Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
9e Année.

N° 25 ~

19 Juin 1870.

LA CHRONIQUE

TOLITIQJUE

DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ

T Xp? ...
f ;r T'.

Paraissant tous les Dimanches

ABONNEMENTS :

Paris , un an. 15 fr.

. 8 fr.

■— six mois.

UN NUMÉRO : 2 0 CENT.

RÉDACTION : Rue Vivienne, 55, Paris

Comptes rendus & annonces de ventes publiques de tableaux
dessins, estampes, bronzes, ivoires, médailles, livres rares, autographes
émaux, porcelaines, armes, objets de curiosité, &c., &c.

Nouvelles des galeries publiques, des ateliers. — Correspondances étrangères
Bibliographie des livres, articles de revues & estampes
publiées en France & à l’Etranger. — Revue des arts industriels
Expositions de Province & de l’Etranger-

/& h : •' É\

Paraissant to utiles, Dimanches']

;'ccfn P

A B O N N E AIE NT S | re, m
Départements, un 48 fr.

— six mois. 10 fr.

Etranger, le port en sus.

ADMINISTRA TION : Rue Vivienne, ôo, Paris

DÉCISIONS RÉCENTES
DU

MINISTÈRE DES BEAUX-ARTS.

Le ministère des beaux-arts, sciences
et belles-lettres vient de prendre deux
décisions qui auront certainement l'ap-
probation générale.

En fixant la distribution des. récom-
penses, non plus au 13 août, veille de la
fête de l’Empereur, mais au 21 juin, len-
demain de la clôture de l’Exposition, le
ministère rend aux artistes, qui désirent
assister à cette cérémonie, la faculté de
quitter Paris à une époque où tous ont
l’habitude d’aller chercher au loin les
motifs de leurs tableaux.

En prenant la résolution de réunir
dans une exposition spéciale les œuvres
achetées pour enrichir les musées et les
monuments publics, le ministère intro-
duit une innovation considérable qui
aura pour les arts des résultats extrême-
ment avantageux.

A diverses reprises, lorsque la liste ci-
vile dirigeait encore les beaux-arts, nous
avons réclamé la publication et l’exposi-
tion des œuvres achetées avec l’argent
des contribuables. Mais, habituée à trai-
ter les affaires de l’État comme celles de
la couronne, la liste civile était constam-
ment demeurée sourde à cette demande
légitime, et si, chaque année, nous avons
publié le relevé à peu près complet des
acquisitions, nous avons toujours dû ces
renseignements à l’obligeance des ar-
tistes intéressés à nous les communiquer.

Le ministère des beaux-arts, et nous
l’en félicitons sincèrement, a cru devoir
rompre avec ces habitudes cachottières
et peu dignes. Il ne veut pas les té-
nèbres; il ne craint pas de soumettre ses
actes au contrôle public, et, par l’expo-
sition des œuvres d’art achetées, il en-
tend fournir à chacun les moyens de
connaître ses doctrines. C’est là une me-
sure franche et courageuse qui contraste
singulièrement avec les habitudes an-
ciennes et à laquelle nous applaudissons
sans réserve, convaincu que nous sommes
des conséquences heureuses quelle ne
peut manquer d’avoir. Par l’exposition
des œuvres achetées, l’administration, te-
nue de défendre son indépendance et son
impartialité, trouvera plus de force pour
'résister à ces obsessions indiscrètes que
suivaient trop souvent des acquisitions
ipsigniliantes ou ridicules; elle se consi-

dérera comme obligée de s’assurer la
possession des œuvres les plus remar-
quables du Salon, et elle offrira aux
artistes une publicité qui sera pour eux
la meilleure et la plus belle récompense
de leurs efforts.

Émile Galichon.

LES BEAUX-ARTS

ET LE CONSEIL MUNICIPAL DE BORDEAUX.

Le Conseil municipal de Bordeaux s’est
réuni le 27 mai dernier, dans une des salles
de l’hôtel de ville, sous la présidence de
M. de Betlnnann, maire.

