9* Année.
— N* 2 —
9 Janvier 1870.
LA
DES
ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
Paraissant tous les Dimanches
ABONNEMENTS :
Paris, un an. 15 fr.
■— six mois. 8 fr.
UN NUMÉRO : 2 0 CENT.
RÊDAC T10N : Rue Vivienne, 55Paris
Comptes rendus & annonces de ventes publiques de tableaux
dessins, estampes, bronzes, ivoires, médailles, livres rares, autographes
émaux, porcelaines, armes, objets de curiosité, &c., &c.
Nouvelles des galeries publiques, des ateliers. — Correspondances étrangères
Bibliographie des livres, articles de revues & estampes
publiées en France & à l’Etranger. — Revue des arts industriels
Expositions de Province & de l’Étranger-
Paraissant tous les Dimanches
ABONNEMENTS :
Départements, un an. 18 fr.
— six mois. 10 fr.
Etranger, le porc en sus.
ADMINISTRA TION : Rue Vivienne, 55, Paris
LE MINISTÈRE DES BEAUX-ARTS.
La séparation du ministère des beaux-
arts et du ministère de la maison de
l’Empereur, c’est la liste civile renonçant
à toute action sur les arts, c’est l’État
reprenant une légitime influence sur l’une
des branches qui concourent puissam-
ment à la gloire et à la richesse de
notre nation. Tous ceux qui ont quelque
souci de la grandeur morale de la France,
tous ceux qui comprennent le rôle consi-
dérable des arts, dans la prospérité de
nos industries, se réjouiront de cette
transformation. Beaucoup de personnes
ont trouvé excessive la création d’un
ministère des beaux-arts, pensant qu’une
simple division annexée à l’intérieur, ou
mieux à l’instruction publique, eût suffi.
En temps ordinaire nous aurions certai-
nement partagé leur avis, mais transi-
toirement nous admettons un ministère
spécial pour les beaux-arts. La tâche à
remplir est plus grave et plus vaste qu’on
ne pourrait le supposer au premier abord ;
il faudra au ministre chargé de l’accom-
plir beaucoup de temps et une grande
autorité. Les arts n’ont ni enseignement
convenablement organisé, ni législation
précise; dans l’une et dans l’autre de
ces deux sections tout est à étudier et à
faire. La Révolution, au milieu de ses
tourmentes politiques, a glissé rapide-
ment sur l’examen de questions jugées
alors comme n’intéressant que la dignité
intellectuelle du pays; et aucun gouver-
nement ne s’en est préoccupé depuis, le
dessin ayant continué à être considéré
comme un art tout d’agrément et de
luxe. Mais aujourd’hui que les exposi-
tions universelles ont prouvé l’impor-
tance commerciale de la connaissance du
dessin et de la délicatesse du goût; au-
jourd’hui qu’elles ont clairement établi
que la plupart des industries sont les
très-humbles vassales de la peinture et
de la sculpture, il est de toute nécessité
que la France lutte avec énergie pour
conserver une supériorité que les na-
tions rivales lui envient et s’efforcent de
lui enlever.
Est-ce dans ce but qu’un ministère des
beaux-arts a été créé? Nous osons l’es-
pérer; mais quelles réformes, quels dé-
veloppements songe-t-on à introduire
dans cette division? Nul ne peut le dire.
A nous tous, artistes, industriels, ama-
tetfrs, les idées que M. Maurice Richard
peut avoir sur les arts et les industries
qui s’y rattachent sont absolument in-
connues. Vouloir préjuger de ses ten-
dances serait téméraire, et nous qui
n’aimons pas à raisonner de parti pris et
sans nous appuyer sur des arguments
sérieux, nous nous hasarderons moins
que tout autre à formuler un jugement
prématuré. Nous attendrons, pour asseoir
notre opinion, que des actes nous aient
révélé les sentiments du ministre appelé
à diriger les beaux-arts et que des déci-
sions émanant du cabinet ou des cham-
bres aient nettement établi les attri-
butions et les moyens de ce ministère
nouveau.
