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9e Année.

N° 30 —

24 Juillet 1870.

LA CHRONIQUE

TOLITIQJJE

DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ

Paraissant tous les Dimanches

ABONNEMENTS :

Paris, un an. 15 fr.

. 8 fr.

— six mois.

UN NUMÉRO : 2 0 CENT.

RED AC T10 N : Rue Vivknne} 55} Paris

Comptes rendus & annonces de ventes publiques de tableaux
dessins, estampes, bronzes, ivoires, médailles, livres rares, autographes
émaux, porcelaines, armes, objets de curiosité, &c., &c.

Nouvelles des galeries publiques, des ateliers. — Correspondances étrangères
Bibliographie des livres, articles de revues & estampes
publiées en France & à l’Etranger. — Revue des arts industriels
Expositions de Province & de l’Etranger-

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Paraissant tous les Dimanches

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Départements, un an. 18 fr.

— six mois. 10 fr.

Etranger, le port en sus.

ADMINISTRATION : Rue Vivienne, 55, Paris

SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE GRAVURE.

L’assemblée générale de la Société fran-
çaise de gravure a eu lieu le 5 juillet dernier,
Sa situation est des plus prospères. Au lieu
de deux gravures que ses règlements lui
prescrivent de fournir à ses sociétaires, elle
est à même d’en donner trois, et son état
financier lui permet de commancfer, pour
l’avenir, des planches d’une importance
considérable. Du reste, nous ne pouvons
mieux faire que de mettre sous les yeux
de nos lecteurs le rapport de la Société pour
l’exercice 1869,

« Depuis le compte de l’exercice 1868
que vous avez approuvé dans la dernière
assemblée, générale T l’œuvre de la Société
de gravure a été poursuivie avec la même
ardeur que celle que nous avons mise à la
fonder. Les états que nous allons vous com-
muniquer vous prouveront qu’elle a mar-
ché et prospéré en dépit des circonstances,
qui ont été peu favorables à toutes les en-
treprises. Le nombre des souscripteurs n’a
pas notablement augmenté , mais la vente
des gravures a donné déjà des résultats sa-
tisfaisants, et notre budget, établi à la fin de
l’année 1869, nous a permis de commencer
le service de Tannée courante dans les meil-
leures conditions pour l’avenir de la So-
ciété, puisqu’il nous donne un boni de plus
de dix mille francs. C’est à l’aide de cette
notable économie que nous avons pu,
comme vous le verrez, entreprendre des
travaux importants.

« Messieurs, les recettes de l’exercice 1869
se composent ainsi :

« Souscriptions des membres fonda-
teurs. 19,100 fr.

« Souscriptions des membres
associés. à,300

« Vente de gravures.. 3,710

« Ce qui donne un total de. 27,110 fr.

a Le boni de Tannée précédente , soit
61(3 fr. 30 c., n’est point porté au compte
des recettes de 1869 , puisque, conformé-
ment à votre vote, il en a été disposé pour
la rémunération des employés.

« Voici l’état des dépenses :

« Prix d’acquisition des trois planches du
service de 1869, le Portrait de Sébastien del
Picrmbo et les Fresques de Luini. 13,000 »

« Frais d’impression. 3,111 50

« Frais de recouvrement et

distribution. à91 60

« Propagande. à36 80

« Total des dépenses.... 17,039 90

« Vous le voyez, messieurs, tout en assu-
rant un boni de près de dix mille francs ,
qui nous permettra de plus grandes entre-