Le procès-verbal de cette séance a été pu-
blié par la Gironde, dans son numéro du
29 mai suivant. Nous empruntons à ce jour-
nal l’extrait ci-dessous que nos lecteurs ne
parcourront pas sans intérêt, car il y est-
parlé de Mlle Rosa Bonheur et de son frère,
Auguste Bonheur.

Chacun sait que ces deux artistes sont nés
à Bordeaux; qu’ils prennent part aux expo-
sitions de la Société des Amis des Arts de
cette ville ; que l’an dernier Mlle Rosa Bon-
heur cédait à sa ville natale le Renard et le
Bouc pour le prix minime de 3,000 francs,
et qu’elle a généreusement donné cette an-
née d’admirables Tètes de chiens, dont on lui
offrait 10,000 francs. De son côté, M. Au-
guste Bonheur consentait à laisser à l’admi-
nistration municipale, au prix réduit de
15,000 francs, le Souvenir des Pyrénées, qui
figurait récemment à l’exposition de la So-
ciété bordelaise des Amis des Arts.

Voici l’extrait en question :

M. Troye propose au conseil l’acquisition
du tableau d’Auguste Bonheur, qui a figuré
à l’exposition de la Société des Amis des
Arts; l’administration ne voulait pas faire
cette proposition avant de connaître le ré-
sultat du budget supplémentaire. Le prix du
tableau est de 15,000 fr.

M. Brochon croit que le conseil devrait
plutôt commander un tableau à Mlle Rosa
Bonheur, pour rendre hommage au talent
de cette grande artiste.

M. Fourcand, tout en recommandant le
tableau, n’ose en recommander l’acquisition,
vu l’état des finances de la ville.

M. Guimard appuie la proposition de
M. Brochon.

M. Guibert regrette que la commission
n’ait pas été appelée à visiter la galerie.

M. Oré se joint à M. Brochon pour de-
mander que l’on commande un tableau à
Mlle Rosa Bonheur.

M. Faye craint que l’excédant du budget
supplémentaire ne soit considérablement
diminué par les dépenses du transport des
varioleux à Pellegrin, L’épidémie a occa-

sionné de fortes dépenses imprévues; le
temps est-il bien choisi pour faire l’acqui-
sition d’un tableau?

M. Brochon déclare déposer un amende-
ment tendant à ce qu’une commande d’un
tableau dans les limites de 20,000 fr. soit
faite à Mlle Rosa Bonheur.

M. Fourcand fait observer que Mlle Rosa
Bonheur fait un tableau pour la ville, et il
demande que la commission soit en tout cas
saisie.

M. Brochon insiste, et il dit qu’il ne veut
pas que l’on demande un cadeau, mais que
l’on fasse une proposition honorable.

M. Fourcand proteste contre l’idée d’un
cadeau. Il pense seulement qu'il n’est pas
convenable de fixer par avance le prix que
l’on mettrait à une commande faite à une
grande artiste.

M. Gibert dit qu’il croit qu’en présence de
1 insuffisance du budget 011 ne peut faire
l’acquisition du tableau, mais il propose que
l’on fasse une souscription particulière pour
donner cette toile au musée, et il pense
qu’un certain nombre de membres du con-
seil s’empresseront de souscrire.

M. Faye s’oppose à la mise aux voix de
l’amendement de M. Brochon, qui n’est pas
un amendement, mais une proposition nou-
velle distincte de celle de l’administration.

L’administration déclare s’approprier la
proposition faite par M. Brochon; cette pro-
position est mise aux voix et rejetée par
là voix contre 13.

Le conseil passe ensuite à la question de
l’exploitation du Grand-Théâtre de Bordeaux.

