6
•encore la direction des bâtiments civils, con-
fiée à M. de Cardailhac, le service des mo-
numents historiques, les Archives impé-
riales, la chancellerie de la Légion d’honneur
et une très-importante division de compta-
bilité dont le chef est M. de MontHulé. Le
personnel des bureaux est d’environ cent
•cinquante employés.
Probablement on va remettre dans les
attributions du ministre des beaux-arts un
service retranché lors du refus de M. Méri-
mée, celui des sciences et lettres, encoura-
gements aux écrivains, etc., réunis alors,
avec son chef, M. Bellaguet, au ministère de
l’instruction publique.
Déjà, âu mois de juillet dernier, il avait
été question de reconstituer, au profit de
M. le marquis de Talhouët, le ministère des
beaux-arts. M. Maurice Richard est plus en-
core l’homme qui se fera aimer des artistes.
Il est jeune, il est indépendant, il est riche,
il est enthousiaste de toutes les formes de
Part. II saura encourager et récompenser à
temps.
M. Maurice Richard, qui est âgé de trente-
sept ans, est propriétaire du château de Mil-
lemont, où le prince de Polignac a signé en
1830 les fameuses ordonnances qui ont
amené la chute de Charles X.
Et l’on sait que M. Richard, candidat libé-
ral, a été élu député deux fois, luttant contre
les candidats les plus appuyés : MM. le gé-
néral Mellinet et Ernest Baroche.
Ernest Morand.
—-
CORRESPONDANCE D’ALLEMAGNE.
Vienne.
LE PALAIS DES ARTISTES VIENNOIS. — SOCIÉTÉS
DES AMIS DES ARTS DE VIENNE.
Où trouver une ville aussi complaisante
que Vienne pour les artistes? Il y a quelques
aimées, les peintres, sculpteurs et architectes
viennois ont eu la fantaisie de se donner un
palais, exclusivement consacré à leurs réu-
nions, à leurs expositions, un palais coquet,
artistique, tout reluisant d’ot, de marbres,
de porphyre. Aujourd’hui ils le possèdent,
ce palais, et plus beau qu’ils ne l’avaient
espéré. Leur rêve, qui partout ailleurs serait
resté longtemps encore à l’état de chimère,
est devenu une réalité dans un pays où le
numéraire est loin d’être abondant.
Le gouvernement ne pouvant leur venir
efficacement en aide, ils ont fait en sorte de
se passer de son concours, et ils ont mis en j
pratique cette sage maxime, fruit de la |
guerre de 18G6, qu’il ne faut compter que 1
sur soi. Sur leur demande, la ville leur a
accordé l’emplacement nécessaire et une
exemption de charges et d’impôts pour dix
ans; de plus, ils ont obtenu des entrepre-
neurs une réduction du tiers ou de la moitié
sur les travaux ; charpentiers, serruriers, etc.,
s’engagèrent à livrer au prix de revient; la
noblesse, le clergé, la finance, rivalisèrent
de générosité; un archiduc donna 9,000 fr.,
d’autres 6,000; neuf couvents souscrivirent
pour une somme de 18,000 francs. Les
artistes firent le reste et parachevèrent le
petit million 1 que réclamait la réalisation
de leur projet. Les professeurs à l’Académie
des Beaux-Arts de Vienne versèrent à eux
seuls une somme de 10,000 francs.
Depuis un an ou dix-huit mois l’édifice est
achevé, il s’appelle Künstlerhaus (maison des
artistes) et présente toutes les conditions de
luxe et de commodité désirables. Les res-
sources de VAssociation clés artistes 'vien-
nois2, à laquelle on est redevable de cette
création, sont loin d’être épuisées. Le der-
nier compte rendu le démontre péremptoi-
rement : 346 membres, un excédant de re-
1. Je ne puis donner des dates et des chiffres
exacts, le secrétariat n’ayant pas répondu aux ques-
tions que je lui avais adressées à ce sujet.
2. Genossenschaft der bildenden Künstler Wiens.
cettes assez important, une augmentation de
à,000 francs sur le fonds destiné aux expo-
sitions, de 9,000 francs sur la réserve, de
5,000 francs sur le fonds destiné à VAlbumfî),
que sais-je! Bref, chaque chapitre de ce bud-
get, compliqué comme celui d’un État, mais
plus brillant, se solde par un reliquat actif
considérable.
