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LA CHRONIQUE DES ARTS
Le Musée Carnavalet vient de s'enrichir
de plusieurs tableaux très curieux.
C'est d'abord une « Vue générale de Paris »
en 1680, sous Louis XIII, prise en aval de la
Porte-Neuve. Ce tableau se date d'une façon
certaine, grâce à une particularité assez ori-
ginale. Au mois d'avril 1630, un incendie dé-
truisit la flèche et le toit de la Sainte-Cha-
pelle; les réparations ne furent faites qu'en
1033. Or, sur ce tableau, la Sainte-Chapelle,
que l'on aperçoit dans le lointain, est privée
de sa flèche, et, à travers l'oculus qui se
trouve au fronton on voit le ciel. Ce tableau
a été découvert par M. Charles Sedelmeyer,
qui en a fait don au Musée Carnavalet.
Citons ensuite un petit tableau signé de
Bouchot, représentant Napoléon Ier visitant,
accompagné de deux officiers, l'emplacement
de la future halle aux vins.
Le Moniteur Universel du j0 février 1811,
qui rend compte de cette visite faite la veille,
donne le nom des deux officiers qui accompa-
gnent l'empereur : ce sont le duc de Frioul,
grand maréchal, et le chambellan comte Ni-
colay, propriétaire de la belle terre de Bercy.
Le Moniteur ajoute que c'est ce jour-là que
les marchands du quartier ont demandé à
l'empereur l'exécution de son décret du 30
mars 1808 pour la construction d'une halle
aux vins.
Enfin, M. Jules Cousin, directeur du Musée,
a acheté le tableau d'Hoffbauër qui a figuré
au Salon de 1891 et qui représente une vue do
Paris en 1588, sous Henri III, prise de la tour
d'angle du vieux Louvre et regardant le Palais
et la Cité.
L'Exposition Meissonier
a l'école des beaux-arts
L'Exposition organisée par MIUC veuve Meis-
sonier à l'Ecole des Beaux-Arts n'a pas l'im-
portance de celle de la Galerie G. Petit, dont
nous avons rendu compte dans la Gazette.
Le maître y est surtout représenté, en pein-
ture, par des œuvres des vingt dernières an-
nées de sa vie : ce ne sont pas les meilleures
qu'il ait peintes. On y voit la page allégorique
du Siège, les Ruines des Tuileries, l'esquisse
à peine indiquée de la composition qu'il se
proposait d'exécuter pour le Panthéon et des
souvenirs de Venise : L'Intérieur de Saint-
Marc, la Madonna del Baccio, Une Messe à
la chapelle de la Vierge miraculeuse, Un
lever de voiles de pêcheurs près de San-
Glorgio, le Grand, Canal, le Ponton de la
Giudecca, une grande Vue de Venise, l'aqua-
quarelle des Jjragons sous bois et les ta-
bleaux : Prisonnier d'Etat, Samson abat-
tant les Philistins et le Chant.
Curieuses aussi, les maquettes en cire mo-
delées par Meissonier pour ses derniers ta-
bleaux, le cheval blessé que l'on voit au pre-
mier plan du Siège de Paris, le Trompette
de Murcie, le Duroc à la bataille de Casti-
glione, et deux figures dans le goût de la Re-
naissance, que l'artiste voulait faire repro-
duire en grandeur naturelle pour supporter le
linteau de sa cheminée.
N'oublions pas les portraits du peintre par
lui-même, son album de croquis, la maquette,
exécutée par Mercié, du monument qui se
dressera dans les jardins du Louvre, la sta-
tuette de Gémito, représentant Meissonier
debout, en veston, le médaillon de l'artiste
par Chaplain et son buste par René de Saint-
Marceaux.
L'Exposition restera ouverte jusqu'au 25
avril courant.
NOUVELLES
**# Par arrêté en date du 14 avril 1893,
M. Georges Bernard, sous-préfet de Nogent-
le-Rotrou, a été nommé chef du secrétariat
particulier du Ministre de l'Instruction publi-
que, des Beaux-Arts et des Cultes.
