98
CHRONIQUE DES ARTS
liez immédiatement à sa disposition en lui té-
moignant vos regrets de l’attitude singulière que
vous avez cru devoir affecter avec lui jusqu’à
ce jour. Je vous ai dit aussi qu’un refus m’obli-
gerait à vous regarder comme démissionnaire.
Recevez, monsieur, l’assurance, etc.
Signé : Comte de Nibsuwerkerkë.
M, Geslin à M. le comte de Nieuwerkerke.
10 mai 1870.
Monsieur le surintendant,
J’ai le vif regret de voir que je ne puis même
vous faire agréer mes protestations de déférence
et de bonne volonté. Pour me conformer encore
une fois à vos ordres, je suis allé trouver M. le
conservateur adjoint et lui dire que j’étais entiè-
rement à sa disposition. Il s’est borné, en pré-
sence de deux employés du département, à me
répondre : « Je suis occupé avec M. ***, » et m’a
ainsi ôté la parole. Comme, malgré tout ce qu’il
peut dire, je n’ai pris à son égard aucune atti-
tude hostile, j’en suis réduit à croire qu’il y a
chez lui un parti arrêté duquel même l’obser-
vation de vos prescriptions ne peut triompher.
Je viens donc vous prier d’agréer ma démission,
et en même temps je vous prie de croire à tous
les regrets que j’éprouve de n’avoir pu vous con-
vaincre de mes dispositions, dont personne ne
doute dans l’administration.
Agréez, je vous prie, monsieur le surinten-
dant, l’expression de mes sentiments respec-
tueux, etc.
Signé : Geslin.
M, le comte de Nieuwerkerke à M. Geslin,
Palais du Louvre, 17 mai 1870.
Monsieur,
Je regrette que les tentatives faites par moi
depuis deux ans pour établir entre vous et le
conservateur adjoint des antiques une entente
profitable aux travaux du département n’aient
pas eu un meilleur résultat. Je me trouve donc
dans la fâcheuse nécessité d’accepter votre dé-
mission, tout en vous remerciant des services
que vous avez rendus au Louvre.
Recevez, monsieur, l’assurance, etc.
Signé : Comte de Nieuwerkerke.
Nous laissons au public à juger le ton des
lettres de M. le surintendant, qui a lieu de
surprendre dans une administration comme
celle du Louvre, où tous les employés sont
des savants et des artistes ayant droit aux
plus grands égards. Nous ferons remarquer
seulement qu’en invoquant ainsi les règles
de la « discipline », M. de Nieuwerkerke la
détruisait absolument, puisqu’il supprimait
d’un trait de plume l’autorité du vrai « chef
de service », du conservateur, qui, dans ses
lettres, semble ne pas exister.
En présence de ce renversement de la
hiérarchie et de cette volonté systématique
d’administrer le département des antiques
en dehors de lui, M. de Longpérier devait à
sa dignité de se retirer.
Mais par qui sera-t-il remplacé? A qui
sera confiée maintenant la collection des an-
tiques du Louvre? L’opinion publique a le
droit et le devoir de s’en préoccuper, d’exi-
ger qu’on ne procède pas ici par une fan-
taisie de caprice personnel, et que les tré-
sors de la collection nationale ne soient
remis qu’à des mains qui donnent pleine
garantie, aussi bien au point de vue de la
science qu’à d’autres points de vue plus sé-
rieux encore.
G. Huber.
EXPOSITIONS ET CONCOURS.
La Commission pour l’érection à Mâcon
d’un monument à la mémoire de Lamar-
tine ouvre un concours entre les artistes
français et étrangers ; ce concours sera jugé
par un jury choisi par l’administration des
Beaux-Arts et par la Commission.
Le monument dont il s’agit sera élevé au
centre de la place d’Armes, à Mâcon. 11 con-
sistera en une statue en pied, fondue en
bronze, reposant sur un piédestal en pierre
des carrières de Chomérac ou de Crussol
(ArdècheR orné de statues allégoriques en
pierre isolées ou engagées dans le pié-
destal.
La statue aura de proportion 3'",30 de
hauteur, y compris la plinthe, et l’artiste
devra représenter le personnage debout.