Les moyens qui ont assuré cette prospé-
rité sont des plus simples, et les charges qui
pèsent sur les membres de VAssociation clés
artistes viennois ne sont nullement oné-
reuses. Ces charges se résument en une co-
tisation annuelle de 24 francs due par chaque
membre ordinaire, ou, ce qui revient au
même, par chaque artiste associé, car les
artistes seuls peuvent être membres ordi-
naires. La source des autres revenus n’est
pas moins honorable. On loue aux libraires,
aux marchands, etc., le péristyle et les di-
verses parties du monument demeurées
libres : résultat 5,000 francs de loyer; on
prélève en outre une commission de 5 pour
100 sur le prix des œuvres vendues par l’in-
termédiaire de VAssociation, : produit, pour
1868-69, 4,000 francs.
Cette organisation est si simple, si facile
et si pratique, qu’on s’étonne que toutes les
grandes villes ne s’empressent pas de l’imi-
ter. Inclinons-nous devant les artistes autri-
chiens qui viennent de nous donner un si
bel exemple à suivre.
Le palais qu’ils ont fait élever sert, comme
je l’ai dit, à deux fins : aux réunions, aux
expositions. Les réunions ont lieu dans un
casino possédant des billards, une biblio-
thèque, des salles de conversation, etc.
J’ignore si un esprit artistique préside à ces
diverses récréations, et je me demande pour-
quoi on y a placé billards, jeux de cartes et
damiers sous l’invocation d’Apollon et de
saint Luc. Ce que je sais mieux, c’est que
les relations qui s’y forment ne sont pas
indifférentes aux progrès du beau ; elles
entretiennent une émulation des plus vives,
et remplacent une critique souvent trop
complaisante par un aréopage d’artistes,
sévère et équitable. N’est-ce pas une de ces
bonnes vieilles corporations d’autrefois qui
renaît?
La seconde destination du Künstlerhaus
est plus importante encore : il est arrangé
de manière à contenir un millier de toiles,
ainsi que bon nombre de statues. Les salles
du rez-de-chaussée sont réservées à la sculp-
ture, à l’architecture, aux arts graphiques ;
celles du premier, auxquelles on arrive par
un escalier magnifique, sont destinées aux
tableaux. La lumière y est très-heureuse-
ment distribuée.
Le système des expositions est le suivant :
Y Association les organise à ses risques et
périls; mais le gouvernement s’est engagé à
acheter tous les trois ans à ses expositions
pour 30,000 francs d’objets d’art. C’est un
exemple de ces institutions moitié privées,
moitié publiques, ou mieux, un exemple de
ces alliances des particuliers avec le gou-
vernement, si fréquentes en Autriche, presque
inconnues chez nous. — Chaque année, du
1er mars au 15 mai, exposition générale;
les autres mois, expositions spéciales et par-
tielles.
En 1868, lors de l’ouverture du Künstler-
haus, VAssociation generale des artistes alle-
mands a défrayé à elle seule la première
exposition générale; elle y a envoyé 1152
ouvrages qui ont trouvé place soit dans l’in-
térieur de l’édifice, soit dans les annexes. A
celte occasion, VAssociation des artistes vien-
j nois a donné un grand exemple de désinté-
ressement et d’hospitalité : elle a supporté
tous les frais et comblé de ses propres de-
niers un déficit considérable. La sympathie
du public viennois l’en a dédommagée dans
une certaine mesure ; près de 60,000 per-
sonnes (Vienne ne compte que 800,000 âmes)
ont visité l’Exposition, et la vente de 104 ob-
jets exposés a produit un total de 200,000 fr.
En 1869, elle a ouvert ses salons aux ar-
tistes de tous les pays,
répondu par l’envoi de 602 numéros, dont
une cinquantaine viennent de la France. Elle
continuera ces expositions internationales
et en organisera une chaque année, du
1er mars au 15 mai.
Les expositions partielles qui succèdent
aux expositions générales sont moins inté-
ressantes. Celle que j’ai vue lors de ma vi-
site au Künstlerhaus n’offrait rien de re-
marquable. Quelques toiles de MM. Worms,
Fichel, Madrazo, Willems, etc., s’y prélas-
saient en compagnie de l’œuvre de feu
Ranft, peintre viennois célèbre, qui a légué
à l'Association son atelier, et à la postérité
d’assez méchants tableaux.
