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9e Année.

N° 22 —

29 Mai 1870.

CHRONIQUE

TOLITIQJJE

DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ

Paraissant tous les Dimanches

ABONNEMENTS :

Paris, un an. . 15 fr.

— six mois. 8 fr.

UN NUMÉRO : 2 0 CENT.

RÉDACTION : Rue V'menne3 55 } Taris

Comptes rendus & annonces de ventes publiques de tableaux
dessins, estampes, bronzes, ivoires, médailles, livres rares, autographes
émaux, porcelaines, armes, objets de curiosité, &c., &c.

Nouvelles des galeries publiques, des ateliers. — Correspondances étrangères
Bibliographie des livres, articles de revues & estampes
publiées en France & à l’Etranger. — Revue des arts industriels
Expositions de Province & de l’Etranger-

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Paraissant tous les Dimanches t .

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Départements, un an

— six mois. . . . . irf?:

Etranger, le port en sus.

ADMINISTRATION : Rue Vivienne} 55, Paris

A PROPOS

DES ACQUISITIONS D’ART PAR L’ÉTAT.

Pour se constituer définitivement, le
ministère des Beaux-Arts a du prendre à
celui de l’Instruction publique ses sec-
tions des lettres et des sciences, sans
pouvoir obtenir de la liste civile la di-
rection des musées du Louvre et du
Luxembourg et celle des manufactures
de Sèvres et des Gobelins. Et cependant,
ces établissements relèvent si naturelle-
ment et si étroitement du ministère des
Beaux-Arts, que l’on se demande com-
ment il se fait qu’ils n’en dépendent
point. C’est là une situation bizarre»
anormale, dont l’Exposition actuelle va,
dès le premier jour, mettre à nu quel-
ques-unes de ses conséquences fâcheuses.

Cette année, comme les années précé-
dentes, le ministère des Beaux-arts achè-
tera au Salon des peintures et des sculp-
tures destinées à augmenter les richesses
des musées nationaux et des musées
municipaux. Mais, avant de procéder à la
répartition, le ministère ne doit-il pas,
dans plus d’une circonstance, se ména-
ger le temps de la réflexion, afin d’assu-
rer aux musées nationaux situés au
cœur même de la France, à Paris, les
œuvres vraiment fortes, vraiment supé-
rieures, et de donner à chacun des mu-
sées municipaux celles répondant le mieux
à leurs besoins? Pour cette question, il
n’est qu’une réponse sur laquelle, mal-
heureusement, E
Arts ne peut r =" m
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ment à ce dernier ses droits de propriété
pleine et entière ; mais un acte de cette
nature parerait-il à toutes les -difficultés
prévues ou imprévues ? Au Luxembourg,
la couronne conserve elle-même les ta-
bleaux qu’elle achète dans l’intention de
les donner ou d’en orner ses diverses
résidences. L’État peut-il, dès à présent,
affirmer qu’il y rencontrera toujours un
emplacement commode pour l’exposition
de ses achats? N’aura-t-il pas à craindre
parfois que par insuffisance de place,
ou par toute autre cause, ses objets
d’art ne soient confinés dans des gre-
niers pendant un espace de temps indé-
terminé ? Sera-t-il libre de retirer à son
gré et à son heure les tableaux ou les
sculptures qu’il aura prêtés? Enfin, évi-
tera-t-il les froissements que ne manque-
ront pas de faire naître des demandes
entraînant à des remaniements répétés
et imposant à la liste civile un surcroît
de travail sans compensation? Il y a là,
quoi qu’on fasse et quelque aménité que
l’on se propose d’apporter dans les rap-
ports, matière à conflits fréquents, con-
flits d’autant plus difficiles à éviter et
d’autant plus irritants, que, parla nature
même de leurs attributions analogues,
ces deux administrations sont forcément
appelées à se jalouser.

Si la sagesse des nations a décidé qu’il
fallait que « charbonnier fût maître chez
lui », nous croyons aussi que le ministère
des Beaux-Arts fera acte de prudence et
de sagesse en ne se plaçant pas sous la
1 : ïice de la liste civile et en con-
on entière liberté.

Émile Galichon.

FRONTON

l’hôtel académique de douai.

plusieurs années, la ville de Douai
e pas de donner d’honorables té-
s de ses goûts artistiques. Pour
îotre dire, il nous suffirait de rap-
édifices qu’elle a restaurés, ou ceux
nouvellement construits. Nous
lerons pour aujourd’hui à signaler
1 de l’Hôtel académique, où fonc-
I la Faculté de droit et la Faculté des

ure allongée de ce fronton récem-
couvert présentait une surface se
nal à l’agencement d’un sujet. L’ar-
1 vaincre cette difficulté en sculp-
nne motif central, les armoiries de
n écu percé d’une fièche et laissant
six gouttes de sang. Ces ar-

