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La chronique des arts et de la curiosité — 1892

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Nr. 30 (10 Septembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19740#0249
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et de la curiosite 239

dut être, jadis, un spectacle curieux que celui de
ces sarcophages de pierre au couvercle troué par
des têtes parlantes, animées du plus joyeux des
sourires.

C'est la première fois que l'on découvre de ces
bustes insérés dans des cercueils de momies.
Chez les anciens Egyptiens, les cercueils étaient
tous pareils, affectant la forme d'un vivant, serré
dans des bandelettes et les bras croisés sur la
poitrine, mais au visage toujours découvert et
aux mains souvent apparentes. La tête reposait
sur le même plan horizontal que le corps.

Quand l'Egypte passa sous la domination des
Romains, elle était depuis longtemps imprégnée
d'éléments helléniques ; elle en fut, dès lors, satu-
rée. Les arts grecs l'envahirent, et il est évident
que les colonies grecques disséminées sur le sol
égyptien, notamment dans l'oasis d'El Khargeh,
depuis des siècles, saisirent avec empressement
l'occasion d'employer à l'embellissement de leurs
demeures les sculpteurs d'origine hellénique im-
portés par le nouvel état de choses.

Mais ces Grecs installés depuis si longtemps
en Egypte, s'ils y avaient gardé l'intégrité de leur
race, y avaient adopté, peu à peu, les habitudes
et les mœurs du pays. Au contact des dieux
égyptiens, le polythéisme hellénique s'était légè-
rement modifié ; les idées égyptiennes sur l'autre
vie s'étaient substituées aux idées grecques, et les
colons grecs avaient fini par momifier leurs
morts à la mode purement égyptienne.

Cette mode, on la connaît. La momie, une fois
enfermée dans sa gaine, était transportée devant
la mastaba ou tombeau qui, désormais, l'abrite-
rait. On dressait dans l'encadrement de la porte
le cercueil, qui présentait alors l'aspect d'un vivant
posé debout sur ses pieds, et les cérémonies reli-
gieuses commençaient. Elles avaient toutes pour
but d'identifier le mort avec le dieu Osiris, tué
par Set et dont le cadavre, dépecé, avait été dis-
séminé par le meurtrier en tous lieux.

Les membres épars, recueillis, avaient été ras-
semblés par Isis et Nephthys, et Horus, fils d'Osi-
ris, après avoir châtié l'assassin, avait rappelé
son père à la vie. Cette mort et cette résurrection
avaient fait d'Osiris le symbole de la mort, et les
cérémonies funèbres consistaient : 1° à psalmodier
la Passion d'Osiris, Passion que le défunt venait
de subir; 2° à prononcer des prières et à énoncer
des formules magiques qui devaient protéger le
défunt contre Set et contraindre Osiris à le res-
susciter, comme Osiris avait été ressuscité par
son fils.

Les incantations terminées, quand Osiris, «Sei-
gneur des deux mondt-s », avait étendu sa pro-
tection sur le mort, quand il l'avait accueilli dans
la barque divine, on soulevait le cercueil, on le
plaçait définitivement dans le tombeau, après
avoir disposé dans le caveau, tout autour du dé-
funt, le mobilier funéraire q.ii lui serait indispen-
sable au jour du grand réveil : le coffre à vête-
ments, les flambeaux, l'étui à collyre, les vases
de parfums, les vases pour ablutions, le miroir,
les sandales et la canne.

Les colons grecs avaient donc adopté, à l'exemple
des Egyptiens, la momification et l'usage du cer-
cueil anthropoïde. Ils perfectionnèrent à l'époque
romaine, ce cercueil en lui donnant la forme, non
plus d'un hommeentièrementeutièrement couché,
mais d'un homme couché qui se relève. De là les

bustes en question, que des artistes spéciaux mo-
delaient et mettaient en couleurs à la ressem-
blance du défunt et qu'ils inséraient clans des sar-
cophages fabriqués longtemps à l'avance et de
dimensions et d'ornementation différentes.

(Extrait du Temps.)

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NÉCROLOGIE

Le sculpteur Geoffroy-Dechaume, conserva-
teur du Musée de sculpture comparée, au Troca-
déro, officier de la Légion d'honneur, vient de
mourir, le 25 août dernier, à l'âge de soixante-
seize ans.

Avec lui disparaît un des derniers survivants
de la grande génération de 1830. Il était né à
Paris, le 29 septembre 1816, et était entré à l'Ecole
des Beaux-Arts en 1831. Il avait achevé ses études
dans l'atelier de David d'Angers. On le voit,à ses
débuts, collaborer à la statuaire de l'Arc-de-Triom-
phe ; puis il se voue à l'étude du Moyen Age et
devient bientôt l'auxiliaire le plus actif et le plus
habile de Viollet-le-Duc dans la restauration de
nos vieux monuments. Personne aussi bien que
lui ne sut s'inspirer du style de nos imagiers.
Nous rappellerons, parmi ses titres principaux à
la reconnaissance des ainis de notre art national,
les grands travaux de restauration qu'il exécuta à
la cathédrale de Laon et à Notre-Dame de Paris.
C'est lui notamment qui refit les statues de la
galerie des Rois dans ce dernier édifice.

Le Musée du Luxembourg possède de lui le
Masque de Béranger. On lui doit encore un
excellent buste de Barye et le médaillon de Corot
pour le monument de Ville-d'Avray.

Il contribua enfin pour la plus large part à l'or-
ganisation de notre grand Musée de moulages du
Trocadéro. Il était membre delà Commission des
Monuments historiques. L. G.

M. Albert Wolff, statuaire allemand, élève de
Rauch, est décédé à Berlin le mois dernier, dans
sa 79e année ; depuis 1836 il était professeur de
sculpture à l'Académie de Berlin. Il est l'auteur
de nombreux groupes ou statues élevés sur les
places publiques ou les monuments de Berlin,
Hanovre, Posen, Kœnigsberg et autres villes de
l'Allemagne.

Le doyen des peintres paysagistes de Berlin,
également professeur à l'Académie de cette ville
depuis plusieurs années, M. Karl-Edouard Bier-
mann, y est mort dans les premiers jours de
juillet, âgé de 89 ans.

Le sculpteur italien bien connu Barsaghl vient
de succomber à Milan.

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BIBLIOGRAPHIE

Charlet, par M. F. Lhomme. Paris, Librairie de
l'Art, un fascicule in-4° illustré da gravures.
Le grand succès obtenu récemment par l'Expo-
sition des œuvres de llafl'et a rappelé l'attention
 
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