En résumé, l’établissement et l’organi-
sation du Künstlerhaus font le plus grand
honneur au patriotisme des habitants, ainsi
qu’à l’esprit de confraternité des artistes de
Vienne, et il serait à désirer que nos artistes
parisiens prissent modèle sur eux.
VAssociation des artistes viennois est
alliée à une société des amis des arts, plus
ancienne qu’elle, la Société pour l'encoura-
gement des beaux-arts (Verein fur Befôrde-
rung der bildenden Künste). Cette seconde
société compte 1,900 membres; elle accorde
à l’art monumental des encouragements
assez importants, témoin les statues qui
ornent le pont d’Élisabeth, à Vienne, et qui
sont dues à son entremise.
C’est une nouvelle preuve de la puissance
de l’initiative privée dans cet empire d’Au-
triche que nous sommes encore trop enclins
à considérer comme la terre par excellence
de l’autocratie et de la somnolence.
Indépendamment de ces deux institutions,
on trouve aussi à Vienne une Société artis-
tique autrichienne, ce qui porte à trois le
nombre des sociétés artistiques dans une
ville dont la population est presque trois fois
moindre que celle de Paris. Cette société
(Tuchlauben) diffère de l’Association des
artistes viennois en ce qu’elle se compose
presque uniquement d’amateurs, et que les
artistes n’y entrent que pour un chiffre insi-
gnifiant (40 environ). Le nombre de ses
membres est de 2,500 (cotisation 21 francs),
et celui des acquéreurs d’actions de loterie,
de 4,000. Elle dispose d’un budget annuel
de près de 80,000 francs, dont 18,000 sont
consacrés à l’acquisition d’objets destinés à
la loterie, et 13,000 aux primes à distribuer
aux sociétaires.
Le système de ses expositions est tout l’op-
posé de celui de Y Association... Il comprend
une série d’expositions d’une durée de quatre
à cinq semaines, se succédant sans interrup-
tion pendant neuf mois de l’année, et comp-
tant chacune de 150 à 300 toiles. Les socié-
taires, s’il faut l’en croire, préfèrent huit ou
neuf expositions à une seule. En un mot,
les Viennois veulent en avoir pour leur
argent. Les ouvrages, après avoir été expo-
sés dans ses salons à Tienne, parcourent les
succursales qu’elle possède dans les princi-
pales villes d’Autriche, et il est rare qu’un
tableau qui passe par ces différentes étapes
ne rencontre pas un acquéreur. Du 1er oc-
tobre 1868 au 30 juillet 1869, la Société au-
trichienne a vendu pour 54,354 florins, soit
environ pour 11 0,000 francs d’œuvres d’art.
Les conditions qu’elle fait aux artistes
sont, à quelques égards, plus avantageuses
que celles de 1 ’Association. Gomme celle-ci,
elle prélève sur les prix de vente une com-
mission de 5 pour 100, mais elle supporte
les frais de transport pour l’aller et le retour,
pourvu que les objets lui soient expédiés par
petite vitesse; elle se charge également de
les assurer. Chaque année, elle ouvre des
concours dits cl’esquisses, à la suite desquels
elle fait des commandes ou des acquisi-
tions aux artistes jugés dignes de cette
distinction.
Son local, qui lui coûte 10,000 francs par
an, ne vaut pas celui du Künstlerhaus-, il
est vaste, mais nullement commode ou
luxueux.
ait-il pas mieux réunir, centra-
* dire le mot, les efforts de ces
diverses sociétés, que d’entretenir une riva-
lité en somme assez mesquine? L’une compte
un nombre considérable d’adhérents, l’autre
est fière de ses magnifiques salles d’exposi-
tions; une fusion intelligente donnerait nais-
sance à une société unique au monde, et
capable de relever promptement la peinture,
aujourd’hui si déchue en Autriche.
Mais que de chiffres et d’affaires dans
cette correspondance! où donc est resté
l’art?
M.
