur exemple les
récalcitrants et les retardataires.

Nous espérons donc que de cette part tout
sera pour le mieux. Mais nous ne pouvons
pas nous dissimuler qu’en confiant à un éta-
blissement unique et central, tel que le
Musée autrichien, le droit de déterminer les
obligations des différentes contrées, d’indi-
quer les moyens spéciaux les plus pratiques,
et d’exercer une surveillance active, le gou-
vernement aurait tourné ce premier écueil
et multiplié les chances de réussite.

D’un autre côté, l’état actuel du corps en-
seignant a imposé aux auteurs de la loi
du 14 mai une foule de ménagements et de
restrictions. La plupart des instituteurs en
exercice ne savent pas le dessin, comment
pourraient-ils l’enseigner? Il a donc fallu
leur recommander de se livrer le plus tôt
possible à cette étude (comme aussi à celle
de l’histoire naturelle, de la géométrie, etc.),
et par suite se résigner à un retard sans
doute assez considérable. Quant aux aspi-
rants instituteurs qui se préparent à entrer
dans les écoles normales, ou qui s’y trouvent
déjà, on a pu les soumettre à un régime
plus sévère et plus expéditif, et s’occuper
immédiatement de leur enseigner le dessin
géométrique et le dessin à main levée pen-
dant les quatre années de leur séjour dans
l’établissement (§ 29 de la loi); mais quel-
ques années se passeront également avant
que leur nombre soit assez considérable
pour exercer une influence sensible sur la
population de l’empire. Les méthodes
d’enseignement sont encore à l’étude, et
font l’objet de conférences entre les
membres du conseil de l’instruction pu-
blique et ceux de l’Académie des Beaux-
Arts de Vienne. Les conditions d’admission
aux écoles normales seules sont connues;
et elles sont rédigées dans un style fort
vague qui témoigne de l’incertitude de l’ad-
ministration : « Les candidats doivent pos-
séder une certaine habileté dans la repré-
sentation des figures géométriques ordinaires,
et dans la reproduction, selon une échelle
déterminée, des modèles que leur indiquera
l’administration. »

Ces différentes dispositions ne sont que
transitoires, tout nous le prouve : la décla-
ration de l’arrêté ministériel portant que les
méthodes de dessin d,ans les écoles pri-
maires seront indiquées avec plus de détails

et renfermées dans un programme sévère-
ment circonscrit, et les nombreuses restric-
tions mêmes dont nous venons de parler.
Qu’il nous suffise pour aujourd’hui desavoir
que l’Autriche a adopté le principe, et qu’elle
ne le laissera pas à l’état de lettre morte.

D’après ce qui précède, nous n’avons donc
pas le droit de nous étonner si pour le mo-
ment, comme nous le disions en commen-
çant, l’enseignement du dessin se trouve
limité à la classe supérieure1 des écoles pri-
maires ayant plus d’un instituteur, et réduit
à une durée de deux heures par semaine.
Nous félicitons au contraire l’Autriche d’être
allée aussi loin, car cette disposition est
déjà un grand progrès, et les élèves aux-
quels elle profitera dès à présent, peuvent
se compter par centaines de mille2. En
outre, au sortir des écoles primaires, le
dessin attend presque tous les enfants de la
classe ouvrière et de la classe agricole, soit
dans les écoles professionnelles, soit dans
les écoles dites bourgeoises, ou dans celles
dites de répétition, ou enfin dans une foule
d’autres établissements analogues, inconnus
en France, nombreux et prospères en Alle-
magne et en Autriche. Peu d’entre eux arri-
veront désormais à l’âge de raison sans
savoir tenir le crayon presque aussi bien
que la plume.

Nous reviendrons sur cette importante
question quand l’exécution en sera plus
avancée, et quand nous pourrons donner à
nos lecteurs de plus amples détails. En at-
tendant, nous envoyons d’ici nos meilleurs
souhaits de réussite aux hardis pionniers
qui ont établi en Autriche l’enseignement
populaire du dessin.

Muntz,

UNE RÉCLAMATION

A PROPOS DE LA PROCHAINE EXPOSITION.

Nous recevons d’un de nos principaux
sculpteurs la lettre suivante :

Monsieur,

Il circule en ce moment dans les ateliers de
sculpteurs un bruit sur la consistance duquel
bon nombre d’entre nous ont besoin d’ètre le
plus lot possible renseignés d’une manière po-
sitive et officielle.

On dit que, contrairement à ce qui s’est passé
jusqu’à ce jour, nous ne serions pas autorisés
cette année à remplacer, dans l’intervalle qui
s’écoule entre l’envoi des œuvres et l’ouverture
du Salon, les modèles en plâtre par le marbre ou
le bronze.

1. C’est-à-dire en général à des enfants ayant au
moins de 8 à 9 ans.

2. Pour l’adjonction d’une seconde classe et d’un
second instituteur la loi n’exige qu’une moyenne de
quatre-vingts élèves, et cette moyenne se trouve faci-
lement atteinte dans tous les villages de quelque
importance, grâce à la réunion dans la même école
des enfants des deux sexes et des différents cultes.
 
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