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9® Année.

N° 14 -

3 Avril 1870.

LA CHRONIQUE

TOLITIQJJE

DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ

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Paraissant tous les Dimanches

ABONNEMENTS :

Paris , un an. . 15 fr.

. 8 fr.

— six mois.

UN NUMÉRO : 2 0 CENT.

RED AC T10 N : Rue Vivienne i 553 Paris

Comptes rendus & annonces de ventes publiques de tableaux
dessins, estampes ,, bronzes, ivoires, médailles, livres rares, autographes
émaux, porcelaines, armes, objets de curiosité^ &c., &c.

Nouvelles des galeries publiques, des ateliers. — Correspondances étrangères
Bibliographie des livres, articles de revues & estampes
publiées en F rance & à l’Etranger. — Revue des arts industriels
Expositions de Province & de l’Etranger-

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paraissant tous les Dimanches

ABONNEMENTS :

Départements., un an. 18 ff.

— six mois. 10 fr/

Etranger, le porc en sus.

ADMINISTRATION : Rue Vivienne, 55, Pari»

UN MUSÉE DE SCULPTURE

A OUVRIR.

Un des premiers et des plus impérieux
devoirs pour le ministère des beaux-arts
est de se préoccuper des collections pla-
cées sous sa dépendance et de les dispo-
ser de façon à les rendre aussi profitables
que possible à l’instruction générale.
Ne reste-t-il rien à faire de ce côté? Per-
sonne n’oserait l’affirmer.

A l’École des beaux-arts, il existe des
collections de plâtres d’une inestimable
richesse et qui n’ont été, jusqu’à ce jour,
que très-imparfaitement utilisées. Entas-
sées pêle-mêle dans des salles presque
inaccessibles pour l’étude, ces collections
admirables ne rendent que peu de ser-
vices aux élèves de l’École, et demeurent
en quelque sorte inconnues, car le public
n’est pas admis à les visiter librement.
Et cependant, quelle mine féconde à ex-
ploiter pour l’instruction de tous ! Rangé
avec méthode, ce musée de plâtres, en
réunissant les chefs-d’œuvre dus à la
sculpture de toutes les époques et de
toutes les nations, serait plus profitable
à la science, à l’art et au bon goût que les
musées de la Liste civile, encombrés de
marbres de second ordre, pauvres en
œuvres des grandes écoles grecques, ab-
solument dépourvus de morceaux primi- .
tifs et comptant à peine dix sculptures
des maîtres italiens.

Quelles merveilleuses leçons l’historien,
le philosophe, l’artiste et l’industriel reti-
reraient de leurs visites dans ces salles où
ne se verraient que les chefs-d’œuvre,
et rien que les chefs-d’œuvre, des maîtres
souverains dans l’art! L’histoire de la
sculpture ainsi présentée se graverait sans
effort et pour toujours dans la mémoire;
les avantages qui en résulteraient seraient
inappréciables. Aux artistes, elle ouvri-
rait de larges et nouveaux horizons ; aux
industriels, et particulièrement aux fabri-
cants de bronzes, dont le rôle est si im-
portant dans le commerce parisien, elle
offrirait des types variés et inconnus en-
core; sur le public enfin elle exercerait
une incontestable influence , le goût
et les connaissances des masses ne pou-
vant que se former et s’étendre à la
vue d’œuvres très-diverses de style et
vraiment dignes cUadmiration.

Émile Galichon.

SOUVENIR

DE L’EXPOSITION DE M. DUTUIT1.

A l’une des extrémités de l’Exposition
orientale organisée l’an dernier, au palais
des Champs-Elysées, par Y Union centrale,
une salle fut accordée à M. Dutuit, de Rouen.
Cet amateur, dont les collections aussi riches
que variées sont célèbres, offrit d’y exhiber
une histoire de la gravure. En effet, il la
garnit tout entière avec des eaux-fortes ou
des manières noires, des gravures au burin
ou sur bois, choisies parmi les états les plus
parfaits ou les plus curieux de l’œuvre des
meilleurs peintres ou graveurs. C’était offrir
au public intelligent qui visitait cette expo-
sition un sujet d’intérêt et d’études sans
précédent.

