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9e Année.

- N° 6 -

6 Février 1870.


TOLITIQJJE

DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ

Paraissant tous les Dimanches

ABONNEMENTS :

Paris, un an. 15 fr.

— six mois. . . 8 fr.

UN NUMÉRO : 2 0 CENT.

Comptes rendus & annonces de ventes publiques de tableaux
dessins, estampes , bronzes, ivoires, médailles, livres rares, autographes
émaux, porcelaines, armes, objets de curiosité. &c.? &c.

Nouvelles des galeries publiques, des ateliers. — Correspondances étrangères
Bibliographie des livres, articles de revues & estampes
publiées en France & à l’Etranger. — Revue des arts industriels
Expositions de Province & de l’Etranger-

RÉDACTION : Rue Vivienne. 55j Paris

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Paraissant tous les Dimanches f » r- ’ '-«py& %

ABONNEMENTS

DEPARTEMENTS, un an. l&.Tr. y

six mois. . . . . 10 fb


Etranger, le port en sus.

ADAIINISTRA TION : Rue Vivienne, 55, Paris

NÉCESSITÉ

DE CRÉER UNE ÉCOLE NORMALE
.DE DESSIN.

La question qui préoccupe et qui agite
en ce moment les peintres, les sculpteurs
et les architectes est celle-ci : Les expo-
sitions continueront-elles h être faites sous
le patronage du gouvernement, ou Lien
seront-elles confiées aux soins d’une ou
de plusieurs sociétés d’artistes? Certes,
cette question ne manque pas d’impor-
tance et mérite d’être sérieusement dis-
cutée. Mais M. le ministre des Beaux-Arts,
en décidant que l’exposition prochaine

serait organisée suivant les anciens erre-

ments, — ce dont nous le louons fort,—
a fait disparaître toute urgence à prendre
parti dans le débat. Nous différons donc
cette étude -pour nous occuper aujour-
d’hui d’un sujet plus grave, plus pres-
sant et d’un intérêt plus immédiat.

Bien avant la réorganisation des expo-
sitions de peinture et de sculpture, nous
plaçons la nécessité de fonder en France
l’enseignement primaire et secondaire du
dessin. A une époque où toutes les na-
tions, jalouses de notre supériorité in-
dustrielle , créent des établissements
pleins de vie, et réforment de fond en
comble leur enseignement du dessin, pour
parvenir à ruiner notre commerce en
fabriquant des produits aussi distingués,
aussi parfaits que ceux qui sortent de
nos ateliers, ce serait plus que de l’in-
curie, ce serait folie si l’on ne se remuait
pas chez nous et si l’on ne cherchait pas
sans désemparer les moyens de conj urer
le péril qui nous menace. « Depuis l’ex-
position universelle de 1851, a écrit
M. Mérimée dans un rapport qui a fait
sensation, et même depuis 1855, des
progrès immenses ont eu lieu dans toute
l’Europe, et bien que nous ne soyons pas
demeurés stationnaires, nous ne pouvons
nous dissimuler que l’avance que nous
avons prise a diminué, qu’elle tend même
à s’effacer... L’industrie anglaise, en par-
ticulier, très-arriérée au point de vue de
l’art en 1851, a fait depuis dix ans des
progrès prodigieux, et si elle continuait
à marcher du même pas, nous pourrions
être bientôt dépassés. » Depuis 1862,
non-seulement le Royaume-Uni n’a pas
ralenti son allure progressive; mais l’Al-
lemagne instruite par l’expérience s’est
aussi mise en mouvement, et de toutes
parts l’enseignement du dessin et le dé-

veloppement du goût sont les grandes
questions à l’ordre du jour.

