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9e Année

- N" 35

28 Août 1870.

DES ARTS

ET

TOIITIQJUE

DE LA CURIOSITÉ

Paraissant tous les Dimanches

ABONNEMENTS

Paris, un an.

■— six mois.

UN NUMÉRO : 2 0 CENT.

15 fr.
8 fr.

Comptes rendus & annonces deveites publiques de tableaux
dessins, estampes^ bronzes, ivoires, médailles, livres rares, autographes
émaux, porcelaines, armes, objets de curiosité^, &c., &c.

Nouvelles des galeries publiques, des ateliers. — Correspondances étrangères
Bibliographie des livres, articles1 de revues & estampes
publiées en France & à l’Etranger. —i Revue des arts industriels

Paraissant tous les Dimanches

ABONNEMENTS :

Départements, un an. 18 fr.'

— six mois. 10 fr.

Etranger, le port en, sus.

RÉDACTION : Rue Vivienne} 55j Paris


.. /

ADMINISTRATION : Rue Vivienne, 55, Paris





Le dessin de M. Machard ne manque pas ! si

Telle tournureüqui a obtenu une médaille

celui de M. Leyraud, qui est essentiellement

LES ENVOIS DE ROME.

Depuis que les pensionnaires de l’Aca-
démie de France à Rome sont astreints à ne
venir qu’accompagnés d’une œuvre de leur
composition, jamais, croyons-nous, il n’avait
été donné de voir un plus pitoyable envoi de
cinquième année que celui de M. Leyraud;
mais jamais aussi il n’y en eut de plus vaste,
ce qui n’est pas une compensation.

Cela est intitulé les Brigands.

Un Anglais blond, en veste de velours, cu-
lotte grise et bottes molles, un vrai ténor
d’opéra-comique, se promenait à cheval
avec « milady », et ils ont été arrêtés dans
une gorge profonde par une troupe de sa-
cripants. L’Anglais est assis près d’une pierre
où est posé « tout ce qu’il faut pour écrire » ;
milady, agenouillée à terre, se presse contre
lui, ne laissant voir que sa nuque, son dos et
le reste que dessinent les plis indiscrets de
son amazone. Le chef, debout de l’autre
côté, le revolver en main, tend une plume.
Huit brigands sont groupés autour de lui, en
avant d’un berger, l’espion probable de la
bande ; six autres entourent le groupe des
voyageurs. Deux au fond s’occupent des
chevaux et de la valise des prisonniers. La
scène s’allonge au pied d’escarpements ro-
cheux d’un gris sale qui est la couleur do-
minante du tableau. Les bleus et les verts
atténués, les roux et les bruns des costumes
y forment d’aussi tristes modulations que
des loques sordides dans la hotte d’un chif-
fonnier. Les carnations sont d’un ton ter-
reux, et quant aux physionomies, elles ont
cela de louable qu’elles dépoétisent les bri-
gands. Ceux-là sont bien destinés au bagne
et n’ont rien de l’héroïsme que Schnetz et
Léopold Robert s’étaient plu à leur donner.
Quant à du dessin et à du modelé, il n’en
faut pas demander au tableau de M. Ley-
raud.

Nous entrons dans un art plus élevé avec
la Mort de Méduse, tableau de M. Machard,
élève de quatrième année.

Méduse, blonde et blanche, est couchée
sur des rocs en gradins, les deux bras par-
dessus la tête et les jambes légèrement re-
pliées, vue à peu près de profil. En arrière,
Persée descend vers elle, penché en avant,
et se retenant de la main gauche à une tige
de figuier sauvage qui rampe parmi les ro-
chers, et tenant de la droite, portée en ar-
rière, le harpé, glaive dont une branche se
détache recourbée en faucille. Minerve est
debout en arrière, à droite, tenant de ses
deux mains son bouclier incliné vers le
visage de Méduse qui doit s’y refléter, mais
qui, eu égard à la position respective des
deux personnages, ne peut s’y refléter que
mal. Persée, on le sait, ne doit voir que cette
image seule, et c’est elle qui doit le guider
pour frapper la Gorgone.

d’ampleur, mais son modelé est superficiel.
Il n’y a aucune ossature sous les muscles de
ses personnages, et quelques parties ne sont
qu’ébauchées, comme la tête de Persée et
la figure entière de Minerve. Le peintre a
réservé tous ses soins et toute l’énergie de
son pinceau pour les rocs amoncelés où se
passe la scène. Ils sont traités d’une façon
supérieure.