—■ -i»osi;§;T>6g,
EXPOSITION PUBLIQUE
DES OUVRAGES DES ARTISTES VIVANTS POUR
l’année 1870. •
RÈGLEMENT
CHAPITRE PREMIER
Dit dépôt des ouvrages.
Art. 1er. L’exposition des ouvrages des artistes
vivants aura lieu au palais des Champs-Élysées, du
1er mai au 20 juin 1870. Elle sera ouverte aux pro-
ductions des artistes français et étrangers.
Les ouvrages devront être déposés du 10 au 20 mars,
à six heures du soir. Passé cette époque, aucune
œuvre ne sera reçue.
Aucun sursis ne sera accordé, pour quelque motif
que ce soit. En conséquence, toute demande de sursis
sera considérée comme non avenue et laissée, dès
lors, sans réponse.
Art. 2. Sont admises à l’exposition les œuvres des
sept genres ci-après indiqués :
1° Peinture;
2» Dessins, aquarelles, pastels, miniatures, émaux,
porcelaines, cartons de vitraux et vitraux, à.l’exclu-
sion toutefois des vitraux et cartons de vitraux qui
ne représenteraient que des sujets d’ornementation ;
3° Sculpture;
4° Gravure en médailles et en pierres fines ;
5» Architecture;
6° Gravure;
7» Lithographie.
Les artistes ne pourront envoyer à l’exposition que
deux ouvrages de chacun des sept genres désignés
ci-dessus.
Sera considéré comme ne formant qu’un seul ou-
vrage tout assemblage de gravures dans un cadre
dont la surface, mesurée extérieurement, n’excédera
pas un mètre vingt centimètres carrés, pourvu toute-
fois que les gravures ne se rapportent pas à des
sujets différents et puissent être inscrites au cata-
logue sous un même numéro. Cette disposition
s’appliquera également aux lithographies.
Art. 3. Ne pourront être présentées:
Les copies, sauf celles qui reproduiraient un ou-
vrage dans un genre différent, sur émail, sur por-
celaine ou par le dessin ;
Les peintures sur émail, sur porcelaine ou sur
faïence, originales ou copies, servant à la décoration
d’objetsayantune forme usuelle,tels que vases, coupes
plats, etc., ces sortes de peintures étant plus spéciale-
ment du domaine de l’art industriel ;
Les ouvrages qui ont figuré aux expositions précé-
dentes à Paris ;
Les tableaux et autres objets sans cadre;
Les ouvrages d’un artiste décédé, à moins que
le décès ne soit postérieur à l’ouverture du dernier
Salon ; •
Les ouvrages anonymes ;
Les sculptures en terre non cuite.
Art. 4. Chaque cadre ne devra contenir qu’un
objet pour la présentation au jury, sauf aux artistes
à réunir ensuite dans le même cadre leurs œuvres du
même genre, si la nature du sujet l’exige.
Les peintres-miniaturistes et les graveurs en mé-
dailles et en pierres fines pourront seuls grouper leurs
œuvres sur la même planche.
Art. 5. Les ouvrages ayant des cadres de forme
ronde ou ovale ou à pans coupés devront être pré-
sentés ajustés sur des planches dorées de forme rec-
tangulaire.
Art. 6. Les ouvrages envoyés à l’exposition de-
vront être adressés francs de port à M. le surin-
tendant des beaux-arts, au palais des Champs-Ely-
sées.
Art. 7. Chaque artiste, en déposant ou en laissant
déposer ses œuvres, devra en même temps remettre
ou faire remettre une notice signée de lui, contenant
ses nom et prénoms, le lieu de sa naissance, les noms
de ses maîtres, la mention des récompenses obtenues
par lui aux expositions de Paris ou aux concours
pour les grands prix de Rome, et l’indication des
expositions auxquelles ses œuvres ont été admises;
enfin son adresse et le sujet de ses ouvrages.
Ceux qui ne pourront accompagner leurs œuvres
devront les faire déposer par une personne munie de
leur autorisatisn écrite.
Art. 8. Chacun des sept genres désignés ci-dessus,
à l’article 2, devra être inscrit sur une notice sé-
parée.
