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La chronique des arts et de la curiosité — 1874

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Nr. 25 (10 juillet)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26614#0247
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ET DE LA CURIOSITÉ

239

' envoi considérable de M. Dupuis, dont le talent
s’annonce comme devant être plutôt gracieux
qu’héroïque.

Comme le dit notre ami Paul Mantz dans le
journal le Temps : « Ce qui distingue les graveurs
de l’Ecole de Rome, c’est qu’ils ne gravent pas. »

Pas plus que M. Boutelié, élève de première
année, M. Jacquet, élève de 3", n’a envoyé de
gravure. Tous deux nous montrent force. dessins,
très-médiocres il est vrai, d après le modèle vi-
vant, d’après l’antique et d’après quelques pein-
tures murales toujours les mêmes. Les dessins de
M. Boutelié sont à signaler pour la recherche
de la hachure. Celles-ci se promènent en s’arron-
dissant ou en serpentant suivant le relief des for-
mes. Sur l’acier elles se traduiraient en tailles
voyantes qui feraient le bonheur des burinistes de
la vieille école.

Les architectes qui pochent de si triomphantes
aquarelles dans leurs projets de concours s’assa-
gissent dans leurs études lorsqu’ils se trouvent en
face des monuments de l’antiquité.

Ainsi c’est à peine si M. Bernier, élève de lro
année, a employé autre chose que la froide encre
de Chine dans ses études sur la Basilique de Pa-
lestine et sur le Forum triangulaire de Pompeï.

Nous ne savons qui a pu engager M. Ulman,
élève de 2e année, à étudier un monument de la
Renaissance aussi banal et aussi froid que le Pa-
lais Massimi, qui est d’un slyle toscan comme on
n’en fait plus. M. Thomas, du moins, a été mieux
inspiré en étudiant une fenêtre à balcon du pa-
lais de la chancellerie, ornée d’élégantes sculptu-
res. Mais là n’est pas l’importance de l’envoi de
M. Thomas, élève de 3e année. Le relevé et la
restauration du temple ionique d' Athené-Polias à
Priène est une œuvre qui a demandé de longs
travaux tant en Asie Mineure, où s’en voient les
substructions, qu’à Londres qui en possède les
fragments.

Entin M. Dutert envoie comme travail de A0 an-
née un relevé du Forum romanum. Nous en
avons vu bien souvent déjà des relevés de ce
forum, mais celui-ci a pour excuse de nous met-
tre au courant des fouilles nouvelles qui, inter-
prétées à l’aide de textes antiques, donnent à ce
centre célèbre de la vie publique à Rome une
physionomie toute nouvelle.

Nous concevons un plan restitué ; mais à quoi
peuvent servir des restitutions d’élévations aussi
arbitraires, par exemple, que celles d’un temple
de Vesta qui n’est indiqué que par une motte cir-
culaire, reste de la plateforme sur laquelle il s’é-
levait?

Il me semble que nous en avons assez de l’éter-
nelle architrave sur l’éternel chapiteau corinthien
dans les monuments religieux et, dans les monu-
ments civils, de l’éternel arc emprisonné dans un
ordre inutile, le tout plaqué de marbres eu car-
rés, en ronds et en losanges, à dégoûter du mar-
bre à tout jamais.

Notons que les groupes et les statues que M. Du
tert a dressés avec profusion sur son forum sont
d’une exécution et d’un style fort médiocres.

11 y a longtemps, eroyous-nous, qu'on n’avait vu
un envoi de première année aussi satisfaisant que
celui de M. G.Ferrior: Y Enlèvement de Ganyrnède.

Au-dessus d’un vaste paysage dont les nom-
breux accidents se perdent dans une tonalité
verte,adoucie par des roux, le bel éphèbe endormi

est porté à travers les airs par l’aigle qui le re-
garde avec une certaine complaisance. Son corps,
qui est modelé dans des tons gris peu lumineux,
s’enlève sur les ailes de l’aigle à la puissante en-
vergure et sur une draperie d’un rose éteint dont
l’oiseau de Jupiter a eu la précaution d’envelop-
per une de ses serres, celle qui a saisi Ganyrnède
par la taille. L’autre supporte seulement de dos
— si cela peut se dire — une des cuisses de l’ado-
lescent, tandis que l’autre jambe pend en arrière.

Le fils de Tros, qui sans doute n’était pas fâché
de l’aventure, la rend physiquement vraisembla-
ble, d’abord en feignant de dormir, un bras re-
plié sur la tête, puis en posant l’autre bras sur le
cou du dieu ou de son messager. La question est
encore indécise.

M. Ferrier eût aussi bien fait de ne point ajouter
à sa composition quelques petits génies qui volent
parmi les nuages et qui nous semblent inachevés.

Une copie au crayon de la Vénus accroupie sur
fond rouge, et un fragment de la Jurisprudence de
Raphaël, au crayon sur papier bleu, complètent
l’envoi de M. G. Ferrier. Mais pourquoi celte étude
de la Jurisprudence? nous demandions-nous, tan-
dis que par-dessus les châssis de M. Bernier nous
apercevions la copie blonde que M. F. Baudry en
avait envoyée jadis. .

Les élèves de l’Académie sont donc condamnés
à tourner perpétuellement dans le même cercle?
Ainsi, voici encore M. Lamalte qui nous envoie
comme copie réglementaire les porteurs de la « Se-
dia » dans la Messe de Bolsena. Sont-ils assez con-
nus ceux-là! Et encore si M. Lamatte avait exac
tement traduit ce morceau que Raphaël semble
avoir dérobé au Giorgione, et qui est d’une couleur
si puissante dans son éclat, tandis que les physio-
nomies montrent une réalité si saisissante ! Mais
non, les carnations sont sans consistance, et la to-
nalité est grise.

N’attachons pas à l’esquisse, envoi de 2ne année,
plus d'importance que les pensionnaires de Rome
n’en attachent eux-mêmes. C’est toujours un pro-
jet qu’ils ne réalisent jamais. Celui de M. Ferrier
représente les Vestales fuyant Home.

M. Luc-Olivier Merson fut bizarre dans son grand
prix : le Soldat de Marathon ; bizarre dans son pre-
mier envoi, Saint-Edmond martyr ; bizarre dans
son second envoi, Une vision; bizarre il est encore
dans son dernier envoi, Sacrifice à la Patrie.

Peut-être l’étude, la réflexion et l’âge l’assagiront-
ils quelque peu ; mais il lui en restera toujours
quelque chose. Cela, d’ailleurs, le regarde; et dût-
il payer d’un grain de fantaisie le talent qu’il an-
nonce, il nous faudrait en prendre philosophi-
quement, notre parti. Ce ne sont pas les plus rai-
sonnables ni les plus sages qui montent aux som-
mets où l’on a le vertige.

En avant d’un temple dont le péristyle s’aper-
çoit au sommet d'une terrasse, entre les deux ram-
pes des degrés qui y accèdent, l’autel de la Patrie
est dressé. Un jeune homme, à demi enveloppé
d’un linceuil, y est étendu, la tête renversée et un
bras pendant. La Renommée, debout à la tête du
cadavre, embouche la trompette. Gloria Victisl
C’est ici, en effet, la même pensée que dans le beau
groupe de M. Mercié; mais autrement exprimée,
et d’une façon plus complexe.

La mère, en effet, est agenouillée aux pieds du
mort, la tête renversée dans un violent désespoir,
les deux mains portées à ses tempes, d’où sa che-
 
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