7
9e Année.
— N° i —
2 Janvier 1870.
ÜNIVÊRSITATSJ
ee.ieTHE
•iiipzKj .
E-.A-
c ?
TOLITIQJUE
DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
VA V
A v
Paraissant tous les Dimanches
* ABONNEMENTS :
Paris, un an. 15 ir.
— six mois... 8 fr.
UN NUMÉRO : 2 0 CENT.
RÉDACTION : Rue Vivienne, $5 > Paris
Comptes rendus & annonces de ventes publiques de tableaux
dessins, estampes, bronzes, ivoires, médailles, livres rares, autographes
émaux, porcelaines, armes, objets de curiosité, &c., &c.
Nouvelles des galeries publiques, des ateliers. — Correspondances étrangères
Bibliographie des livres, articles de revues & estampes
publiées en F rance & à l’Etranger. — Revue des arts industriels
Expositions de Province & de l’Étranger-
Paraissant tous les Dimanches
ABONNEMENTS :
Départements, un an. 18 fr.
— six mois. 10 fr.
Etranger, le porc en sus.
ADMINISTRATION : Rue Vivienne , 55, Paris
AVIS IMPORTANT.
Nous croyons devoir rappeler à
nos Abonnés que nous pouvons en-
core disposer en leur faveur de quel-
ques collections complètes de l'Art pour
tous du 1er janvier 18G0 au. 31 dé-
cembre 1869, mais de quelques collec-
tions seulement, au prix, de 120 francs,
au lieu de 212 francs que chaque exem-
plaire coûte en librairie. Les souscrip-
teurs qui désireraient profiter de cet
avantage considérable devront ajouter
30 francs au montant de leur abonne-
ment à la Gazette des Peaux-Arts, et
s’engager à payer 30 francs le 1er avril,
30 francs le 1P1 juillet et 30 francs le
1er octobre.
LA
SOCIÉTÉ ARTISTIQUE DE NORMANDIE
ET LA
SOCIÉTÉ DES AMIS DES ARTS
DE ROUEN.
Si la concurrence a ses dangers et ses
inconvénients, il faut reconnaître quelle
a aussi ses avantages. Ennemie-née
de la torpeur et de la routine, elle
ravive le zèle et l’émulation, elle im-
prime à la marche une impulsion nou-
velle, elle tire de l’ornière ceux qui,
sans elle, y seraient restés indéfiniment,
elle redresse les vieux errements, elle
ouvre à tous les efforts une voie plus
large et plus généreuse. « En avant ! »
tel est son cri de ralliement, telle est sa
devise. Ces réflexions nous sont suggé-
rées par ce qui vient de se passer à
Rouen, et dont voici l’exposé succinct :
Tout le monde sait qu’il a été fondé
dans cette ville, en 1834, une société
sous le titre de Société des Amis clés arts
de Rouen. Depuis sa réorganisation en
1859, elle a toujours compté de 350 à
360 membres payant une cotisation de
30 francs. Son but est d’encourager l’art
et les artistes normands par des acquisi-
tions faites aux expositions organisées
tous les deux ans par la ville. D’après
les renseignements que nous tenons de
bonne source, les acquisitions d’œuvres
d’art faites depuis 1859 par cette Société,
par la municipalité pour le Musée, et
par des amateurs, forment un total de
200,000 francs. Deux cent mille francs
pendant une période de dix années, il
faut avouer que ce n’est pas ruineux pour
une aussi grande ville.
A tort ou à raison on reproche à la
Société des Amis clés arts de Rouen de
n’avoir pas compris sa mission; son bureau
aurait beaucoup trop prolongé son em-
pire, la commission d’acquisitions aurait
été formée à plusieurs reprises sans que
la Société ait été préalablement consul-
tée, ce qui la reléguait à un arrière-plan
sans qu’elle pût formuler ses vœux et ses
besoins. Enfin, et cela n’aurait pas peu
contribué à lui aliéner la sympathie des
artistes eux-mêmes, les acquisitions au-
raient été faites avec un esprit trop mer-
cantile et Ton aurait parfois profité de la
position difficile de quelques-uns pour
acheter leurs œuvres à vil prix. Ces griefs,
qui ne manquent pas de fondement et
que nous récapitulons à regret, ont eu
pour résultat d’éloigner beaucoup de per-
sonnes qui se seraient empressées de
participer à une institution qui doit être
réellement protectrice des Beaux-Arts.