Dans le milieu de la salle, des vitrines ou
des tables vitrées laissaient voir des vases
| grecs, des terres cuites et des bronzes an-
tiques, des livres précieux par la date ou
la perfection de l’impression, la beauté de
la reliure ou les titres de possession anté-
rieure établis par des armoiries frappées
sur les plats, des devises ou des marques
de bibliothèque.

D’autres curiosités — celles-ci purement
orientales — étaient allées , dans d’autres
salles, augmenter le nombre des morceaux
de toutes matières exhibés aussi par de com-
plaisants amateurs.

* Ce n’est là, paraît-il, qu’une portion des
richesses de M. Dutuit, car, notamment, on
sait quels beaux tableaux il a acquis en
vente publique dans ces dernières années.

Il a voulu, entrant ainsi plus profondé-
ment encore dans les sentiments de Y Union
centrale, qu’un catalogue sérieux survécût à
l’exhibition temporaire de ses collections.

Un volume vient de paraître sous ce
titre : Souvenir de l’Exposition de M. Du-
tuit. Il est tiré à petit nombre, sur papier
vergé, format grand in-8 carré. Peu d’exem-
plaires en sont mis dans le commerce, et
M. Dutuit semble les réserver aux abonnés
de la Gazette, comme ayant formé plus spé-
cialement le public d’élite de Y Union. Si
tous 11’ont point été distribués, c’est moins
pour atténuer des frais, qui ont cependant
dûêtre considérables, que pour assurer l’en-
trée de son livre dans les bibliothèques dont
M. Dutuit ne connaît point les possesseurs.

La notice des gravures a été rédigée par
M. Clément, qui avait présidé au choix dans
les cartons et à l’arrangement sur les murs
de la salle. Le nom de chaque maître,
peintre ou graveur, est accompagné d’une
note biographique, et les états des planches

1. Souvenir de l’Exposition de M. Dutuit; extrait
de sa collection. Paris 1869, un vol. grand in-8
carré, orné de trente-quatre gravures, bois et chro-
molithographies tirés hors texte. En vente au bureau
de la Gazette.

exhibées sont soigneusement signalés et
décrits dans leurs traits généraux. C’est là
que se voyait cette célébrissime pièce aux
cent florins, Jésus guérissant les malades,
sur papier du Japon, avant les contre-tailles
sur le cou de l’âne, la plus belle des huit
épreuves de cet état, payée pour M. Dutuit
27,500 francs à Londres, à la vente Palmer.
Ce simple trait donne l’idée du reste de la
collection Dutuit.

M. Potier, l’excellent expert qui, au re-
gret de tous, va quitter le commerce des
livres et vend en ce moment sa propre
bibliothèque, a suppléé M. Dutuit dans la
description de quelques volumes. Le prix
qu’on accorde aujourd’hui aux reliures
historiques donne à ce qui était exhibé une
valeur incalculable.

M. Carie Delange a fourni la notice des
vases grecs, des terres cuites et des bronzes.
M. C. Delange avait présidé à l’arrangement
du reste de la collection, et a dessiné pour
ce volume les pièces les plus intéressantes.

M. Paul Gasnault, dont chacun a remar-
qué l’inépuisable dévouement pendant la du-
rée de cette exhibition, a rédigé le catalogue
des curiosités orientales. Possesseur lui-
même d’une collection qui s’enrichit chaque
jour d’objets judicieusemsnt choisis, M. Paul
Gasnault, recueillant avec une rare modes-
tie tous les renseignements qui peuvent
l’éclairer, M. Paul Gasnault conquiert chaque
jour une plus sérieuse autorité.