Par le gracieux abandon d’un droit
d’usufruit aussi onéreux à la couronne
que préjudiciable aux intérêts généraux,
l’empereur a-t-il résolu de rendre à la
nation les collections du Louvre, pour
qu’elle puisse, les augmenter à. son gré et
les approprier à ses besoins? Le Musée
du Luxembourg, formé de tableaux mo-
dernes payés des deniers publics, installé
dans un palais de l’État, sera-t-il placé
sous la dépendance naturelle et légale
du ministère des beaux-arts? Dans quel-
les conditions nouvelles la surintendance
fonctionnera-t-elle; ou bien, ce qui est
plus probable, cessera-t-elle d’exister?
Comment seront réglés les rapports du
ministère des beaux-arts avec le minis-
tère de l’instruction publique pour toutes
les questions relatives à l’enseignement du
dessin dans les lycées, écoles et autres
institutions? L% Journal officiel 11’a encore
rien fait savoir sur ces points délicats.
Nous ne pouvons donc, pour le moment,
qu’applaudir à la décision qui a restitué
les beaux-arts à l’État et souhaiter que
la nouvelle administration j soit assez ac-
tive et assez éclairée pour entrer dans
une voie large, libérale et répondant
parfaitement aux idées et aux aspirations
modernes.
Émile Galichon.
Napoléon, etc.
Avons décrété et décrétons ce qui suit :
Le ministère des beaux-arts est séparé du
ministère de notre maison.
Notre garde des sceaux, ministre de la
justice et des cultes, et le ministre de notre
maison sont chargés, chacun en ce qui le
concerne, de l’exécution du présent décret.
Fait au palais des Tuileries, le 2 janvier
1870.
Napoléon.
Par l’Empereur :
Le garde des sceaux, ministre
de la justice et des cultes,
Émile Ollivier.
Napoléon, etc.
Avons décrété et décrétons ce qui suit :
S. Exc. le maréchal Vaillant est nommé
ministre de notre maison.
Notre garde des sceaux, ministre de la
justice et des cultes, est chargé de l’exécu-
tion du présent décret.
Fait au palais des Tuileries, le 2 janvier
1870.
Napoléon.
Par l’Empereur :
Le garde des sceaux, ministre
de la justice et des cultes,
Émile Ollivier.
Napoléon, etc.
Avons décrété et décrétons ce qui suit :
M. Maurice Richard, député, est nommé,
ministre des beaux-arts.
Notre garde des sceaux, ministre de la
justice et des cultes, est chargé de l’exécu-
tion du présent décret.
Fait au palais des Tuileries, le 2 jan-
vier 1870.
Napoléon.
Par l’Empereur :
Le garde des sceaux, ministre
de la justice et des cultes,
Émile Ollivier.
On lit dans la France :
Les beaux-arts, comme la politique, ont
eu depuis un an leurs revendicateurs, révo-
lutionnaires qui ne menaçaient en rien l’or-
dre social, et auxquels le bon sens nous a
commandé plusieurs fois de nous associer.
Ils réclamaient pour les beaux-arts une
plus large part dans la répartition du budget,
ils demandaient que l’administration char-
gée d’encourager les progrès des artistes fût
séparée de l’administration de la liste civile,
pour relever plus directement du contrôle
de l’opinion.
Le décret qui institue un ministère des
beaux-arts semble reconnaître en partie la
légitimité de ces revendications.
Il sépare l’administration des beaux-arts
de celle de la maison de l’Empereur, et lui
donne par ce seul fait une importance en
rapport avec sa haute mission.
Mais il ne suffit pas sans doute de créer
un ministère et de placer à sa tête un homme
qui arrive, comme tout nouveau ministre,
plein de zèle et anfeué des meilleures inten-
tions; il faut encore, et surtout, donner à
ce haut fonctionnaire les moyens de réaliser
les projets, les idées nouvelles qu’il apporte
nécessairement au pouvoir. II faut lui donner
de l’argent. Tout est là, et nous espérons
que la chambre sera saisie bientôt de cette
question vitale.
S’il en était autrement, si le budget des
\
beaux-arts, si restreint et si chargé déjà par
les frais d’administration de la surinten-
dance, devait rester le même en face des
frais plus considérables encore d’un minis-
tère, qu’auraient gagné les arts et les artistes?
l’honneur d’avoir pour protecteur immé-
diat un ministre. Nous sommes convaincu
que le ministre tout le premier craindrait
que la portée de cette réforme fût mal
comprise, et qu’il n’aura accepté son por-
tefeuille qu’avec la ferme volonté de faire
mettre quelque chose dedans.