Par décret en date du 8 avril 1893, rendu
sur la proposition du Ministre de l'Instruction
publique, des Beaux-Arts et des Cultes, sont
nommés chevaliers dans l'ordre national de la
Légion d'honneur : M. Palustre (Léon), mem-
bre non résident du Comité des travaux his-
toriques et scientifiques, et M. Jouin (Henry),
secrétaire de l'Ecole nationale spéciale des
Beaux-Arts, à Paris.
Le tableau de Daumier, les Voleurs et
Vdne, acquis par l'Etat à la vente Geoffroy-
Dechaume, sera placé au Musée du Luxem-
bourg. Il a été payé en partie par le budget
des Musées nationaux, en partie par le dona-
teur anonyme qui a déjà fait don à l'Etat, l'an
dernier, de la Reddition de Huningue, de
M. Edouard Détaille.
M. Jules Maciet, qui a enrichi à plu-
sieurs reprises nos collections nationales de
très intéressantes œuvres d'art, vient encore
de donner au Musée du Louvre deux frag-
ments de bas-reliefs assyriens, représentant
un Episode de la prise d'une ville, et des
Guerriers et serviteurs marchant à côté
d'un char.
On a transporté, au Ministère de la
Guerre, une statue en marbre de Lazare
Carnot, en uniforme de représentant du
peuple, assis dans une pose méditative. Cette
statue, œuvre de M. Cougny, remplacera,
dans la galerie des anciens ministres de la
guerre une autre statue, debout, qui est des-
tinée au Musée de Versailles.
Les journaux anglais annoncent que
M. Bénédite, conservateur du Musée du
Luxembourg, se serait rendu à Londres afin
d'y acquérir, pour le Musée qu'il dirige, quel-
ques œuvres marquantes des peintres anglais.
Le Conseil général des Vosges et le
Conseil municipal de Samt-Dié ont voté cha-
cun une somme de 5.000 fr. pour participer a
l'érection d'un monument de Jules Ferry à
Saint-Dié. D'autres départements ont aussi
LA CHRONIQUE DES ARTS
Le Musée Carnavalet vient de s'enrichir
de plusieurs tableaux très curieux.
C'est d'abord une « Vue générale de Paris »
en 1680, sous Louis XIII, prise en aval de la
Porte-Neuve. Ce tableau se date d'une façon
certaine, grâce à une particularité assez ori-
ginale. Au mois d'avril 1630, un incendie dé-
truisit la flèche et le toit de la Sainte-Cha-
pelle; les réparations ne furent faites qu'en
1033. Or, sur ce tableau, la Sainte-Chapelle,
que l'on aperçoit dans le lointain, est privée
de sa flèche, et, à travers l'oculus qui se
trouve au fronton on voit le ciel. Ce tableau
a été découvert par M. Charles Sedelmeyer,
qui en a fait don au Musée Carnavalet.
Citons ensuite un petit tableau signé de
Bouchot, représentant Napoléon Ier visitant,
accompagné de deux officiers, l'emplacement
de la future halle aux vins.
Le Moniteur Universel du j0 février 1811,
qui rend compte de cette visite faite la veille,
donne le nom des deux officiers qui accompa-
gnent l'empereur : ce sont le duc de Frioul,
grand maréchal, et le chambellan comte Ni-
colay, propriétaire de la belle terre de Bercy.
Le Moniteur ajoute que c'est ce jour-là que
les marchands du quartier ont demandé à
l'empereur l'exécution de son décret du 30
mars 1808 pour la construction d'une halle
aux vins.
Enfin, M. Jules Cousin, directeur du Musée,
a acheté le tableau d'Hoffbauër qui a figuré
au Salon de 1891 et qui représente une vue do
Paris en 1588, sous Henri III, prise de la tour
d'angle du vieux Louvre et regardant le Palais
et la Cité.
L'Exposition Meissonier
a l'école des beaux-arts
L'Exposition organisée par MIUC veuve Meis-
sonier à l'Ecole des Beaux-Arts n'a pas l'im-
portance de celle de la Galerie G. Petit, dont
nous avons rendu compte dans la Gazette.
