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CHRONIQUE DES ARTS.

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que mettent certaines personnes à soutenir
que cette surface n’est que de 807 mètres?
Elle vient évidemment d’une façon parti-
culière d’interpréter le programme et qui
consiste à ne pas considérer comme utile
toute la surface intérieure et à en extraire les
sacristies, l’emplacement des autels, etc.
Mais cette manière de voir ne saurait être
admise; le programme ne dit pas : la sur-
face utile est celle réservée à tel ou tel
service, il se borne à dire : « la surface
utile devra dépasser 900 mètres ». Cela ne
veut-il pas dire qu’il s’agit de toute la sur-
face utilisable, de celle intérieure, déduction
faite des points d’appui? Que telle n’ait pas
été à la rigueur la pensée des rédacteurs du
programme, cela est possible, mais la ques-
tion n’est pas là ; tout concurrent n’avait à se
préoccuper que des termes mêmes de ce
programme, et il est de toute évidence qu’il
devait alors naturellement envisager la
surface utile dans le sens que j’indique. En
tout cas, c’est un droit qu’on ne saurait lui
contester.

« Attaqué également dans le même arti-
cle à propos du concours de Levallois-Per-
ïet, dans lequel j’ai eu le prix, permettez-
moi, monsieur, de dire également quelques
mots à ce sujet.

« Il a plu à un certain nombre de con-
currents d’affirmer que mon projet n’était
pas exécutable pour le prix indiqué ; mais
sur quoi s’appuient les signataires de la
protestation, puisqu’ils n’ont pas eu, à mon
grand regret du reste, le devis entre les mains?
D’ailleurs le jury, composé d’architectes,
après avoir révisé ce devis, n’a trouvé à
à l’augmenter que d’une somme de cent
trois fraiics cinquante centimes sur cent
trente-cinq mille francs, et il a déclaré que,
s’il choisissait ce projet, c’était surtout grâce
à ses dispositions simples et économiques.

« Voilà donc bien du bruit pour peu de
chose, et peut-être aurais-je dû ne pas
répondre à toutes ces plaintes ; mais outre
que, je l’avoue, j’ai peine à me résoudre au
silence alors que j’ai raison, je vois dans
tout cela une question d’intérêt général et
je crois qu’il est bon de ne pas laisser affir-
mer gratuitement des faits erronés sur les-
quels les architectes sérieux, les croyant
vrais, pourraient s’appuyer dans l’avenir
pour renoncer à prendre part aux con-
cours.

« Veuillez, monsieur le directeur, agréer
l’assurance de mes sentiments les plus dis-
tingués.

« A. de Baudot,

Architecte attaché à la Commission des
monuments historiques. »

LE TABLEAU DE DELACROIX

VENDU PAR LA FABRIQUE DE NANTUA.

La municipalité de Nantua vient de don-
ner un grand exemple de sollicitude pour
la conservation des œuvres d’art qu’elle pos-
sède. Elle a assigné la fabrique et les fabri-
ciens par-devant le tribunal civil de Nantua,
pour s’entendre condamner à réintégrer
dans l’église un tableau d’Eugène Delacroix,
indûment vendu, ou, à défaut par eux de
le faire, à payer à la commune une somme
de 50,000 fr. à titre de dommages-intérêts.

Voici le texte de cette assignation, destinée
à devenir un document important' pour la
juridiction en matière d’art.

L’an 1 870 et le 4 mars,

A la requête des habitants de la commune de
Nahtua, poursuiteset diligences deM.Gay, conseil-
ler municipal délégué à cet effet par délibération
duconseil de la commune en date du 21 novembre
1869, — lesquels font élection de domicile à
Nantua en l’étude de Mc Baudin, avoué y demeu-
rant, qu’ils constituent pour le leur;

Je soussigné, Pierre-François Southounax,
huissier près le tribunal civil de Nantua, demeu-
rant en cette ville, certifie avoir du présent
signifié et laissé copie :