Les modèles présentés au concours, et
qui comprendront le monument complet,
statue, piédestal et figures accessoires, de-
vront être au cinquième de l’exécution défi-
nitive; ils seront en plâtre et devront être
déposés à Paris, dans une salle qui sera ul-
térieurement indiquée, du 29 au 30 sep-
tembre prochain.
Chaque modèle sera accompagné des
plan, coupes etélévations. Aucun des envois
ne devra être signé. Les concurrents seront
tenus de joindre à leur envoi un pli cacheté
contenant une devise et portant pour sus-
cription un signe ou un mot reproduit sur
chaque pièce de leur travail.
La somme à affecter à l’érection complète
de ce monument est fixée à 50,000 francs.
Dans cette somme se trouvent compris
tous les frais, sans exception, de modèle,
moulage, fourniture du bronze, qui devra
être de la meilleure qualité, fonte, fourni-
ture de pierre, sculpture, maçonnerie, trans-
port et pose du monument complet.
Le modèle de la statue ne pourra être
livré à la fonte qu’après avoir été accepté
par le jury désigné par l’administration des
Beaux-Arts et la Commission.
Le jury aura le droit de suivre l’exécution
des modèles soit en argile, soit en pierre, et
d’y faire apporter, soit avant, soit pendant
le travail, telles modifications qui pourraient
être jugées nécessaires.
La statue devra être livrée à Mâcon clans
un délai qui sera déterminé après le juge-
ment du concours ; elle ne pourra être ex-
pédiée qu’après avoir été reçue par l’admi-
nistration des Beaux-Arts. Le piédestal et les
statues allégoriques seront exécutées sur
place dans le même délai. L’entourage du
monument reste à la charge de la Com-
mission,
L’auteur du projet qui sera classé au pre-
mier rang sera chargé de l’exécution du
monument, statue et accessoires.
Tout en voulant laisser la liberté entière
à l’artiste de confier l’exécution de la statue
au fondeur qui lui conviendra, la Commis-
sion verrait avec plaisir que la fonte du
bronze fût confiée à M. Favier, de cette
ville, actuellement directeur de l’École des
arts et métiers d’Angers, cjui a exécuté déjà
des travaux de ce genre à des conditions de
dépenses très-inférieures à ce qu’exige le
commerce en général, et qui a demandé
comme faveur à être chargé de cette partie
importante du programme.
Nota. — M. Favier offre gratuitement la
main-d’œuvre et l’outillage pour fondre la
statue ; la Commission n’aurait à payer que
le prix des matériaux et les frais de trans-
port; l’économie peut être évaluée à la moi-
tié de la dépense totale.
Il ajoute que, n’ayant pas à se préoccu-
per du gain, la statue serait faite d’un seul
jet, ce qui a lieu rarement, soit par écono-
mie, soit par défaut d’outillage.
L’auteur du projet classé sous le n° 2 re-
cevra une indemnité de 1,500 fr. ; celui
classé au 3e rang recevra la somme de
1,000 fr. ; leurs modèles deviendront la
propriété de la ville de Mâcon.
Dans le cas où aucun des projets ne serait
jugé satisfaisant, la Commission se réserve
de n’adopter aucun des modèles produits et
de se pourvoir autrement pour la réalisation
de son projet. Dans ce cas, le meilleur des
modèles produits recevra une indemnité de
1,500 fr; et celui qui obtiendra le second
rang recevra 1,000 fr.
Ces deux modèles seront la propriété de
la Commission.
Dans le cas où un ou plusieurs des con-
currents voudraient présenter plusieurs pro-
jets, ces projets devraient être désignés par
une seule et même devise.
Le programme ci-dessus a été approuvé
par la Commission réunie à l’hôtel de ville
sous la présidence de M, Vauclin, maire, le
29 mars 1870,
EXPOSITION DE REIMS.
Une exposition sera ouverte à Reims du
Ie1' septembre au 15 octobre 1870.
Les exposants invités par la commission
n’auront à supporter aucuns frais de trans-
port (aller et retour). Les œuvres des ar-
tistes de Paris devront être déposées avant le
10 août chez M. Fillonneau , rue Saint-
Georges, à3, qui donnera tous les rensei-
gnements.
Chaque artiste ne pourra envoyer plus
de deux ouvrages du même genre.