Le maître y est surtout représenté, en pein-
ture, par des œuvres des vingt dernières an-
nées de sa vie : ce ne sont pas les meilleures
qu'il ait peintes. On y voit la page allégorique
du Siège, les Ruines des Tuileries, l'esquisse
à peine indiquée de la composition qu'il se
proposait d'exécuter pour le Panthéon et des
souvenirs de Venise : L'Intérieur de Saint-
Marc, la Madonna del Baccio, Une Messe à
la chapelle de la Vierge miraculeuse, Un
lever de voiles de pêcheurs près de San-
Glorgio, le Grand, Canal, le Ponton de la
Giudecca, une grande Vue de Venise, l'aqua-
quarelle des Jjragons sous bois et les ta-
bleaux : Prisonnier d'Etat, Samson abat-
tant les Philistins et le Chant.
Curieuses aussi, les maquettes en cire mo-
delées par Meissonier pour ses derniers ta-
bleaux, le cheval blessé que l'on voit au pre-
mier plan du Siège de Paris, le Trompette
de Murcie, le Duroc à la bataille de Casti-
glione, et deux figures dans le goût de la Re-
naissance, que l'artiste voulait faire repro-
duire en grandeur naturelle pour supporter le
linteau de sa cheminée.
N'oublions pas les portraits du peintre par
lui-même, son album de croquis, la maquette,
exécutée par Mercié, du monument qui se
dressera dans les jardins du Louvre, la sta-
tuette de Gémito, représentant Meissonier
debout, en veston, le médaillon de l'artiste
par Chaplain et son buste par René de Saint-
Marceaux.
L'Exposition restera ouverte jusqu'au 25
avril courant.
NOUVELLES
**# Par arrêté en date du 14 avril 1893,
M. Georges Bernard, sous-préfet de Nogent-
le-Rotrou, a été nommé chef du secrétariat
particulier du Ministre de l'Instruction publi-
que, des Beaux-Arts et des Cultes.
Par décret en date du 8 avril 1893, rendu
sur la proposition du Ministre de l'Instruction
publique, des Beaux-Arts et des Cultes, sont
nommés chevaliers dans l'ordre national de la
Légion d'honneur : M. Palustre (Léon), mem-
bre non résident du Comité des travaux his-
toriques et scientifiques, et M. Jouin (Henry),
secrétaire de l'Ecole nationale spéciale des
Beaux-Arts, à Paris.
Le tableau de Daumier, les Voleurs et
Vdne, acquis par l'Etat à la vente Geoffroy-
Dechaume, sera placé au Musée du Luxem-
bourg. Il a été payé en partie par le budget
des Musées nationaux, en partie par le dona-
teur anonyme qui a déjà fait don à l'Etat, l'an
dernier, de la Reddition de Huningue, de
M. Edouard Détaille.
M. Jules Maciet, qui a enrichi à plu-
sieurs reprises nos collections nationales de
très intéressantes œuvres d'art, vient encore
de donner au Musée du Louvre deux frag-
ments de bas-reliefs assyriens, représentant
un Episode de la prise d'une ville, et des
Guerriers et serviteurs marchant à côté
d'un char.
On a transporté, au Ministère de la
Guerre, une statue en marbre de Lazare
Carnot, en uniforme de représentant du
peuple, assis dans une pose méditative. Cette
statue, œuvre de M. Cougny, remplacera,
dans la galerie des anciens ministres de la
guerre une autre statue, debout, qui est des-
tinée au Musée de Versailles.
Les journaux anglais annoncent que
M. Bénédite, conservateur du Musée du
Luxembourg, se serait rendu à Londres afin
d'y acquérir, pour le Musée qu'il dirige, quel-
ques œuvres marquantes des peintres anglais.
Le Conseil général des Vosges et le
Conseil municipal de Samt-Dié ont voté cha-
cun une somme de 5.000 fr. pour participer a
l'érection d'un monument de Jules Ferry à
Saint-Dié. D'autres départements ont aussi