Devant de tels efforts et de pareils
succès, la France est tenue de sortir au
plus tôt de son indifférence et de mettre
à profit des exemples qui, dans un si
court espace de temps, ont amené ail-
leurs des résultats aussi considérables.
Aucun peuple ne porte à un plus haut
degré que le peuple anglais le sentiment
de l’indépendance, le respect de l’ini-
tiative privée et le mépris des titres inu-
tiles ; aussi devons-nous prendre en sé-
rieuse considération les motifs qui l’ont
déterminé à fonder une école normale
pour former des maîtres de dessin, ou,
comme disent nos voisins d’outre-Manclie,
des maîtres d’art recevant des diplômes de
divers degrés qui certifient leurs capa-
cités et leur aptitude à enseigner. C’est
qu’avec le sens pratique qui les caracté-
rise ils ont compris que le dessin, loin
d’être un art de luxe et d’agrément, ainsi
qu’on l’a trop longtemps considéré, était
un art essentiellement utile, une source
féconde de richesses pour un pays, et
que son enseignement ne devait pas être
remis entre les mains du premier venu.
En effet, il n’est plus permis d’admettre
que le soin d’instruire, dans les écoles
spéciales, les enfants destinés à remplir
les cadres de notre armée industrielle,
et, dans les collèges, les jeunes gens qui
imposeront plus tard leur goût à nos fabri-
cants, soit abandonné à des professeurs
qui n’ont donné aucune preuve de leurs
connaissances et que choisissent, dans la
plupart des cas, des hommes absolument
incompétents. Pourquoi donc un maître
de dessin n’est-il pas tenu d’offrir les
mêmes garanties publiques de savoir
qu’un professeur de belles-lettres? Au-
cune réponse satisfaisante ne pourrait
être faite à cette demande. Aussi croyons-
nous inutile d’entasser arguments sur
arguments pour établir que la première
et principale préoccupation du ministère
des Beaux-Arts doit être de fonder une
école normale. pour l’enseignement du
dessin primaire et secondaire, afin d’assu-
rer à la jeunesse des professeurs capables
et vraiment dignes de l’importante mis-
sion qu’ils ont à remplit;.

Émile Galichon.

ASSOCIATION NATIONALE

DES ARTISTES FRANÇAIS. .

Un groupe d’artistes, après avoir voté la
création d’une association nationale des ar-

tistes français, nous a demandé de recevoir
à la Gazette des Beaux-Arts les signatures
des adhérents. Favorable à toutes les tenta-
tives ayant pour but de mettre les artistes
hors de tutelle, nous avons volontiers accédé
à cette demande.

Voici quelles sont les bases préliminaires
de cette société.

ïi est formé entre les soussignés et les artistes
qui adhéreront au présent acte une société ayant
pour titre : Association nationale des Artistes
français.

Cette société a pour but: 1° d’administrer les in-
térêts des artistes et particulièrement d’organiser,
avec le consentement du ministère des Beaux-
Arts et avec son bienveillant appui, les exposi-
tions publiques de peinture, sculpture, architec-
ture, gravure, dessin et lithographie; 2° d’em-
ployer le mieux possible au profit de l’art et des
artistes les bénéfices résultant de la perception
des droits d’entrée au Salon, bénéfices dont la
libre disposition leur est abandonnée par le gou-
vernement.

Les statuts de la société seront ultérieurement
établis.

Les signatures sont reçues, 55, rue Vivienne,
au bureau de la Gazette des Beaux-Arts.

Déjà la Société a reçu de nombreuses
adhésions. Les artistes sont convoqués à
assister à une nouvelle séance préparatoire,
lundi à A heures, 13, rue de la Tour-d’Au-
vergne.

■ ■—-

PAUL HUET.

NOTICE BIOGRAPHIQUE ET CRITIQUE, SUIVIE DU
CATALOGUE DE SES OEUVRES, ETC.,

par M. Pli. Burty, in-8, Paris, décembre 1869

L’année 1869 commençait à peine, que
l’école française de paysage enregistrait une
perte aussi cruelle qu’imprévue. Paul Huet,
peintre et graveur à l’eau-forte, tombait
soudainement le 9 janvier pour ne plus se
relever. H tombait dans la pleine maturité
des facultés et du talent; car sa main, qui
n’avait jamais été si sûre d’elle-même, ter-
minait un tableau que l’on peut ranger
parmi les plus importants de tout l’œuvre
du paysagiste.

