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9® Année.

— N° 24 —

12 Juin 1870.

DES ARTS

ET

DE LA CURIOSITÉ

Paraissant tous les Dimanches

ABONNEMENTS :

Paris , un an. 15 fr.

— six mois.

UN NUMÉRO : 2 0 CENT.

8 fr.

RÉDACTION : Rue Vivienne} 55 j Paris

Comptes rendus & annonces de ventes publiques de tableaux
dessins, estampes ; bronzes, ivoires, médailles, livres rares, autographes
émaux, porcelaines, armes, objets de curiosité; &c., &c.

Nouvelles des galeries publiques, des ateliers. — Correspondances étrangères
Bibliographie des livres, articles de revues & estampes
publiées en F rance & à l’Etranger. — Revue des arts industriels
Expositions de Province & de l’Etranger

Paraissant tous les Dimanches É É

ABONNEMENTS :

Départements., un an. 18 fr.

— six mois. 10 fr.

Etranger, le porc en sus.

ADMINISTRATION : Rue Vivienne} 55 Paris

imm

UN CONSERVATEUR

A NOMMER AU MUSEE DU LOUVRE.

L’hiver dernier, le Louvre ressemblait à
un véritable temple de discorde. Après de
nombreuses et vives discussions suivies de
scellés et de contre-scellés apposés sur
la réquisition des parties belligérantes,
M. de Longpérier, conservateur des anti-
ques et de la sculpture moderne, a donné
sa démission. Qui a eu tort, qui a eu raison
dans ces querelles? Nous ne le recher-
cherons point, afin de rester en dehors
d’un débat que les procédés employés
ont porté sur le terrain des personna-
lités.

Néanmoins, la démission de M.de Long-
périer acceptée, quel savant appellera-
t-on à une position où il est si facile de
favoriser ou d’entraver le développement
des études de l’antiquité? Question con-
sidérable, qui occasionne en ce moment
beaucoup de préoccupations fondées.

Par l’autorité d’un grand nom scienti-
fique, un conservateur provoque, en effet,
de la part des divers archéologues de
l’Europe, des communications impor-
tantes et crée des rapports internatio-
naux qui tournent au profit de la science
et ajoutent à la gloire du pays ; par le
charme d’un caractère communicatif, par
l’intelligence plus ou moins ouverte au
sentiment des besoins publics , un
conservateur des antiques encourage ou
repousse les demandes des travailleurs
désireux d’étudier les milliers de bronzes,
terres cuites et vases peints enfermés
dans des vitrines qui ne sont ouvertes
que sur ses ordres. Aussi ne doit-on pas
s’étonner en voyant les savants se de-
mander avec inquiétude à qui, parmi eux,
sera confiée une conservation touchant
de si près à leurs intérêts les plus graves.
Ce sera un jeune Allemand fixé en France
depuis quelques années, disent les per-
sonnes ordinairement bien renseignées
sur les pensées de l’autorité compétente
en pareille matière. Plusieurs présomp-
tions permettent, il est vrai, de supposer
la nomination de M. Frœhner, déjà con-
servateur-adjoint du musée des antiques;
et cependant nous nous refuserons à l’ad-
mettre, jusqu’au jour où nous la lirons
dans le Journal officiel. Que M. Frœhner
possède toutes les qualités qu’exige un
poste si élevé, nous ne le nierons point,
car il ne nous appartient pas de juger le
caractère et le savoir d’un homme que

nous ne connaissons que par quelques
écrits. Mais quels sont ses titres éclatants
pour justifier l’acte exceptionnel qui pla-
cerait un étranger à la tête de nos gran-
des collections, et qui lui conférerait le
pouvoir d’exercer une influence considé-
rable sur la direction de nos études ar-
chéologiques ? A-t-il produit un de ces
livres qui conduisent leur auteur à la
renommée et qui le rangent parmi ces
hommes dont s’honore l’humanité et de-
vant lesquels s’abaissent les barrières
dressées entre les différentes nationalités?
A-t-il jamais manifesté des idées assez
larges, assez fécondes et assez libérales
pour imposer silence à toutes les suscep-
tibilités et à tous les amours-propres
légitimes ?

D’un autre côté, l’impression que pro-
duirait en France et à l’étranger une
semblable nomination ne mérite-t-elle
pas d’être prise en sérieuse considéra-
tion? Devant le choix d’un étranger, ne
serait-on pas autorisé à répéter partout
que la science archéologique a cessé
d’être en France et qu’il a suffi à un jeune
homme, façonné par les universités alle-
mandes, d’introduire parmi nous les mé-
thodes apprises au delà du Rhin, pour
l’emporter sur les savants qui siègent à
l’Institut et sur les jeunes gens qui,
chaque année, nous reviennent de l’École
d’Athènes?

Pour quiconque connaissant les titres
de chacun et les raisons trop souvent
déterminantes des choix, je conviens sans
peine que cette nomination n’aura pas
une telle portée. Cependant, on aura
beau faire, on ne parviendra jamais à
persuader à ce public naïf, toujours
porté à considérer les places comme don-
nées aux plus dignes, que l’arrivée d’un
Allemand au poste de conservateur des
antiques au Louvre ne prouve pas l’ab-
sence absolue, dans notre pays, d’ar-
chéologues distingués, et que ce choix
signifie simplement le caprice d’un sou-
verain disposant en toute liberté des des-
tinées de nos musées.

Devant la nécessité de donner une ex-
plication si délicate pour éviter une in-
terprétation plus fâcheuse encore, nous
avons le ferme espoir que la liste civile
ne commettra pas une faute qu’il lui est
loisible encore d’éviter et qui blesserait
si vivement et si maladroitement l’amour-
propre national.

Emile Galighon.

L’EXPOSITION DE LIMOGES.