Devant un état de choses qui laissait
tant à désirer, et pour combattre effica-
cement les abus que nous venons de
mentionner, une nouvelle Société artisti-
que s’est fondée sous le titre de Société
artistique de Normandie. Elle naît à
peine, et elle compte déjà près de
250 membres dont le nombre tend à
augmenter chaque jour. Profitant des
errements de son aînée et se gardant
avec soin de ses fautes et de ses fai-
blesses, cette dernière institution a ré-
digé un programme, auquel nous ne
pouvons qu’applaudir, et dont voici les
principaux points :
Nomination du bureau par l’assemblée
générale des actionnaires, renouvelle-
ment partiel de ce bureau à chaque ex-
position et nomination de la commission
d’acquisitions par la Société entière; ad-
mission au sein de cette commission des
artistes qui, loin d’être tenus en suspi-
cion, sont considérés au contraire comme
des conseils éclairés et utiles; achat le
plus consciencieux possible des œuvres
d’art et respect en même temps de la
légitime susceptibilité des artistes en
évitant tout marchandage blessant et
spéculateur; cotisations fixées à la mo-
deste somme de 10 francs; création de
billets de loterie à 1 franc, expansion par
cela même du goût des arts jusque dans
les familles les moins fortunées.
Il faut espérer que cette nouvelle So-
ciété fera mieux que d’enlever quelques
membres à l’ancienne, qu’elle ne bornera
pas là son rôle, et que, l’émulation ai-
dant, de respectables ressources s’ajou-
teront à la somme assez maigre, eu
égard à l’importance et à la richesse de
la vieille cité rouennaise, que ses ama-
teurs consacrent tous les deux ans à
l’acquisition d’œuvres d’art.
Quelle a été l’influence de cette louable
rivalité? La voici : La Société clés Amis
clés arts de Rouen, en approuvant tout
récemment le rapport de son président,
a émis le vœu « que les expositions re-
devinssent annuelles, comme elles étaient
avant 18A7, et que la direction et l’or-
ganisation de ces exhibitions fussent con-
fiées à la Société. » Le tout, bien en-
tendu , aux frais de l’administration
municipale. Celle-ci, d’ailleurs, n’est
pas demeurée inactive, car ses acquisi-
tions, à peu près nulles sous l’ancienne
direction, se montent maintenant, lors
de chaque exposition nouvelle, à une
somme approximative de 12,000 francs.
Différents tableaux de MM. Corot, Ph.
Rousseau, Ziem, etc., sont entrés cette
année au musée de la ville, qui a reçu en
outre du ministère des Beaux-Arts des
toiles de MM. Laugée et Ch. Giraud.
Grâce à la concurrence, la Société des
Amis clés arts de Rouen, obéissant à
l’éperon, a fait subir à son programme
d’heureuses modifications. Les arts et les
artistes ne peuvent que gagner à ce
double courant d’émulation, car, indé-
pendamment d’un accès plus facile pour
les sociétaires, puisque la Société artis-
tique de Normandie a fixé la cotisation
annuelle à 10 francs, les artistes devront
trouver désormais à Rouen une voie plus
large et’plus sûre pour le placement de
leurs œuvres.
Deux Sociétés artistiques pour la grande
cité normande, ce n’est pas trop; sa po-
pulation est assez considérable pour les
alimenter et les faire vivre. Nous avions
donc raison de le dire en commençant :
la concurrence a son bon côté.
L. Desprez.
—-«.ces»»».»,
LES ARTS AU MOYEN AGE
et a l’époque de la renaissance
Par M. Paul Lacroix h
En même temps que l’on doit beaucoup
d’estime aux travaux des spécialistes, il me
1. Ouvrage illustré de dix-neuf planches chromo-
lithographiques et de quatre cents gravures sur bois.
2e édition. Paris. Firmin Didot frères, éditeur. 18G9.
1 vol. grand in-8.
semble qu’il est juste d’accorder un vif in-
térêt aux résumés d’ensemble. Ils présen-
tent à la foule l’état actuel des connaissances
acquises et ils la conduisent à s’intéresser à
des questions qui, la veille encore, lui sem-
blaient pédantes ou oiseuses.
L’idée de ces encyclopédies portatives et
familières est toute nouvelle. Elle a aidé
beaucoup à la création si confuse encore et
à l’agrandissement si imparfait de nos col-
lections nationales.
Le grand ouvrage le Moyen âge et la Re-
naissance, publié en collaboration amicale
et sous la direction attentive de Ferdinand
Seré et M. Paul Lacroix, a donné le signal
et a eu une grande influence sur les classes
bourgeoises. Sans ce livre, les travaux de
spécialistes aussi éminents que MM. Jules
Labarte ou Albert Jacquemart eussent été
reculés de dix ans.
