ET DE LA CURIOSITÉ
Ses premières impressions furent républicaines
et patriotiques. La lecture des hommes illustres
de Plutarque façonna son caractère à l'antique,
avec un peu de scepticisme n'excluant pas une
franche gaieté qui le rendait sympathique et
populaire.
Sa règle do conduite, comme artiste, fut toujours
l'imitation sincère et loyale ; il affirmait que celui
qui savait observer était assuré de répondre, de
la façon la plus sérieuse, à l'inspiration échauffant
le talent. Sa nature vigoureuse le portait à être
plus puissant que sentimental, et tout son
œuvre, très important, expressif et clairement
traduit, ne s'éloigna jamais de la nature bien
comprise et fidèlement rendue.
Le statuaire Rude est une des gloires artis-
tique do notre époque.
Dans un ancien numéro de la Revue euro-
péenne, où il est question de l'Exposition univer-
selle de 1855 et de la suprématie artistique que
Rude soutint glorieusement dans la sculpture,
ses collègues de toutes les nations le reconnurent
pour l'héritier légitime des grands maîtres et
s'inclinèrent avec respect devant la main toute-
puissante qui, assouplissant la beauté antique et
disciplinant le sentiment moderne, avait amené,
dans son art, l'heureuse conciliation de la science
et de la poésie ; la première médaille d'honneur
lui fut décernée à l'unanimité, mais la mort ne
lui permit pas d'assister au triomphe qui lui
était réservé devant les quarante mille spectateurs
du Palais de l'Exposition. Rude succombait
subitement à une maladie de cœur, le 3 novem-
bre 1855, dix jours avant la distribution des
récompenses.
E. Duhousset.
REVUE DES REVUES
* Archivio storico dell'Arte (Fasc. V.,
sept-oct.) — M. Emile Jacobsen n'est pas satis-
fait par le nom à'Allégorie du Printemps qu'on
donne à l'œuvre capitale de Botticelli, à l'Acadé-
mie de Florence, et certes, on avouera que ce titre
n'explique pas grand'chose de la symbolique où
le « peintre sophistique » s'est complu. C'est en
cherchant dans le même sens que MM. Warburg
et Venturi, mais suivant des vues aussi hardies
que personnelles, que M.E. Jacobsen croit trou-
ver la solution du problème et la propose à titre
de simple hypothèse.
Le tableau fut, on le sait, commandé par un
membre de la famille Médicis. L'occasion de la
commande aurait été la mort d'une jeune femme
de la cour de Florence et le tableau représente-
rait la déification symbolique d'un être jeune en-
levé par une mort prématurée ; tel est le fond
du thème. M. Jacobsen, sans être afârmatif sur
la personne de Simonetta Cattaneo, la maîtresse
de Julien, dont la mort prématurée fut en effet
un deuil public, admet que le sens caché serait
celui d'une nouvelle vie, d'une résurrection, d'un
réveil ou tout au moins d'une guérison après mala-
die grave ; la figure centrale serait donc celle de
la jeune, victime déifiée, dans la sérénité d'un
Éden au printemps éternel; et la ligure qui, à
droite, s'échappe de l'étreinte d'un génie malfai-
sant et hideux serait derechef cette même victime,
dans une sorte de geste de transition qui l'attache
à la mort.
* I disegni italiani délia Raccolta Malcolm.
— M. G. Lœser étudie, avec une critique plutôt sé-
vère, une partie des dessins de maîtres italiens de
la collection Malcolm, aujourd'hui au British
Muséum.
* Van Bi/ck a Qenova. — Suite de la copieuse
étude de MM. Menotti, qui nous mène avec van
Dyck à Rome, à Venise, Turin, etc., dans le plus
vertigineux curriculum de vie d'artiste qu'on ait
jamais vu.
P Ver sacrum (1™ année, 1" fascicule, jan-
vier 1898). — C'est le titre plein d'espérances
d'une nouvelle revue allemande publiée à Vienne
chez les éditeurs Gerlach et Schonck, et qui paraîtra
chaque mois.