1° A la fabrique de l’église de Nantua, en la
personne de M. Félix Pourcelot, ancien président
du tribunal civil de Nantua, président de ladite
fabrique, demeurant à Nantua, en son domicile,
et parlant à sa personne ; — et de M. Louis
Cuzin, ancien conducteur des ponts et chaussées,
en sa qualité de trésorier de ladite fabrique,
demeurant à Nantua, en son domicile et parlant
à sa personne ;

2° Et :

1° A MM. Chevron, (Alphonse) ; 2° Duplâtre,
curéde Nantua; 3° Félix Pourcelot; 4° Reydellet
(Amédée); 5° Louis Cuzin; 6° Ducret,

Tant personnellement qu’en leur qualité de
membres du conseil de la fabrique de Nantua,

Copie d’un arrêté de M. le Préfet de l’Ain,
soit du conseil de préfecture de ce département,
autorisant la ville de Nantua aux fins des pré-
sentes, — ledit arrêté en date du 31 décem-
bre 1869 ;

Et en même temps j’ai donné assignation à
tous les susnommés à être et comparaître à
Nantua, dans le délai de la huitaine franche, et
par-devant MM. les président et juges composant
le tribunal civil de première instance de Nantua,
en audience publique, au palais de justice, pour
tous les susnommés avec le sieur A. Brame,
brocanteur de tableaux, domicilié à Paris,
rue Taitbout, n° 47, assigné par exploit séparé,
plaider et procéder sur l’exposé suivant :

Le gouvernement a fait don à l’église de Nan-
tua, en 1837, d’un tableau d’Eugène Delacroix,
représentant le martyre de saint Sébastien.

Ce tableau futappendu aux murs de l’église, pour
y servir d’ornement. Telle était en effet sa destina-
tion naturelle et spéciale. Ce tableau n’avait été
donné par le gouvernement à l’église de Nantua
qu’à l’intention exclusive de décorer ce monu-
ment.

Il y resta jusques au mois d’avril 1869. Sur la
fin dudit mois, il disparut, au grand étonnement
de la population de Nantua, qui attachait à cette
œuvre d’art un intérêt très^grand, en raison de
la valeur artistique considérable qu’elle avait.

On apprit alors par la rumeur publique que le
conseil de la fabrique de l’église de Nantua,
composé de MM. Duplâtre, curé, Pourcelot,
Reydellet, Cuzin, Chevron et Ducret, avait vendu
ledit tableau à un sieur Brame, de Paris, contre
un titre nominal de 1,000 francs de rente 3 0/0
français au nom de la fabrique, et l’engagement
par ledit M. Brame de fournir à l’église de Nan-
tua un autre tableau, de grandeur à peu près
égale à celui du Saint Sébastien, et représentant
l’archange saint Michel terrassant le démon.

Le conseil municipal de la ville de Nantua,
saisi par une pétition d’un grand nombre d’habi-
tants de la localité de ce fait essentiellement pré-
judiciable aux intérêts de la ville, prit une déli-
bération par laquelle il décida qu’on poursuivrait
par toutes les voies la réintégration du tableau
de Saint Sébastien, et le sieur Gay, conseiller
municipal, ayant été délégué à ces fins, en rem-
placement du maire et des adjoints empêchés,
une demande en autorisation de plaider fut adres-
sée à M. le Préfet de l’Ain, et par -arrêté du
31 décembre 1869 le conseil de préfecture auto-
risa les habitants de Nantua et la fabrique de
l’église à ester en justice à cet effet.

En droit, les communes sont propriétaires des
églises, et, par suite, des objets décoratifs qui en
sont des dépendances soit par leur nature même,
soit par la destination qui leur a été spéciale-
ment affectée, comme dans l’espèce.

Tant que les églises et leurs dépendances
conservent leur destination, elles font partie du
domaine public municipal et sont inaliénables et
imprescriptibles.

Les fabriques des églises ne sont que simples
usufruitières des églises et de leurs dépendances,
notamment des objets décoratifs qui y sont atta-
chés. Leur mission se borne à veiller à la con-
servation et à l’entretien des temples et à l’ad-
ministration des choses du culte.