M. Paul Lacroix a fait, fan dernier, dans
cette vaste publication, qui comprend cinq
forts volumes, un choix de matières et de
gravures. Il a remanié le texte et ajouté des
chromolithographies plus parfaites ou des
bois plus complets. La première édition de
ce nouveau livre, qui a pris pour titre les Arts
au Moyen âge et à l'époque cle la Renaissance,
a été si rapidement épuisée que les éditeurs,
MM. Firmin Didot frères, se sont trouvés un
moment sans exemplaires.
J’ai sous les yeux la deuxième édition,
revue, ajoute la couverture. Et cela est tout
simple, car dans des travaux de cet ordre,
quand on relit les pages imprimées, on
couvre les marges — j’en sais quelque
chose pour les Chefs-d’œuvre des Arts indus-
triels — de corrections, d’observations, de
faits nouveaux. C’est pis que la tapisserie
de Pénélope : au moins si la chaste et royale
ouvrière s’était trompée la veille, le lende-
main il ne restait plus trace de ses erreurs.
La Gazette a consacré un article spécial à
ce livre des Arts au Moyen âge et à l’époque
de la Renaissance. L’article est bienveillant
et. clair. Je n’aurai rien à y ajouter, car ou
n’aborde pas facilement le détail d’un vo-
lume de 600 pages, bourré de faits ou de
citations. Après une première lecture du
livre, on ne peut que signaler les chapitres
qui vous ont le plus frappé. Parmi ceux-ci,
le chapitre consacré à l'imprimerie me sem-
ble particulièrement bien informé et bien ré-
digé.
Je ne ferai à M. Lacroix qu’un reproche,
c’est la division de matières qu’il a adop-
tée. L’extrême morcellement de séries qui
souvent rentrent de bien près les unes dans
les autres laisse peu de place au dévelop-
pement des idées générales et inflige au
chapitre lui-même une sorte de maigreur.
On se souvient trop, par exemple, en lisant
la Céramique, des travaux complets récem-
ment publiés; ainsi pour les Vitraux, ainsi
pour Y Architecture. Il eût mieux valu, ce
9e Année.
— N° i —
2 Janvier 1870.
ÜNIVÊRSITATSJ
ee.ieTHE
•iiipzKj .
E-.A-
c ?
TOLITIQJUE
DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
VA V
A v
Paraissant tous les Dimanches
* ABONNEMENTS :
Paris, un an. 15 ir.
— six mois... 8 fr.
UN NUMÉRO : 2 0 CENT.
RÉDACTION : Rue Vivienne, $5 > Paris
Comptes rendus & annonces de ventes publiques de tableaux
dessins, estampes, bronzes, ivoires, médailles, livres rares, autographes
émaux, porcelaines, armes, objets de curiosité, &c., &c.
Nouvelles des galeries publiques, des ateliers. — Correspondances étrangères
Bibliographie des livres, articles de revues & estampes
publiées en F rance & à l’Etranger. — Revue des arts industriels
Expositions de Province & de l’Étranger-
Paraissant tous les Dimanches
ABONNEMENTS :
Départements, un an. 18 fr.
— six mois. 10 fr.
Etranger, le porc en sus.
ADMINISTRATION : Rue Vivienne , 55, Paris
AVIS IMPORTANT.
Nous croyons devoir rappeler à
nos Abonnés que nous pouvons en-
core disposer en leur faveur de quel-
ques collections complètes de l'Art pour
tous du 1er janvier 18G0 au. 31 dé-
cembre 1869, mais de quelques collec-
tions seulement, au prix, de 120 francs,
au lieu de 212 francs que chaque exem-
plaire coûte en librairie. Les souscrip-
teurs qui désireraient profiter de cet
avantage considérable devront ajouter
30 francs au montant de leur abonne-
ment à la Gazette des Peaux-Arts, et
s’engager à payer 30 francs le 1er avril,
30 francs le 1P1 juillet et 30 francs le
1er octobre.
LA
SOCIÉTÉ ARTISTIQUE DE NORMANDIE
ET LA
SOCIÉTÉ DES AMIS DES ARTS
DE ROUEN.