Art. 9. Un appendice du catalogue sera consacré
aux ouvrages de peinture et de sculpture exécutés
depuis l’exposition dernière dans les monuments
publics et qui, par la place fixe qu’ils occupent dans
•encore la direction des bâtiments civils, con-
fiée à M. de Cardailhac, le service des mo-
numents historiques, les Archives impé-
riales, la chancellerie de la Légion d’honneur
et une très-importante division de compta-
bilité dont le chef est M. de MontHulé. Le
personnel des bureaux est d’environ cent
•cinquante employés.
Probablement on va remettre dans les
attributions du ministre des beaux-arts un
service retranché lors du refus de M. Méri-
mée, celui des sciences et lettres, encoura-
gements aux écrivains, etc., réunis alors,
avec son chef, M. Bellaguet, au ministère de
l’instruction publique.
Déjà, âu mois de juillet dernier, il avait
été question de reconstituer, au profit de
M. le marquis de Talhouët, le ministère des
beaux-arts. M. Maurice Richard est plus en-
core l’homme qui se fera aimer des artistes.
Il est jeune, il est indépendant, il est riche,
il est enthousiaste de toutes les formes de
Part. II saura encourager et récompenser à
temps.
M. Maurice Richard, qui est âgé de trente-
sept ans, est propriétaire du château de Mil-
lemont, où le prince de Polignac a signé en
1830 les fameuses ordonnances qui ont
amené la chute de Charles X.
Et l’on sait que M. Richard, candidat libé-
ral, a été élu député deux fois, luttant contre
les candidats les plus appuyés : MM. le gé-
néral Mellinet et Ernest Baroche.
Ernest Morand.
—-
CORRESPONDANCE D’ALLEMAGNE.
Vienne.
LE PALAIS DES ARTISTES VIENNOIS. — SOCIÉTÉS
DES AMIS DES ARTS DE VIENNE.
Où trouver une ville aussi complaisante
que Vienne pour les artistes? Il y a quelques
aimées, les peintres, sculpteurs et architectes
viennois ont eu la fantaisie de se donner un
palais, exclusivement consacré à leurs réu-
nions, à leurs expositions, un palais coquet,
artistique, tout reluisant d’ot, de marbres,
de porphyre. Aujourd’hui ils le possèdent,
ce palais, et plus beau qu’ils ne l’avaient
espéré. Leur rêve, qui partout ailleurs serait
resté longtemps encore à l’état de chimère,
est devenu une réalité dans un pays où le
numéraire est loin d’être abondant.
Le gouvernement ne pouvant leur venir
efficacement en aide, ils ont fait en sorte de
se passer de son concours, et ils ont mis en j
pratique cette sage maxime, fruit de la |
guerre de 18G6, qu’il ne faut compter que 1
sur soi. Sur leur demande, la ville leur a
accordé l’emplacement nécessaire et une
exemption de charges et d’impôts pour dix
ans; de plus, ils ont obtenu des entrepre-
neurs une réduction du tiers ou de la moitié
sur les travaux ; charpentiers, serruriers, etc.,
s’engagèrent à livrer au prix de revient; la
noblesse, le clergé, la finance, rivalisèrent
de générosité; un archiduc donna 9,000 fr.,
d’autres 6,000; neuf couvents souscrivirent
pour une somme de 18,000 francs. Les
artistes firent le reste et parachevèrent le
petit million 1 que réclamait la réalisation
de leur projet. Les professeurs à l’Académie
des Beaux-Arts de Vienne versèrent à eux
seuls une somme de 10,000 francs.
Depuis un an ou dix-huit mois l’édifice est
achevé, il s’appelle Künstlerhaus (maison des
artistes) et présente toutes les conditions de
luxe et de commodité désirables. Les res-
sources de VAssociation clés artistes 'vien-
nois2, à laquelle on est redevable de cette
création, sont loin d’être épuisées. Le der-
nier compte rendu le démontre péremptoi-
rement : 346 membres, un excédant de re-
1. Je ne puis donner des dates et des chiffres
exacts, le secrétariat n’ayant pas répondu aux ques-
tions que je lui avais adressées à ce sujet.
2. Genossenschaft der bildenden Künstler Wiens.
cettes assez important, une augmentation de
à,000 francs sur le fonds destiné aux expo-
sitions, de 9,000 francs sur la réserve, de
5,000 francs sur le fonds destiné à VAlbumfî),
que sais-je! Bref, chaque chapitre de ce bud-
get, compliqué comme celui d’un État, mais
plus brillant, se solde par un reliquat actif
considérable.
