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9e Année.

N° 7 —

13 Février 1870.

LA CHRONIQUE

TOLITIOUE

DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ

Paraissant tous les Dimanches

ABONNEMENTS :

Paris, un an. 15 fr.

— six mois. § fr, (

UN NUMÉRO : 2 0 CENT.
RÉDACTION : Rue Vivienne. 55 3 Paris

Comptes rendus & annonces de ventes publiques de tableaux
dessins, estampes , bronzes, ivoires, médailles, livres rares, autographes
émaux, porcelaines, armes, objets de curiosité. &c., &c.

Nouvelles des galeries publiques, des ateliers. — Correspondances étrangères
Bibliographie des livres, articles de revues & estampes
publiées en France & à l’Etranger. — Revue des arts industriels
Expositions de Province & de l’Etranger

Paraissant tous les Dimanches

ABONNEMENTS :

Départements, un an.

— six mois. 10

Etranger, le port en sus.

ADMINISTRATION : Rue Vivienne} 55j Paris

DÉVELOPPEMENT

A DONNER

A L’ENSEIGNEMENT DU DESSIN.

Quels résultats importants donne la con-
naissance du dessin ! Cette notion procure à
l’homme une multitude de jouissances dé-
licates, développe chez lui l’esprit d’obser-
vation, vient en aide à sa mémoire et met à
son service un langage qui supplée souvent
à la parole impuissante pour exprimer
une idée. Au maçon, au charpentier, au
menuisier... elle fournit le moyen de
tracer un plan plus compréhensible que
toutes les explications orales ; au chirur-
gien, elle permet de rendre plus claires ses
démonstrations anatomiques et ses expo-
sitions sur les ingénieuses combinaisons
d’une opération; à l’industriel, elle assure
un grand mouvement d’affaires en con-
tribuant à la formation de modèles agréa-
bles que des ouvriers bien éduqués in-
terprètent avec intelligence et rapidité.
Ces services considérables, dont l’énumé-
ration est loin d’être complète, disent
assez que le dessin n’est pas un art su-
perflu, que c’est au contraire une science
utile au premier chef, aussi profitable
aux classes pauvres qu’aux classes riches,
une science nécessaire qui devrait être
enseignée aux élèves des écoles primaires,
comme à ceux ;qui suivent les cours de
l’enseignement supérieur.

Est-ce la découverte de cette vérité
déjà si vieille qui a déterminé le gouver-
nement à créer un ministère des Beaux-
Arts? Nous n’oserions pas le dire; mais
nous pouvons affirmer que ce minis-
tère ne se maintiendra qu’en donnant
une grande extension à l’enseignement
du dessin. Si l’administration des Arts
devait borner son action, comme lors-
qu’elle était entre les mains de la liste
civile, à acheter quelques tableaux et à
entretenir les monuments historiques ,
avant peu de mois on reconnaîtrait qu’une
simple division annexée au ministère de
l’intérieur, ou à celui de l’instruction
publique, suffirait à une aussi mince be-
sogne.

Nous osons donc espérer que le mi-
nistère des Beaux-Arts qui vient d’être
créé comprendra la grandeur d’une tâche
si intimement liée à son existence et que
bientôt, sur sa provocation, la France se
couvrira d’écoles et de musées appropriés
aux besoins divers de la population. J’ai
dit « sur la provocation », car je consi-

dérerais comme une calamité que ce dé-
veloppement se fît directement par l’État
et au profit de la centralisation adminis-
trative, cet immense polype qui, en je-
tant sur tout ses terribles tentacules ,
nous frappe d’engourdissement, étouffe
en nous les nobles instincts de courage et
de dévouement et nous apprend à redou-
ter les moindres pulsations de la vie.

Pour que la France conserve sa grande
situation intellectuelle et commerciale,
il faut de toute nécessité que la Province
reprenne une activité qui lui manque, et
elle ne peut retrouver cette activité qu’à
la condition d’avoir quelque chose à faire.
Si on la laissait plus longtemps livrée au
calme et à l’inertie qui l’enveloppent, ses
eaux stagnantes pourraient devenir fu-
nestes et propager sur tous les points de
la France les mortels miasmes de l’indif-
férence. Son état actuel ne dit que trop
comment, au contact immédiat du gou-
vernement, l’intérêt communal et l’effort
individuel disparaissent pour être rem-
placés par la torpeur. La commune n’est-
elle pas d’ailleurs plus à même que le
ministère de connaître ses besoins et de
veiller sur ses institutions avec l’œil du
maître? Ne doit-elle pas aussi conserver
toute autorité sur les professeurs appelés
à élever ses enfants ?

Dans le grand mouvement que le mi-
nistère des Arts doit provoquer en France
pour vulgariser la connaissance du des-
sin, cette source abondante de richesses,
il convient donc que son actionne s’exerce
pas d’une manière directe. Qu’au nom
de la nation il intervienne pour se ren-
seigner, stimuler et contrôler, nous ne
pourrons que l’en féliciter; mais il agira
sagement, croyons-nous, en laissant aux
communes toute la responsabilité de la
direction des écoles, et en bornant son
rôle à exciter le zèle des communes
tièdes, à aider celles qui ne pourraient
pas pourvoir seules aux premiers frais
d’installation, à fournir à toutes des ren-
seignements utiles, à inspecter les écoles
pour encourager ou avertir, et à orga-
niser des concours régionaux et même
plus étendus, pour entretenir une ému-
lation profitable entre les professeurs et
les élèves.