prises, votre Comité a‘pu , comme Tannée
de nos débuts, distribuer à chacun des
souscripteurs trois gravures. Les choix qu’il
a faits témoignent de son vif désir de ré-
pondre à la légitime curiosité des amateurs :
il s’est empressé de commander la repro-
duction des Fresques de Luini, dont le
Louvre venait de faire l’acquisition. L’année
1870 est commencée, et nous avons pu dé-
cider à l’avance que le nombre des gravures
ne serait point réduit. Déjà vous avez reçu
l’important fragment d’une des belles
gouaches de Corrège, reproduit par M. Rous-
seau. M. Danguin a reçu la mission de gra-
ver une des perlés de la National Gallery, le
Rêve du Chevalier, par Raphaël, que vous
recevrez cette année avec la Sainte Véro-
nique, gravée par M. Bertinot d’après Le-
sueur. D’autres travaux pour la suite de
notre œuvre sont en voie d’exécution, et,
nous le répétons, c’est grâce à l’économie
que nous nous sommes imposée comme
règle au début que nous avons pu, sans
grever l’avenir et compromettre la Société,
entreprendre des planches longues et coû-
teuses, dont la remise en nos mains ne
peut se faire que dans un délai encore assez
éloigné. Ce système, nous l’espérons, ne
peut avoir que votre approbation ; c’est, à
notre sens, le gage de notre prospérité.

« Aux termes de nos statuts, le Comité
est chargé de la répartition d’un certain
nombre d’épreuves destinées à être offertes
à des personnes que leur zèle pour la pro-
pagation de notre œuvre nous désigne
comme de véritables collaborateurs. A côté
de ce devoir qui nous incombe, nous avons
compris qu’il nous en restait un autre à
accomplir. Notre Société ne peut refuser de
s’associer à d’utiles fondations et rester
étrangère à toute tentative qui a un but
commun avec elle; il nous a paru que nous
devions en votre nom faire preuve de solli-
citude envers deux établissements pour les-
quels nos collections seront de sérieux do-
cuments, et nous avons décidé de faire don
d’un exemplaire de notre œuvre à la Biblio-
thèque de l’École des beaux-arts, ainsi qu’à
celle de l’Union centrale des beaux-arts ap-
pliqués à l’industrie.

« Nous vous demanderons encore, mes-
sieurs, de voter l’allocation annuelle des
employés de la Société et, à cet effet, de
nous autoriser à porter au crédit affecté à
ce sujet la somme de huit cents francs,
qui ne sera que la juste rémunération de
services bien rendus.

« Tel est, messieurs, le résumé de la si-
tuation de la Société en 1869. La persévé-
rance de votre concours, l’ardeur du nôtre ,
assureront, à n’en point douter, le succès
d’une entreprise honorable et dont les ré-
sultats seront féconds avec le temps et la
prospérité. »

, L. Desprez.

LE SCULPTEUR DANOIS

VILHELM BISSENL

M. Eugène Plon, le fils de l’imprimeur de
ce nom, s’est proposé l’éfude de l’art de
la sculpture chez les peuples contemporains
du nord de l’Europe. La Gazette a rendu
compte du livre qu’il £ consacré à l’œuvre
et à la vie de Thorvaldsen. Nous avons
sous les yeux un nouveau travail, qui a
pour titre et pour sujet : Le Sculpteur danois
Vilhelm Bissen.

Il est fort heureux qu’un Français s’occupe
enfin de nous raconter avec un peu de dé-
tails ce qui se passe au delà de nos fron-
tières. Nous vivons, faute de pratiquer les
idiomes étrangers et faute de voyager assez,
dans une singulière ignorance de ce qui se
passe autour de nous. Quelle fut notre sur-
prise, à l’Exposition universelle de 1855, de
voir que Ton peignait encore au delà du
détroit, et que même une école insolente
avait rejeté les lisières de la tradition ro-
maine ! Pour un rien, nous traiterions de
barbares et de Welches tout ce qui sculpte,
modèle, cisèle, fond, râpe ou répare au delà
du Bhin ou des Alpes. Et cependant, com-
bien dé terrain la France a perdu depuis
vingt ans ! Chaque pays voisin aujourd’hui
nous dépasse ou nous menace : l’Allemagne
pour les études historiques, la Prusse pour
la chimie, l’Angleterre pour les industries
artistes, la Belgique pour la vulgarisation de
l’enseignement du dessin, tous pour la libre
application de l’analyse philosophique aux
manifestations intellectuelles de l’être hu-
main !

Cette infatuation, excusable jusqu’aux
dernières années de la Révolution, a tourné
depuis le commencement du siècle en inno-
cent ridicule et devient un danger sérieux.
Il est reconnu indispensable que la France
se rajeunisse les idées, ne fût-ce que par la
comparaison des efforts tentés autour d’elle.

