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La chronique des arts et de la curiosité — 1892

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Nr. 19 (7 Mai)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19740#0157
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ET DE LA

Beaux-Arts, de faire, au Salon des Champs-
Elysées, les acquisitions suivantes :

Une toile de M. Adrien Demont, Abel; une
autre, de M. Quignon, Avoines en fleurs; un
marbre de M. Alfred Boucher, le Repos; un
autre, de M. Marqueste, Nessus enlevant Dé-
janire.

M. Maze-Sencier a légué au Musée Car-
navalet toute une suite de tabatières histori-
ques et politiques relatives surtout à la période
révolutionnaire. Ces boîtes, au nombre d'en-
viron 150 à 200, forment un groupe assez
complet et témoignent du goût et de l'érudi-
tion de celui qui a su les réunir, et qui vient
par cette donation enrichir le Musée histo-
rique parisien.

La Société des Études historiques met
au concours pour 1892 le sujet suivant: « Les
œuvres et la vie de l'architecte Gabriel »
1710-1782), artiste parisien dont le nom reste
attaché à la construction du Garde-Meuble, de
l'Hôtel de la Marine, de l'École militaire, l'or-
donnance de la place de la Concorde, etc.

Un inspecteur général des bâtiments
civils, un architecte diocésain et deux peintres
verriers se sont rendus, il y a quelques jours,
à Saint-Gervais, pour constater les dégâts
causés aux vitraux par l'explosion de la ca-
serne Lobau.

Les verrières les plus endommagées sont
celles de la chapelle des fonts baptismaux,
à gauche en entrant. Elles sont de l'école fran-
çaise et du dix-septième siècle. Elles ont été
faites d'après des cartons de Lesueur et re-
présentent le Baptême du Christ, le Saint-
Esprit, le Christ et Sainl-Nicolas.

Tous ces vitraux comme tous ceux des égli-
ses de Paris, étaient dans le plus déplorable
état lorsqu'ils ont été restaurés par Lafaye en
1848. C'est la verrière représentant le baptême
du Christ qui a été la plus touchée ; elle est
presque toute à refaire.

La restauration a été décidée. Le devis, qui
a établi par M. Aubertin, architecte de la Ville,
s'élève à 3.000 fr.

M. Frémiet, professeur de dessin appli-
qué à l'étude des animaux, au Muséum, a
commencé ses leçons hier vendredi, à 4 h.,
et les continuera les lundis, mercredis et ven-
dredis suivants, à la même heure, dans la
salle des cours de dessin (porte d'Austerlitz).

Le Musée en formation de Cognac
vient d'acheter le tableau de M. Roll, Le Tra-
vail, chantier de Suresnes, qui figurait au
Salon de 1885.

Le Conseil général d'Épinal a voté le 27
avril une somme del.SOO fr. pour être alîectée
à l'établissement d'un Musée dans la maison
de Jeanne d'Arc, à Donirémy, et a émis le
vœu que ce monument national fût inauguré
le plus tôt possible. M. Môline a été chargé de
faire une démarche auprès de M. Antonin
Mercié pour le prier de hâter l'achèvement de
la statue de l'héroïne.

*** La municipalité d'Osnabruck (Allema-
gne) a vendu à MM. de Rothschild une an-

GURIOSITÉ 147

cienne coupe précieuse pour la somme de
312.500 fr., qu'elle destine à la construction
d'un théâtre.

-:5-08C*<:—-

Exposition des Œuvres de Ribot

a l'école des beaux-arts

On connaitle mot profond d'Ibsen : « L'homme
le plus fort est celui qui vit le plus seul. » De
tous les artistes contemporains, Théodule Ri-
bot, dont nous voyons aujourd'hui les œuvres
réunies à l'École des Beaux-Arts, est celui qui
le justifie le mieux. Bibotfut, en effet, un so-
litaire. Disciple de Chardin et des Espagnols,
il a dédaigné, ignoré même le mouvement
contemporain; sa personnalité a quelque
chose d'entier, d'aigu et de volontaire qui la
met à part. On peut ne point manifester
une très grande tendresse pour ce genre de
peinture sourde, monocorde et comme enve-
loppée de suie dans les ombres; il faudra, ce-
pendant, reconnaître et admirer la supériorité
et la sincérité d'exécution, la finesse de des-
sin et le style qui s'enferment dans cet art
austère et puissant. Ne serait-il que le maître
peintre que nous voyons qu'il aurait droit en-
core à une place éminente, nous dirions vo-
lontiers unique, dans l'histoire de la peinture
contemporaine.

Mais il y a plus : Ribot était un penseur, un
scrutateur passionné de la physionomie hu-
maine. Il laisse une vingtaine de portraits
qui sont des chefs-d'œuvre de vie intense et
de pénétrante observation. Il a modelé des
nus qui en font un des plus savoureux pétris-
seurs de formes qui se puissent voir ; et son
imitation apparente des truculences de Ribéra
n'a point étouffé la sève de son tempérament
original. Ses tableaux feront toujours grande
figure dans les Musées.

Nous n'avons pas à recommencer l'excel-
lente étude qui a été publiée dans la Gazelle
au lendemain de la mort de l'artiste. Nous
voulions encore une fois honorer la mémoire
de Ribot en annonçant l'Exposition qui vient
d'ouvrir au quai Malaquais.

Sans être complète, puisqu'elle ne comprend
ni les grandes toiles du Musée du Luxem-
bourg (Saint Sébastien, Le bon Samaritain,
Le Christ au milieu des docteurs), ni le
Martyre de saint Yincent, du Musée de
Lille, elle nous renseigne suffisamment sur
les modalités du talent deRibot, comme peintre,
comme aquarelliste, comme dessinateur et
comme aqua-fortiste. Elle nous offre : le Sup-
plice des coins, du Musée de Rouen ; les
Plumeitrs de volaille, de la collection du
Dr Goujon; des portraits superbes; des natures-
mortes comme le Gigot de Pâques. Ces Plu-
meurs de volaille sont un chef-d'œuvre dans
la note grise, une sorte de Chardin superlatif,
à qui semble adressé l'éloge de Théophile
Gautier : « M. Ribot a trouvé le côté pitto-
resque de la veste et de la casquette blanches ;
il a saisi les aspects variés d'une intéressante
et modeste institution, et traité les divers épi-
sodes de la vie cuisinière avec une verve et
une touche originale qui réjouiraient Vélas-
quez. » L. G.
 
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