Les tableaux ne doivent pas mesurer plus
de 2 mètres, cadre compris, sur leur plus
grand côté.
En sculpture, la commission recevra des
bustes, statues, dont le poids ne devra pas
dépasser 150 kilogrammes.
Pour la province et l’étranger, l’embal-
lage sera aux frais des artistes. Leurs œu-
vres devront être arrivées à Reims avant le
10 août, terme de rigueur, à l’adresse du
secrétaire de la Société. Pour les ouvrages
envoyés de l’étranger, la Société ne payera
les frais de transport que depuis et jusqu’à
la frontière.
La commission et son représentant ne
sont pas responsables des avaries que les
objets pourraient subir dans le transport.
VENTES EN ANGLETERRE.
Voilà encore deux grandes ventes qui se
font à Londres, où quelques œuvres vrai-
ment remarquables de nos maîtres sont
livrées aux enchères sans que le gouverne-
ment français, qui persiste à vouloir les
ignorer, se soit même présenté sur le ter-
rain de la lutte. Dans la collection de lord
Dunmore il y avait quelques Reynolds fort
intéressants qui ont atteint des prix fort
raisonnables; et à la dispersion de la galerie
formée par M. Bullock, à Jawthorn-house,
près de Birmingham, cinq toiles de Con-
stable, des plus remarquables, ont été adju-
gées, à M. Agnew, le célèbre marchand de
Manchester, aux prix respectables de 105,
130, 560, 380 et 750 guinées et Une sixième
à M. Cox pour 510 guinées. Un Intérieur de
cottage, de Wilkie, 110 guinées; a River
scene, deHumbready, 180 guinées; the Elue
Boy et Scene from Komus, d’Eth'y, 1,005 gui-
nées ; Vue du golfe de Salerne, de StanfîCld,
950 guinées; the highlcmd shepherd's Home,
de Landseer, 1,000 guinées ; une Vue de la
« Dogana Santa Maria délia Sainte » , par
Turner, 2,560 guinées.
NOUVELLES.
Le public est prévenu que l’Exposition
des Beaux-arts, au palais des Champs-Ely-
sées , sera définitivement close le lundi
20 juin, à six heures du soir.
Les ouvrages devront être retirés dans le
courant du mois qui suivra la clôture ; ils
seront rendus tous les jours, cle dix heures
à quatre heures, sur la présentation du ré-
cépissé.
Le jour de la distribution des récompenses
est fixé au mardi 21 juin, à dix heures, au
palais des Champs-Elysées.
Les exposants seront admis sur la présen-
talion de leur carte.
*
* *
Un artiste, un homme de bien dans la
plus complète acception du mot, Jules Mi-
chelin, vient d’être emporté par une cruelle
maladie. 11 était parti, il y a quelques se^
maines, à Limoges, pour y classer le mu-
sée céramique. Jules Michelin attendait
MM. Jacquemart et Gasnault pour terminer
les détails de cet arrangement systématique,
et entreprendre un catalogue raisonné. Notre
collaborateur Burty alla l’y rejoindre la. se-
maine dernière et l’y trouva atteint d’une
variole dont il avait évidemment emporté le
germe de Paris. Les soins les plus éclairés,
les dévouements les plus parfaits, rien ne
put contre cette terrible affection. Jules Mi-
chelin est mort mardi soir, laissant les plus
vifs regrets pour tous ceux qui, sous son
inaltérable modestie, savaient rencontrer
son bienveillant et intelligent caractère.
*
Depuis quelques jours on remarque au
Louvre, à l’entrée du vestibule du pavillon
Denon, l’avis suivant placé au-dessous de cinq
gravures renfermées dans un cadre :
« CARTONES DE GOYA
« SUSTRAIDOS DEL PALACIO REAL DE MADRID.
« Ces gravures reproduisent cinq tableaux
de Francisco Goya soustraits au Palais royal
de Madrid vers la fin de l’année 1869. Les
personnes qui connaîtraient les possesseurs
actuels des originaux sont invitées à en don-
ner avis à M. de Olozaga, ambassadeur d’Es-
pagne à Paris. »
Voici la description succincte des gra-
vures reproduisant les sujets des cinq ta-
bleaux disparus :
1° Personnage assis sur une chaise et se
chauffant à un brasero. On voit plusieurs
livres à terre; deux de ces livres sont ou-
verts.
