Overview
Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

La chronique des arts et de la curiosité — 1893

DOI Heft:
Nr. 23 (17 Juin)
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.19741#0192
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
182

LA CHRONIQUE DES ARTS

que la Vénus de Médicis ne provient pas de Kome,
comme on l'a alïirmé récemment en Allemagne,
mais qu'elle se trouvait en Toscane dès le quator-
zième siècle.

Les Travaux de la Sorbonne

Les travaux de démolition qui vont être entre-
pris à la vieille Sorbonne n'ont pas laissé d'émou-
voir l'opinion ; on a craint que la physionomie
générale du palais universitaire ne fût profondé-
ment altérée, et la Société de l'Histoire de Paris a
émis le vœu que la cour d'Honneur, qu'elle croyait
menacée, fût conservée. Que cette Société se ras-
sure, la cour d'Honneur demeurera intacte, et
l'on conservera de la vieille Sorbonne tout ce qui
peut être conservé.

La reconstruction cle l'œuvre de Lemercier, —
l'architecte dont Richelieu adopta les plans, —
n'est point un projet nouveau. On s'en occupait
déjà sous la Restauration. MM. Vaudoyer et de
Gisors, architectes du Roi, signalaient, en 1826,
l'état de délabrement de cet édifice, rongé de vé-
tusté, et montraient la nécessité de le rebâtir,
sous peine de le voir tomber en ruines. Les diffi-
cultés politiques firent diversion à ce projet, qu'on
laissa depuis dormir doucement dans les cartons
administratifs.

Napoléon III songea à le mettre à exécution ; il
posa même solennellement la première pierre
d'un nouvel établissement universitaire, mais l'af-
faire en resta là jusqu'à la troisième République,
qui s'est courageusement mise à l'œuvre. Il y a
longs jours qu'elle est commencée, mais ce n'est
qu'aujourd'hui que la pioche du démolisseur va
attaquer la vieille Sorbonne, d'où l'émotion des
amis du vieux Paris. Il nous a paru intéressant
de voir à ce sujet M. Nénot, l'architecte de la
nouvelle Sorbonne.

— « Il est vrai, nous a-t-il dit, que l'on va re-
construire la vieille Sorbonne; c'est un projet
depuis longtemps arrêté, et m'est avis qu'il est un
peu tard pour faire des objections. Que les archéo-
loges se tranquillisent néanmoins, le caractère ar-
chitectural de l'édifice qui lui est cher, qui m'est
cher aussi, sera respecté. A force de vivre entre
ces vieux murs, je me suis pris d'affection pour
eux, et personne ne les verra, avec plus de regrets
que moi, disparaître. Mais, que voulez-vous, il le
faut bien. Les pierres s'effritent; les planchers
vermoulus, les toits mal étayés ne tiennent que
par miracle et s'effondreraient un jour ou l'autre,
si l'on n'y mettait bon ordre. Le travail de dés-
agrégation qui s'opère sourdement depuis l'édifica-
tion de ce monument est si avancé que, s'il n'était
pas compris dans le projet de démolition, il fau-
drait le jeter à bas, quitte ensuite à le rebâtir.

« Personne plus que moi, croyez-le, n'aime la
Sorbonne. Pour lui conserver son cachet original,
je ferai le possible, l'impossible même; j'ai fait
plus que cela : j'ai modifié mes premiers plans
pour ne rien changer à son caractère architectural.
Les nouveaux bâtiments seront disposés, non pas
à l'image de ceux qui vont disparaître, — ce se-
rait une copie servile, — mais conformément à
leur esprit, au point que tous les objets artistiques,
pierre ou bois, provenant de la démolition, seront
soigneusement étiquetés et mis à leur place cor-

respondante. La cour d'Honneur ne sera point ni-
velée, comme on l'a peut-être cru. Elle restera
telle que vous la voyez aujourd'hui, avec deux
plans distincts, réunis par un escalier.

« On a craint encore que nous ne touchions à
la chapelle : c'est une naïveté. Gomment supposer
que nous soyons assez vandales pour changer une
pierre à ce monument qui, avec sa façade de co-
lonnes corinthiennes, surmontées de pilastres
d'ordre composite, et sa coupole flanquée de gra-
cieux campaniles, est l'expression même du style
Louis XIII ? Ai-je besoin encore de rappeler le
mausolée de Richelieu, qui est le chef-d'œuvre de
Girardon?

« — Mais cette chapelle appartient aux héritiers
de Richelieu, et, cela étant, on ne pourrait rien
faire sans leur autorisation ?

« — C'est une erreur ; en vertu d'un décret de
l'an VI, les édifices publics affectés au culte ont
été mis à la disposition de l'Etat. Or, ce décret
n'ayant pas été rapporté lors du Concordat, en ce
qui concerne la Sorbonne, il est légalement per-
mis à l'Etat de disposer de la chapelle comme il
lui plaira. La chapelle Mazarine, qui sert aux
séances de l'Institut, est cependant placée sous le
même régime que celle de la Sorbonne.

« Cette rectification de détail faite, laissez-moi
vous dire que nous sommes absolument libres,
dans l'exécution des travaux, et que nos décisions
ne sont dictées que par l'intérêt supérieur de l'art.
Voilà à peu près tout ce que je sais, tout ce que
je puis vous dire. Nous avons fait beaucoup,
mais il ne nous reste pas moins à faire. Ce n'est
que dans sept ans que la nouvelle Sorbonne sera
terminée. »

Mais on peut constater, comme nous l'avons fait
en quittant M. Nénot, que les travaux sont con-
duits avec activité. La construction extérieure des
édifices qui longent la rue Cujas est à près termi-
née. Les couloirs intérieurs, encombrés cle maté-
riaux, sont déblayés vivement. La partie de la rue
Saint-Jacques qui coupe la rue Soufflot s'éclaire
gaiement depuis la démolition des bâtisses qui
fermaient tout horizon à la Sorbonne. C'est un
spectacle très pittoresque que celui de ces maisons
éventrées, dont les murailles sont éraillées de
lézardes et de crevasses. Les cheminées à créneau
mi-partie pierre, mi-partie brique, égayent les
toits ardoisés. Encore quelques coups de pioches
et les bâtisses noires et sales qui séparent l'aile
de la rue des Ecoles de l'aile de la rue Cujas se-
ront mises à terre et le quartier prendra une
physionomie nouvelle. (Journal des Débats.)

BIBLIOGRAPHIE

Le Salon du Chainp-de-Mars de 18D8 vient de
susciter une tentative qui est digne d'être encou-
ragée et qui peut produire, en se poursuivant, des
résultats intéressants. M. Ch. Waltner, l'aqua-
fortiste bien connu, a eu l'idée heureuse de grou-
per et d'éditer en un album de luxe vingt eaux-
fortes originales des principaux artistes du Salon,
parmi lesquels MM. Puvis de Cljavannes, Roll,
Duez, Dagnan-Bouveret, Billotte, Mathey, etc.
L'album, édité avec luxe, est orné d'une couver-
ture dessinée par Dubufe et précédé d'une notice
d'Armand Silvestre.
 
Annotationen