Vienne enfin, à son tour, a sa « Sécession »
et cette publication en est l'organe. La majeure
partie de ce premier numéro (qui renferme une
étude de M. L. Hevesi sur le vénérable aqua-
relliste viennois Rudolf Alt, avec son portrait
par M. R. Bâcher et une reproduction d'un de
ses dessins : La Place Saint-Étienne à Vienne),
est consacrée à exposer le programme et le but
de la nouvelle Association : très vibrantes, très
ardentes de jeunesse, ces pages, signées Max
Burckhard, etHermannBahr, sont accompagnées
d'intéressantes compositions décoratives, de des-
sins, d'études diverses de MM. Kolo Moser, Jos.
Engelhart, M. Olbrich, Jos. Hoffmann, G. Klimt,
Ad. Bœhm, J.-V. Krœmer, J. Malczewski, R. Bâ-
cher, A. Hœlzel, A. Hynais, M. Lenz, etc., disposés
dans le texte ou hors texte de la façon la plus sédui-
sante. L'ensemble forme une revue des plus artis-
tiques. G est là, espérons-le, le signal du réveil, en
Autriche, d'un art vraiment vivant, vraiment na-
tional, qui, comme l'arbuste symbolique placé
sur la couverture de cette revue, fera éclater les
ais mal joints des vieilles conventions qui
l'enserraient, pour aller plonger ses racines en
pleine terre féconde, et nous souhaitons très
vivement à nos confrères de voir bientôt se trans-
former en fruits pleins de saveur toutes les
espérances et les promesses de leur « prin-
temps ».
BIBLIOGRAPHIE
Sommaire de la Gazette des Beaux-
Arts du 1er février. — Théodore Chassériau
et les Peintures du Palais de la Cour des
Comptes, par Ary Renan ;— Alexandre Roslin
(deuxième et dernier article), parO.Fidière;
— Sabbioneta, la Petite Athènes (deuxième
article), par Ch. Yriarte ; — L'ancienne École
de peinture de la fiourgogno (deuxième et
dernier article), par A. de Champeaux; —
La Décoration de Versailles au xviii6 siè-
cle (nouvelle série, deuxième article), par
Ses premières impressions furent républicaines
et patriotiques. La lecture des hommes illustres
de Plutarque façonna son caractère à l'antique,
avec un peu de scepticisme n'excluant pas une
franche gaieté qui le rendait sympathique et
populaire.
Sa règle do conduite, comme artiste, fut toujours
l'imitation sincère et loyale ; il affirmait que celui
qui savait observer était assuré de répondre, de
la façon la plus sérieuse, à l'inspiration échauffant
le talent. Sa nature vigoureuse le portait à être
plus puissant que sentimental, et tout son
œuvre, très important, expressif et clairement
traduit, ne s'éloigna jamais de la nature bien
comprise et fidèlement rendue.
Le statuaire Rude est une des gloires artis-
tique do notre époque.
Dans un ancien numéro de la Revue euro-
péenne, où il est question de l'Exposition univer-
selle de 1855 et de la suprématie artistique que
Rude soutint glorieusement dans la sculpture,
ses collègues de toutes les nations le reconnurent
pour l'héritier légitime des grands maîtres et
s'inclinèrent avec respect devant la main toute-
puissante qui, assouplissant la beauté antique et
disciplinant le sentiment moderne, avait amené,
dans son art, l'heureuse conciliation de la science
et de la poésie ; la première médaille d'honneur
lui fut décernée à l'unanimité, mais la mort ne
lui permit pas d'assister au triomphe qui lui
était réservé devant les quarante mille spectateurs
du Palais de l'Exposition. Rude succombait
subitement à une maladie de cœur, le 3 novem-
bre 1855, dix jours avant la distribution des
récompenses.
E. Duhousset.
REVUE DES REVUES
* Archivio storico dell'Arte (Fasc. V.,
sept-oct.) — M. Emile Jacobsen n'est pas satis-
fait par le nom à'Allégorie du Printemps qu'on
donne à l'œuvre capitale de Botticelli, à l'Acadé-
mie de Florence, et certes, on avouera que ce titre
n'explique pas grand'chose de la symbolique où
le « peintre sophistique » s'est complu. C'est en
cherchant dans le même sens que MM. Warburg
et Venturi, mais suivant des vues aussi hardies
que personnelles, que M.E. Jacobsen croit trou-
ver la solution du problème et la propose à titre
de simple hypothèse.