Si la concurrence a ses dangers et ses
inconvénients, il faut reconnaître quelle
a aussi ses avantages. Ennemie-née
de la torpeur et de la routine, elle
ravive le zèle et l’émulation, elle im-
prime à la marche une impulsion nou-
velle, elle tire de l’ornière ceux qui,
sans elle, y seraient restés indéfiniment,
elle redresse les vieux errements, elle
ouvre à tous les efforts une voie plus
large et plus généreuse. « En avant ! »
tel est son cri de ralliement, telle est sa
devise. Ces réflexions nous sont suggé-
rées par ce qui vient de se passer à
Rouen, et dont voici l’exposé succinct :
Tout le monde sait qu’il a été fondé
dans cette ville, en 1834, une société
sous le titre de Société des Amis clés arts
de Rouen. Depuis sa réorganisation en
1859, elle a toujours compté de 350 à
360 membres payant une cotisation de
30 francs. Son but est d’encourager l’art
et les artistes normands par des acquisi-
tions faites aux expositions organisées
tous les deux ans par la ville. D’après
les renseignements que nous tenons de
bonne source, les acquisitions d’œuvres
d’art faites depuis 1859 par cette Société,
par la municipalité pour le Musée, et
par des amateurs, forment un total de
200,000 francs. Deux cent mille francs
pendant une période de dix années, il
faut avouer que ce n’est pas ruineux pour
une aussi grande ville.
A tort ou à raison on reproche à la
Société des Amis clés arts de Rouen de
n’avoir pas compris sa mission; son bureau
aurait beaucoup trop prolongé son em-
pire, la commission d’acquisitions aurait
été formée à plusieurs reprises sans que
la Société ait été préalablement consul-
tée, ce qui la reléguait à un arrière-plan
sans qu’elle pût formuler ses vœux et ses
besoins. Enfin, et cela n’aurait pas peu
contribué à lui aliéner la sympathie des
artistes eux-mêmes, les acquisitions au-
raient été faites avec un esprit trop mer-
cantile et Ton aurait parfois profité de la
position difficile de quelques-uns pour
acheter leurs œuvres à vil prix. Ces griefs,
qui ne manquent pas de fondement et
que nous récapitulons à regret, ont eu
pour résultat d’éloigner beaucoup de per-
sonnes qui se seraient empressées de
participer à une institution qui doit être
réellement protectrice des Beaux-Arts.
Devant un état de choses qui laissait
tant à désirer, et pour combattre effica-
cement les abus que nous venons de
mentionner, une nouvelle Société artisti-
que s’est fondée sous le titre de Société
artistique de Normandie. Elle naît à
peine, et elle compte déjà près de
250 membres dont le nombre tend à
augmenter chaque jour. Profitant des
errements de son aînée et se gardant
avec soin de ses fautes et de ses fai-
blesses, cette dernière institution a ré-
digé un programme, auquel nous ne
pouvons qu’applaudir, et dont voici les
principaux points :
Nomination du bureau par l’assemblée
générale des actionnaires, renouvelle-
ment partiel de ce bureau à chaque ex-
position et nomination de la commission
d’acquisitions par la Société entière; ad-
mission au sein de cette commission des
artistes qui, loin d’être tenus en suspi-
cion, sont considérés au contraire comme
des conseils éclairés et utiles; achat le
plus consciencieux possible des œuvres
d’art et respect en même temps de la
légitime susceptibilité des artistes en
évitant tout marchandage blessant et
spéculateur; cotisations fixées à la mo-
deste somme de 10 francs; création de
billets de loterie à 1 franc, expansion par
cela même du goût des arts jusque dans
les familles les moins fortunées.
Il faut espérer que cette nouvelle So-
ciété fera mieux que d’enlever quelques
membres à l’ancienne, qu’elle ne bornera
pas là son rôle, et que, l’émulation ai-
dant, de respectables ressources s’ajou-
teront à la somme assez maigre, eu
égard à l’importance et à la richesse de
la vieille cité rouennaise, que ses ama-
teurs consacrent tous les deux ans à
l’acquisition d’œuvres d’art.
Quelle a été l’influence de cette louable
rivalité? La voici : La Société clés Amis
clés arts de Rouen, en approuvant tout
récemment le rapport de son président,
a émis le vœu « que les expositions re-
devinssent annuelles, comme elles étaient
avant 18A7, et que la direction et l’or-
ganisation de ces exhibitions fussent con-
fiées à la Société. » Le tout, bien en-
tendu , aux frais de l’administration
municipale. Celle-ci, d’ailleurs, n’est
pas demeurée inactive, car ses acquisi-
tions, à peu près nulles sous l’ancienne
direction, se montent maintenant, lors
de chaque exposition nouvelle, à une
somme approximative de 12,000 francs.