Il en résulte que le conseil de fabrique de
l’église de Nantua ne pouvait aliéner à aucun
titre le tableau du Saint Sébastien qui décorait
l’église, et qui avait été donné par l’État à l’église
avec cette destination spéciale ; que la commune
est en droit de revendiquer ledit tableau en fai-
sant annuler toute vente dont il aurait été l’ob-
jet.

U en résulte encore que M. Brame ne peut
retenir ledit tableau, qui, de sa nature et par sa
destination, était inaliénable et imprescriptible.

La vente consentie par la fabrique de l’église
de Nantua audit M. Brame est donc nulle de
plein droit et doit être déclarée telle.

En outre, comme les membres du conseil de
fabrique ont commis, en la faisant, un acte pré-
judiciable aux intérêts de la commune de Nan-
tua, qu’ils ont outre-passé leur mission, commis
une faute lourde, et qu’aux termes de l’art. 1382
| C. civ. ils doivent personnellement à qui de droit
Si la réparation du préjudice qu’ils ont causé :

1 Par ces motifs, les habitants de la commune
de Nantua concluent à ce qu’il plaise au tri-
bunal,

Déclarer nulle et de nul effet la vente du ta-
bleau d’Eugène Delacroix, représentant saint
Sébastien martyr, consentie par la fabrique de
l’église de Nantua à M. Brame, le 18 avril 1869;

Quoi faisant, condamner la fabrique et tous
ses membres susdésignés et qualifiés, person-
nellement et solidairement, à faire réintégrer et
M. Brame à réintégrer, dans la huitaine de la
signification du jugement à intervenir, ledit ta-
bleau à la place qu’il occupait avant la vente dans
l’église de Nantua ;

Faute par eux de le faire, les condamner
solidairement à cent francs par chaque jour de
retard;

Condamner personnellement et solidairement
les membres du conseil de fabrique à payer aux
habitants de la commune de Nantua une somme
de 50,000 francs à titre de dommages-intérêts, et
aux dépens de l’instance,

Dont acte sous toutes dues réserves, et notam-
ment d’augmenter ou modifier les conclusions
qui précèdent.

EXPOSITIONS ANNONCÉES.

ANVERS. — SOCIÉTÉ ROYALE POUR l’eNCOURAGE-
MENT DES BEAUX-ARTS.

La Société ouvrira en 1870 sa 19e expo-
sition triennale aux productions des artistes
vivants belges ou étrangers.

On admettra néanmoins les œuvres des
artistes décédés depuis la clôture du Salon
de 1867.

Le nombre des objets que chaque artiste
est admis à envoyer à l’exposition est limité
à trois. Seront considérés comme un seul
ouvrage, les miniatures, dessins, aquarelles,
gravures, lithographies, photographies d’œu-
vres architecturales ou médailles, réunis
dans un même cadre.

Ne seront point admis :

Les ouvrages qui ont figuré à l’une des
expositions précédentes, à Anvers;

Les œuvres d’art n’appartenant plus à
leur auteur, s’il n’est justifié de l’autorisa-
tion de ce dernier.

Les ouvrages destinés à l’exposition de-
. vront être déposés au local de la Société,
rue de Vénus, au plus tard le 23 juillet à
8 heures du soir. Après cette date ils ne
seront plus reçus, sous quelque prétexte que
ce soit.

Ils seront annoncés par une lettre d’avis
| adressée au secrétaire de la Société royale
pour l’encouragement des beaux-arts à An-
vers.

Cette lettre fera connaître le nom, le pré-
nom et le domicile de l’artiste, l’explication
du sujet,— et, si l’artiste désire vendre son
œuvre, le prix qu’il en demande.

La Société prend à sa charge les frais de
transport sur le territoire belge, à l’arrivée
comme au retour, de tous les objets qui lui
seront envoyés par chemin de fer de l’État,
tarif n° 2 (petite vitesse). Les frais faits par
toute autre voie resteront pour compte de
l’envoyeur.

Les colis expédiés de l’étranger devront
être affranchis jusqu’à la frontière belge.

L’exposition s’ouvrira le 14 août et sera
close irrévocablement le dimanche 2 octo-
bre.