A ce volume sont jointes dix planches
chromolithographiques reproduisant, avec
le trompe-l’œil du ton, des vases grecs, des
rhytons, des pièces de céramique chinoise
ou japonaise, un cabinet en vieux laque, et
deux reliures ayant appartenu, l’une à
Henri II, l’autre à ce Grolier, qui, à en juger
par sa devise, tenait beaucoup plus à con-
server ses amis que ses livres.

Quinze bois, tirés hors texte, donnent
des plats de reliures et des reproductions
d’après les originaux de Mantegna, d’Israël
van Mecklen, d’Albert Dürer et de Rem-
brandt. Ici je dois faire une réserve et
signaler tout ce qu’a de malencontreux l’in-
troduction de bois d’une exécution insuffi-
sante au milieu d’une série de fac-similé
souvent surprenants. Le bois supporte bien
rarement le tirage à part, mais il est sur-
tout écrasé par la juxtaposition des épreuves
de burin et d’eau-forte, dont l’effet est bien
autrement accentué.

La véritable curiosité de ce livre est
dans les étonnants fac-similé que M. Dutuit
a demandés à M. Amand Durand, d’après des
épreuves superbes de Claude Lorrain, Rem-
brandt, Van Dyck et Ruysdaël. M. Amand
Durand opère d’après des procédés dont
j’ignore le détail, mais où la photographie
joue le rôle de dessinateur et de graveur.

Il ne reste, je crois, que les remorsures et
les retouches. Le résultat dépasse, dans le

portrait de Rembrandt accoudé, tout ce que
l’on a tenté jusqu’à ce jour. Les traits les
plus délicats sont reproduits avec leur va-
leur, ainsi que les inégalités de morsure
dans l’eau-forte de Van Dyck. Les noirs seuls
offrent encore quelque opacité, mais en
somme on est, en regardant les épreuves
de ces fac-similé, aussi près des originaux
qu’il est humainement possible de le ré-
clamer.

Ces fac-similé ont été tirés par ,M. Sal-
mon avec un soin remarquable. La part de
l’imprimeur est pour quelque chose dans
de tels résultats et mérite d’être signalée.

Je n’ai point à insister sur l’importance*
que pourraient acquérir ces publications, si
l’exemple en était suivi par les riches ama-
teurs. VUnion centrale est la promotrice de
ces généreuses idées; il faut la seconder
largement et élargir le cercle de son action.
Qu’elle continue ses intéressantes et instruc-
tives exhibitions. Que les exposants imitent
M. Dutuit, et en quelques années la France
aura les catalogues partiels de l’inventaire
général de ses richesses.

Ph. Burty.

CORRESPONDANCE.

A PROPOS D’UN CONCOURS POUR UNE EGLISE.

En réponse à une correspondance nous
donnant des renseignements sur le concours
d’une église à élever à Grenoble, nous rece-
vons la lettre suivante que nous nous faisons
un devoir d’insérer :

« Monsieur le directeur,

« A propos du concours de Grenoble,
permettez-moi de demander à votre esti-
mable journal l’hospitalité pour les lignes
suivantes dont le but est de répondre à l’ar-
ticle publié récemment à ce sujet dans la
Chronique des Beaux-Arts, lequel tend à
prouver que le projet primé ne remplît pas
les conditions du programme.

« Dans ces concours, dont on ne sa urait
trop approuver l’usage, il est de toute né-
cessité que les juges soient impartiaux ; R
importe beaucoup aussi, lorsqu’ils seson’t
montrés tels, que le fait soit reconnu, ou
tout au moins que le contraire ne soit pas
affirmé sans preuves.

u Or, à la suite du concours de Grenoble,
sur quelle preuve s’appuie-t-on pour crier
à l’injustice? On affirme que mon plan, qui
a été classé le premier, ne présente pas da
surface demandée. Il y a là un parti pris
que je ne saurais m’expliquer, ou un malen-
tendu, puisque ce plan renferme une sur-
face intérieure (déduction faite des pleins)
de 912 mètres, alors que le programme de-
mandait seulement une superficie dépassant
900 mètres. D’où vient donc la persistance
 
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