Émile Galichon.

DONATION AU MUSÉE DE TOURS.

M. et Mme de Tarade possèdent dans leur
château de Belleroche, près Amboise, une

importante collection de tableaux parmi
lesquels on remarque plusieurs beaux por-
traits hollandais, dont un peint par Mirevelt;
des portraits de l’école française dus à Mi-
gnard, Rigaud, Nattier; une Vierge attri-
buée à Raphaël, un paysage de Ruysdaël, un
pastel de grande dimension, portrait pré-
sumé de Mmo du Barry, deux grands ta-
bleaux de Lépicié, avec nombreuses figures,
représentant, chose précieuse au point de
vue historique, des quartiers de Paris au-
jourd’hui disparus, etc. Ces toiles ont été
maintenues dans un excellent état de con-
servation , grâce aux soins intelligents de
leur propriétaire, homme de savoir et de
goût, pratiquant lui-même la peinture avec
talent. Cette collection, dont l’appréciation
rapide qui précède fait ressortir la valeur,
vient d’être offerte à la ville de Tours par
M. et Mme de Tarade. C’est là un acte que
nous nous empressons de publier purement
et simplement, car il porte avec lui sa re-
commandation. Voici la lettre pleine de
sympathique bienveillance que les hono-
rables donateurs ont adressée à M. le maire
de Tours pour lui faire part de leurs géné-
reuses intentions.

Louis Desprez.

a A Monsieur le Maire de la ville de Tours.

« Monsieur, profondément touchés des
sentiments de sympathie que j’ai toujours
trouvés dans la ville de Tours, et recon-
naissants de la bienveillance dont on m’y
honore ; considérant que Dieu ne nous a pas
accordé d’héritiers directs ; considérant, en
outre, qu’il est à la fois dans l’intérêt de
l’art et dans l’intérêt du public que les col-
lections réunies avec beaucoup de temps,
de recherches , de soins et de dépenses, ne
soient pas démembrées et réduites à néant;
qu’il importe, au contraire, que ces collec-
tions puissent être constamment accessibles
au public et à l’étude ; que plus les musées
présentent de richesses, plus ils offrent
d’attrait aux étrangers et concourent ainsi à
la prospérité de la ville;

« Nous avons l’honneur, Mme de Tarade
et moi, d’offrir à la ville de Tours, par un
acte authentique qui serait dressé sous
bref délai, la nue propriété de toute notre
collection de tableaux anciens, de la plupart
de nos statues, statuettes et bustes, de
toutes nos collections et partitions de mu-
sique gravée, ainsi que de toute notre bi-
bliothèque et des meubles qui la renfer-
ment.

« Il est bien entendu que, dans le cas où
Mme de Tarade me survivrait, elle aurait la
jouissance de tout ce qui est spécifié ci-des-
sus, sans être troublée en quoi que ce soit
dans ladite jouissance; et après le décès de
Mme de Tarade, la ville de Tours entrerait

en pleine possession de tout ce qui est dit
ci-dessus.

« Les portraits de famille ni les manus-
crits ne feraient pas partie de la présente
donation, qui serait faite à la seule condi-
tion suivante ;

« Condition unique. — Notre collection
de tableaux serait placée dans une salle
spéciale, dépendant du musée, laquelle
salle porterait notre nom.

« Nous avons l’espoir que la ville de
Tours voudra bien accepter cette donation
de notre part.

« Veuillez agréer, monsieur le Maire ,
l’assurance de notre considération la plus
distinguée,

Émile de Tarade et J.-L. de Tarade.

« Château de Belleroche, près Amboise,
le 15 octobre 1869.

--

CORRESPONDANCE.

Rome, 5 février)

Cher monsieur,

Au moment de partir pour l’Italie, je vous
ai promis de vous envoyer quelques notes
sur les choses d’art qui me frapperaient le
plus en ce pays. J’aurais dû vous prévenir
que c’était la première fois que j’allais passer
les Alpes, et vous auriez prévu, dès lors,
qu’écrasé par les innombrables merveilles
que l’art a semées en cette .contrée privilé-
giée, je n’aurais ni le courage ni la force
de résumer tout d’abord mes impressions.

C’est qu’en effet il est grand besoin de se
recueillir pour apprécier sainement cet art
italien si multiple et si un, — si un dans
ses aspirations vers la beauté, si multiple
dans ses manifestations tour à tour chré-
tiennes ou païennes, — cet art splendide
que connaissent mal, que ne connaissent
point ceux qui se sont bornés à l’étudier
dans nos musées français.

C’est principalement pour les églises
qu’ont travaillé les peintres italiens; c’est sur
leurs grands tableaux d’autel, sur leurs fres-
ques surtout qu’ils veulent être jugés. Il
faut aller voir Giotto à Assise ; L. Signorelli
à Orvieto ; Benozzo Gozzoli à Pise ; le Péru-
gin à Perouse ; le Corrége à Parme ; Ma-
saccio, Andrea del Sarto, Fra Bartolommeo
à Florence; le Titien, le Véronèse, le Tinto-
ret à Venise; Michel-Ange et Raphaël à
Rome.

En fait de tableaux portatifs, les diverses
galeries de l’Europe en possèdent plusieurs
qui jouissent d’une juste célébrité; mais,
bien qu’elle ait perdu d’inestimables trésors,
l’Italie conserve encore la meilleure et la
plus large part. Les musées et les nom-
breuses galeries particulières de Florence,
 
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