Les moyens qui ont assuré cette prospé-
rité sont des plus simples, et les charges qui
pèsent sur les membres de VAssociation clés
artistes viennois ne sont nullement oné-
reuses. Ces charges se résument en une co-
tisation annuelle de 24 francs due par chaque
membre ordinaire, ou, ce qui revient au
même, par chaque artiste associé, car les
artistes seuls peuvent être membres ordi-
naires. La source des autres revenus n’est
pas moins honorable. On loue aux libraires,
aux marchands, etc., le péristyle et les di-
verses parties du monument demeurées
libres : résultat 5,000 francs de loyer; on
prélève en outre une commission de 5 pour
100 sur le prix des œuvres vendues par l’in-
termédiaire de VAssociation, : produit, pour
1868-69, 4,000 francs.
Cette organisation est si simple, si facile
et si pratique, qu’on s’étonne que toutes les
grandes villes ne s’empressent pas de l’imi-
ter. Inclinons-nous devant les artistes autri-
chiens qui viennent de nous donner un si
bel exemple à suivre.
Le palais qu’ils ont fait élever sert, comme
je l’ai dit, à deux fins : aux réunions, aux
expositions. Les réunions ont lieu dans un
casino possédant des billards, une biblio-
thèque, des salles de conversation, etc.
J’ignore si un esprit artistique préside à ces
diverses récréations, et je me demande pour-
quoi on y a placé billards, jeux de cartes et
damiers sous l’invocation d’Apollon et de
saint Luc. Ce que je sais mieux, c’est que
les relations qui s’y forment ne sont pas
indifférentes aux progrès du beau ; elles
entretiennent une émulation des plus vives,
et remplacent une critique souvent trop
complaisante par un aréopage d’artistes,
sévère et équitable. N’est-ce pas une de ces
bonnes vieilles corporations d’autrefois qui
renaît?
La seconde destination du Künstlerhaus
est plus importante encore : il est arrangé
de manière à contenir un millier de toiles,
ainsi que bon nombre de statues. Les salles
du rez-de-chaussée sont réservées à la sculp-
ture, à l’architecture, aux arts graphiques ;
celles du premier, auxquelles on arrive par
un escalier magnifique, sont destinées aux
tableaux. La lumière y est très-heureuse-
ment distribuée.
Le système des expositions est le suivant :
Y Association les organise à ses risques et
périls; mais le gouvernement s’est engagé à
acheter tous les trois ans à ses expositions
pour 30,000 francs d’objets d’art. C’est un
exemple de ces institutions moitié privées,
moitié publiques, ou mieux, un exemple de
ces alliances des particuliers avec le gou-
vernement, si fréquentes en Autriche, presque
inconnues chez nous. — Chaque année, du
1er mars au 15 mai, exposition générale;
les autres mois, expositions spéciales et par-
tielles.
En 1868, lors de l’ouverture du Künstler-
haus, VAssociation generale des artistes alle-
mands a défrayé à elle seule la première
exposition générale; elle y a envoyé 1152
ouvrages qui ont trouvé place soit dans l’in-
térieur de l’édifice, soit dans les annexes. A
celte occasion, VAssociation des artistes vien-
j nois a donné un grand exemple de désinté-
ressement et d’hospitalité : elle a supporté
tous les frais et comblé de ses propres de-
niers un déficit considérable. La sympathie
du public viennois l’en a dédommagée dans
une certaine mesure ; près de 60,000 per-
sonnes (Vienne ne compte que 800,000 âmes)
ont visité l’Exposition, et la vente de 104 ob-
jets exposés a produit un total de 200,000 fr.
En 1869, elle a ouvert ses salons aux ar-
tistes de tous les pays,
répondu par l’envoi de 602 numéros, dont
une cinquantaine viennent de la France. Elle
continuera ces expositions internationales
et en organisera une chaque année, du
1er mars au 15 mai.
Les expositions partielles qui succèdent
aux expositions générales sont moins inté-
ressantes. Celle que j’ai vue lors de ma vi-
site au Künstlerhaus n’offrait rien de re-
marquable. Quelques toiles de MM. Worms,
Fichel, Madrazo, Willems, etc., s’y prélas-
saient en compagnie de l’œuvre de feu
Ranft, peintre viennois célèbre, qui a légué
à l'Association son atelier, et à la postérité
d’assez méchants tableaux.
