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9® Année.

N° 15 —'

10 Avril 1870.

LA CHRONIQUE

TOLITIQJJE

DES ARTS

ET

DE LA CURIOSITÉ

Paraissant tous les Dimanches

ABONNEMENTS :

Paris, un an. 15 fr.

— six mois. 8 fr.

UN NUMÉRO : 2 0 CENT.
RÉDACTION : Rue Vivienne, 55, Paris

Comptes rendus & annonces de ventes publiques de tableaux
dessins, estampes, bronzes, ivoires, médailles, livres rares, autographes
émaux, porcelaines, armes, objets de curiosité, &c., &c.

Nouvelles des galeries publiques, des ateliers. — Correspondances étrangères
Bibliographie des livres, articles de revues & estampes
publiées en France & à l’Etranger. — Revue des arts industriels
Expositions de Province & de l’Etranger-

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Paraissant tous les Dimanches

/

ABONNEMENTS :

Départements, un an. 18 fr.

— six mois. 10 fr.

Etranger, le port en sus.

ADMINISTRATION : Rue Vivienne, 55, Paris

OBJECTIONS

CONTRE LE MUSEE DE SCULPTURE A OUVRIR.

A la formation et à l’ouverture d’un
musée de sculpture à l’École des beaux-
arts, dont nous formulions dernièrement
le vœu, nous ne prévoyons que deux ob-
jections possibles, et encore ne sont-elles
pas sérieuses :

Dérangement des élèves dans leurs
études ;

Dépenses à faire pour l’installation.

Si nous demandions que le public fût
admis à visiter quotidiennement ce mu-
sée, on pourrait nous répondre, en effet,
que l’École serait troublée et que les
études ne se feraient plus au milieu du
calme qui leur est indispensable ; mais
notre juste exigence ne va pas si loin.
Que le musée reste pendant la semaine à
l’entière disposition des élèves et des
travailleurs, et que le dimanche seule-
ment il soit ouvert au public, et nous
nous tiendrons pour amplement satisfait.
Notre demande, on le voit, n’a rien d’exa-
géré; elle laisse intacts les droits des
élèves, et n’ambitionne qu’une innova-
tion heureuse pour tous.

Quant à la seconde objection , elle
n’est pas plus solide que la première.
Pour fonder ce musée, utile au premier
chef dans une ville où l’industrie des
bronzes et de la sculpture en bois et en
pierre est si considérable, il ne s’agit pas
de faire voter un million par le Corps lé-
gislatif; avec quinze ou vingt mille francs
au plus on parerait à toutes les dépenses.
Nous ne sollicitons pas un musée complet,
un musée sans lacunes, nous demandons
simplement que les collections actuelles
soient rendues aussi profitables que pos-
sible à l’instruction générale par une
bonne classification et par la faculté de
les visiter. Que faut-il pour cela? Des
planches et des tréteaux masqués, par
des étoffes ; du savoir et du zèle. Ces
dernières conditions sont faciles à réaliser
au sein même de l’École.

Mais la création d’un musée de cette
nature n’est pas seulement imposée par
le devoir de généraliser l’instruction ;
elle est encore impérieusement réclamée
par des raisons administratives. Chaque
année, des sommés importantes sont
consacrées aux moulages, et ces dépenses
doivent être justifiées par des services
réels rendus à la nation. Or, nous n’hé-
sitons pas à le dire, l’ouverture du musée

que nous réclamons offrira des résultats
inespérés et deviendra une source de re-
venus qui ira croissant. On peut affirmer
sans crainte que ces plâtres, disposés
sur des socles, classés méthodiquement
et catalogués avec soin, échapperont à la
destruction dont les menace le désordre
dans lequel ils se trouvent aujourd’hui;
qu’ils inspireront aux élèves un respect
qui assurera leur conservation, et qu’ils
feront naître chez beaucoup d’artistes le
désir d’en acquérir des répétitions, et
chez des professeurs ou des personnes
généreuses la pensée de donner de bons
modèles aux écoles de leur localité.

Ainsi donc, des considérations admi-
nistratives unies à des considérations es-
thétiques réclament également la fonda-
tion de ce musée de sculpture, pour lequel
nous faisons appel au directeur de l’École
des beaux-arts, que nous savons sympa-
thique à toutes les idées élevées et libé-
rales. Qu’il adresse une demande de cré-
dit au ministère, et nous ne doutons pas
qu’il n’obtienne immédiatement la somme
insignifiante nécessitée par l’installation
d’un musée qui rendra des services si
considérables au public, aux artistes, aux
industriels et aux écoles de dessin.

k Émile Galichon.

LE MUSÉE DE TOULOUSE.

La Chronique s’est, à diverses reprises,
occupée du musée de Toulouse, que l’on
peut, avec M. Charles Blanc, classer parmi
les plus riches de la province. Elle a signalé
le triste état de ses trésors relégués dans
les greniers faute de place, ainsi que les dé-
tériorations subies par les marbres, les toiles
et les bronzes dans le monastère antique,
humide et délabré des Augustins.