Le tableau fut, on le sait, commandé par un
membre de la famille Médicis. L'occasion de la
commande aurait été la mort d'une jeune femme
de la cour de Florence et le tableau représente-
rait la déification symbolique d'un être jeune en-
levé par une mort prématurée ; tel est le fond
du thème. M. Jacobsen, sans être afârmatif sur
la personne de Simonetta Cattaneo, la maîtresse
de Julien, dont la mort prématurée fut en effet
un deuil public, admet que le sens caché serait
celui d'une nouvelle vie, d'une résurrection, d'un
réveil ou tout au moins d'une guérison après mala-
die grave ; la figure centrale serait donc celle de
la jeune, victime déifiée, dans la sérénité d'un
Éden au printemps éternel; et la ligure qui, à
droite, s'échappe de l'étreinte d'un génie malfai-
sant et hideux serait derechef cette même victime,
dans une sorte de geste de transition qui l'attache
à la mort.
* I disegni italiani délia Raccolta Malcolm.
— M. G. Lœser étudie, avec une critique plutôt sé-
vère, une partie des dessins de maîtres italiens de
la collection Malcolm, aujourd'hui au British
Muséum.
* Van Bi/ck a Qenova. — Suite de la copieuse
étude de MM. Menotti, qui nous mène avec van
Dyck à Rome, à Venise, Turin, etc., dans le plus
vertigineux curriculum de vie d'artiste qu'on ait
jamais vu.
P Ver sacrum (1™ année, 1" fascicule, jan-
vier 1898). — C'est le titre plein d'espérances
d'une nouvelle revue allemande publiée à Vienne
chez les éditeurs Gerlach et Schonck, et qui paraîtra
chaque mois.
Vienne enfin, à son tour, a sa « Sécession »
et cette publication en est l'organe. La majeure
partie de ce premier numéro (qui renferme une
étude de M. L. Hevesi sur le vénérable aqua-
relliste viennois Rudolf Alt, avec son portrait
par M. R. Bâcher et une reproduction d'un de
ses dessins : La Place Saint-Étienne à Vienne),
est consacrée à exposer le programme et le but
de la nouvelle Association : très vibrantes, très
ardentes de jeunesse, ces pages, signées Max
Burckhard, etHermannBahr, sont accompagnées
d'intéressantes compositions décoratives, de des-
sins, d'études diverses de MM. Kolo Moser, Jos.
Engelhart, M. Olbrich, Jos. Hoffmann, G. Klimt,
Ad. Bœhm, J.-V. Krœmer, J. Malczewski, R. Bâ-
cher, A. Hœlzel, A. Hynais, M. Lenz, etc., disposés
dans le texte ou hors texte de la façon la plus sédui-
sante. L'ensemble forme une revue des plus artis-
tiques. G est là, espérons-le, le signal du réveil, en
Autriche, d'un art vraiment vivant, vraiment na-
tional, qui, comme l'arbuste symbolique placé
sur la couverture de cette revue, fera éclater les
ais mal joints des vieilles conventions qui
l'enserraient, pour aller plonger ses racines en
pleine terre féconde, et nous souhaitons très
vivement à nos confrères de voir bientôt se trans-
former en fruits pleins de saveur toutes les
espérances et les promesses de leur « prin-
temps ».
BIBLIOGRAPHIE
Sommaire de la Gazette des Beaux-
Arts du 1er février. — Théodore Chassériau
et les Peintures du Palais de la Cour des
Comptes, par Ary Renan ;— Alexandre Roslin
(deuxième et dernier article), parO.Fidière;
— Sabbioneta, la Petite Athènes (deuxième
article), par Ch. Yriarte ; — L'ancienne École
de peinture de la fiourgogno (deuxième et
dernier article), par A. de Champeaux; —
La Décoration de Versailles au xviii6 siè-
cle (nouvelle série, deuxième article), par