2° Enfants jouant. L’un d’eux en porte
un autre à califourchon sur ses épaules.
3° La Balançoire. Deux enfants se balan-
cent sur un tronc d’arbre placé en travers
d’un autre tronc d’arbre. Un troisième en-
fant se lamente de ce qu’on ne le laisse pas
se balancer à son tour.
h° Un Gailarero.
5° Chiens accouplés sur un tertre. Près des
chiens, deux fusils, poire à poudre, carnas-
sière, etc.
*
* ïK
Vingt-deux dessins de M. J.-J. Bellet sont
exposés en ce moment au Cercle des Arts,
place Vendôme.
Après un mois d’exposition, ces dessins
seront transférés dans la galerie du duc
de Mouchy, leur propriétaire.
*
❖ *
M. Lenepvéu a lu récemment, aux mem-
bres de la section des beaux-arts, un travail
sur M. Auguste Hesse, qu’il remplace à l’In-
stitut.
*
* *
Dans la grande galerie du Louvre, au-des-
sus du petit Polter représentant Deux Che-
vaux devant une auge, on vient de placer
un tableau de Van der Meer, récemment
acheté. Ce tableau, large et haut de 20 cen-
timètres environ, représente une femme en
robe jaune, occupée à faire une dentelle
fixée sur un coussin bleu. D’une peinture
froide et grise, cette œuvre ne rappelle en
rien le tableau lumineux et puissant de
la galerie Delessert , qui était attribué par
plusieurs critiques au même maître ; il n’est
intéressant que par sa signature « I Meer »
parfaitement lisible sur le fond.
té1*
La Société des Arts a accordé cette année
la médaille d’or du prince Albert à M. de
Lesseps pour les services qu’il a rendus aux
arts, aux manufactures et au commerce par
la création du canal de Suez.
*
* * ' ' • *
11 y a eu samedi, sous la présidence du
ministre des beaux-arts, réunion de la com-
mission chargée d’examiner quelles amé-
CHRONIQUE DES ARTS
liez immédiatement à sa disposition en lui té-
moignant vos regrets de l’attitude singulière que
vous avez cru devoir affecter avec lui jusqu’à
ce jour. Je vous ai dit aussi qu’un refus m’obli-
gerait à vous regarder comme démissionnaire.
Recevez, monsieur, l’assurance, etc.
Signé : Comte de Nibsuwerkerkë.
M, Geslin à M. le comte de Nieuwerkerke.
10 mai 1870.
Monsieur le surintendant,
J’ai le vif regret de voir que je ne puis même
vous faire agréer mes protestations de déférence
et de bonne volonté. Pour me conformer encore
une fois à vos ordres, je suis allé trouver M. le
conservateur adjoint et lui dire que j’étais entiè-
rement à sa disposition. Il s’est borné, en pré-
sence de deux employés du département, à me
répondre : « Je suis occupé avec M. ***, » et m’a
ainsi ôté la parole. Comme, malgré tout ce qu’il
peut dire, je n’ai pris à son égard aucune atti-
tude hostile, j’en suis réduit à croire qu’il y a
chez lui un parti arrêté duquel même l’obser-
vation de vos prescriptions ne peut triompher.
Je viens donc vous prier d’agréer ma démission,
et en même temps je vous prie de croire à tous
les regrets que j’éprouve de n’avoir pu vous con-
vaincre de mes dispositions, dont personne ne
doute dans l’administration.
Agréez, je vous prie, monsieur le surinten-
dant, l’expression de mes sentiments respec-
tueux, etc.
Signé : Geslin.
M, le comte de Nieuwerkerke à M. Geslin,
Palais du Louvre, 17 mai 1870.
Monsieur,
Je regrette que les tentatives faites par moi
depuis deux ans pour établir entre vous et le
conservateur adjoint des antiques une entente
profitable aux travaux du département n’aient
pas eu un meilleur résultat. Je me trouve donc
dans la fâcheuse nécessité d’accepter votre dé-
mission, tout en vous remerciant des services
que vous avez rendus au Louvre.
Recevez, monsieur, l’assurance, etc.