La Commission aura le plus grand soin
de la conservation des objets qui lui seront
confiés, sans toutefois assumer la respon-
sabilité des accidents qui pourraient arriver
au Salon ou pendant le transport.

Cassel prépare pour le 31 mai une expo-
sition internationale d’objets se rapportant
à la construction et au mobilier des mai-
sons.

NÉCROLOGIE.

Scitivaux de Greische (Roger de), né à
Nancy, le 20 octobre 1830, mort à Paris, le
6 février 1870. Élève de M. Couture, de 1850
à 1859. Exposition de 1859 : Portrait de
Mme de Scitivaux de Greische ; — la Sépara-
tion.

Exposition de 1862 : la Chute de cheval.
Exposition de 1865 : — Portrait de Mme Ana-
tole de Scitivaux de Greische. M. Roger de
Scitivaux a fait un voyage en Égypte et en
Syrie, d’où il a rapporté un grand nombre de
dessins et de croquis. Il terminait une vue
d’Antibes quand la mort est venue le frap-
per.

NOUVELLES.

Les membres des différents jurys nommés
pour l’examen des ouvrages destinés au Sa-
lon ont procédé, le 28 mars, au palais des
Champs-Élysées, à la nomination de leurs
présidents, vice-présidents et secrétaires.
Voici le résultat du scrutin :

PEINTURE.

Président. — M. Robert-Fleury.

Vice-présidents. — MM. Meissonier et
Cabanel.

Secrétaire. — M. Fromentin.

SCULPTURE.

Président. — M. Guillaume.

Vice-président et secrétaire. — M. Jouf-
froy.

GRAVURE ET LITHOGRAPHIE.

Vice-président. — M. Gaucherel.

Secrétaire. — M. Jacquemart.

M. Henriquel-Dupont n’ayant pas accepté
les fonctions de juré, la section de gravure
s’est bornée à élire un vice-président et a
appelé M. Flameng comme juré.

ARCHITECTURE.

Président. — M. Labrousse.

Vice-président. — M. Duc.

Secrétaire. — M. Millet.

Sont nommés président, vice-président et
secrétaire des jurys réunis, pour décerner,
s’il y a lieu, les deux grandes médailles
d’honneur annoncées par le règlement :

MM. Robert-Fleury,

Marquis de Chennevières,

Et Buon.

MM. Chaplin et Vollon, dont les noms ve-
naient en première ligne sur la liste des jurés
supplémentaires, ont été appelés à remplacer
MM. Daubigny et Corot, qui ont donné leur
démission de membres du jury de pein-
ture.

*

* *

Parmi les personnes faisant partie du co-
mité de direction pour l’exposition de Vichy,
nous avons oublié de nommer M. Ernest
Lacan.

*

* *

Il y a quelques jours ont eu lieu, à Bou-
logne-sur-Seine, les obsèques de Raymond
Monvoisin, peintre d’histoire, né à Bordeaux
en 1793. Il obtint, en 1822, le grand prix-de
peinture sur ce sujet : Oreste et Pylade. lia
exposé, à son retour de Rome, de nombreux
sujets d’histoire, la plupart commandés ou
acquis par la Liste civile et la Ville de Paris.
Monvoisin, dont le nom est presque ignoré
de la génération actuelle, a marqué dans
l’école française de 1830 à 1840. C’est un
acte de justice que de saluer, au moment où
il disparaît, le nom de cet infatigable lutteur
mort à 77 ans.

*

* *

M. Thorigny, dessinateur distingué, et dont
le cœur n’était pas inférieur au talent, vient
de mourir subitement. Il a fourni un grand
nombre de dessins au Monde illustré.

*

* *

La Société des Amis des Arts de Bor-
deauxvientd’ouvrir son exposition annuelle.
Le livret que nous avons sous les yeux en-
registre six cent cinquante-quatre objets
d’art. Nous y lisons les noms bien appréciés
du public de MM.Ziem, Tassaert, Solon-Milès,
J.-F. Millet, Baudry, Jules Michelin, Leleux,
Jongkind, Ch. Jacque, Heilbuth, Harpignies,
Flameng, Feyen-Perrin, A. de Curzon, Caro-
 
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