u Çà et là, de loin en loin, disait Charles
Baudelaire dans son Salon de 1859, apparaît
un talent libre et grand qui n’est plus dans
le goût du siècle, M. Paul Huet, par exemple,
un Vieux de la vieille, celui-là! Je puis ap-
pliquer aux débris d’une grandeur militante
comme le Romantisme, déjà si lointain, cette
expression familière et grandiose. » Il nous
est impossible de rappeler ces quelques
lignes si émues et si vraies d’un poète tom-
bé, lui awssi, à la fleur de l’âge, sans nous
sentir vivement impressionné , car elles
font revivre dans la mémoire et dans
le cœur des hommes mûrs tout un passé

1. En vente au bureau de la Gazette des Beaux-
Arts, rue Vivienne, 55.

d’aspirations et de luttes généreuses. Oui
c’était un a vieux de la vieille » que Paul
Huet, et nul mieux que lui ne méritait,
cette appellation çc familière et grandiose »
puisqu’il se posait déjà comme un coura-
geux novateur en 1827, et puisqu’il eut
l’honneur de tirer les premières salves dans
cette bataille romantique « déjà si loin-
taine. » Quelle belle période que ces deux
décades de 1825 à 1845. Quelle fièvre dans
les idées!. Quelles fécondes audaces au
théâtre et dans les ateliers! Quelle brillante
liste de lutteurs convaincus on pourrait
dresser en commençant par les Paul Dela-
roche, les Delacroix, les Ingres, les Horace
Vernet, les Decamps, les Victor Hugo, les
Michelet, les Edgard Quinet, les Hector Ber-
lioz! Que d’auteurs, que de chercheurs, que
de hardis pionniers ! Tout ce monde inspiré
se coudoyait, s’agitait, parlant, écrivant,
produisant. Et par-dessus tout cela, un
souffle chaud de liberté, si njcessaire à la vie
des arts et des lettres...

Nous le répétons, Paul Huet fut un des
premiers à engager la lutte en renversant
ce paysage glacial et de convention des Va-
lenciennes, des Rémond et des Bidault, « ou
l’on s’accrochait à des arbres en zinc, où
l’on se heurtait à des rochers de carton. »
Au Salon de 1824, Paul Huet, alors élève des
ateliers de Gros et de Guérin, se passionna
pour les envois de l’école anglaise et comprit
d’emblée toute la valeur de l’enseignement
nouveau qu’apportaient à notre école les Bo-
nington, les Constable, les Harding et les Tho-
mas Lawrence. En 1827,iIdébutaitparuneFue
de La F ère.

Indépendamment de ses paysages et de
quelques marines admirables, Paul Huet
faisait encore des lithographies du plus vif
intérêt. Les véritables amateurs connais-
sent depuis longtemps ses eaux-fortes, au-
jourd’hui introuvables, et personne, pour
n’en citer qu’une, n’a oublié la grande eau-
forte des Sources de Royat qui, en 1838,
eut un retentissement si mérité.

Loin de nous cependant l’intention de
donner ici la biographie du grand paysa-
giste! Ce travail est fait, et bien fait, grâce
à M. Philippe Burty, que les lecteurs de la
Chronique et de la Gazette des Beaux-Arts
connaissent de longue date et qui ont encore
présentes à la mémoire les pages que cet
aimable écrivain consacrait à Paul Huet dans
ces deux recueils. Ce sont ces diverses pages
que notre bienveillant et sympathique con-
frère a reprises en sous-œuvre pour le livre
que nous aurions bien voulu signaler plus
tôt. Indépendamment de ses notes person-
nelles, M. Philippe Burty a passé en revue
et mis à profit des articles critiques de Gus-
tave Planche, ceux que Sainte-Beuve publiait
dans le Globe en 1830, ceux de Th. Thoré
(Bürger), de M. Théophile Gautier, etc...
Ce n’était pas encore assez pour l’infatigable

l
 
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