En résumé, l’établissement et l’organi-
sation du Künstlerhaus font le plus grand
honneur au patriotisme des habitants, ainsi
qu’à l’esprit de confraternité des artistes de
Vienne, et il serait à désirer que nos artistes
parisiens prissent modèle sur eux.
VAssociation des artistes viennois est
alliée à une société des amis des arts, plus
ancienne qu’elle, la Société pour l'encoura-
gement des beaux-arts (Verein fur Befôrde-
rung der bildenden Künste). Cette seconde
société compte 1,900 membres; elle accorde
à l’art monumental des encouragements
assez importants, témoin les statues qui
ornent le pont d’Élisabeth, à Vienne, et qui
sont dues à son entremise.
C’est une nouvelle preuve de la puissance
de l’initiative privée dans cet empire d’Au-
triche que nous sommes encore trop enclins
à considérer comme la terre par excellence
de l’autocratie et de la somnolence.
Indépendamment de ces deux institutions,
on trouve aussi à Vienne une Société artis-
tique autrichienne, ce qui porte à trois le
nombre des sociétés artistiques dans une
ville dont la population est presque trois fois
moindre que celle de Paris. Cette société
(Tuchlauben) diffère de l’Association des
artistes viennois en ce qu’elle se compose
presque uniquement d’amateurs, et que les
artistes n’y entrent que pour un chiffre insi-
gnifiant (40 environ). Le nombre de ses
membres est de 2,500 (cotisation 21 francs),
et celui des acquéreurs d’actions de loterie,
de 4,000. Elle dispose d’un budget annuel
de près de 80,000 francs, dont 18,000 sont
consacrés à l’acquisition d’objets destinés à
la loterie, et 13,000 aux primes à distribuer
aux sociétaires.
Le système de ses expositions est tout l’op-
posé de celui de Y Association... Il comprend
une série d’expositions d’une durée de quatre
à cinq semaines, se succédant sans interrup-
tion pendant neuf mois de l’année, et comp-
tant chacune de 150 à 300 toiles. Les socié-
taires, s’il faut l’en croire, préfèrent huit ou
neuf expositions à une seule. En un mot,
les Viennois veulent en avoir pour leur
argent. Les ouvrages, après avoir été expo-
sés dans ses salons à Tienne, parcourent les
succursales qu’elle possède dans les princi-
pales villes d’Autriche, et il est rare qu’un
tableau qui passe par ces différentes étapes
ne rencontre pas un acquéreur. Du 1er oc-
tobre 1868 au 30 juillet 1869, la Société au-
trichienne a vendu pour 54,354 florins, soit
environ pour 11 0,000 francs d’œuvres d’art.
Les conditions qu’elle fait aux artistes
sont, à quelques égards, plus avantageuses
que celles de 1 ’Association. Gomme celle-ci,
elle prélève sur les prix de vente une com-
mission de 5 pour 100, mais elle supporte
les frais de transport pour l’aller et le retour,
pourvu que les objets lui soient expédiés par
petite vitesse; elle se charge également de
les assurer. Chaque année, elle ouvre des
concours dits cl’esquisses, à la suite desquels
elle fait des commandes ou des acquisi-
tions aux artistes jugés dignes de cette
distinction.
Son local, qui lui coûte 10,000 francs par
an, ne vaut pas celui du Künstlerhaus-, il
est vaste, mais nullement commode ou
luxueux.
ait-il pas mieux réunir, centra-
* dire le mot, les efforts de ces
diverses sociétés, que d’entretenir une riva-
lité en somme assez mesquine? L’une compte
un nombre considérable d’adhérents, l’autre
est fière de ses magnifiques salles d’exposi-
tions; une fusion intelligente donnerait nais-
sance à une société unique au monde, et
capable de relever promptement la peinture,
aujourd’hui si déchue en Autriche.
Mais que de chiffres et d’affaires dans
cette correspondance! où donc est resté
l’art?
M.