Signé : Comte de Nieuwerkerke.
Nous laissons au public à juger le ton des
lettres de M. le surintendant, qui a lieu de
surprendre dans une administration comme
celle du Louvre, où tous les employés sont
des savants et des artistes ayant droit aux
plus grands égards. Nous ferons remarquer
seulement qu’en invoquant ainsi les règles
de la « discipline », M. de Nieuwerkerke la
détruisait absolument, puisqu’il supprimait
d’un trait de plume l’autorité du vrai « chef
de service », du conservateur, qui, dans ses
lettres, semble ne pas exister.
En présence de ce renversement de la
hiérarchie et de cette volonté systématique
d’administrer le département des antiques
en dehors de lui, M. de Longpérier devait à
sa dignité de se retirer.
Mais par qui sera-t-il remplacé? A qui
sera confiée maintenant la collection des an-
tiques du Louvre? L’opinion publique a le
droit et le devoir de s’en préoccuper, d’exi-
ger qu’on ne procède pas ici par une fan-
taisie de caprice personnel, et que les tré-
sors de la collection nationale ne soient
remis qu’à des mains qui donnent pleine
garantie, aussi bien au point de vue de la
science qu’à d’autres points de vue plus sé-
rieux encore.
G. Huber.
EXPOSITIONS ET CONCOURS.
La Commission pour l’érection à Mâcon
d’un monument à la mémoire de Lamar-
tine ouvre un concours entre les artistes
français et étrangers ; ce concours sera jugé
par un jury choisi par l’administration des
Beaux-Arts et par la Commission.
Le monument dont il s’agit sera élevé au
centre de la place d’Armes, à Mâcon. 11 con-
sistera en une statue en pied, fondue en
bronze, reposant sur un piédestal en pierre
des carrières de Chomérac ou de Crussol
(ArdècheR orné de statues allégoriques en
pierre isolées ou engagées dans le pié-
destal.
La statue aura de proportion 3'",30 de
hauteur, y compris la plinthe, et l’artiste
devra représenter le personnage debout.
Les modèles présentés au concours, et
qui comprendront le monument complet,
statue, piédestal et figures accessoires, de-
vront être au cinquième de l’exécution défi-
nitive; ils seront en plâtre et devront être
déposés à Paris, dans une salle qui sera ul-
térieurement indiquée, du 29 au 30 sep-
tembre prochain.
Chaque modèle sera accompagné des
plan, coupes etélévations. Aucun des envois
ne devra être signé. Les concurrents seront
tenus de joindre à leur envoi un pli cacheté
contenant une devise et portant pour sus-
cription un signe ou un mot reproduit sur
chaque pièce de leur travail.
La somme à affecter à l’érection complète
de ce monument est fixée à 50,000 francs.
Dans cette somme se trouvent compris
tous les frais, sans exception, de modèle,
moulage, fourniture du bronze, qui devra
être de la meilleure qualité, fonte, fourni-
ture de pierre, sculpture, maçonnerie, trans-
port et pose du monument complet.
Le modèle de la statue ne pourra être
livré à la fonte qu’après avoir été accepté
par le jury désigné par l’administration des
Beaux-Arts et la Commission.
Le jury aura le droit de suivre l’exécution
des modèles soit en argile, soit en pierre, et
d’y faire apporter, soit avant, soit pendant
le travail, telles modifications qui pourraient
être jugées nécessaires.
La statue devra être livrée à Mâcon clans
un délai qui sera déterminé après le juge-
ment du concours ; elle ne pourra être ex-
pédiée qu’après avoir été reçue par l’admi-
nistration des Beaux-Arts. Le piédestal et les
statues allégoriques seront exécutées sur
place dans le même délai. L’entourage du
monument reste à la charge de la Com-
mission,
L’auteur du projet qui sera classé au pre-
mier rang sera chargé de l’exécution du
monument, statue et accessoires.
Tout en voulant laisser la liberté entière
à l’artiste de confier l’exécution de la statue
au fondeur qui lui conviendra, la Commis-
sion verrait avec plaisir que la fonte du
bronze fût confiée à M. Favier, de cette
ville, actuellement directeur de l’École des
arts et métiers d’Angers, cjui a exécuté déjà
des travaux de ce genre à des conditions de
dépenses très-inférieures à ce qu’exige le
commerce en général, et qui a demandé
comme faveur à être chargé de cette partie
importante du programme.