Un rapport récent de MM. J. Garipuy et
Roschach, conservateurs du musée, au maire
de Toulouse, confirme purement et simple-
ment nos dires et nos appréhensions. Il
résulte de ce rapport que la conservation
des œuvres d’art est sérieusement compro-
mise par l’insalubrité des locaux actuels ;
que les dégradations de la plupart des ta-
bleaux et des sculptures rassemblés dans le
vieux couvent des Augustins ont pour cause
unique le mauvais état des bâtiments; que
l’humidité y règne en souveraine, qu’elle
ronge également la grande salle de peinture
et les galeries du cloître et qu’un grand
nombre d’œuvres d’art en portent les traces
trop manifestes. Toutes les demi-mesures
prises par la municipalité, tous les replâ-
trages successivement entrepris n’ont pas

modifié les mauvaises conditions des bâti-
ments. Y persister ce serait, disent MM. Ga-
ripuy et Roschach, augmenter gratuitement
la somme des dépenses inutiles que la ville
a déjà faites soit pour une appropriation
malencontreuse des locaux, soit pour des
rentoilages très-onéreux. Ces rentoilages et
ces restaurations, loin de remédier au mal,
semblent en avoir au contraire exagéré
l’action, puisque ce sont précisément les ta-
bleaux rentoilés qui se trouvent aujourd’hui
les plus compromis. Les rapporteurs citent
à l’appui de leur assertion les toiles de Mi-
chel, deSubleyras, de François Guy, d’Oudry,
François, Tournier, Philippe de Champagne,
Guido Reni, Carrache, Piètre de Cortone, Ri-
gaud, Murillo, Verrio,Crayer, Lafosse, Cazes,
Eugène Delacroix, Castiglione, Mignard, Ri-
vais, Romain Caze, etc., etc.

Les sculptures ne sont pas mieux traitées
que les tableaux, et il faudrait transcrire la
plupart des articles du catalogue si l’on vou-
lait signaler les œuvres d’art qui sont en
souffrance. La seule mesure efficace pour
assurer la conservation des collections serait
de renoncer d’une manière absolue à des
salles et galeries d’exposition foncièrement
et irrémédiablement défectueuses. Le rap-
port conclut au sacrifice de la majeure par-
tie des bâtiments actuels, de la grande salle
et des petites galeries de peinture, à leur
reconstruction sur le môme emplacement,
et propose, en attendant l’édification des
galeries destinées à les recevoir, l’emmaga-
sinage des tableaux et des sculptures les
plus délicates dans une salle de dépôt dont
la salubrité et la sécurité ne laisseraient rien
à désirer.

Ainsi mise en demeure, l’édilité toulou-
saine a paru sortir un moment de son indif-
férence et de son apathie. Une commission
spéciale a été nommée, et son rapporteur,
M. Joseph Bégué, a proposé au conseil mu-
nicipal le projet suivant de délibération :

u Article premier. — Les tableaux, les
sculptures et les objets d’art et de curiosité
aujourd’hui rassemblés dans le musée, sans
exception aucune, vont être immédiatement
transférés aux Jacobins, dans les locaux
affectés autrefois au logement des troupes,
pour y être provisoirement exposés.

« Article 2. — La commission émet le
vœu que l’ancien local des Augustins, ser-
vant aujourd’hui de musée, soit démoli pour
être reconstruit sur le même emplacement,
d’après un plan nouveau et conforme aux
exigences des collections diverses qui de-
vront y* figurer.

u Article 3. — Un crédit de 6,000 francs
est ouvert à M. le maire, sur les fonds libres
de l’exercice courant, pour être utilisé, soit
au transfert des tableaux et œuvres d’art,
soit pour aider à l’appropriation des nou-
veaux locaux. »

Devant des termes aussi formels, devant

une situation aussi impérieuse, chacun croira
sans doute que le conseil s’est trouvé suffi-
samment éclairé par les plaintes incessantes
de la population, par les avis officiels adres-
sés à l’administration par les conservateurs
dumuséeen 186â, 1867 et 1868, par le rap-
port que nous avons analysé de MM. Gari-
puy e„t Roschach en date du 15 février
dernier, et qu’elle s’est empressée de voter
à l’unanimité le projet de délibération ci-
dessus :

Eh bien, que l’on se détrompe! le conseil
a prié l’administration de provoquer une
enquête à bref délai avec le concours d’ar-
tistes, de connaisseurs, de physiciens et dp
chimistes.

Et l’affaire en est là.

Et les tableaux, et les sculptures et tous
les objets d’art continuent à se dégrader
dans le couvent des Augustins.

Les choses ne vont pas si vite que cela à
Toulouse, Lorsque la moisissure et l’humi-
dité auront fait paisiblement leur œuvre, on
avisera !

Quand donc la ville de Toulouse com-
prendra-t-elle qu’il est de sa dignité et de
son intérêt de prendre en considération
l’importance des collections qu’elle possède,
et qu’il est de son devoir d’assurer leur
conservation en les abritant d’une manière
définitive? Quand donc agira-t-elle, au lieu
de nommer des commissions et de prescrire
enquête sur enquête?

Louis Desprez.

TRIBUNAUX.

REPRODUCTION d’üNE OEUVRE D’ART APPARTENANT

a l’état.

Le groupe de la Danse du nouvel Opéra. —

M. Raudnitz, photographe, contre M. Car-
peaux.

« Un artiste qui vend son œuvre en con-
serve-t-il néanmoins le droit de reproduc-
tion ? »

Telle est la question qui vient d’être
déférée à la première chambre du tribunal,
présidée par M. Benoist Champy.

Voici en peu de mots ce qui a motivé le
procès actuel :

Personne n’a oublié les taches faites au
mois d’août dernier sur le groupe de
M. Carpeaux. Ce fut pour cette œuvre,
jusque-là si diversement appréciée, l’occa-
sion d’un succès sans prêt œdent.

Deux photographes, MX I. Raudnitz et Ap-
pert, désireux de profiter de ce moment de
vogue, s’empressèrent, ch; icun de leur côté,
de reproduire le groupe d< e la Danse par la
photographie, et quelque s jours après ils
en répandaient dans Pa: ris des milliers
d’exemplaires.
 
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