—■ -i»osi;§;T>6g,
EXPOSITION PUBLIQUE
DES OUVRAGES DES ARTISTES VIVANTS POUR
l’année 1870. •
RÈGLEMENT
CHAPITRE PREMIER
Dit dépôt des ouvrages.
Art. 1er. L’exposition des ouvrages des artistes
vivants aura lieu au palais des Champs-Élysées, du
1er mai au 20 juin 1870. Elle sera ouverte aux pro-
ductions des artistes français et étrangers.
Les ouvrages devront être déposés du 10 au 20 mars,
à six heures du soir. Passé cette époque, aucune
œuvre ne sera reçue.
Aucun sursis ne sera accordé, pour quelque motif
que ce soit. En conséquence, toute demande de sursis
sera considérée comme non avenue et laissée, dès
lors, sans réponse.
Art. 2. Sont admises à l’exposition les œuvres des
sept genres ci-après indiqués :
1° Peinture;
2» Dessins, aquarelles, pastels, miniatures, émaux,
porcelaines, cartons de vitraux et vitraux, à.l’exclu-
sion toutefois des vitraux et cartons de vitraux qui
ne représenteraient que des sujets d’ornementation ;
3° Sculpture;
4° Gravure en médailles et en pierres fines ;
5» Architecture;
6° Gravure;
7» Lithographie.
Les artistes ne pourront envoyer à l’exposition que
deux ouvrages de chacun des sept genres désignés
ci-dessus.
Sera considéré comme ne formant qu’un seul ou-
vrage tout assemblage de gravures dans un cadre
dont la surface, mesurée extérieurement, n’excédera
pas un mètre vingt centimètres carrés, pourvu toute-
fois que les gravures ne se rapportent pas à des
sujets différents et puissent être inscrites au cata-
logue sous un même numéro. Cette disposition
s’appliquera également aux lithographies.
Art. 3. Ne pourront être présentées:
Les copies, sauf celles qui reproduiraient un ou-
vrage dans un genre différent, sur émail, sur por-
celaine ou par le dessin ;
Les peintures sur émail, sur porcelaine ou sur
faïence, originales ou copies, servant à la décoration
d’objetsayantune forme usuelle,tels que vases, coupes
plats, etc., ces sortes de peintures étant plus spéciale-
ment du domaine de l’art industriel ;
Les ouvrages qui ont figuré aux expositions précé-
dentes à Paris ;
Les tableaux et autres objets sans cadre;
Les ouvrages d’un artiste décédé, à moins que
le décès ne soit postérieur à l’ouverture du dernier
Salon ; •
Les ouvrages anonymes ;
Les sculptures en terre non cuite.
Art. 4. Chaque cadre ne devra contenir qu’un
objet pour la présentation au jury, sauf aux artistes
à réunir ensuite dans le même cadre leurs œuvres du
même genre, si la nature du sujet l’exige.
Les peintres-miniaturistes et les graveurs en mé-
dailles et en pierres fines pourront seuls grouper leurs
œuvres sur la même planche.
Art. 5. Les ouvrages ayant des cadres de forme
ronde ou ovale ou à pans coupés devront être pré-
sentés ajustés sur des planches dorées de forme rec-
tangulaire.
Art. 6. Les ouvrages envoyés à l’exposition de-
vront être adressés francs de port à M. le surin-
tendant des beaux-arts, au palais des Champs-Ely-
sées.
Art. 7. Chaque artiste, en déposant ou en laissant
déposer ses œuvres, devra en même temps remettre
ou faire remettre une notice signée de lui, contenant
ses nom et prénoms, le lieu de sa naissance, les noms
de ses maîtres, la mention des récompenses obtenues
par lui aux expositions de Paris ou aux concours
pour les grands prix de Rome, et l’indication des
expositions auxquelles ses œuvres ont été admises;
enfin son adresse et le sujet de ses ouvrages.
Ceux qui ne pourront accompagner leurs œuvres
devront les faire déposer par une personne munie de
leur autorisatisn écrite.
Art. 8. Chacun des sept genres désignés ci-dessus,
à l’article 2, devra être inscrit sur une notice sé-
parée.
Art. 9. Un appendice du catalogue sera consacré
aux ouvrages de peinture et de sculpture exécutés
depuis l’exposition dernière dans les monuments
publics et qui, par la place fixe qu’ils occupent dans