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La chronique des arts et de la curiosité — 1899

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Nr. 18 (6 Mai)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19754#0168
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158

LA CHRONIQUE DES ARTS

architectes du service des Monuments histo-
riques.

La semaine dernière, à Agen, des ou-
vriers ont découvert un bloc de marbre blanc
sur lequel est sculpté en relief un Apollon,
complètement nu, portant un carquois en sau-
toir, tenant de la main gauche un arc et ayant
un cygne à ses pieds. La tête d'Apollon est
frisée. Sur le bloc sont sculptées les lettres
FAO. La statue mesure 70 centimètres de hau-
teur. Le bras droit et les jambes ont été brisés
par la pioche.

Le conservateur du musée d'Agen, M. Mom-
méja, croit que cette statue provient d'un
temple païen de la période gallo-romaine dé-
truit par un incendie, cardes débris de bronze
doré, représentant une feuille de laurier, ont
été trouvés à demi fondus près de la statue.
Les fouilles continuent.

Vernissage

Un grand journal du matin publiait, au
lendemain du vernissage; un article mélan-
colique où l'auteur, au souvenir des vernis-
sages d'autrefois, s'avouait plein de regrets
sans cacher le brin d'amertume qui empoi-
sonnait son cœur. R paraîtrait que la solen-
nité ne serait plus bien parisienne. Opinion
arbitraire et qui, jusqu'à l'indiscrétion, at-
teste que les cheveux du mécontent grison-
nent, blanchissent peut-être. N'est-il pas
plus raisonnable de croire que tout ce qui se
fait à Paris prend malgré tout un caractère
parisien et que, si Paris change, Paris reste
Paris? Nos grands-pères ont pleuré sur la
métamorphose du boulevard de G and, et
quand son usurpateur, le boulevard des Ita-
liens, a perdu ïortoni, nos oncles se sont
effondrés. Paris a la vie durable. Mais les
Parisiens l'ont moins; ils passent et d'autres
viennent qui éprouvent le besoin d'élargir
un peu leurs habitudes.

Ah ! les vernissages d'antan !... Nous
craindrions fort qu'ils nous semblassent
aujourd'hui tant soit peu « province ». Nos
prédécesseurs ont eu leurs joies, nous en
avons d'autres. Eux, c'étaient de tranquilles
causettes par petits groupes, avec le vain
plaisir de se savoir privilégiés et la satis-
faction que donne à une mauvaise mémoire
de pouvoir mettre facilement un nom sur
tous les visages rencontrés. Nous, c'est une
olectrisation de nous sentir dans une foule
compacte avec l'illusion de croire que les
arts passionnent tant de gens et l'amour-
propre, dans ce flot, d'en connaître ou re-
connaître beaucoup.

Théophile Gautier eût été tout boule-
versé, dimanche dernier, de cette grandiose
nef de fer, toute lumineuse et aérée, pleine
d'une foule de trente mille personnes s'agi-
tant au milieu d'un poudroiement blond. Di-
derot, ce père des salonniers, se serait éva-
noui.

On a beau nous dire que, cette année, tant

du côté de la Société Nationale que de la
Société des Artistes français, le nombre fut
restreint des œuvres admises, jamais l'im-
portance de nos Salons, la curiosité qu'ils
provoquent et la suprématie parisienne de
ces manifestations n'ont été plus évidentes.
Cette improvisation d'arrangement dans un
local que l'on pouvait croire défavorable,
cette réunion d'œuvres et ce monde nom-
breux, gai, intéressé, cela ne peut se voir qu'à
Paris.

Dans la matinée, entre neuf heures et
demie et dix heures, arrivent, d'abord, les
exposants eux-mêmes, accompagnés soit de
l'épouse, soit de quelque belle créature, ac-
trice ou modèle, soit de la petite amie, et ce
n'est pas une jouissance d'observation ordi-
naire de suivre ces artistes et leurs compa-
gnes. Madame Une Telle était plus simple-
ment vêtue l'an dernier ; c'est que l'année
fut bonne pour le mari, qui a tout à coup
franchi les derniers échelons de la célébrité,
et c'est la plus facile des constatations à faire.
Les épouses s'intéressent vivement à la façon
dont les œuvres de l'époux sont placées, ce
qui prouve bien que le mariage est une ex-
cellente chose pour l'artiste, qui, tout au
moins pendant les premières années, peut
compter sur une admiration. Les belles
créatures sont plus différentes. Elles disent :
« Oh ! charmant ! tout à fait charmant ! » puis
font une pirouette, face au public. Les petites
amies, humbles, souvent jolies, qu'on ne voit
qu'avec de jeunes peintres ou sculpteurs, sont
surtout curieuses et ne restent pas en place :
c'est du nouveau. Tous ceux qui ont le souci
de voir les œuvres sont aussi du matin. Les
rencontres entre amis, camarades et con-
frères sont nombreuses et les joies de la con-
versation, qui ne sont pas aussi tombées en
désuétude que le croient nos anciens, sont
calmes, car on est frais, l'œil a sa limpidité
du lever, et les jugements, à cette heure, ne
sont pas trop ridicules.

Un des caractères des vernissages de ces
dernières années, c'est le nombre assez con-
sidérable des étrangers. Rien de plus natu-
rel et ce n'en est pas moins parisien puisque
Paris est hospitalier. Songez qu'en mai, les
voyageurs sont nombreux chez nous et il
n'est pas un artiste étranger qui ne fasse
coïncider un voyage à Paris avec l'ouverture
de nos Salons. C'est ainsi que le monde en-
tier sait que nos vernissages sont d'extraor-
dinaires solennités, et c'est ainsi que, chaque
année, le nombre des curieux augmente.

On remarque que le public se porte volon-
tiers du côté Champ-de-Mars. Les artistes
ont une tendance à rester respectivement
chez eux. C'est un peu terne du côté Champs-
Elysées. Le Balzac de Falguière, si attendu,
y est presque le seul objet de conversation.
Autour de la statue, il y a ceux qui admi-
ra.ientleBalzac de Rodin,ceux qui en niaient
la valeur et ceux qui flottaient entre l'affir-
mative et la négative. Tous sont à peu près
d'accord devant celui de Falguière. L'éloge
est rare; on s'étonne. Un Monsieur va jus-
qu'à dire que Balzac porte malheur.

L'Eve de Rodin, [est aussi très entourée.
 
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