Nota. — M. Favier offre gratuitement la
main-d’œuvre et l’outillage pour fondre la
statue ; la Commission n’aurait à payer que
le prix des matériaux et les frais de trans-
port; l’économie peut être évaluée à la moi-
tié de la dépense totale.
Il ajoute que, n’ayant pas à se préoccu-
per du gain, la statue serait faite d’un seul
jet, ce qui a lieu rarement, soit par écono-
mie, soit par défaut d’outillage.
L’auteur du projet classé sous le n° 2 re-
cevra une indemnité de 1,500 fr. ; celui
classé au 3e rang recevra la somme de
1,000 fr. ; leurs modèles deviendront la
propriété de la ville de Mâcon.
Dans le cas où aucun des projets ne serait
jugé satisfaisant, la Commission se réserve
de n’adopter aucun des modèles produits et
de se pourvoir autrement pour la réalisation
de son projet. Dans ce cas, le meilleur des
modèles produits recevra une indemnité de
1,500 fr; et celui qui obtiendra le second
rang recevra 1,000 fr.
Ces deux modèles seront la propriété de
la Commission.
Dans le cas où un ou plusieurs des con-
currents voudraient présenter plusieurs pro-
jets, ces projets devraient être désignés par
une seule et même devise.
Le programme ci-dessus a été approuvé
par la Commission réunie à l’hôtel de ville
sous la présidence de M, Vauclin, maire, le
29 mars 1870,
EXPOSITION DE REIMS.
Une exposition sera ouverte à Reims du
Ie1' septembre au 15 octobre 1870.
Les exposants invités par la commission
n’auront à supporter aucuns frais de trans-
port (aller et retour). Les œuvres des ar-
tistes de Paris devront être déposées avant le
10 août chez M. Fillonneau , rue Saint-
Georges, à3, qui donnera tous les rensei-
gnements.
Chaque artiste ne pourra envoyer plus
de deux ouvrages du même genre.
Les tableaux ne doivent pas mesurer plus
de 2 mètres, cadre compris, sur leur plus
grand côté.
En sculpture, la commission recevra des
bustes, statues, dont le poids ne devra pas
dépasser 150 kilogrammes.
Pour la province et l’étranger, l’embal-
lage sera aux frais des artistes. Leurs œu-
vres devront être arrivées à Reims avant le
10 août, terme de rigueur, à l’adresse du
secrétaire de la Société. Pour les ouvrages
envoyés de l’étranger, la Société ne payera
les frais de transport que depuis et jusqu’à
la frontière.
La commission et son représentant ne
sont pas responsables des avaries que les
objets pourraient subir dans le transport.
VENTES EN ANGLETERRE.
Voilà encore deux grandes ventes qui se
font à Londres, où quelques œuvres vrai-
ment remarquables de nos maîtres sont
livrées aux enchères sans que le gouverne-
ment français, qui persiste à vouloir les
ignorer, se soit même présenté sur le ter-
rain de la lutte. Dans la collection de lord
Dunmore il y avait quelques Reynolds fort
intéressants qui ont atteint des prix fort
raisonnables; et à la dispersion de la galerie
formée par M. Bullock, à Jawthorn-house,
près de Birmingham, cinq toiles de Con-
stable, des plus remarquables, ont été adju-
gées, à M. Agnew, le célèbre marchand de
Manchester, aux prix respectables de 105,
130, 560, 380 et 750 guinées et Une sixième
à M. Cox pour 510 guinées. Un Intérieur de
cottage, de Wilkie, 110 guinées; a River
scene, deHumbready, 180 guinées; the Elue
Boy et Scene from Komus, d’Eth'y, 1,005 gui-
nées ; Vue du golfe de Salerne, de StanfîCld,
950 guinées; the highlcmd shepherd's Home,
de Landseer, 1,000 guinées ; une Vue de la
« Dogana Santa Maria délia Sainte » , par
Turner, 2,560 guinées.
NOUVELLES.