Le refus de la municipalité bordelaise de
s’associer aux efforts de la Société des Amis
des Arts en acquérant pour le musée une
vaste et très-estimable toile de M. Auguste
Bonheur, frère de l’éminente artiste, a pro-
duit dans cette ville une impression bien
malheureuse. Nous avons reçu plusieurs
lettres qui nous prient d’insister sur ce fait.
Nous n’y pouvons rien. La Gazette, dans un
article récent, a montré une fois de plus
avec quelle sympathie elle suit le mouve-
ment des arts en province. Il est certain
que si les municipalités et les cercles se
désintéressent des expositions et ne les en-
couragent point par des acquisitions de
poids, ces expositions ne tarderont pas à
tomber d’elles-mêmes. Tout le bénéfice du
mouvement intellectuel qu’elles provo-
quaient annuellement sera perdu, et la dé-
centralisation aura encore fait un pas en
arrière ! Louis Desprez.

LES DÉMISSIONNAIRES.

Avant que M. de Longpérier n’ait élé
amené à donner sa démission de conserva-
teur des aptiques au Louvre, M. Geslin avait

été forcé de se démettre de ses fonctions.
Les lettres échangées à cette occasion entre
M. Geslin et M. de Nieuwerkerke ont été pu-
bliées par le Français, et nous croyons de-
voir les reproduire. Elles sont curieuses en
effet, non-seulement par la forme et par le
fond, mais aussi parce qu’elles indiquent
clairement que si, dans ces derniers temps,
M. de Longpérier était encore conservateur
de nom, M. Frœhner l’était de fait. Mais
laissons au Français le soin de nous rensei-
gner :

Monsieur le comte de Nieuwerkerke
à M. Geslin.

K

Palais-du Louvre, 18 mai 1870.

Monsieur,

Les travaux qui s’exécutent au département
des antiques ne peuvent être menés à bonne
fin sans l’accord le plus parfait entre le chef do
service et le personnel placé sous ses ordres.
Depuis plus de deux ans, j’ai eu, à diverses re-
prises, l’occasion de cûnstaterchez vous un parti
pris de vous soustraire à la règle hiérarchique,
et cela malgré les observations réitérées que je
vous avais faites. Un tel état de choses ne sau-
rait se prolonger plus longtemps sans porter une
atteinte sérieuse aux intérêts de mon adminis-
tration et à la discipline que je veux y main-
tenir.

Je vous invite donc à vous mettre dès à pré-
sent à la disposition de M. Frœhner en lui té-
moignant votre regret de l’attitude que vous
avez cru devoir affecter vis-à-vis de lui. Un refus
m’obligerait à vous considérer comme démis-
sionnaire.

Recevez, monsieur, l’assurance de ma consi-
dération, etc.

Signé : Comte de Nieuwerkerke.

M. Geslin à M. le comte de Nieuwerkerke.

Monsieur le surintendant,

Vous savez avec quel empressement j’exécute
tous les ordres que vous me faites l’honneur de
me donner, avec quel soin je mets à votre dis-
position tout ce que je puis savoir pour l’arran-
gement des collections. Depuis que M. Frœhner
remplit l’intérim du département des antiques,
je suis encore à attendre ses instructions; il ne
m’a adressé aucun ordre, et il s’est chargé de
diriger lui-même l’atelier. Je n’ai donc à lui re-
fuser aucun concours, mais je suis toujours prêt
à coopérer aux travaux du département pour
lesquels je puis lui être utile.

Agréez, je vous prie, monsieur le surinten-
dant, l’expression de mes sentiments respec-
tueux.

Signé : Geslin.

M. le comte de Nieuwerkerke à M. Geslin.

Palais du Louvre, 16 mai 1870.

Monsieur,

Vous ne répondez pas du tout à la lettre que
je vous ai adressée; elle était cependant fort
claire. Il est bien certain que si vous n’aviez pas
exécuté les ordres que je vous donnais directe-
ment, vous auriez cessé sur l'heure de faire par-
tie de mon administration. Ce que j’exige de
vous, je veux bien vous le répéter, c’est une dé-
marche de convenance auprès de M. Frœhner,
votre chef de service. C’est que vous vous met-
 
Annotationen