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La chronique des arts et de la curiosité — 1893

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Nr. 1 (7 Janvier)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19741#0014
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LA CHRONIQUE DES ARTS

hypothèses. C'est un extrait du Mercure galant,
de 1681 (1), que le consciencieux biographe n'a eu
garde d'oublier. On nous permettra de mettre ce
passage décisif sous les yeux de nos lecteurs :
« Sa Majesté trouva clans le vieil hùtel de Gram-
« mont (où étaient entassées beaucoup de pein-
« tures appartenant à la Couronne), la Famille
« de Darius, peinte en miniature d'après M. Le
« Brun. Cet ouvrage, il s'agit de la miniature,
« doit estre beau puisqu'il avoit esté jugé digne
« de tenir une place parmy les plus beaux ta-
« bleaux du inonde. Le travail en est extraordi-
« naire et grand, et peu de gens ont fait des mi-
« niatures semblables, aussi considérables et
« aussi finies ; et ce qui vous surprendra est que
« celle-là est d'une femme. Elle a esté faite par
« Mlle Château. Ce nom est connu. Elle est femme
« de M. Château, graveur ordinaire du Roy. Les
« ouvrages de cette illustre sont fort recherchez,
« et elle en a fait pour beaucoup de souverains.
« Le Roy fit présent de celui de la Famille de
« Darius à Mgr le Dauphin qui fait depuis quel-
« que temps amas de curiositez pour en compo-
« ser un cabinet. La mesme travaille présente-
ce ment à la Bataille de Porus, et quoy que ce soit
« une forte grande entreprise, cet ouvrage est
« déjà fort avancé. »

Mlle Château, femme du graveur Orléanais bien
connu Guillaume Chasteau (18 avril 1035, 15 sep-
tembre 1683 (2), n'est donc autre qu'Antoinette
Henault, sœur du peintre de ce nom et de la pre-
mière femme de Noël Coypel. C'est un fait acquis
désormais, grâce au passage du Mercure galant,
cité par M. Jouin. On voit, par cet exemple, quels
résultats utiles, pour l'histoire de nos vieux maî-
tres oubliés, donnerait le dépouillement systéma-
tiques des recueils périodiques du xvne cl du
\vi Ie siècles.

J. ,1. G.

Une nouvelle Biographie de Brunellesco

Notre collaborateur M. de Eabriczy, qui s'est
conquis dans les dernières années une place pré-
pondérante parmi les historiens de la Renaissance
italienne, vient de consacrer une étude aussi éru-
dite que pénétrante à l'artiste qui a été le premier
moteur et comme la cause déterminante de ce
grand mouvement (3).

Trop souvent, dans les annales de l'Art, les ré-
volutions sont anonymes, parce qu'elles résultent
d'un ensemble de besoins et d'aspirations ; ici, du
moins en ce qui concerne l'architecture, l'initia-
tive et la mise en amvre du programme nouveau,
le plus important, à coup sûr, qu'un artiste ait
conçu, s'incarnent en un seul homme. Il s'en faut
de peu que nous puissions dire l'année, le mois
et le jour où ce puissant génie entreprit de sub-
stituer, aux données du moyen-âge, un style de
tout point renouvelé de celui de l'antiquité.

Le volume de M. de Fabriczy débute par une

il) Décembre 1651, p 250-254.
ri) Ilerluison. Artistes Orléanais.

(3) Filippo Bkunellkschi, par G. de Fabriczy. StuttgaroL
Cotta. Un beau volume in-8" de xx.xix-(>!fi pages.

étude critique sur les sources de la biographie de
Brunellesco, depuis celle qui fut écrite par un
contemporain, Antonio di Tuccio Manetti (1423-
1497), jusqu'aux plus récents documents publiés
par M. G u asti.

Les premiers efforts de Brunellesco furent con-
sacrés, comme on sait, à l'orfèvrerie et à la sculp-
ture. On s'accorde à reconnaître comme sa plus
ancienne production dans ce domaine (1309-1401),
les deux bustes de prophètes qui ornent l'autel
d'argent de Pistoja. M. de Fabriczy se sépare ici
du commun des biographes. D'après lui, les deux
bustes, attribués jusqu'ici à Brunellesco, révèlent
la main d'un maître plus ancien; par contre, les
deux figures placées aux deux extrémités de la
rangée supérieure se distinguent par une inten-
sité de mouvement et une liberté dans l'arrange-
ment des draperies, qui autorisent à, les revendi-
quer en faveur du sculpteur-orfèvre florentin.

Les autres sculptures du maître, le Sacrifice
d'Isaac, exécuté en concurrence avec Ghiberti,
et le Crucifix, exécuté en concurrence avec Dona-
tello, sont trop connues pour qu'il soit nécessaire
d'y insister ici. Leur auteur ne devait d'ailleurs
pas tarder à se consacrer exclusivement à l'ar-
chitecture, son art favori.

M. de Fabriczy est disposé à attribuer aux
conseils du sculpteur-architecte Niccolô di Piero
Lamberti d'Arezzo le départ de son jeune confrère
pour Rome. Niccolô avait été appelé dans la Ville
éternelle vers 1400 par le pape Boniface IX ; il en
avait rapporté ce goût pour l'ornementation anti-
que qui se fait jour dans sa célèbre « porta délia
Mandorla » au dôme de Florence. Il est fort
vraisemblable que ses descriptions des merveilles
conservées à Rome décidèrent Brunellesco et son
ami Donatello à entreprendre le pèlerinage qui
devint plus tard obligatoire pour tout artiste qui
se respectait.

On sait quel enthousiasme la vue de tant de
ruines augustes provoqua chez le jeune Florentin
et combien il eut cle peine à s'arracher à la con-
templation de ces merveilles. Son dernier biogra-
phe estime qu'il habita Rome de 1403 à 1417, tout
en retournant de temps en temps dans sa ville
natale (en 1404, en 1409, en 1410, en 1415 et en
1416).

Brunellesco consulta-t-il, à côté des monuments
mêmes, les commentaires que leur avait consacrés
le principal des théoriciens cle l'art de bâtir chez
les anciens? M. de Fabriczy s'est posé cette ques-
tion ; mais, quoi que le Pogge eût découvert vers
1414 un manuscrit de Vitruve dans la bibliothèque
du couvent de Saint-Gall, il se prononce pour la
négative.

A cette période de recueillement et d'incubation
appartiennent, d'après M. de Fabriczy, les re-
cherches sur la perspective, par lesquelles Bru-
nellesco ouvrit des horizons immenses, non seu-
lement à la peinture, mais encore à la sculpture
Les investigations les plus récentes tendent toutes
à lui confirmer le mérite de cette découverte
capitale.

L'histoire de la construction de la coupole du
dôme, le travail grandiose auquel Brunellesco se
consacra depuis son retour à Florence, en 1417 ,
jusqu'à sa mort, est des plus compliquées. M. de
Fabriczy, d'accord avec M. Nardini, M. Frey et
différents autres érudits contemporains, réfute à
tout instant les assertions de Manetti el de Va-
 
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