Un Parisien qui a traversé ces jours der-
niers l’exposition des beaux-arts de Limoges
nous fournit quelques notes prises au pied
levé. Nous les compléterons lorsque nous
aurons reçu le catalogue. Et notre collabo-
rateur, M. Burty, en parlera prochainement
tout au long dans la Gazette. La Société des
Amis des Arts de Limoges a eu l’heureuse
pensée de joindre aux tableaux quelques
spécimens d’objets de haut art industriel,
des émaux de M. Claudius Popelin, des cé-
ramiques peintes par des peintres, des re-
liures de choix, des bas-reliefs tout émail
de M. Solon Miles, des pièces d’orfèvrerie
de M. Froment-Meurice et de MM. Chris-
tofle et Ce, — cela mérite d’être apprécié en
détail, — des bronzes de M. Barye. Malheu-
reusement, M. Barbedienne, qui avait l'ait de
belles promesses, ne les a pas tenues.

Les recettes marchent bien et dépassent
même les espérances des dévoués organisa-
teurs de cette utile exhibition. Les acquisi-
tions des particuliers se sont déjà portées
sur MM. Appian, Onest, Bouquet, Michelin,
Donzel, Barye, etc. Le cercle de l’Union ne
s’est pas encore décidé. La Société compte
disposer elle-même d’une douzaine de
mille francs.

On remarque parmi les toiles intéres-
santes, outre celles déjà acquises, deux
portraits par Ricard, trois paysages par Co-
rot, un Chaplin peint très-largement, une
Jeune fille tenant une perruche, un Cuisinier
par Ribot, un ancien paysage de Paul Huet,
d’un grand caractère, une Idylle, d’Émile
Lévy ; trois compositions très-vivantes de
Monginot, un Canal en Hollande, effet d’hi-
ver, par le fin harmoniste Jongkind, une
esquisse de Claudius Popelin, un paysage de
style, par Chauvel, acquis parM. A. Dubou-
ché, le président de l’exposition ; enfin des
tableaux par des artistes de Limoges, M. La-
grange, M. E. Laporte, MM. Lafon et
de Laëre, professeurs à l’école.

L’exposition sera ouverte jusqu’en juillet.

X.

CORRESPONDANCE DE LONDRES.

Deux fois ce mois-ci, des questions se rat-
tachant aux arts ont été introduites à la
Chambre des communes, et, nous le disons
à regret, l’assistance y a pris si peu d’intérêt,
que les honorables membres qui avaient cru
pouvoir compter sur quelque sympathie
pour une si bonne cause ont dû retirer
leur motion.

La première fois, il s’agissait de l’ouver-
ture, sinon totale, au moins partielle, du
British Muséum et de la National Gallery,
trois soirs de la semaine, de façon qu’un
grand nombre d’ouvriers, qui ne savent que

faire, leur travail fini, pussent, soit par
simple curiosité, soit par intérêt réel, avoir
l’emploi de leurs soirées, au lieu d’être con-
damnés littéralement à chercher des dis-
tractions aux bars des public houses. Une
commission nommée pour l’examen de la
question a donné un rapport favorable après
avoir interrogé les directeurs des établisse-
ments, les savants architectes ou fonction-
naires spéciaux, des membres du clergé et
des classes ouvrières. Rien n’y a fait; c’est
un parti pris de ne pas dépenser d’argent
d’abord, ensuite de ne pas céder à la pres-
sion de l’opinion publique qu’on effraye par-
les soi-disant dangers constants d’incendie.
Certes le feu est un ennemi redoutable ;
mais puisque chacun est d’accord pour dire
qu’avec quelques milliers de livres toutes
les précautions imaginables pour le mettre
dans l’impuissance de nuire peuvent être
prises, ce n’est donc qu’une question d’é-
conomie et un besoin manifeste de se con-
tredire soi-même ; en effet, le gouverne-
ment pratique à South-Kensington ce qu’il
refuse de faire ailleurs.

Dans la seconde circonstance, la Chambre
avait comme un aspect des grands jours, et
on eût pu croire que quelque membre allait
poser au ministère une de ces questions qui
soulèvent les violents orages dans lesquels
les cabinets disparaissent. Disons de suite
que cette affluence et cette animation avaient
pour cause la présence d’un souverain qui
jouit des sympathies toutes particulières et
bien méritées du peuple anglais.

M. Beresford Hope a demandé au gouver-
nement quand il comptait s’occuper de con-
struire la nouvelle National Gallery. Voilà
dix ans que cette affaire est sur le tapis, on
a acheté les terrains avoisinant la Galerie
actuelle, on a voté subside après subside, on
a demandé un concours de projets à diffé-
rents architectes qui n’ont rien su donner
qui vaille; néanmoins on a fait à M. Barry,
qui n’avait pas été mieux inspiré que ses
collègues, la faveur de le nommer architecte
de la nouvelle Galerie ; en somme, les
choses sont dans le même état, sauf que les
salles occupées par l’Académie royale ont
été arrangées et qu’on a pu y mettre ie
trop-plein de la Galerie nationale et exposer
d’une façon plus avantageuse ses trésors.

M. Gregory, un des trustées de la Galerie,
a secondé la motion de son collègue, et
M. Ayrton, qui est comissioner of public
Tracks, leur a répondu au nom du gouver-
nement qu’on avait des travaux commencés
beaucoup plus urgents , qu’il fallait les finir,
que par économie on ne devait ni ne pou-
vait s’occuper de tout à la fois. Se placer à
ce point de vue était déjà une mesquinerie
et une faute; mais M. Ayrton a comblé la
mesure en proposant, afin de se procurer
l’espace, de mettre de côtf les conditions par
lesquelles les trustées sont liés pour l’ex-
 
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