Différents tableaux de MM. Corot, Ph.
Rousseau, Ziem, etc., sont entrés cette
année au musée de la ville, qui a reçu en
outre du ministère des Beaux-Arts des
toiles de MM. Laugée et Ch. Giraud.
Grâce à la concurrence, la Société des
Amis clés arts de Rouen, obéissant à
l’éperon, a fait subir à son programme
d’heureuses modifications. Les arts et les
artistes ne peuvent que gagner à ce
double courant d’émulation, car, indé-
pendamment d’un accès plus facile pour
les sociétaires, puisque la Société artis-
tique de Normandie a fixé la cotisation
annuelle à 10 francs, les artistes devront
trouver désormais à Rouen une voie plus
large et’plus sûre pour le placement de
leurs œuvres.
Deux Sociétés artistiques pour la grande
cité normande, ce n’est pas trop; sa po-
pulation est assez considérable pour les
alimenter et les faire vivre. Nous avions
donc raison de le dire en commençant :
la concurrence a son bon côté.
L. Desprez.
—-«.ces»»».»,
LES ARTS AU MOYEN AGE
et a l’époque de la renaissance
Par M. Paul Lacroix h
En même temps que l’on doit beaucoup
d’estime aux travaux des spécialistes, il me
1. Ouvrage illustré de dix-neuf planches chromo-
lithographiques et de quatre cents gravures sur bois.
2e édition. Paris. Firmin Didot frères, éditeur. 18G9.
1 vol. grand in-8.
semble qu’il est juste d’accorder un vif in-
térêt aux résumés d’ensemble. Ils présen-
tent à la foule l’état actuel des connaissances
acquises et ils la conduisent à s’intéresser à
des questions qui, la veille encore, lui sem-
blaient pédantes ou oiseuses.
L’idée de ces encyclopédies portatives et
familières est toute nouvelle. Elle a aidé
beaucoup à la création si confuse encore et
à l’agrandissement si imparfait de nos col-
lections nationales.
Le grand ouvrage le Moyen âge et la Re-
naissance, publié en collaboration amicale
et sous la direction attentive de Ferdinand
Seré et M. Paul Lacroix, a donné le signal
et a eu une grande influence sur les classes
bourgeoises. Sans ce livre, les travaux de
spécialistes aussi éminents que MM. Jules
Labarte ou Albert Jacquemart eussent été
reculés de dix ans.
M. Paul Lacroix a fait, fan dernier, dans
cette vaste publication, qui comprend cinq
forts volumes, un choix de matières et de
gravures. Il a remanié le texte et ajouté des
chromolithographies plus parfaites ou des
bois plus complets. La première édition de
ce nouveau livre, qui a pris pour titre les Arts
au Moyen âge et à l'époque cle la Renaissance,
a été si rapidement épuisée que les éditeurs,
MM. Firmin Didot frères, se sont trouvés un
moment sans exemplaires.
J’ai sous les yeux la deuxième édition,
revue, ajoute la couverture. Et cela est tout
simple, car dans des travaux de cet ordre,
quand on relit les pages imprimées, on
couvre les marges — j’en sais quelque
chose pour les Chefs-d’œuvre des Arts indus-
triels — de corrections, d’observations, de
faits nouveaux. C’est pis que la tapisserie
de Pénélope : au moins si la chaste et royale
ouvrière s’était trompée la veille, le lende-
main il ne restait plus trace de ses erreurs.
La Gazette a consacré un article spécial à
ce livre des Arts au Moyen âge et à l’époque
de la Renaissance. L’article est bienveillant
et. clair. Je n’aurai rien à y ajouter, car ou
n’aborde pas facilement le détail d’un vo-
lume de 600 pages, bourré de faits ou de
citations. Après une première lecture du
livre, on ne peut que signaler les chapitres
qui vous ont le plus frappé. Parmi ceux-ci,
le chapitre consacré à l'imprimerie me sem-
ble particulièrement bien informé et bien ré-
digé.
Je ne ferai à M. Lacroix qu’un reproche,
c’est la division de matières qu’il a adop-
tée. L’extrême morcellement de séries qui
souvent rentrent de bien près les unes dans
les autres laisse peu de place au dévelop-
pement des idées générales et inflige au
chapitre lui-même une sorte de maigreur.
On se souvient trop, par exemple, en lisant
la Céramique, des travaux complets récem-
ment publiés; ainsi pour les Vitraux, ainsi
pour Y Architecture. Il eût mieux valu, ce