La couleur est blonde et agréable, et la
lumière, fort habilement distribuée, venant
du fond à gauche, effleure les draperies roses
qui recouvrent les jambes de Minerve, placée
presque tout entière dans la demi-teinte,
éclaire le flanc droit de Persée et frappe sur
la poitrine de Méduse.

M. Régnault — l’auteur de la Salomè —
a fait, pour son envoi réglementaire de
troisième année, la copie du tableau de Ve-
lasquez, célèbre sous le nom de : les Lances.
Ceux qui connaissent l’original reprochent
à la copie de manquer d’unité dans les colo-
rations générales.

M. Régnault a en outre envoyé un tableau
qui certes fera plus de bruit encore que
celui du dernier Salon. — Un Maure, aux
chairs bronzés, debout sur des degrés, vient
de trancher une tête et essuie à un pan de
sa robe son yatagan ensanglanté. — La
tête tranchée grimace au milieu de flaques
de sang, au-dessous du cadavre tombé sur
le côté. M. Régnault a voulu peindre une
figure calme sur un fond agité. La scène se
passe en effet à l’entrée d’une salle de style
arabe où les mille ornements de faïence et
de stuc, peint et doré scintillent et rayonnent
dans une harmonie jonquille, où le jaune
d’or domine. Le bourreau est vêtu d’une
ample robe de couleur saumonée, qui
tombe droit et dissimule trop un corps
absent. Une de ses larges manches, seule,
recouvre une épaule dont le dessin se de-
vine assez mal, tandis que l’autre épaule
est nue ainsi qu’une partie de la poitrine,
le tout d’un contour quelque peu singulier.
Sa tête, fort belle, est animée d’un senti-
ment d’impassible férocité. La tête du dé-
capité, s’enlevant sur le blanc des marches
et le rouge du sang, le corps revêtu de
vert de deux teintes, servent de repoussoir à
cette figure ainsi qu’au fond , peints en
pleine lumière et presque sans ombres,
les reflets ayant même éclat que les par-
ties directement éclairées. Tout est jeu de co-
loriste dans cette toile éclatante, qui assom-
brit fout ce qui l’environne. Mais qu’y
a-t-il derrière cette fantasmagorie de colo-
rations exaspérées?

L'Enlèvement du Palladium, parM. Blanc,
pensionnaire de deuxième année, montre
des préoccupations archéologico-fantaisistes
qui promettent un peintre de genre plutôt
qu’un peintre d’histoire, contrairement à ce
qu’aurait pu faire supposer le Persée d’une

au Salon de cette année.

Ulysse s’est introduit dans le sanctuaire.
Un pied posé sur le degré de l’autel, le
genou appuyé sur l’autel lui-même, la tête
retournée et en arrière vers la porte qu’on
devine à son vantail ouvert, il charge sur
son épaule la statue chryséléphantine de la
déesse. Diomède s’avance du fond, un glaive
en main, s’apprêtant à protéger sa retraite.
En avant de l’autel, un jeune homme nu, un
Troyen sans doute, s’accrochant encore d’une
main à une moulure du soubassement, est
tombé à la renverse, blessé par une flèche,
sur la peau de tigre qui lui servait de vête-
ment. La mise en scène est excellente, et
l’action se devine aisément.

Le vêtement a été la grande préoccupa-
tion de M. Blanc. Ulysse,,à moitié nu, porte
une espèce de cuirasse d’étoffe brodée d’or,
retenue par une ceinture de velours noir et
qui a quelque chose qui participe de la fusta-
nelle et de la draperie. Un glaive à poignée
et à fourreau d’ivoire est en travers à son côté.
Diomède, chaussé de cnémides, et vêtu au
hasard, porte un ample manteau agrafé sur
la poitrine, dont un pan a été relevé par-
dessus sa tête afin de dégager le bras droit.
Peut-on'admettre que pour une expédition
comme celle-là on aille s’affubler d’une dra-
perie aussi gênante?