Le public est prévenu que l’Exposition
des Beaux-arts, au palais des Champs-Ely-
sées , sera définitivement close le lundi
20 juin, à six heures du soir.
Les ouvrages devront être retirés dans le
courant du mois qui suivra la clôture ; ils
seront rendus tous les jours, cle dix heures
à quatre heures, sur la présentation du ré-
cépissé.
Le jour de la distribution des récompenses
est fixé au mardi 21 juin, à dix heures, au
palais des Champs-Elysées.
Les exposants seront admis sur la présen-
talion de leur carte.
*
* *
Un artiste, un homme de bien dans la
plus complète acception du mot, Jules Mi-
chelin, vient d’être emporté par une cruelle
maladie. 11 était parti, il y a quelques se^
maines, à Limoges, pour y classer le mu-
sée céramique. Jules Michelin attendait
MM. Jacquemart et Gasnault pour terminer
les détails de cet arrangement systématique,
et entreprendre un catalogue raisonné. Notre
collaborateur Burty alla l’y rejoindre la. se-
maine dernière et l’y trouva atteint d’une
variole dont il avait évidemment emporté le
germe de Paris. Les soins les plus éclairés,
les dévouements les plus parfaits, rien ne
put contre cette terrible affection. Jules Mi-
chelin est mort mardi soir, laissant les plus
vifs regrets pour tous ceux qui, sous son
inaltérable modestie, savaient rencontrer
son bienveillant et intelligent caractère.
*
Depuis quelques jours on remarque au
Louvre, à l’entrée du vestibule du pavillon
Denon, l’avis suivant placé au-dessous de cinq
gravures renfermées dans un cadre :
« CARTONES DE GOYA
« SUSTRAIDOS DEL PALACIO REAL DE MADRID.
« Ces gravures reproduisent cinq tableaux
de Francisco Goya soustraits au Palais royal
de Madrid vers la fin de l’année 1869. Les
personnes qui connaîtraient les possesseurs
actuels des originaux sont invitées à en don-
ner avis à M. de Olozaga, ambassadeur d’Es-
pagne à Paris. »
Voici la description succincte des gra-
vures reproduisant les sujets des cinq ta-
bleaux disparus :
1° Personnage assis sur une chaise et se
chauffant à un brasero. On voit plusieurs
livres à terre; deux de ces livres sont ou-
verts.
2° Enfants jouant. L’un d’eux en porte
un autre à califourchon sur ses épaules.
3° La Balançoire. Deux enfants se balan-
cent sur un tronc d’arbre placé en travers
d’un autre tronc d’arbre. Un troisième en-
fant se lamente de ce qu’on ne le laisse pas
se balancer à son tour.
h° Un Gailarero.
5° Chiens accouplés sur un tertre. Près des
chiens, deux fusils, poire à poudre, carnas-
sière, etc.
*
* ïK
Vingt-deux dessins de M. J.-J. Bellet sont
exposés en ce moment au Cercle des Arts,
place Vendôme.
Après un mois d’exposition, ces dessins
seront transférés dans la galerie du duc
de Mouchy, leur propriétaire.
*
❖ *
M. Lenepvéu a lu récemment, aux mem-
bres de la section des beaux-arts, un travail
sur M. Auguste Hesse, qu’il remplace à l’In-
stitut.
*
* *
Dans la grande galerie du Louvre, au-des-
sus du petit Polter représentant Deux Che-
vaux devant une auge, on vient de placer
un tableau de Van der Meer, récemment
acheté. Ce tableau, large et haut de 20 cen-
timètres environ, représente une femme en
robe jaune, occupée à faire une dentelle
fixée sur un coussin bleu. D’une peinture
froide et grise, cette œuvre ne rappelle en
rien le tableau lumineux et puissant de
la galerie Delessert , qui était attribué par
plusieurs critiques au même maître ; il n’est
intéressant que par sa signature « I Meer »
parfaitement lisible sur le fond.
té1*
La Société des Arts a accordé cette année
la médaille d’or du prince Albert à M. de
Lesseps pour les services qu’il a rendus aux
arts, aux manufactures et au commerce par
la création du canal de Suez.
*
* * ' ' • *
11 y a eu samedi, sous la présidence du
ministre des beaux-arts, réunion de la com-
mission chargée d’examiner quelles amé-