A. Bonnin.
On lit dans le Figaro :
En 1863, le ministère d’État passa des
mains de M. le comte Walewski dans celles
de M. Billault.
Le ministère d’État comprenait alors les
services actuels du ministère des beaux-
arts, plus un bureau, dit du Corps législatif.
M. Billault ne garda que ce bureau et ren-
dit les autres services à l’empereur. Il fut
décidé qu’ils formeraient le ministère des
beaux-arts, dont le titulaire devait être
M. Prosper Mérimée.
Celui-ci était à Cannes. A la dépêche qui
lui annonçait sa nomination, il répondit qu’il
avait mal aux reins. L’affaire en resta là.
On offrit alors ce ministère au maréchal
Vaillant, qui était déjà ministre de la maison
de l’Empereur. Le maréchal n’accepta pas
d’abord.
« Je ne me connais ni en peinture, ni en
sculpture, ni en musique, » dit-il.
Mais on lui fit comprendre que les trois
grandes divisions du ministère étant entre
les mains de MM. de Nieuwerkerke, Fleury
et Bacciocchi, le rôle du titulaire se bornait
à l’apposition de sa signature au bas de
pièces mûrement méditées. M. Vaillant se
laissa faire.
A la mort de M. le comte Bacciocchi,
M. Camille Doueet, sans prendre le titre de
surintendant des théâtres, en prit les attri-
butions, sous le contrôle du maréchal.
La nomination de M. Maurice Richard va
donc faire descendre MM. Fleury et de
Nieuwerkerke à un rang bien inférieur à
celui qu’ils occupent.
Mais M. Fleury, qui est maintenant am-
bassadeur, a laissé les haras à MM. de Thal-
berg, inspecteur général, et Rony, chef de
division. Il a déjà fait son deuil de sa siné-
cure. Quant à M. de Nieuwerkerke, il op-
tera sans doute pour les doux loisirs et le
splendide logement que lui vaut sa posi-
tion de directeur général des musées impé-
riaux, poste qui relève du ministère de la
maison de l’Empereur. M. Arago, inspecteur
général des beaux-arts proprement dits,
est depuis ce matin, du reste, chef de sa
division.
Le ministère des beaux-arts comprend
— N* 2 —
9 Janvier 1870.
LA
DES
ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
Paraissant tous les Dimanches
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Paris, un an. 15 fr.
■— six mois. 8 fr.
UN NUMÉRO : 2 0 CENT.
RÊDAC T10N : Rue Vivienne, 55Paris
Comptes rendus & annonces de ventes publiques de tableaux
dessins, estampes, bronzes, ivoires, médailles, livres rares, autographes
émaux, porcelaines, armes, objets de curiosité, &c., &c.
Nouvelles des galeries publiques, des ateliers. — Correspondances étrangères
Bibliographie des livres, articles de revues & estampes
publiées en France & à l’Etranger. — Revue des arts industriels
Expositions de Province & de l’Étranger-
Paraissant tous les Dimanches
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Départements, un an. 18 fr.
— six mois. 10 fr.
Etranger, le porc en sus.
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LE MINISTÈRE DES BEAUX-ARTS.
La séparation du ministère des beaux-
arts et du ministère de la maison de
l’Empereur, c’est la liste civile renonçant
à toute action sur les arts, c’est l’État
reprenant une légitime influence sur l’une
des branches qui concourent puissam-
ment à la gloire et à la richesse de
notre nation. Tous ceux qui ont quelque
souci de la grandeur morale de la France,
tous ceux qui comprennent le rôle consi-
dérable des arts, dans la prospérité de
nos industries, se réjouiront de cette
transformation. Beaucoup de personnes
ont trouvé excessive la création d’un
ministère des beaux-arts, pensant qu’une
simple division annexée à l’intérieur, ou
mieux à l’instruction publique, eût suffi.