Je n’entends pas dire par cette remarque
qu’elle ait beaucoup à prendre dans l’école
danoise. Celle-ci manque de cette originalité,
de ce goût de terroir qui peuvent irriter
le goût, mais qui au moins ont le mérite de
l’éveiller. C’est loin du pays natal, c’est
dans ces tristes ateliers de Rome dorés par
le reflet des chefs-d’œuvre et envahis par la
commande banale des touristes, que les sculp-
teurs danois sont allés effacer ce que la na-
ture avait pu leur accorder de force native
et d’accent. Quand ils reviennent au pays,
c’est comme les Limousins enrichis par la
bâtisse, pour acheter un lopin de terre, et
là, en paix avec la fortune et avec l’idéal,

1. Par M. Eugène Plon, membre étranger de l’Aca-
démie royale des Beaux-arts de Copenhague. Paris,
H. Plon, 1870. 1 vol. in-12, orné de bois.

répéter des bustes officiels ou sculpter pour
les places brumeuses de leur ville natale
les statues de leurs illustres compatriotes
méconnaissables sous leurs draperies à l’an-
tique et leur gravité d’emprunt. « Préten-
dez-vous être italiens en Danemark, disait à

soi. . 1m Bissen le professeur Hôyen?

Tout c. qui vo11 environne parle une autre
langue ! »

Vilhelm Bissen, membre de l’Académie
des Beaux-Arts de Copenhague, est mort il
y a deux ans seulement. Je ne pense pas
que Ton connaisse de lui en France d’autres
morceaux que ses deux envois à l’Exposition
de 1855, un Philoclète et un Or este pour-
suivi par les Furies. Son œuvre , dont
M. Eugène Plon donne le catalogue, décore
surtout les places publiques, les monuments
et les palais de son pays.

Il était né à Slesvig, le 13 octobre 17-98.
En 1815, il entra en apprentissage chez un
menuisier, montra de singulières aptitudes
instinctives et fut envoyé à Copenhague en
1816 pour suivre les cours de dessin.

Sa carrière de sculpteur commence sé-
rieusement en 1822 par une statuette d’Or-
phée, très-remarquée à une exposition de
l’Académie. On lui accorde des travaux, puis
une pension qui lui permet de partir pour
Borne, où il s’éprend de la doctrine de Thor-
valdsen.

Je note cette particularité curieuse, que au
retour d’une tournée dans l’Italie du midi
(1827), il rehausse de couleur, à la mode
antique, un bas-relief : Ulysse tuant les pré-
tendants. Mais cette velléité romantique se
calma vite. De retour au pays, il modela
une Valkyrie, — cette sauvage Parque
Scandinave qui planait sur la mêlée et tou-
chait mystérieusement de son anneau les
guerriers les plus braves et les plus beaux
pour les fiancer à la mort. — Il la coiffa du
bonnet phrygien de Ganymède, l’habilla de
la tunique d’Hébé, et lui fit verser l’ambroisie
à ces rudes guerriers du Nord qui eussent
trouvé bien fade le divin breuvage grec.

Ses bustes , assure M. Eugène Plon ,
qui visita Bissen dans ses ateliers en 1865,
ont beaucoup de caractère.

M. E. Plon a fait dessiner sur bois par
M. F. Gaillard et graver par M. Carbonneau,
— ces deux artistes étaient déjà ses collabo-
rateurs pour son Thorvaldsen, le Portrait cle
Vilhelm Bissen et trois de ses œuvres , —
l'Amour aiguisant ses flèches, un Soldat
citoyen qui rappelle, à Fredericia, la victoire
des Danois sur leurs envahisseurs (6 juillet
18A9), èt le Lion de Flensbourg, marbre
colossal qui dominait dans le cimetière de
Flensbourg les tombes des héros danois
tombés en vainqueurs à Idstedt, le 25 juil-
let 1850, jusqu’à ce que les soldats prus-
siens l’eussent brisé en morceaux dans leur
récente conquête de l’Allemagne.

On voit que M. Eugène Plon ne nous a
 
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