moiries sont surmontées d’une couronne
murale supportant elle-même quelques
livres, un rouleau et des branches de lau-
rier entrelacées. L’importance accordée à
cet écusson central, son haut-relief et le
soin avec lequel il a été fouillé, ne doivent
pas surprendre quand on songe au mouve-
ment intellectuel de la ville de Douai et aux
sacrifices qu’elle s’est courageusement im-
posés pour obtenir les deux facultés de droit
et des lettres dont elle jouit aujourd’hui. A
gauche de ce motif principal, on remarque
la Jurisprudence, sous les traits d’une femme
assise et drapée à l’antique. Levant la main
avec un geste plein d’une noble autorité,
elle enseigne le droit à deux jeunes enfants
recueillis et attentifs; l’un s’appuie sur les
tables de la Loi, l’autre tient le miroir de la
justice. Divers attributs de Thémis garnis-
sent le vide laissé par l’angle extrême du
fronton. A droite, la Littérature s’adresse,
en écrivant, à deux autres jeunes enfants
qui la contemplent et l’écoutent avec avi-
dité. Puis, pour combler le vide du second
angle, plusieurs attributs littéraires. D’un
côté, dans le lointain, le beffroi de Douai,
qui rappelle la cité ; de l’autre, le profil
du Parthénon, ce type impérissable du beau
et du grand en architecture.

Nonobstant quelques défaillances de dé-
tail, cette œuvre offre un ensemble agréable;
les groupes, par leur harmonieuse disposi-
tion, échappent à l’uniformité et à la mono-
tonie, et l’on rencontre chez les enfants,
grassement modelés, un gracieux sentiment
de la nature. Bref, cette sculpture est digne
de fixer l’attention du curieux et du tou-
riste, et la municipalité de Douai l’a fait
exécuter sans sortir des limites d’un budget
forcément restreint, car la ville compte à
peine 23,000 habitants. Nous enregistrons
d’autant plus volontiers ce résultat satisfai-
sant, qu’on ne l’aurait certes pas obtenu à
Paris dans les mêmes conditions modestes
de rémunération.

L’auteur du fronton, M. Bodendiech, de
Lille, est un ancien élève des écoles profes-
sionnelles départementales de Douai, qui
s’est perfectionné à l’École des Beaux-Arts
et qui s’occupe presque exclusivement de
l’art appliqué à l’industrie.

On peut voir, par la description que nous
venons de faire, qu’il est encore des villes
où l’on croit nécessaire de couronner les
édifices publics d’une décoration artisti-
que, qui seule en fait des monuments. Douai
est de ce nombre; qui songerait à l’en blâ-
mer? Sans s’endormir à l’ombre de son vé-
nérable passé, sans se reposer sur les noms
de ses nombreux artistes, parmi lesquels
Jean Bellejambe et Jean de Bologne, sans se
borner à offrir à l’admiration de l’étranger
son élégant beffroi, ses retables du xvie siè-
cle et ses riches collections de manuscrits
et d’objets d’art du moyen âge, la ville de

Douai pense, agit, produit, bâtit, sculpte,
encourage vigoureusement l’industrie et les
arts, entretient des écoles académiques pour
l’enseignement des arts industriels, fonde
des sociétés littéraires et savantes. Bref,
c’est une brave et intelligente cité, qui ne
tient pas le moins du monde à se survivre,
comme tant d’autres plus grosses villes que
nous ne voulons pas nommer.

Louis Desprez.

—-«atafr»——

PHILOSOPHIE DE L’ARCHITECTURE
EN GRÈCE

par Émile Boutmy l.

M. Émile Boutmy, professeur à l’École
spéciale d’architecture et collaborateur poli-
tique au journal la Liberté, vient d’ajouter
un nouveau volume à cette série que publie
la librairie Germer-Baillière sous la rubrique :
Bibliothèque de Philosophie contemporaine.

Le livre de M. Émile Boutmy a pour titre
Philosophie de l'architecture en Grèce. C’est,
je pense, — n’ayant point eu, à mon grand
regret, le loisir de suivre les cours à l’École
spéciale d’architecture de la rue d’Enfer, —
l’ensemble des leçons qu’il a faites dans
l’exercice de Tan dernier.

M. Émile Boutmy est, sinon un disciple de
M. Taine, — nos temps ne comportent plus
guère ces dénominations strictes, — au
moins un fervent de ses doctrines et de sa
méthode. Quoiqu’il soit, à son insu sans
doute, plus perspicace et plus tendre que
son maître et ami, nous le surprendrons
tout à l’heure définissant l’athlète dorien
« l’étalon sans tache du haras national. » Au
fond, cependant, c’est un éclectique.

Les divisions mêmes de ce livre indiquent
les tendances communes à l’école de critique
physiologique moderne et les sous-titres les
précisent : le Milieu physique et moral, la
géographie, les races, les faits excitateurs,
l’apogée; — Y Idéal, siège et nature de
l’idéal, caractères généraux de la forme; —
les Principes plastiques, le sens, l’intelli-
gence; le Temple, considérations générales,
la divinité, le culte et l’idole, l’édifice. —A la-
fin, l’explica’tion de quelques termes techni-
ques pour remédier à l’absence de planches.

Mêler « l’Idéal» avec les « faitsexcitateurs»
c’est, au point de vue de la philosophie an-
cienne, marier le Grand Turc avec la Répu-
blique. Le temps n’est plus beaucoup à ces
tentatives de conciliation... tout idéale, et
M. Boutmy a poursuivi plutôt un expédient
qu’une solution.

Ce point écarté, — en insistant, je sais que
je m’exposerais à être traité de radical, ce
qui est une mauvaise recommandation,
— il reste un livre d’une érudition très-

1. Paris, Gertner-Baillière. 1 vol. in-12. 1870.
 
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