En temps ordinaire nous aurions certai-
nement partagé leur avis, mais transi-
toirement nous admettons un ministère
spécial pour les beaux-arts. La tâche à
remplir est plus grave et plus vaste qu’on
ne pourrait le supposer au premier abord ;
il faudra au ministre chargé de l’accom-
plir beaucoup de temps et une grande
autorité. Les arts n’ont ni enseignement
convenablement organisé, ni législation
précise; dans l’une et dans l’autre de
ces deux sections tout est à étudier et à
faire. La Révolution, au milieu de ses
tourmentes politiques, a glissé rapide-
ment sur l’examen de questions jugées
alors comme n’intéressant que la dignité
intellectuelle du pays; et aucun gouver-
nement ne s’en est préoccupé depuis, le
dessin ayant continué à être considéré
comme un art tout d’agrément et de
luxe. Mais aujourd’hui que les exposi-
tions universelles ont prouvé l’impor-
tance commerciale de la connaissance du
dessin et de la délicatesse du goût; au-
jourd’hui qu’elles ont clairement établi
que la plupart des industries sont les
très-humbles vassales de la peinture et
de la sculpture, il est de toute nécessité
que la France lutte avec énergie pour
conserver une supériorité que les na-
tions rivales lui envient et s’efforcent de
lui enlever.
Est-ce dans ce but qu’un ministère des
beaux-arts a été créé? Nous osons l’es-
pérer; mais quelles réformes, quels dé-
veloppements songe-t-on à introduire
dans cette division? Nul ne peut le dire.
A nous tous, artistes, industriels, ama-
tetfrs, les idées que M. Maurice Richard
peut avoir sur les arts et les industries
qui s’y rattachent sont absolument in-
connues. Vouloir préjuger de ses ten-
dances serait téméraire, et nous qui
n’aimons pas à raisonner de parti pris et
sans nous appuyer sur des arguments
sérieux, nous nous hasarderons moins
que tout autre à formuler un jugement
prématuré. Nous attendrons, pour asseoir
notre opinion, que des actes nous aient
révélé les sentiments du ministre appelé
à diriger les beaux-arts et que des déci-
sions émanant du cabinet ou des cham-
bres aient nettement établi les attri-
butions et les moyens de ce ministère
nouveau.
Par le gracieux abandon d’un droit
d’usufruit aussi onéreux à la couronne
que préjudiciable aux intérêts généraux,
l’empereur a-t-il résolu de rendre à la
nation les collections du Louvre, pour
qu’elle puisse, les augmenter à. son gré et
les approprier à ses besoins? Le Musée
du Luxembourg, formé de tableaux mo-
dernes payés des deniers publics, installé
dans un palais de l’État, sera-t-il placé
sous la dépendance naturelle et légale
du ministère des beaux-arts? Dans quel-
les conditions nouvelles la surintendance
fonctionnera-t-elle; ou bien, ce qui est
plus probable, cessera-t-elle d’exister?
Comment seront réglés les rapports du
ministère des beaux-arts avec le minis-
tère de l’instruction publique pour toutes
les questions relatives à l’enseignement du
dessin dans les lycées, écoles et autres
institutions? L% Journal officiel 11’a encore
rien fait savoir sur ces points délicats.
Nous ne pouvons donc, pour le moment,
qu’applaudir à la décision qui a restitué
les beaux-arts à l’État et souhaiter que
la nouvelle administration j soit assez ac-
tive et assez éclairée pour entrer dans
une voie large, libérale et répondant
parfaitement aux idées et aux aspirations
modernes.
Émile Galichon.
Napoléon, etc.
Avons décrété et décrétons ce qui suit :
Le ministère des beaux-arts est séparé du
ministère de notre maison.
Notre garde des sceaux, ministre de la
justice et des cultes, et le ministre de notre
maison sont chargés, chacun en ce qui le
concerne, de l’exécution du présent décret.
Fait au palais des Tuileries, le 2 janvier
1870.
Napoléon.
Par l’Empereur :
Le garde des sceaux, ministre
de la justice et des cultes,
Émile Ollivier.
Napoléon, etc.
Avons décrété et décrétons ce qui suit :
S. Exc. le maréchal Vaillant est nommé
ministre de notre maison.
Notre garde des sceaux, ministre de la
justice et des cultes, est chargé de l’exécu-
tion du présent décret.
Fait au palais des Tuileries, le 2 janvier
1870.
Napoléon.
Par l’Empereur :
Le garde des sceaux, ministre
de la justice et des cultes,
Émile Ollivier.
Napoléon, etc.
Avons décrété et décrétons ce qui suit :
M. Maurice Richard, député, est nommé,
ministre des beaux-arts.
Notre garde des sceaux, ministre de la
justice et des cultes, est chargé de l’exécu-
tion du présent décret.
