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La chronique des arts et de la curiosité — 1906

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Nr. 2 (13 Janvier)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19761#0021
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ET DE LA CURIOSITE

il

d'âge, pour procéder à la nomination de son
bureau pour l'année 1906.

M. T. Robert-Fleury a été réélu président ;
MM. Nénot et J. Coutan, membres do l'Ins-
titut, vice-présidents ; M. Albert Maignan,
secrétaire-rapporteur ; M. Boisseau, secré-
taire trésorier.

MM. de Richemont, Georges Lemaire, Pas-
cal, membre de l'Institut, et Mongin, secré-
taires des sections.

M. Dawant, président du jury de la sec-
tion de peinture pour le Salon do 190(J ;

M. Blanchard, président du jury de la
section de sculpture ;

M. Daumet, membre de l'Institut, prési-
dent du jury de la section d'architecture ;

M. Allouant, président du jury de la sous-
section des Arts décoratifs ;

M. Paul Maurou, président de la section de
gravure et lithographie.

*** Voici quelles seront, pendant le mois
de janvier, les conférences qui seront données
à l'Ecole pratique d'enseignement mutuel des
arts, 44, rue de Rennes :

Dans la section Esthétique cl Histoire de
l'Art, à 5 h. 1/2 : Tous les lundis, iXolions
pratiques d'esthétique et de critique d'art, avec
démonstrations et projections, par M. Fran-
çois Benoit ; — mercredis 17 et 24 janvier,
Quelques mots d'histoire cl de critique à propos
de l'urt du dix-huitième siècle, par M. II. Le-
monnier; — samedi 20 janvier, Les Musées,
leur raison d'être cl leur rôle social, par M. P.
Vitry ; — vendredi 26 janvier, David organi-
sateur des fêles révolutionnaires, par M. L.
Rosenthal ; — mercredi 31 janvier, L'Art
français en Orient au Moyen ciiic, par M. Ch.
Diehl.

Dans la section Les Arts plastiques et déco-
ratifs : Tous les mardis, à 8 h. 3/4 du soir,
Histoire physique cl chimique des principaux
produits employés dans les arts, par M. A.
Granger; — mercredi 10 janvier, à 10 h. du
matin, Conférence sur l'art musulman (dans
les salles du Musée des Arts décoratifs), par
M. G. Migeon ; — mercredis 10, 17 et 24 jan-
vier, à 8 h. 3/4, LesArls du bois (suite), par
M. E. Gaillard ; — samedi 13 janvier, à 5 h. 1/2,
Les Arts du livre : l'écriture dans l'antiquité
(2e partie), par MM. A. Christian et Eugène
Défiance; — samedi 13 janvier, à 8 h. 3/4,
L'Art du potier, par M. Bigot ; — samedis
20 et 27 janvier, à8 h. 3/4, Histoire et technique
de l'élam, par M. Bratcau ; — samedi 27 jan-
vier, à5h. 1/2, Les Arts du livre : l'écriture au
Moyen âge, enluminures cl miniatures, par
MM. A. Christian et Del'rancc ; — mercredi
31 janvier, à 8 h. 3/4, La Sculpture décorative,
par M. Camille Lefévre.

*** Le Bulletin de décembre dernier du
i puring-Club de France annonce que l'admi-
nistration des cultes vient de procéder à
1 enlèvement, maintes fois réclamé, des grille s
qui entouraient les célèbres tombeaux de
1 église de Brou.

--Ç-tes UWJ <=»a-__s»--

Le nouveau cadre de « La Joconde »

Les adorateurs do la Joconde (ils sont nom-
breux) souffraient depuis longtemps de la sentir
encadrée, sans respect pour sa valeur, dans uno
bordure banale, de goût médiocre, de style lourd
11 commun, reflétant les pires défauts de la périodo
Louis-Philippe, et dont les dorures voyantes lut-
taient, en outre, malencontreusement, par leur
crudité, avec les délicatesses subtiles et le lumi-
neux éclat de cette œuvre incomparable.

Vinci restait, sans doute, le maître des maîtres,
qui triomphe, rayonne et s'impose jusque dans les
plus fâcheux voisinages. Devant le sourire de
Monna Lisa et le mystérieux paysage d'arrière-
plan, qui semble prolonger le rêve, on arrivait à
no plus voir que l'œuvre môme, à oublier le pé-
nible et choquant contraste, qui entravait tout
d'abord l'impression pleinement harmonieuse.
Mais il y fallait un certain effort, comme pour re-
mettre au ton un instrument désaccordé. Aussi
était-il bien essentiel do détruire celte fausse note,
et de mettre absolument en valeur une peinture
méritant, plus que toute autre, d'être, enchâssée
comme un joyau.

Nous savons qu'au Louvre on s'en préoccupait.
Mais difficile était le choix d'une bordure appro-
priée, à la fois assez riche et assez sobre, assez
particulière en sa distinction, pour soutenir et
aviver l'effet du chef-d'œuvre sans accaparer l'atten-
tion. Uno amie généreuse autant quo délicate do
notre grand musée, M" la comtesse R. de Béarn,
vient de répondre au désir do tous les gens de
goût par une initiative charmante, dont on no
saurait trop la louer. Sentant elle-même très vive ■
ment le tort fait au tableau, soucieuse d'y remé-
dier, mais comprenant aussi toute la difficulté du
problème, elle s'était mise personnellement en
quête; et, après multiples recherches patiem-
ment poursuivies, ayant enfin trouve un écrin
vraiment digne do l'œuvre, elle se donne aujour-
d'hui la joie d'offrir un cadre à la Joconde.

C'est cette semaine quo Monna Lisa est apparue
pour la première fois au public dans sa paruro
nouvelle. Kl le est bien telle qu'on pouvait l'at-
tendre du goût parfait do la donatrice. Ce cadre
italien de l'extrême tin du XVI" siècle, avec
l'agrément do ses motifs discrets ingénieusement
variés sans monotonie, avec la rareté de son type,
la douceur do ses méplats et la patine harmo-
nieuse do ses ors etl'acés, souligne admirable-
ment le charme raffiné du chef-d'œuvre do
Vinci, et en fait ressortir pleinement le merveil-
leux éclat. L'accord est aussi intime qu'on pou-
vait le souhaiter, aussi bienfaisant quo possible
à l'œuvre qu'il fallait, avant tout, mettre en va-
leur.

On a même pu, sur les côtés, gagner quelques
lignes do peinture autrefois cachées par l'ancien
cadre, et atteindre ainsi à l'affleurement mémo du
panneau. C'est donc profit et gain sur tous les
points. M>" de Béarn a conquis là des titres cer-
tains à la reconnaissance de tous, et donné, avec
infiniment do bonne grâce, un exemple qui mérite-
rait d'être suivi.

P. L.
 
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