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La chronique des arts et de la curiosité — 1883

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Nr. 25 (21 Juillet)
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https://doi.org/10.11588/diglit.17399#0213
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ET DE LA

Edouard Fournier a exécutée pendant sa première
année de séjour à la villa Médicis, et qu'il a dra-
matisée en lui faisant représenter Oreste réfugié
à l'autel d'Apollon. Celle-là est dans les traditions
classiques tout en dénotant la volonté de renou-
veler des sujets éternellement proposés à l'art par
une recherche plus intime de l'époque, s'il en est
une pour les héros et les demi-dieus, et de la
nature.

M. L.-E. Fournier est de son temps en donnant
une importance si grande au paysage qui sert de
fond à sa figure, et en le représentant à l'heure
qu'il a choisie. Les fantômes du remords ont
poursuivi Oreste toute la nuit, et au matin, celui-ji
lassé tombe épuisé sur l'autel d'Apollon qui
domine la ville de Delphes que colorent les blan-
ches lueurs de l'aube.

Tout n'est pas de la même exécution, ferme et
souple à la fois, dans la figure que sillonnent, on
ne sait pourquoi, les traces saillantes de la peinture
dont la toile est truellée, suivant une pratique,
bizarre adoptée par quelques-uns de nos peintres,
venus de Rome précisément. La peinture y est
plus agréable à faire, disent-ils; mais elle est, par
contre, bien désagréable à voir, car ce travail
préparatoire contrarie généralement les formes et
le modelé.

La Grèce et le Japon, Tanagra et Kioto, sont
juxtaposés dans Y Ave Maria de M. Doucet.

Si la vue des maîtres du xve au xvi° siècle n'a
pas exercé plus d'influence sur M. Doucet pendant
ses deux années de séjour à Rome, il en reviendra
japonisant comme M.Toudouze, et ce n'était pas
la peine de prendre la place d'un autre qui en
eût profité.

Dans cet Ave Maria, qui semble inspiré des
évangélistes apocryphes qui placent dans un jar-
din, mais près d'une fontaine, la scène de YAn-
nonciation; c'est la Vierge qui apparaît à l'ange,
et non l'ange à la Vierge, qui devrait en être
effrayée. Mais ce contre-sens ne serait rien si les
deux personnages étaient en relation entre eux,
si tout l'intérêt ne se portait sur la robe japonaise
de l'ange, en un coin de tableau, et si la figure de
la Vierge n'entrait dans ce fond qui vient en avant
des figures.

Avec une esquisse d'un tableau qu'il ne fera
jamais, Job et ses amis, M. Bramtot (3a année) a
envoyé la copie réglementaire. R a choisi la partie
gauche des Cavaliers ol'Héliodore, celle où le pape
est porté sur la sedia.

M. Bramtot a exécuté un fac-similé de la fresque
telle que les restaurations et les repeints l'ont
arrondie, allourdie et assombrie.

R serait intéressant que d'autres exécutassent
le reste de la composition avec le même scrupule,
afin de pouvoir en réunir les différents fragments.
Mais MM. Balze n'ont-ils pas renouvelé des copies
que Louis XIV avait déjà fait exécuter aux pre-
miers temps de l'Académie de France, sous la
conduite d'Errard et de Noël Coypel?

On dit que M. Schommer a outrepassé les di-
mensions réglementaires pour exécuter son tableau
de 4e année. Sou génie eût été à l'étroit dans une
toile de moindre dimension pour représenter
Edith retrouvant le corps d'Hurold.

11 y a bien de la place perdue, cependant, autour
des trois personnages, deux moines et une vieille
Anglaise, plantés au milieu d'un grand terrain gris.
Les cadavres nus d'hommes et de chevaux en pu-

CURIOSITÉ 203

Réfaction se différencient à peine des herbes et
des rochers au milieu desquels ils sont couchés
dans des poses bien singulières. Le paysage est
profond, néanmoins, et fort beau dans ses lointains
enflammés par le soleil couchant, et ce paysage est
le principal de cette œuvre, d'ailleurs très habile.

Les envois de la sculpture sunt inférieurs à ceux
auxquels nous étions habitués depuis une assez
longue série d'années.

La Pomme de discorde de M. Labatut est un grand
bas-relief d'une composition bizarre : Mercure des-
cendant du ciel, où s'esquisse en petites figures
l'assemblée des dieux et remettant à Paris, assis
auprès de son chien, la pomme qui causera la
guerre de Troie. Les deux personnages se regar-
dent si bien qu'on ne voit le masque d'aucun d'eux.
Et puis la tête du Paris ayant fait le voyage indé-
pendante du corps, et ayant été ajustée après le dé-
ballage, une ligne noire marque le raccord et
semble indiquer qu'on peut la tourner à son gré,
comme sur un pivot, atin de la montrer, plus ou
moins, aux spectateurs. Enfin quel affreux contour
dessine la poitrine de Paris.

Il faut croire que la Vérins de FEsquilin, récem-
ment découverte à Rome, y fait quelque bruit pour
que M. Labatut en ait envoyé une copie, et M. L.-
Édouard Fournier un dessin. C'est une oeuvre de
décadence qui, pour certains détails accessoires,
indique des préoccupations de3 croyances égyp-
tiennes, et qui, pour cela, doit surtout intéresser
les archéologues et les savants.

Le Jeune héros mourant de M. Pejnot(2e année)
est une étude et n'est que cela, car rien n'y indi-
que une correction de la nature, vue par ses
grands côtés, ceux qui, surtout, intéressent l'art.

Les envois de M. Patey, graveur en médailles
(Lre année), ne montrent point encore une person-
nalité bien accusée.

Quant à ceux des graveurs en taille-douce, ils se
signalent, comme d'habitude, par la mauvaise qua-
lité des dessins qu'ils comprennent. On s'étonne
même que des gens qui, en général, dessinent si
mal, paissent graver d'une façon supportable. Cela
est bien apparent lorsque l'on rapproche le des-
sin et la gravure que M. Buland (2e année) a exé-
cutés d'après la Belle Simonetta de Sandro Bolti-
celli.

M. Deblois (4e année) nous paraît avoir entre-
pris avec la fresque du Sodoma, Y Evanouissement
de sainte Catherine de Sienne, une lutte impossible.
La fresque est blonde, la gravure est grise, et la
fluidité du dessin, la souplesse de la peinture, sa
langueur, si l'on peut dire, sent mal exprimées
par les tailles, bien que longues, dont M. Deblois
a enveloppé ses personnages.

Les architectes, comme de coutume, montrent
qu'ils sont des hommes faits, pour qui la villa
.Médicis n'est point une tente dressée pour le
repos.

Comme tous les élèves de première année qui
l'ont précédé, M. Deglane s'en tient aux monu-
ments de Rome, si souvent relevés et envoyés. Il
s'est coutentd de l'entablement du temple de la
Concorde.

M. Giraud, pour sa deuxième année, envoie
aussi l'entablement et une colonne de cet ennuyeux
ordre corinthien de Rome, provenant du temple
de Castor et Pollux, dont les cartons de l'Ecole
des beaux-arts doivent être bondés. Mais il a étu-
dié aussi le Tombeau de Mastino II délia Scala, à
 
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