Fait au palais des Tuileries, le 2 jan-
vier 1870.
Napoléon.
Par l’Empereur :
Le garde des sceaux, ministre
de la justice et des cultes,
Émile Ollivier.
On lit dans la France :
Les beaux-arts, comme la politique, ont
eu depuis un an leurs revendicateurs, révo-
lutionnaires qui ne menaçaient en rien l’or-
dre social, et auxquels le bon sens nous a
commandé plusieurs fois de nous associer.
Ils réclamaient pour les beaux-arts une
plus large part dans la répartition du budget,
ils demandaient que l’administration char-
gée d’encourager les progrès des artistes fût
séparée de l’administration de la liste civile,
pour relever plus directement du contrôle
de l’opinion.
Le décret qui institue un ministère des
beaux-arts semble reconnaître en partie la
légitimité de ces revendications.
Il sépare l’administration des beaux-arts
de celle de la maison de l’Empereur, et lui
donne par ce seul fait une importance en
rapport avec sa haute mission.
Mais il ne suffit pas sans doute de créer
un ministère et de placer à sa tête un homme
qui arrive, comme tout nouveau ministre,
plein de zèle et anfeué des meilleures inten-
tions; il faut encore, et surtout, donner à
ce haut fonctionnaire les moyens de réaliser
les projets, les idées nouvelles qu’il apporte
nécessairement au pouvoir. II faut lui donner
de l’argent. Tout est là, et nous espérons
que la chambre sera saisie bientôt de cette
question vitale.
S’il en était autrement, si le budget des
\
beaux-arts, si restreint et si chargé déjà par
les frais d’administration de la surinten-
dance, devait rester le même en face des
frais plus considérables encore d’un minis-
tère, qu’auraient gagné les arts et les artistes?
l’honneur d’avoir pour protecteur immé-
diat un ministre. Nous sommes convaincu
que le ministre tout le premier craindrait
que la portée de cette réforme fût mal
comprise, et qu’il n’aura accepté son por-
tefeuille qu’avec la ferme volonté de faire
mettre quelque chose dedans.
A. Bonnin.
On lit dans le Figaro :
En 1863, le ministère d’État passa des
mains de M. le comte Walewski dans celles
de M. Billault.
Le ministère d’État comprenait alors les
services actuels du ministère des beaux-
arts, plus un bureau, dit du Corps législatif.
M. Billault ne garda que ce bureau et ren-
dit les autres services à l’empereur. Il fut
décidé qu’ils formeraient le ministère des
beaux-arts, dont le titulaire devait être
M. Prosper Mérimée.
Celui-ci était à Cannes. A la dépêche qui
lui annonçait sa nomination, il répondit qu’il
avait mal aux reins. L’affaire en resta là.
On offrit alors ce ministère au maréchal
Vaillant, qui était déjà ministre de la maison
de l’Empereur. Le maréchal n’accepta pas
d’abord.
« Je ne me connais ni en peinture, ni en
sculpture, ni en musique, » dit-il.
Mais on lui fit comprendre que les trois
grandes divisions du ministère étant entre
les mains de MM. de Nieuwerkerke, Fleury
et Bacciocchi, le rôle du titulaire se bornait
à l’apposition de sa signature au bas de
pièces mûrement méditées. M. Vaillant se
laissa faire.
A la mort de M. le comte Bacciocchi,
M. Camille Doueet, sans prendre le titre de
surintendant des théâtres, en prit les attri-
butions, sous le contrôle du maréchal.
La nomination de M. Maurice Richard va
donc faire descendre MM. Fleury et de
Nieuwerkerke à un rang bien inférieur à
celui qu’ils occupent.
Mais M. Fleury, qui est maintenant am-
bassadeur, a laissé les haras à MM. de Thal-
berg, inspecteur général, et Rony, chef de
division. Il a déjà fait son deuil de sa siné-
cure. Quant à M. de Nieuwerkerke, il op-
tera sans doute pour les doux loisirs et le
splendide logement que lui vaut sa posi-
tion de directeur général des musées impé-
riaux, poste qui relève du ministère de la
maison de l’Empereur. M. Arago, inspecteur
général des beaux-arts proprement dits,
est depuis ce matin, du reste, chef de sa
division.
Le ministère des beaux-arts comprend