Un grand tapis, dont les motifs sont in-
spirés des ornements des vases archaïques,
orné du gorgonium au centre, qui couvre le
mur derrrière la statue, et un plafond à
poutres peintes, forment un fond coloré où
les tons rouges dominent et sur lequel s’en-
lèvent les personnages dont les carnations
sont modelées avec des tons gris très-agréa-
bles, mais dont le dessin laisse parfois à
désirer, surtout dans le Diomède.

Si l’influence de M. Régnault se devine
dans la composition de M. Blanc, elle est
évidente dans YÉtude de femme de M. Blan-
chard, élève de première année. — Le
même modèle que h Salomè a dû lui servir,
— c’est du moins le même type, — et l’on
retrouve le même jaune de Chine éclatant
dans les draperies de soie qui accompagnent
la femme et forment la partie la plus réussie
du tableau. Celle-ci est nue, couchée sur un
lit, le buste relevé, la tête toute dans la
demi-teinte et jouant avec une couleuvre
qui s’enroule autour de son bras levé et
beaucoup trop petit. Les hanches et les
jambes sont en avant, seules éclairées, se
rattachant maladroitement avec le torse qui
est verdâtre et mal dessiné. Un tapis persan
cachant 1e mur, une draperie rose étendue
au pied de lit, et des rideaux jaunes enve-
loppent les linges blancs sur lesquels est
couchée cette figure où les tons bronzés do-
minent. Cette étude est d’un artiste préoc-
cupé surtout du coloris.

En résumé, les envois des peintres, sauf

détestable, promettent des artistes agréables
plutôt que forts, spirituels plutôt que nova-
teurs et hardis.

M. Barrias, pensionnaire de quatrième an-
née, a fait l’envoi d’un groupe fort impor-
tant intitulé : Serment de Spartacus. Un vieil
esclave mis en croix sur un tronc d’arbre
s’affaisse sous le poids de son corps. 11 est
retenu par une branche de l’arbre passée
sous son aisselle droite, ainsi que parle
clou fiché à travers l’un de ses pieds. La
tête tombe du côfé opposé, ainsi que le
bras. De ce côté, Spartacus est debout, droit
sur ses deux jambes, soutenant sur sa tête
celle de l’esclave, et de l’épaule gauche son
aisselle, tandis que sa main caresse la main
inerte du supplicié; l’autre bras s’allonge
en avant du corps, par-dessus les cuisses
repliées, tenant avec force un poignard. La
figure respire la rancune, mais peut-être
dans tout son corps ne devine-t-on pas la
même énergie que sur son visage. Les mus-
cles manquent un peu de tension et d’ac-
cent. Le corps de l’esclave est puissam-
ment modelé ; l'on y devine une étude
attentive de Michel-Ange, et cela sort un
peu des mièvreries à la mode.

Le David vainqueur de M. Mercié, élève
de première année, n’est peut-être pas tout
à fait le David biblique, mais c’est une fort
heureuse réminiscence du Persée de Cellini.
11 en a presque le profil, mais avec des
formes moins redondantes. C’est un jeune
homme un peu maigre, la tête enveloppée
d’un linge, qui debout, un pied posé sur une
tête de colosse, remet au fourreau un yata-
gan. Cette figure, qui n’est encore qu’en
plâtre, fera un bronze très-remarquable.

M. Mercié a complété son envoi par une
copie en marbre de l'Enfant au masque.

M. Noël, qui est également à la première
année de pension, a envoyé un bas-relief
oblong qu’il appelle Y Ensevelissement.

Une femme vieille, le haut du corps nu,
est agenouillée derrière le cadavre, couché
à terre, d’une femme que la mort a frap-
pée dans toute la force de l’âge et dans
toute la maturité de ses formes; et d’un
bras, dont le dessin est fort beau, elle la
soulève. Peut-être ne sent-on pas assez l’a-
bandon et l’affaissement de la mort dans le
corps, qui est celui d’un çtre endormi plu-
tôt qu’un cadavre. Mais ces deux figures
d’une grande tournure rappellent les Mise
au tombeau de Baccio-Bandinelli.

Cet envoi est accompagné d’une copie
de marbre d’une exécution fort sèche, d’a-
près l’une de ces muses banales comme il
y en a tant dans lesmuséesde Rome, œuvre
qui n’a pas dû apprendre davantage à
à M. Noël qu’elle ne nous renseignera.

M. Degeorge, graveur en médailles, élève
de trosième année, est représenté par uu
médaillon, projet de la médaille destinée à
 
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